Question d'origine :
Bonjour,
Pouvez-vous SVP m'indiquer quelle était la composition du conseil et du grand conseil de louis XI ? D'après ce que j'en ai lu, le premier qui siègeait à Tours, près du roi, était informel et fluctuant tandis que le 2ème, qui siégeait à Paris, était plus formel et stable.
Merci.
Réponse du Guichet

Pour tenter de vous donner plus d’éléments sur la composition du conseil et du grand conseil de louis XI, nous avons consulté plusieurs ouvrages.
Le livre Louis XI, de Jean Favier, donne quelques informations dans les chapitres XI Gouverner, partie Le Conseil. (p.295-302) et chapitre VIII, Le val de Loire, la Résidence et la capitale (p.236-238), notamment :
« Dans son très petit château du Plessis, Louis XI garde ses proches, mais pas même sa famille : la Reine est à Amboise… Quant à l’entourage gouvernemental, il est à Tours. » En résumé : « L’énorme machine que forment les institutions centrales de la monarchie est à Paris, les rouages proches du pouvoir politique sont à Tours, le pouvoir personnel du roi est au Plessis ».
Jusqu’à Charles VII, le Conseil du roi était un… Mais la résidence du roi hors de Paris a conduit à un clivage de fait entre ceux qui suivent le roi et ceux qui, pour les affaires du royaume, sont retenus à Paris. Sous Louis XI, la scission est officielle. Il y a, près du roi, le Conseil, et à demeure dans la capitale le Grand Conseil. Le Conseil n’est pas une institution. Il est seulement fait de ceux que le roi convoque à tout moment, et qu’il réunit s’il le juge bon dans sa chambre. Le Grand Conseil est une véritable institution, dont les membres portent le titre de conseiller du roi et qui semble bien ne pas siéger normalement hors de paris… La composition du conseil est fondamentalement mouvante, et il est à peu près impossible d’établir avec sûreté une liste de ceux qui y siègent de manière régulière. Elle tient à la faveur et à la confiance du roi, et à la nature des affaires… Le Grand Conseil est moins sujet à variations, et la fonction de conseiller du roi tend à se constituer en office… Sauf à la fin du règne, quand son état ne permet plus au roi d’y être à chaque fois, le Conseil ne se réunit qu’autour du roi. Il arrive cependant que les nécessités d’une campagne l’obligeant à changer sans cesse de résidence, il désigne un lieutenant pour présider à sa place : ainsi, laissant le Conseil à Paris pendant qu’il est sur la Somme, désigne-t-il en mai 1475 Gaston du Lion. C’est au contraire un officier, presque toujours le chancelier, qui préside normalement, en l’absence du roi, le Grand Conseil. Or le chancelier est plus souvent à Tours qu’à Paris. On voit donc s’établir à Tours une sorte de délégation du Grand Conseil… »
Plus loin, l’auteur affirme que « si Louis XI voyage beaucoup », « le Conseil ne suit pas le roi dans tous ses déplacements ».
Parmi les membres du Conseil de Louis XI, presque totalement renouvelé en 1461, il cite : Pierre Doriole, Jean Bureau, Guillaume de Varye, Bâtard d’Armagnac, Imbert de Batarnay…
Jacques Heers dans son ouvrage Louis XI, le métier de roi, évoque les hommes du roi :
(p.158-173) « Louis XI s’appuyait sur ces gens fidèles et dévoués, toujours menacés de disgrâces, mais noyau dur de l’appareil politiques. Ils formaient la plus grande partie et la plus stable du Conseil royal, organe de concertation qui préparait et orientait nombre de décisions. Le roi y convoquait qui il voulait, mais alors que certains, de très loin les plus nombreux, n’y faisaient que des rares apparitions, d’autres y étaient toujours appelés dès que disponibles. Sur 462 membres du Conseil connus pour tout le règne, 183 ne sont mentionnés qu’une seule fois et 119 autres n’ont siégé que pendant trois années, pour huit ou dix sessions, tandis que les favoris, proches et confidents du maître, étaient présents à trente, cinquante jusqu’à soixante huit séances. "
et p. 183 : « Son gouvernement fut avant tout « provincial », par calcul, par volonté politique dont il ne faisait pas mystère. Toujours circonspect, voire soupçonneux, il n’accordait pas volontiers sa confiance aux hommes d’Ile de France. Au temps des premiers Valois et encore de Charles VI, ces hommes, hommes d »Eglise, nobles ou légistes, formaient, et de très loin,
la majeure partie du Conseil du roi. Louis XI, au contraire, n’a cessé de favoriser les pays qui naguère avaient, contre Paris et les Bourguignons, pris parti pour son père Charles VII et pour Jeanne d’Arc. Sur deux cent quarante huit membres du Conseil identifiés pour tout le règne, les pays de la Loire en ont donné à eux seuls cinquante six, soit un quart ; ou y voit siéger trente-sept conseillers originaires du centre de la France, alors que ceux de la région parisienne ne sont que vint et un, soit moins de di pour cent. C’était de reprendre très exactement la politique de Charles VII, à ceci près cependant que les hommes du Dauphiné et de Normandie furent appelés plus nombreux et plus souvent. »
Pour aller plus loin et analyser plus précisément la composition du Conseil, vous pourriez consulter les 4 volumes du livre de Mikhael Harsgor Recherches sur le personnel du roi sous Charles VIII et Louis XII, auquel se réfèrent les historiens Jacques Heers et Jean Favier.
L’auteur fait démarrer son étude sous le règne de Louis XI, la dernière année. Et précise bien évidemment les nombreuses sources qui lui, permettent de donner les noms et qualité des conseillers.
Vol 1 p 250 à 270
« Ceci étant dit on peut conclure que pour la dernière année du règne de Louis XI, les pièces mentionnées indiquent la participation de 29 personnages aux travaux du Conseil :
1 prince du sang (Pierre de Bourbon) donc 3,4% du total
1 fils d’un bâtard d’un prince du sang (François de Dunois)
12 nobles ( Rohan, Blosset, Batarnay, Chabannes, Beauvau, Mas, Poupet, Baudricourt, PLAM7DE DE Forbin ? Boffille, Rochefort, Guérin ), donc 41.3 % du total.
A ce groupe on peut ajouter des nobles comme Picart et Cerisay, avec ces deux personnages le groupe de noble comprend 14 personnes- donc 48.2%
13 roturiers en partie robins, en tous cas, de naissance ou d’origine roturière : Doyat, Cambray, Coitier, hallé, Bourré, Radin, Baudot, Potots, Le Viste, Bische, Faure, Salat, Sacierges ; on pourrait évidement rattacher Picart, Cerisay et sacierges à ce second groupe, si on incluait l’origine du père de ces conseillers, ce qui agrandirait le nombre de ces personnages à 15. Dans le premier cas les roturiers représentent 44 % DU TOAL ? DANS LE SECOND6 51.7ù
Parmi ces conseillers on ne trouve que 2 gens d’Eglise ( Hallé et Ambroise de Cambrai)- 6.8% du total ; mais ce sont des ecclésiastiques dont une grande partie de la carrière, surtout celle qui détermina leur promotion, a été faite en servant le roi.
De ces 29 personnages, 10 disparaitront du conseil de Charles VIII : Beauvau, Guerin, Poupet, Bofille, Doyat, Hallé, Radin, Bische, Picart ; le reste, une majorité de 19, participeront aux travaux du Conseil sous le règne suivant 66%. »
A consulter aussi :
- Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
- Wikipedia
- Larousse
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter