Question d'origine :
Bonjour!
J'ai écouté il y a plusieurs mois une émission au cours de laquelle une interrogation était notamment portée sur les canons régissant la représentation du corps humain et, en particulier, du corps nu masculin, en sculpture.
A cette occasion le conférencier avait indiqué qu'un jour l'un de cers jeunes neveux se plaignant de la petitesse de son pénis, il l'avait conduit dans un musée de sa ville pour lui montrer quelques sculptures antiques. Le jeune homme fut alors rassuré quant à ces attributs !. Le jeune homme aurait été aussi bien rassuré en voyant des sculptures modernes. Je pense par exemple aux œuvres de Belmondo que j'ai encore récemment vu au jardin des Tuileries à Paris, ou celles des esclaves de Michel Ange
Ma question est alors la suivante : d’où vient que les sculpteurs, quand ils sculptent un nu masculin (et pas celui d'un éphèbe) ,sculptent-ils son pénis comme celui d'un adolescent ou, sinon, d'où vint ce canon .
Merci pour la réponse.
Réponse du Guichet

Il paraît difficile de relire ici toute l’histoire de l’art à l’aune de la taille des sexes représentés.
Les écrits évoquent plus le nu en général, et les textes concernant les canons et proportions éludent ce détail, qui semble échapper à l’éternelle problématique naturalisme / beauté idéale (cf. Sculpture : méthode et vocabulaire / Marie-Thérèse Baudry, dans lequel sont repris les principaux textes fondateurs concernant les canons de proportions).
A lire les ouvrages sur le nu dans l’art, on ne peut que constater que les artistes réalisant des nus, qu’ils aient été peintres ou sculpteurs, s’attachaient plus à la problématique du rendu du mouvement, du sentiment, de l’énergie, de la sensualité, qu’ils utilisaient les moyens à leur disposition comme la perspective, les proportions, l’anatomie ; la grandeur du sexe masculin n’a été qu’un détail qui ne semble pas avoir posé de questionnement particulier.
Dans l’art de la sculpture occidentale, de nombreuses oeuvres vont à l’encontre des exemples « sous-dimensionnés » que vous mentionnez. L’ouvrage Amour et érotisme dans la sculpture romane / Pierre-Louis Giannerini évoque la présence de statues ithyphalliques.
Il rappelle tout d’abord que, selon Mircea Eliade, « la signification sexuelle des menhirs est universellement attestée ».
Dans la Grèce ancienne, des statues du dieu Priape, devenu tout de même Saint chez les Chrétiens sous les noms de saint Faustin, ou Foutin (Auxerre, Porigny) ou saint Greluchon, étaient encore bien présentes dans la sculpture du Moyen-âge.
L’usage romain de placer l’image du phallus sur les murs des édifices, et particulièrement sur les églises, fut repris au Moyen-âge : portails de la cathédrale de Toulouse, églises de Bordeaux…. On en trouve également sur les chapiteaux et les modillons (Sainte-Colombe, en Charente, Loupiac, en Gironde…).
La sculpture contemporaine aussi nous offre des exemples de visions plus réalistes. L’ouvrage La sculpture aujourd'hui / Judith Collins ,nous montre des œuvres de Evan Penny (Jim, 1985), Pawel Althamer (autoportrait, 1993), Charles Ray (Male mannequin, 1990 ; Family romance, 1993), des frères Chapman (Zygotic acceleration, 1995), ou encore Ron Mueck (Dead dad, 1996-1997) dans lesquelles les proportions correspondent au réel.
Outre les références déjà citée, vous pouvez également consulter :
Le nu, de Kenneth Clark
Le nu masculin, de Flaminio Gualdoni
la page wikipedia sur la représentation artistique du nu.
Et élargir la recherche dans notre catalogue avec les mots « sexe » et « art ».
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