NUMEROTATION
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 28/06/2011 à 12h51
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Question d'origine :
Bonjour,
D'où vient, en France, le fait de numéroter les classes de l'enseignement secondaire , et de plus dans un ordre décroissant ?
Est-ce une particularité hexagonale, et qu'en est -il ailleurs, UE...?
D'aprés cette logique , pour quelle raison, la dernière classe, n'est t elle pas la 1°, mais la Terminale ?
Enfin ,en aparté de cette question...et afin de ne pas poser une question supplémentaire plus ou moins liée à ce sujet....Pouvez vous me rappeler qui a prononcé ce jeu de mot, - dans un sketche, me semble t il-.....mais sans certitude..
" Pour moi,les études , c'était secondaire", ce n'est pas tout récent ,et un peu dans le style du grand Raymond DEVOS ou semblable...mais, je ne me souviens plus, et ne trouve pas sur internet.
merci.
Réponse du Guichet

Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
En France, l'instruction que l'on peut qualifier rétrospectivement de secondaire est née à la fin du Moyen Âge, lorsque certains collèges, fondés pour accueillir des étudiants boursiers, absorbent l'enseignement des facultés des arts. Souvent organisés selon le modèle jésuite, leurs héritiers du XVIIIe siècle, appelés collèges d'humanités, accordent une place prédominante à l'enseignement des langues anciennes et des belles-lettres. La loi du 11 floréal an X (1er mai 1802), qui organise les lycées, mentionne aussi des « écoles primaires » et des « écoles secondaires », en précisant que ces dernières enseignent « les langues latine et française, les premiers principes de la géographie, de l'histoire et des mathématiques »
[...]
La notion « d'enseignement secondaire » au sens moderne du terme n'apparaît cependant qu'à l'occasion des débats de la Restauration autour de la distinction entre trois degrés d'enseignement : une « instruction primaire », limitée et destinée au peuple, un « second degré ou instruction secondaire » (dans les lycées, les collèges, les établissements privés) et une « instruction supérieure » (dans les facultés et les écoles du gouvernement), réservées, l'une et l'autre, aux classes aisées. Mais si l'expression d'enseignement primaire est largement employée, celle d'instruction ou d'enseignement secondaire ne s'impose qu'à partir des années 1830 dans le discours administratif et le langage courant.
[...]
Les nombreux documents de la BML que nous avons consultés, pas plus que les sites internet examinés, ne nous ont permis de répondre à votre question du "pourquoi" de la numérotation décroissante des classes.
Tout au plus, certains ouvrages mentionnent-ils le nom des classes mais sans en donner l'origine.
Par exemple :
L'enseignement secondaire accueille sa clientèle dans les lycées, les collèges et des établissements privés, laïques ou ecclésiastiques. Grâce à ses classes primaires (de la onzième à la neuvième) et à ses classes élémentaires (la huitième et la la septième), parfois complétées par des classes enfantines, il fonctionne largement selon le principe de l'autorecrutement. Pour donner une éducation commune aux élites sociales, il dispense une culture générale abstraite et désintéressée, fondée sur les humanités, tout en préparant une partie de ses élèves au baccalauréat, indispensable pour entrer dans une faculté, et aux « écoles du gouvernement », appelées couramment « grandes écoles » à partir des années 1880.
[...]
La création des lycées marque d'abord le retour à un type d'organisation scolaire, celui des collèges d'Ancien Régime. Cette organisation scolaire est caractérisée par la division des élèves en classes successives correspondant chacune à un niveau d'études et, quand on les parcourt à la suite, à un cursus tracé par avance dans une filière d'études donnée. Cette forme d'organisation, qui paraît aujourd'hui parfaitement naturelle, a son origine historique aux Pays-Bas, à la fin du Moyen-Âge, dans les écoles des Frères de la Vie commune. Elle s'est imposée à toute l'Europe avec la diffusion, pour ce qui concerne les pays catholiques, du modèle des collèges d'enseignement constitués dans le ressort de l'Université de Paris au début du XVIe siècle. C'est ce système qui a permis l'application de la pédagogie simultanée dans laquelle le maître peut faire travailler ensemble ses élèves.
[...]
Le bicentenaire des lycées est l'occasion d'évoquer une catégorie de leurs
enseignants aujourd'hui largement oubliée, celle des « professeurs des classes élémentaires ». Ces classes, la huitième et la septième, font partie intégrante de ce que l'administration elle-même désigne parfois sous le nom de « petits lycées », lesquels comprennent aussi, en amont, les classes enfantines et primaires (de la onzième à la neuvième), et, en aval, les niveaux allant de la sixième à la quatrième.
Source : Lycées, lycéens, lycéennes : deux siècles d'histoire
L'ouvrage Histoire des élèves en France : de l'Ancien Régime à nos jours n'est pas plus explicite :
Pour être plus précis, l'élève est, selon nous, celui ou celle qui, dans cet établissement, est membre d'une « classe ». La répartition par groupes de niveau est introduite dans les collèges au XVIe siècle. Bien que déjà pratiquée, dès la fin du XVIIe siècle, par certaines congrégations enseignantes, elle ne se généralise dans l'enseignement primaire que dans les dernières décennies du XIXe. En dehors de son sens de groupe de niveau, le mot « classe » acquiert aussi, peu à peu, le sens spatial de salle où se rassemblent les élèves de même niveau et le sens temporel de séquence d'enseignement.
[...]
La répartition des élèves par groupes de niveau est issue d'une pratique instaurée, au XVe siècle, dans leurs établissements rhénans, par les Frères de la vie commune. Elle est introduite en France par un de leurs anciens élèves, Jean Standonck, principal du collège parisien de Montaigu dont le statut de 1509 répartit les élèves en cinq lectiones ou scholae. Ce principe d'organisation — modus parisiensis — est adopté par les collèges catholiques comme par les académies protestantes. Rappelons que Jean Calvin est élève du collège de Montaigu de 1524 à 1529 et qu'Ignace de Loyola, à un âge déjà avancé, y fait un court séjour en 1528-1529. Le système des groupes de niveau est longtemps souple. Tout d'abord, ce n'est qu'au début du XVIIe siècle que s'imposent peu à peu le nom de « classes », leur nombre et leur désignation par des chiffres en ordre décroissant (6e, 5e, etc.). Ensuite, jusqu'au début du XIXe siècle, le séjour dans une classe donnée ne correspond par nécessairement à une année scolaire et de bons élèves peuvent monter d'une classe en cours d'année, généralement à l'issue du premier semestre. Enfin, la plus grande diversité règne, au départ, en ce qui concerne les âges.
[...]
Autres ouvrages consultés :
- Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation en France. 03. De la Révolution à l'école républicaine : 1789-1930
- Histoire de l'école : maîtres et écoliers de Charlemagne à Jules Ferry
- Petite histoire des collèges et des lycées
- L'école primaire française : de l'Ancien Régime à l'éducation prioritaire
Sur internet :
- education.gouv.fr
- vie-publique.fr
- clionautes.org
- voixhaute.com
- voixhaute.com2
- archivesnationales.culture.gouv.fr
Pour répondre à votre 2e question, sachez que le site de l'ESEN (Ecole supérieure de l'Education nationale) fait le point sur les Systèmes éducatifs étrangers en proposant, notamment, des outils de comparaison des dispositifs éducatifs européens.
Enfin, et pour finir, si nous avons bien l'impression de connaître l'expression humoristique "Pour moi, les études c'était secondaire", nous ne savons pas quel est son créateur... si elle en a un.
Bonjour,
En France, l'instruction que l'on peut qualifier rétrospectivement de secondaire est née à la fin du Moyen Âge, lorsque certains collèges, fondés pour accueillir des étudiants boursiers, absorbent l'enseignement des facultés des arts. Souvent organisés selon le modèle jésuite, leurs héritiers du XVIIIe siècle, appelés collèges d'humanités, accordent une place prédominante à l'enseignement des langues anciennes et des belles-lettres. La loi du 11 floréal an X (1er mai 1802), qui organise les lycées, mentionne aussi des « écoles primaires » et des « écoles secondaires », en précisant que ces dernières enseignent « les langues latine et française, les premiers principes de la géographie, de l'histoire et des mathématiques »
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La notion « d'enseignement secondaire » au sens moderne du terme n'apparaît cependant qu'à l'occasion des débats de la Restauration autour de la distinction entre trois degrés d'enseignement : une « instruction primaire », limitée et destinée au peuple, un « second degré ou instruction secondaire » (dans les lycées, les collèges, les établissements privés) et une « instruction supérieure » (dans les facultés et les écoles du gouvernement), réservées, l'une et l'autre, aux classes aisées. Mais si l'expression d'enseignement primaire est largement employée, celle d'instruction ou d'enseignement secondaire ne s'impose qu'à partir des années 1830 dans le discours administratif et le langage courant.
[...]
Les nombreux documents de la BML que nous avons consultés, pas plus que les sites internet examinés, ne nous ont permis de répondre à votre question du "pourquoi" de la numérotation décroissante des classes.
Tout au plus, certains ouvrages mentionnent-ils le nom des classes mais sans en donner l'origine.
Par exemple :
L'enseignement secondaire accueille sa clientèle dans les lycées, les collèges et des établissements privés, laïques ou ecclésiastiques. Grâce à ses classes primaires (de la onzième à la neuvième) et à ses classes élémentaires (la huitième et la la septième), parfois complétées par des classes enfantines, il fonctionne largement selon le principe de l'autorecrutement. Pour donner une éducation commune aux élites sociales, il dispense une culture générale abstraite et désintéressée, fondée sur les humanités, tout en préparant une partie de ses élèves au baccalauréat, indispensable pour entrer dans une faculté, et aux « écoles du gouvernement », appelées couramment « grandes écoles » à partir des années 1880.
[...]
La création des lycées marque d'abord le retour à un type d'organisation scolaire, celui des collèges d'Ancien Régime. Cette organisation scolaire est caractérisée par la division des élèves en classes successives correspondant chacune à un niveau d'études et, quand on les parcourt à la suite, à un cursus tracé par avance dans une filière d'études donnée. Cette forme d'organisation, qui paraît aujourd'hui parfaitement naturelle, a son origine historique aux Pays-Bas, à la fin du Moyen-Âge, dans les écoles des Frères de la Vie commune. Elle s'est imposée à toute l'Europe avec la diffusion, pour ce qui concerne les pays catholiques, du modèle des collèges d'enseignement constitués dans le ressort de l'Université de Paris au début du XVIe siècle. C'est ce système qui a permis l'application de la pédagogie simultanée dans laquelle le maître peut faire travailler ensemble ses élèves.
[...]
Le bicentenaire des lycées est l'occasion d'évoquer une catégorie de leurs
enseignants aujourd'hui largement oubliée, celle des « professeurs des classes élémentaires ». Ces classes, la huitième et la septième, font partie intégrante de ce que l'administration elle-même désigne parfois sous le nom de « petits lycées », lesquels comprennent aussi, en amont, les classes enfantines et primaires (de la onzième à la neuvième), et, en aval, les niveaux allant de la sixième à la quatrième.
Source : Lycées, lycéens, lycéennes : deux siècles d'histoire
L'ouvrage Histoire des élèves en France : de l'Ancien Régime à nos jours n'est pas plus explicite :
Pour être plus précis, l'élève est, selon nous, celui ou celle qui, dans cet établissement, est membre d'une « classe ». La répartition par groupes de niveau est introduite dans les collèges au XVIe siècle. Bien que déjà pratiquée, dès la fin du XVIIe siècle, par certaines congrégations enseignantes, elle ne se généralise dans l'enseignement primaire que dans les dernières décennies du XIXe. En dehors de son sens de groupe de niveau, le mot « classe » acquiert aussi, peu à peu, le sens spatial de salle où se rassemblent les élèves de même niveau et le sens temporel de séquence d'enseignement.
[...]
La répartition des élèves par groupes de niveau est issue d'une pratique instaurée, au XVe siècle, dans leurs établissements rhénans, par les Frères de la vie commune. Elle est introduite en France par un de leurs anciens élèves, Jean Standonck, principal du collège parisien de Montaigu dont le statut de 1509 répartit les élèves en cinq lectiones ou scholae. Ce principe d'organisation — modus parisiensis — est adopté par les collèges catholiques comme par les académies protestantes. Rappelons que Jean Calvin est élève du collège de Montaigu de 1524 à 1529 et qu'Ignace de Loyola, à un âge déjà avancé, y fait un court séjour en 1528-1529. Le système des groupes de niveau est longtemps souple. Tout d'abord, ce n'est qu'au début du XVIIe siècle que s'imposent peu à peu le nom de « classes », leur nombre et leur désignation par des chiffres en ordre décroissant (6e, 5e, etc.). Ensuite, jusqu'au début du XIXe siècle, le séjour dans une classe donnée ne correspond par nécessairement à une année scolaire et de bons élèves peuvent monter d'une classe en cours d'année, généralement à l'issue du premier semestre. Enfin, la plus grande diversité règne, au départ, en ce qui concerne les âges.
[...]
Autres ouvrages consultés :
- Histoire générale de l'enseignement et de l'éducation en France. 03. De la Révolution à l'école républicaine : 1789-1930
- Histoire de l'école : maîtres et écoliers de Charlemagne à Jules Ferry
- Petite histoire des collèges et des lycées
- L'école primaire française : de l'Ancien Régime à l'éducation prioritaire
Sur internet :
- education.gouv.fr
- vie-publique.fr
- clionautes.org
- voixhaute.com
- voixhaute.com2
- archivesnationales.culture.gouv.fr
Pour répondre à votre 2e question, sachez que le site de l'ESEN (Ecole supérieure de l'Education nationale) fait le point sur les Systèmes éducatifs étrangers en proposant, notamment, des outils de comparaison des dispositifs éducatifs européens.
Enfin, et pour finir, si nous avons bien l'impression de connaître l'expression humoristique "Pour moi, les études c'était secondaire", nous ne savons pas quel est son créateur... si elle en a un.
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