Question d'origine :
Bonjour,
Je travaille actuellement sur une édition du XVIe siècle imprimée pour Jean Sainct Denis, mais sans que figure pour autant le nom de son imprimeur. Il me semble qu'il est possible de déterminer le nom de l'imprimeur à l'aide des caractères typographiques qu'il emploie, c'est du moins ce que je crois comprendre en consultant une exposition du Musée de Condé sur internet et en consultant des notices de l'inventaire des éditions lyonnaises [/U]de Renouard qui indique souvent des types de caractères employés (B 97, B 98...). J'ai également vu dans un ouvrage d'Henry Harrise un document qui compare la lettre T chez différents éditeurs (Bibliographie de quatre cents pièces gothiques...). J'aurai voulu savoir s'il existe des ouvrages de références qui permettent d'avoir des tables typographiques pour comparer les caractères de plusieurs imprimeurs avec ceux de l'ouvrage sur lequel je travaille (Mystère de Pierrre de Provence et la Belle Maguelonne, édition conservée à Séville, décrite par Jean Babelon). Il me semble que l'imprimeur serait A. LOtrian, même s'il y a la marque du libraire Saint Denis à la fin du texte. En outre, le bois gravé qui orne la page de titre se trouve déjà dans deux autres éditions : une édition de la veuve Trepperel (Le livre des trois fils de roys) et une édition de Lotrian (L'histoire romaine de la belle Cleriende).
Merci de votre aide d'avance.
Vavavava
Réponse du Guichet

La notice consacrée à Jean Saint Denys par Jean-Dominique Mellot et Elisabeth Queval, n° 4396 de leur Répertoire d’imprimeurs/libraires (vers 1500 – vers 1810), Bibliothèque nationale de France, 2004, donne les éléments suivants :
"Saint-Denis, Jean (14..-1531)
Variantes : Sainct-Denys, Jean ; Saint-Denys, Jean
Paris : 1521-1531, « Rue Neuve-Notre- Dame et) Au Palais, en la galerie comme (ou : par où) on va à la Chancellerie. – Enseigne : A l’Image Saint Nicolas.
Devise : Enseigne-moy, mon Dieu, Que ton vouloir je face, Tant que au céleste lieu, Je puisse voir ta Face.
Libraire.- Décédé entre le 20 mars et le 9 décembre 1531. Pierre Sergent lui succède aux mêmes adresse et enseigne, reprenant également ses marque et devise. Travaille fréquemment en association avec Jean Longis."
L’exemplaire sur lequel vous travaillez du Mystère de Pierre de Provence et de la Belle Maguelonne conservé à la Biblioteca Colombina de Séville est sûrement celui décrit dans l’ouvrage de Philippe Renouard et Brigitte Moreau, Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle, tome III. 1521-1530, Paris, 1985 sous la notice n° 1872 :
« Sensuyt le Mystere de Pierre, filz du comte de Provence et de Maguelonne, fille du roy de Naples par personnaiges. – (Julien Hubert) Jean Saint-Denis. Sans date [environ 1529], 4°, illustrations.
Lettrines et caractères [B 95 et B 80] de J. Hubert ; pour la datation, voir n° 1645, note. »
D’après ce répertoire, l’imprimeur serait donc Julien Hubert qui a travaillé à plusieurs reprises pour Jean Saint-Denis. C’est le cas pour l’édition d’un Bénéficiaire divin, qui se trouve aussi conservée à Séville, décrite dans la notice n° 1645 :
« Cy commence Un devot…Traicte intitule le Beneficiaire divin. – (Julien Hubert) Jean Saint-Denis. Sans date [environ 1529, d’après les dates d’exercice de l’imprimeur et du libraire et d’après la marque de J. Saint-Denis], 4°. Illustrations.
(…)
Fleurons, lettrines, caractères (B 95) et bandeaux au titre de J. Hubert dont on connaît une seule impression signée. »
Il semble que cette seule impression signée (le nom de l’imprimeur figure au permis d’imprimer du 27 août 1529) soit l’édition de l’ouvrage de Symphorien Champier, Sensuyt Ung petit Traicte de la noblesse et anciennete de la ville de Lyon… Paris, Jean-Saint-Denis, 1529 (n° 1687 du répertoire de Moreau), conservé en deux exemplaires à la Bibliothèque nationale de France et en un exemplaire à la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris.
Il n’existe pas aujourd’hui de répertoire imprimé ou en ligne rassemblant les caractères typographiques des imprimeurs parisiens du 16e siècle. Philippe Renouard et ses successeurs ont pourtant utilisé la comparaison du matériel typographique pour identifier des imprimeurs parisiens. Dans l’ouvrage publié d’après les manuscrits de Renouard, Imprimeurs et libraires parisiens du XVIe siècle, Paris, 1964, p. XLII, la terminologie utilisée est ainsi expliquée :
« Pour la nomenclature des caractères, on a conservé la terminologie française traditionnelle, dont l’équivalent pour l’étranger suit ici, en italique, pour les trois premiers cas : gothique de forme, textura (F.) ; gothique de somme, rotunda (S.) ; bâtarde, bastarda (B.) ; italique (It.) ; grec et hébreu. »
Ainsi, dans le cas qui vous intéresse, les caractères B 95 et B 80 ont permis à Brigitte Moreau d’identifier les caractères en bâtarde de Julien Hubert. Les chiffres correspondent à la mesure des caractères. Le travail de Renouard et Moreau est continué par l’équipe de la Réserve de la Bibliothèque nationale de France que vous pouvez contacter directement.
Vous trouverez des éléments intéressants dans le cours réalisé par Magali Vène et Annie Charon « Identification des livres imprimés anciens (XVe-XVIIIe siècle). Ressources imprimées et en ligne » sur le site de l'Ecole nationale des chartes.
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