Halles aux vins à Paris entre 1650 et 1750

Bonjour,

Vos questions sont pertinentes et il est en effet assez difficile de trouver des informations claires.
Pour la Halle aux vins du Quai Saint-Bernard, il semble attesté qu’elle date, dans sa première facture, de 1664-1665 au plus tard, comme vous pourrez le lire dans Marchands de vin en gros à Paris au XVIIe siècle, Michel Surun, p. 109 et suiv. , en ligne sur Google livres, et comme le laisse supposer le titre déjà cité dans notre précédente réponse, La première halle aux vins de Paris (1664-1812) : «s’appuyant sur les sources du Minutier central des Archives nationales et des Archives de Paris, Yolande Zéphirin évoque les origines et le fonctionnement de la première halle au vin parisienne. ».
On retrouve aussi des mentions de sa transformation par le décret impérial de 1808 dans plusieurs ouvrages, dont Histoire physique, civile et morale de Paris, Jacques-Antoine Dulaure et le déjà cité Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et ses monuments, Félix et Louis Clément Lazare, p. 680 et suiv. ou Décret pour la formation d’un marché et d’un entrepôt franc des vins et eaux-de-vie, à Paris, du 30 mars 1808, in Administration de la commune de Paris et du département de la Seine, Jules Le Berquier.
Pour les entrepôts de Bercy, l’origine semble être plus légendaire, quoique plusieurs fois retrouvée sur internet, y compris sur des sites sérieux.
« Le parc occupe l'emplacement d'anciens entrepôts vinicoles qui furent le plus grand centre mondial de négoce en vin et spiritueux au 19ème siècle. Son activité s'est poursuivie jusque dans les années 50. C'est à l'époque romaine que Lutèce commença à planter des vignes. Au 13ème siècle, Paris abritait l'un des plus grands vignobles d'Europe. Sous Louis XIV, s'ouvrit à Bercy le premier entrepôt de vin, qui marqua le début de trois siècles d'activité ininterrompue. »
Source : Parc de Bercy, site de la division de l’équipement, Paris.
« Plus tard, un jour de l’an de grâce 1704, Louis XIV écoute la messe à Notre-Dame-de-Bercy. Lors de la cérémonie, où tous les fidèles sont agenouillés pour rendre grâce à leur souverain, le roi ne manque pas de remarquer un homme resté debout.
Le garde envoyé pour faire cesser ce crime de lèse-majesté s’aperçoit que l’homme est bien agenouillé et que c’est sa taille de géant qui avait fait croire qu’il était debout. A la fin de la messe, le monarque intrigué fait mander son sujet, vigneron de son état à Joigny. Le solide bourguignon en profite pour se plaindre au souverain des mille tracasseries qu’il rencontre dans son commerce.
Amusé par le bagout de l’homme, Louis XIV lui assure qu’à partir de ce jour, il pourra venir chaque année, débiter ses vins sur la grève de Bercy, affranchis des droits. Le premier entrepôt de Bercy était né ! »
Source : Les Pavillons de Bercy –Historique –
Ce document cite comme source documentaire pour la partie historique le livre “Bercy” de Jacques Champeix et Lionnel Mouraux – © Editions L.M. 1989.
Pour en savoir plus sur le développement des entrepôts de Bercy, peut-être faudrait-il consulter cet ouvrage qui se trouve dans les bibliothèques parisiennes (voir Sudoc).
Voir aussi : Le XIIe arrondissement traditions et actualité, qui comporte une intervention de L. Mouraux sur l’histoire de Bercy (Château, maisons de plaisance et entrepôts de Bercy / Lionel Mouraux).
En revanche, dans nos collections comme en ligne, difficile de trouver des traces des activités de ces deux « halles aux vins » entre 1650 et 1750. Il faudrait sans doute vous renseigner auprès des Archives de Paris.
Il semble que les documents soient plus facilement repérables pour la période suivant la révolution, qui correspond peut-être aussi au moment où ces halles se sont vraiment développées, notamment celles de Bercy. «Après la Révolution, les entrepôts des négociants en vins envahirent progressivement le domaine de Bercy» L’invention de Paris, Eric Hazan.
On peut voir par ailleurs que dés la première moitié du XIXe siècle, le site de Bercy s’affirme aux dépens de Saint-Bernard.
Voir : Tableau de Paris, Edmond Texier, p. 193, qui établit une comparaison entre l’importance et le rôle des deux lieux en 1844 et Observations sur l’entrepôt général des liquides à Paris, et de celui que l’on veut établir à Lyon, autre comparaison, 1834.
Autres pistes à suivre pour poursuivre vos recherches :
- Annales du Sénat et du corps législatif (1852-1870), séance du 11 mars 1870, n°142.
- Paris au temps des fiacres, Philippe Mellot.
- Dictionnaire topographique des environs de Paris, Charles Oudiette, 1818.
- Bibliothèque historique, vol. 9, 1819.
- Jean Lorenzi : Le commerce du vin à Paris, l’Etape aux vins, origine de la Halle aux vins in La cité. Bulletin historique de société historique des Ive et IIIe arrondissements, n° 141-144,, 1937.
- Conférences de l’ordonnance de Louis XIV …., Jacquin.
- Evocation du vieux Paris, et Connaissance du vieux Paris, Jacques Hillairet.
Bonnes recherches !