Question d'origine :
Bonjour.
Au fil de mes recherches généalogiques, j'ai rencontré une curieuse appellation dans des actes de baptême, celle de "parrain/marraine de cierge". Cette mention apparaît notamment dans un registre BMS pour l'année 1691 de la paroisse Saint-Marcel, à Eyzin-Pinet (Isère).
Pourriez-vous me donner plus d'information sur cette coutume ?
Je vous remercie du soin que vous apportez à satisfaire notre curiosité.
Bien cordialement.
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 13/03/2014 à 16h50
Le terme parrain a pu revêtir plusieurs acceptions au cours des siècles. En 1690, c’est-à-dire à une année près au moment où a été rédigé l’acte de baptême que vous avez consulté, le Dictionnaire universel de Furetière donne plusieurs significations pour ce mot.
Le premier sens de parrain est bien entendu religieux : "Celuy qui tient et leve un enfant sur les fonts de Baptême, qui luy impose le nom. On ne baptise personne en ceremonie sans un parrein et une marreine. Le parrein contracte une alliance spirituelle avec les pere et mere de l'enfant. On a aussi des parreins et marreines en la Confirmation.»
Furetière évoque également d’autres acceptions possibles : le mot peut notamment désigner les personnes assistant deux combattants dans un tournoi de chevalerie ou dans un duel.
Il est bien évident que le terme parrain rencontré dans un acte de baptême désigne la première acception religieuse, à savoir «celui qui présente un enfant à la cérémonie du baptême, affirme sa foi en son nom et a mission de veiller sur lui, en particulier en ce qui concerne son éducation religieuse » d’après le Trésor de la langue française en ligne.
L’expression « de cierge » renvoie sans aucun doute au rite de la remise d’un cierge allumé au baptisé ou à son parrain, en fin de cérémonie. Il s’agissait initialement d’un flambeau que les néophytes, c’est-à-dire les nouveaux baptisés, portaient à la procession de la nuit de Pâques, durant le chant de la Litanie. Ce flambeau est devenu le symbole de la vigilance et de l’attachement au devoir chrétien (source : Catholicisme hier, aujourd'hui, demain, Paris, 1948, T. 01, col. 1224).
Il est très possible, sans pouvoir cependant l’affirmer en toute certitude, que l’expression "parrain/marraine de cierge" serve à désigner sans ambiguïté, et ce au risque d'être redondant, la qualité de la personne faisant office de parrain au sens religieux du terme, afin de la distinguer des autres « parrains » dont Furetière nous rappelle l’existence. Ce dernier écrit ainsi que « le nombre des parreins a été reduit à deux: car autrefois on en prenoit tant qu'on vouloit. Les Allemans s'en servoient pour s'enrichir, car ils prenoient des Princes pour parreins, qui leur faisoient de fort beaux presents. En France on en prenoit trois, deux parreins et une marreine pour un garçon, et un parrein et deux marreines pour une fille. » Il semble clair que ces parrains étaient alors plus des bienfaiteurs occasionnels, potentiellement pourvoyeurs de cadeaux, qu’un substitut du père ou de la mère accompagnant en religion le nouveau baptisé.
Pour aller plus loin sur la question :
Fine (Agnès), La parenté spirituelle en Europe, Paris, 1994
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