systeme de rimes à la claire fontaine
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 22/04/2014 à 13h11
249 vues
Question d'origine :
Si les rimes de à la claire fontaine sont en (e) é de café pourquoi trouve-t-on : " chantait"
Et, doit-on écrire : "que je lui refusai" ou "que je lui refusais" ?
Réponse du Guichet

Bonjour,
À la claire fontaine est une chanson française traditionnelle. Elle vient d'un poème anonyme du XVIIIe siècle.
Il s'agit d'une chanson en laisse composée de vers hexasyllabiques ou d’alexandrinsassonancés en /e/ . Très populaire en France, elle l'est aussi au Québec depuis le XVIIIe siècle, où elle était historiquement chantée par les coureurs des bois lors de longs voyages en canot. Cette chanson, premier hymne national de la Nouvelle-France, a connu plus de 500 versions.
Source : Wikipedia
Les fins de vers de cette chanson sont donc des assonances métriques héritées de la poésie médiévale :
La rime est pauvre si l’identité ne porte que sur des voyelles toniques terminant le mot : « déjà » et « voilà ». Elle est riche s’il y a identité d’un ou de plusieurs sons qui précèdent la voyelle tonique : « sortir » et « mentir ». –Si ce qui suit la voyelle tonique est différent, on a une assonance et non une rime : « trace » et « frappe ».
Source : Le bon usage
On confond parfois assonance et rime; beaucoup de rimes féminines en effet (finissant par une voyelle) sont des formes d'assonance sur le plan de l'effet. Historiquement, la rime est une assonance émancipée. Néanmoins :
« L’assonance pourrait, dans ce sens, être considérée comme une rime imparfaite ou élémentaire. Elle n’exige que l’homophonie de la voyelle tonique, sans tenir compte des consonnes qui la précèdent ou qui la suivent. Chaste et frappe, par exemple, forment une assonance ; frappe et nappe forment une rime. [i]Déjà, au Moyen Age, dans la poésie française, les poèmes les plus anciens n’avaient pas de rimes mais seulement des assonances[/b]. C’était même un élément essentiel de leur versification. Il importait peu que les deux voyelles en jeu fussent écrites de la même façon : l’orthographe n’avait rien à voir en cette question ;mais il était indispensable que ces voyelles se prononçassent pareillement, de sorte qu’un o ouvert ne pouvait assoner avec un o fermé . »
— Marcel De Grève
En somme il y a souvent confusion entre les deux termes dans le cas des assonances finales de vers. Alors que l'assonance ne concerne que la répétition vocalique, la rime elle est une répétition d'un groupe phonique (consonantique et vocalique).
Source : Wikipedia
Dans le cas particulier d’A la claire fontaine, nous observons cependant que les voyelles finales "sécher" / "chantait" correspondent à des sons différents : « é » et « è », alors que dans une assonance les voyelles doivent être identiques… Mais ce serait oublier l’époque à laquelle la chanson a été composée, où la prononciation n’était peut-être pas la même.
Nous devons donc faire un détour dans le domaine de la phonétique :
Cas particuliers : En France les sons valant soit /e/ soit /ɛ/ et ceux valant soit /o/ soit /ɔ/ sont par la plupart des locuteurs prononcé /e/ /o/ en syllabes ouvertes et /ɛ/ /ɔ/ en syllabes fermées mais selon les régions de nombreuses exceptions subsistent :
•ai vaut :
o /e/ en fin de mot comme dans : « gai » /ɡe/, « (je) mangeai » /mɑ̃ʒe/ mais certains locuteurs prononcent /ɛ/ comme dans « vrai » /vʁɛ/, « chai » /ʃɛ/, « balai » /balɛ/ etc. ou encore dans « sais », « vais », « sait » et « vait », où /ɛ/ est courant.
o /ə/ par tout le monde dans certains cas : « faisan » /fəzɑ̃/, « faisant » /fəzɑ̃/, « faisons » /fəzɔ̃/, « faiseur » /fəzœʁ/, « faisable » /fəzabl/.
o il existe de nombreuses variations de prononciations, dont voici quelques exemples :
/e/ dans « aigu », « aiguiser » et « aiguille » mais /ɛ/ est toléré.
/e/ en fin de verbe certains différencient la première personne du passé simple « je donnai » avec un /e/ et la première personne de l'imparfait « je donnais » avec un /ɛ/ alors que d'autres prononcent toujours /ɛ/.
Certains auteurs parlent d'harmonie vocalique bien que cette notion n'existe pas habituellement en français pour expliquer la réalisation /e/ lorsque la voyelle de la syllabe suivante est /e/, par exemple : « baiser » /beze/ (/bɛze/ en langage soutenu) mais « baise » /bɛz/. « affairer » /afeʁe/ (/afɛʁe/ en langage soutenu) mais « affaire » /afɛʁ/. On se trouve en fait dans le cas général de l'opposition syllabe ouvertes/syllabes fermées.
Source : Prononciation du français, Wikipedia.
Pourtant d’après Elements de phonétique appliquée de Françoise Argod-Dutard, en français moderne nous associons presque systématiquement la graphie « ai » (comme dans « refusai ») au son /ɛ/ (« è ») :
Les phonèmes /e/, /ɛ/ sont représentés par [e] et [ɛ] en syllabe ouverte accentuable, comme le montrent les exemples suivants : les [le] et lait [lɛ], poignée et poignet. La voyelle ouverte [ɛ] correspond aux graphies « ais, aid, ait, aient, aix, aie, è, ê, et, ey, ai » que l’on retrouve, par exemple, dans : « dais, laid, était, aient, paix, peupleraie, exprès, forêt, poignet, bey, balai ». Ailleurs, c’est [e] qui apparaît.
Les dictionnaires traduisent ces hésitations de la langue : par exemple le Petit Robert, pour le mot « quai », indique la prononciation /ke/ (qui correspond au son « é »).
Ces hésitations correspondent à l’évolution complexe de la langue écrite et de la langue parlée en français. La graphie « ai » par exemple (dans était, avaient par opposition à l’ancienne graphie estoit, avoient, qui a connu plusieurs prononciations successives depuis le XIIe siècle) n’est devenue officielle qu’en 1835 avec la publication du sixième dictionnaire de l’Académie française, après avoir été proposée par Bérain en 1635 et Voltaire en 1732.
Ainsi, dans A la claire fontaine, il semble que les fins de vers devaient bien être prononcées [e] (« é ») pour le compositeur, même si, dans la langue actuelle, nous prononçons le plus souvent « refusai » avec une voyelle finale ouverte en [ɛ] (« è »).
Quant à la manière correcte d’écrire « que je refusai », il s’agit bien de « refusai », au passé simple, comme il est retranscrit dans ce recueil : Chansons françaises de jadis.
À la claire fontaine est une chanson française traditionnelle. Elle vient d'un poème anonyme du XVIIIe siècle.
Il s'agit d'une chanson en laisse composée de vers hexasyllabiques ou d’alexandrins
Source : Wikipedia
Les fins de vers de cette chanson sont donc des assonances métriques héritées de la poésie médiévale :
La rime est pauvre si l’identité ne porte que sur des voyelles toniques terminant le mot : « déjà » et « voilà ». Elle est riche s’il y a identité d’un ou de plusieurs sons qui précèdent la voyelle tonique : « sortir » et « mentir ». –
Source : Le bon usage
On confond parfois assonance et rime; beaucoup de rimes féminines en effet (finissant par une voyelle) sont des formes d'assonance sur le plan de l'effet. Historiquement, la rime est une assonance émancipée. Néanmoins :
« L’assonance pourrait, dans ce sens, être considérée comme une rime imparfaite ou élémentaire. Elle n’exige que l’homophonie de la voyelle tonique, sans tenir compte des consonnes qui la précèdent ou qui la suivent. Chaste et frappe, par exemple, forment une assonance ; frappe et nappe forment une rime. [i]Déjà, au Moyen Age, dans la poésie française, les poèmes les plus anciens n’avaient pas de rimes mais seulement des assonances[/b]. C’était même un élément essentiel de leur versification. Il importait peu que les deux voyelles en jeu fussent écrites de la même façon : l’orthographe n’avait rien à voir en cette question ;
— Marcel De Grève
En somme il y a souvent confusion entre les deux termes dans le cas des assonances finales de vers. Alors que l'assonance ne concerne que la répétition vocalique, la rime elle est une répétition d'un groupe phonique (consonantique et vocalique).
Source : Wikipedia
Dans le cas particulier d’A la claire fontaine, nous observons cependant que les voyelles finales "sécher" / "chantait" correspondent à des sons différents : « é » et « è », alors que dans une assonance les voyelles doivent être identiques… Mais ce serait oublier l’époque à laquelle la chanson a été composée, où la prononciation n’était peut-être pas la même.
Nous devons donc faire un détour dans le domaine de la phonétique :
Cas particuliers : En France les sons valant soit /e/ soit /ɛ/ et ceux valant soit /o/ soit /ɔ/ sont par la plupart des locuteurs prononcé /e/ /o/ en syllabes ouvertes et /ɛ/ /ɔ/ en syllabes fermées mais selon les régions de nombreuses exceptions subsistent :
•
o /e/ en fin de mot comme dans : « gai » /ɡe/, « (je) mangeai » /mɑ̃ʒe/ mais certains locuteurs prononcent /ɛ/ comme dans « vrai » /vʁɛ/, « chai » /ʃɛ/, « balai » /balɛ/ etc. ou encore dans « sais », « vais », « sait » et « vait », où /ɛ/ est courant.
o /ə/ par tout le monde dans certains cas : « faisan » /fəzɑ̃/, « faisant » /fəzɑ̃/, « faisons » /fəzɔ̃/, « faiseur » /fəzœʁ/, « faisable » /fəzabl/.
o il existe de nombreuses variations de prononciations, dont voici quelques exemples :
/e/ dans « aigu », « aiguiser » et « aiguille » mais /ɛ/ est toléré.
Certains auteurs parlent d'harmonie vocalique bien que cette notion n'existe pas habituellement en français pour expliquer la réalisation /e/ lorsque la voyelle de la syllabe suivante est /e/, par exemple : « baiser » /beze/ (/bɛze/ en langage soutenu) mais « baise » /bɛz/. « affairer » /afeʁe/ (/afɛʁe/ en langage soutenu) mais « affaire » /afɛʁ/. On se trouve en fait dans le cas général de l'opposition syllabe ouvertes/syllabes fermées.
Source : Prononciation du français, Wikipedia.
Pourtant d’après Elements de phonétique appliquée de Françoise Argod-Dutard, en français moderne nous associons presque systématiquement la graphie « ai » (comme dans « refusai ») au son /ɛ/ (« è ») :
Les phonèmes /e/, /ɛ/ sont représentés par [e] et [ɛ] en syllabe ouverte accentuable, comme le montrent les exemples suivants : les [le] et lait [lɛ], poignée et poignet. La voyelle ouverte [ɛ] correspond aux graphies « ais, aid, ait, aient, aix, aie, è, ê, et, ey, ai » que l’on retrouve, par exemple, dans : « dais, laid, était, aient, paix, peupleraie, exprès, forêt, poignet, bey, balai ». Ailleurs, c’est [e] qui apparaît.
Les dictionnaires traduisent ces hésitations de la langue : par exemple le Petit Robert, pour le mot « quai », indique la prononciation /ke/ (qui correspond au son « é »).
Ces hésitations correspondent à l’évolution complexe de la langue écrite et de la langue parlée en français. La graphie « ai » par exemple (dans était, avaient par opposition à l’ancienne graphie estoit, avoient, qui a connu plusieurs prononciations successives depuis le XIIe siècle) n’est devenue officielle qu’en 1835 avec la publication du sixième dictionnaire de l’Académie française, après avoir été proposée par Bérain en 1635 et Voltaire en 1732.
Ainsi, dans A la claire fontaine, il semble que les fins de vers devaient bien être prononcées [e] (« é ») pour le compositeur, même si, dans la langue actuelle, nous prononçons le plus souvent « refusai » avec une voyelle finale ouverte en [ɛ] (« è »).
Quant à la manière correcte d’écrire « que je refusai », il s’agit bien de « refusai », au passé simple, comme il est retranscrit dans ce recueil : Chansons françaises de jadis.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter