Question d'origine :
Bonjour,
Le silence est un nom masculin dérivé de silentium en latin, entre le 13è et 17è siècles parfois devient un nom féminin notamment en poésie, je souhaiterai savoir pourquoi et trouver un exemple précis.
Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/08/2014 à 08h35
Bonjour,
Pourriez-vous nous préciser la source de votre affirmation ?
Nos recherches dans divers dictionnaires de la langue française ne nous ont pas permis de trouver la mention d’un usage de « silence » au féminin et nos recherches sur internet sont elles aussi restées vaines.
Ouvrages consultés :
- Le grand Robert de la langue française.
- Dictionnaire culturel de la langue française.
Sites consultés :
- Larousse.
- Centre national des ressources textuelles et lexicales.
- Lexilogos.
- Dictionnaires d’autrefois par Lexilogos, vous trouverez les définitions de « silence » de 1606 à 1932 mais un usage au féminin n’est pas mentionné.
Bonne journée.
Pourriez-vous nous préciser la source de votre affirmation ?
Nos recherches dans divers dictionnaires de la langue française ne nous ont pas permis de trouver la mention d’un usage de « silence » au féminin et nos recherches sur internet sont elles aussi restées vaines.
Ouvrages consultés :
- Le grand Robert de la langue française.
- Dictionnaire culturel de la langue française.
Sites consultés :
- Larousse.
- Centre national des ressources textuelles et lexicales.
- Lexilogos.
- Dictionnaires d’autrefois par Lexilogos, vous trouverez les définitions de « silence » de 1606 à 1932 mais un usage au féminin n’est pas mentionné.
Bonne journée.
Commentaire de
falbala26 :
Publié le 08/08/2014 à 20:13
Pour faire suite à ma question sur le silence, voici la source :
Dictionnaire culturel en langue française
Silence, n.m., empr au latin silentium...Du 13è au 17è, silence est parfois féminin.
Je souhaiterai comprendre pourquoi en poésie le silence peut devenir féminin, peut être parce que silentium est neutre ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 11/08/2014 à 12h42
Bonjour,
Effectivement, on trouve bien mention de l’emploi féminin de « silence » dans le Dictionnaire culturel de la langue française.
Il mentionne aussi la forme féminine « silenche » (XIIe siècle), dont le CNRTL permet de retrouver une utilisation en poésie :
1350 silenche fém. « calme, cessation de toute sorte de bruit » (GILLES LE MUISIT, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 88, 23)
(source : CNRTL)
On trouve aussi la forme « scilence », toujours dans le CNRTL :
fin XIIes. scilence fém. « fait de ne pas exprimer sa pensée oralement » (Sermons St Bernard, éd. E. Foerster, 113, 2)
Une recherche dans la base Frantext nous a permis de retrouver des exemples d’utilisation de ce mot au féminin dans des textes du XVIe siècle. Certains de ces textes sont poétiques, mais l’emploi du féminin ne se limite pas à la poésie :
*ANONYME , Le Violier des histoires rommaines moralisées, 1521, p. 154, 56, De confession
, dire trois veritez, je ne pourray mourir.
- Doncques, dist l'empereur, acomplis le benefice de la loy, ou tu mourras.
- Fais, dist il au juge, faire silence.
Puis,la silence faicte , dist :
- Voicy la premiere vertu. Je vous certifie que tout le temps de ma vie j'ay esté maulvais homme.
Le juge demanda sy on vouloit quelque chose lors opposer à
*ANONYME , Le Violier des histoires rommaines moralisées, 1521, p. 396, 128 [127], De la maniere de batailler en la passion de Jesuchrist contre le dyable d'enfer
valée tout autour encloz et en la façon d'ung portal, là est une seulle fosse pour entrer en la plaine de ce champ. Comme il est d'ancienne renommée, lors apresla premiere silence de la nuyct, quant la lune luyt, si aucun chevalier crye, de l'autre costé luy acourt ung autre chevalier pour le combatre, sans que le premier, c'est assavoir celluy qui
MAROT Jean, Le Voyage de Venise, 1526, p. 54
Cappitaine estant en la cité.
Semblablement y fut le Potestat
Des plus avans, ainsi que à son estat
Appartenoit. Desquelz en la presence
Ledit *Montjoye avectoute silence ,
Asseurement Asseure(e)ment, comme au cas bien instruit,
Leur proposa le narre [l. narré] qui s'ensuit.
Harengue de *Montjoye à ceulx de *Venise estans dedans
DU SAIX Antoine, La Touche naifve pour esprouver l'amy et le flateur inventée par Plutarque, taillée par Erasme et mise à l'usage francoys... [trad.], 1537, p. 67
ne rien dissimuler par crainte, ny taire chose aulcune de celles
qui touchent l'utilité publicque. » Après que, par telles parolles,
il eut esmeu tous les assistans etsilence faicte , Tibere intentif à
ce qu'il diroit : « Escoute, Cesar, dit-il, en quoy c'est que nous
te blasmons tous, bien que publicquement nul ne le t'ose dire. Tu
ne tiens
RABELAIS François, Pantagruel, 1542, p. 218, CHAPITRE XIX, Comment Panurge feist quinaud l'Angloys,, qui arguoit par signe.
Comment *Panurge feist quinaud l'Angloys,
qui arguoit par signe.
Adoncques, tout le monde assistant et escoutanten bonne
silence , l'Angloys leva hault en l'air les deux mains separement,
clouant toutes les extremitez des doigtz en forme qu'on nomme en
Chinonnoys cul de poulle, et frappa de l'
SCÈVE Maurice, Délie, object de plus haulte vertu, 1544, p. 82, CXII
ô fusses tu, *Vesper, en ce bas Monde,
Quand celle vient mon Enfer allumer.
Lors tu verroys, tout autour à la ronde,
De mes souspirs le *Montgibel fumer.
Longue silence , ou je m'avainissoys
Hors la memoyre et des Dieux, et des hommes,
Fut le repos, ou je me nourrissoys
Tout deschargé des amoureuses sommes.
Mais, comme advient, quand
RABELAIS François, Tiers livre, 1552, p. 148, CHAPITRE XIX, Comment Pantragruel loue le conseil des muetz.
là. Vous doncques ne croyez ce qu'escript *Herodote des
deux enfans guardez dedans une case par le vouloir de *Psammetic roy
des AEgyptiens et nourrizen perpetuelle silence , lesquelz après certain
temps prononcerent ceste parolle : Becus, laquelle en langue
phrygienne signifie pain ?
- Rien moins, respondit *Pantagruel. C'est abus
RABELAIS François, Tiers livre, 1552, p. 151, CHAPITRE XIX, Comment Pantragruel loue le conseil des muetz.
on dortouoir, pourquoy ne crioys tu
à la force, nous toutes eussions couru à ton ayde ? », respondit
qu'elle ne ausoit crier on dortouoir, pour ce qu'on dortouoir y asilence
sempiternelle . « Mais (dist l'abbesse), meschante que tu es, pourquoy
ne faisois tu signes à tes voisines de chambre ? »
« - Je (respondit la *Fessue) leurs faisois
RABELAIS François, Tiers livre, 1552, p. 275, CHAPITRE XXXVII, Comment Pantagruel persuade à Panurge prendre conseil de quelque fol.
comme
pour entendre s'il estoit de bon alloy ; puys le posa sus la prunelle
de son oeil droict, comme pour veoir s'il estoit bien marqué. Tout
ce feut faicten grande silence de tout le badault peuple, en ferme
attente du roustisseur et desespoir du faquin. En fin, le feist sus
l'ouvroir sonner par plusieurs foys. Puys, en majesté
BOAISTUAU Pierre, Histoires tragiques, 1559, p. 160, SOMMAIRE DE LA CINQIESME HISTOIRE, CINQIESME HISTOIRE
changé de conseil. Ainsi se passa la journée en froides et simulées caresses, tant d'un costé que d'autre, jusques à tant que la nuict obscure avecquesson accoustumée silence leur appresta le moyen d'exercer leur furieuse entreprise. Et incontinent apres souper Didaco et Violente se pourmenerent ensemble, devisans de quelques communs
Notons que le même auteur peut utiliser aussi bien le masculin que le féminin dans un même texte (par exemple Maurice Scève : Délie, object de plus haulte vertu, 1544).
Comme vous le faites remarquer, le latin silentium est neutre : il semble donc probable que le genre masculin / féminin de silence n’était pas encore tout à fait fixé avant le XVIIe siècle, même si l’emploi du masculin était déjà très majoritaire, et/ou que le pluriel latin neutre silentia ait pu susciter quelques confusions :
Le latin (comme beaucoup d’autres langues) possédait un troisième genre, le neutre. La plupart des noms neutres sont passés au masculin en latin vulgaire et, de là, en français. Quelques-uns sont devenus féminins ; c’est surtout le cas de pluriels neutres, dont la finale a été confondue avec la finale du féminin singulier. On a ainsi en français des doublets comme grain<granum, graine<grana (d’abord pluriel).
Source : Le bon usage : grammaire française, Maurice Grevisse, André Goosse
Bonne journée.
Effectivement, on trouve bien mention de l’emploi féminin de « silence » dans le Dictionnaire culturel de la langue française.
Il mentionne aussi la forme féminine « silenche » (XIIe siècle), dont le CNRTL permet de retrouver une utilisation en poésie :
1350 silenche fém. « calme, cessation de toute sorte de bruit » (GILLES LE MUISIT, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 2, p. 88, 23)
(source : CNRTL)
On trouve aussi la forme « scilence », toujours dans le CNRTL :
fin XIIes. scilence fém. « fait de ne pas exprimer sa pensée oralement » (Sermons St Bernard, éd. E. Foerster, 113, 2)
Une recherche dans la base Frantext nous a permis de retrouver des exemples d’utilisation de ce mot au féminin dans des textes du XVIe siècle. Certains de ces textes sont poétiques, mais l’emploi du féminin ne se limite pas à la poésie :
*ANONYME , Le Violier des histoires rommaines moralisées, 1521, p. 154, 56, De confession
, dire trois veritez, je ne pourray mourir.
- Doncques, dist l'empereur, acomplis le benefice de la loy, ou tu mourras.
- Fais, dist il au juge, faire silence.
Puis,
- Voicy la premiere vertu. Je vous certifie que tout le temps de ma vie j'ay esté maulvais homme.
Le juge demanda sy on vouloit quelque chose lors opposer à
*ANONYME , Le Violier des histoires rommaines moralisées, 1521, p. 396, 128 [127], De la maniere de batailler en la passion de Jesuchrist contre le dyable d'enfer
valée tout autour encloz et en la façon d'ung portal, là est une seulle fosse pour entrer en la plaine de ce champ. Comme il est d'ancienne renommée, lors apres
MAROT Jean, Le Voyage de Venise, 1526, p. 54
Cappitaine estant en la cité.
Semblablement y fut le Potestat
Des plus avans, ainsi que à son estat
Appartenoit. Desquelz en la presence
Ledit *Montjoye avec
Asseurement Asseure(e)ment, comme au cas bien instruit,
Leur proposa le narre [l. narré] qui s'ensuit.
Harengue de *Montjoye à ceulx de *Venise estans dedans
DU SAIX Antoine, La Touche naifve pour esprouver l'amy et le flateur inventée par Plutarque, taillée par Erasme et mise à l'usage francoys... [trad.], 1537, p. 67
ne rien dissimuler par crainte, ny taire chose aulcune de celles
qui touchent l'utilité publicque. » Après que, par telles parolles,
il eut esmeu tous les assistans et
ce qu'il diroit : « Escoute, Cesar, dit-il, en quoy c'est que nous
te blasmons tous, bien que publicquement nul ne le t'ose dire. Tu
ne tiens
RABELAIS François, Pantagruel, 1542, p. 218, CHAPITRE XIX, Comment Panurge feist quinaud l'Angloys,, qui arguoit par signe.
Comment *Panurge feist quinaud l'Angloys,
qui arguoit par signe.
Adoncques, tout le monde assistant et escoutant
silence
clouant toutes les extremitez des doigtz en forme qu'on nomme en
Chinonnoys cul de poulle, et frappa de l'
SCÈVE Maurice, Délie, object de plus haulte vertu, 1544, p. 82, CXII
ô fusses tu, *Vesper, en ce bas Monde,
Quand celle vient mon Enfer allumer.
Lors tu verroys, tout autour à la ronde,
De mes souspirs le *Montgibel fumer.
Hors la memoyre et des Dieux, et des hommes,
Fut le repos, ou je me nourrissoys
Tout deschargé des amoureuses sommes.
Mais, comme advient, quand
RABELAIS François, Tiers livre, 1552, p. 148, CHAPITRE XIX, Comment Pantragruel loue le conseil des muetz.
là. Vous doncques ne croyez ce qu'escript *Herodote des
deux enfans guardez dedans une case par le vouloir de *Psammetic roy
des AEgyptiens et nourriz
temps prononcerent ceste parolle : Becus, laquelle en langue
phrygienne signifie pain ?
- Rien moins, respondit *Pantagruel. C'est abus
RABELAIS François, Tiers livre, 1552, p. 151, CHAPITRE XIX, Comment Pantragruel loue le conseil des muetz.
on dortouoir, pourquoy ne crioys tu
à la force, nous toutes eussions couru à ton ayde ? », respondit
qu'elle ne ausoit crier on dortouoir, pour ce qu'on dortouoir y a
sempiternelle
ne faisois tu signes à tes voisines de chambre ? »
« - Je (respondit la *Fessue) leurs faisois
RABELAIS François, Tiers livre, 1552, p. 275, CHAPITRE XXXVII, Comment Pantagruel persuade à Panurge prendre conseil de quelque fol.
comme
pour entendre s'il estoit de bon alloy ; puys le posa sus la prunelle
de son oeil droict, comme pour veoir s'il estoit bien marqué. Tout
ce feut faict
attente du roustisseur et desespoir du faquin. En fin, le feist sus
l'ouvroir sonner par plusieurs foys. Puys, en majesté
BOAISTUAU Pierre, Histoires tragiques, 1559, p. 160, SOMMAIRE DE LA CINQIESME HISTOIRE, CINQIESME HISTOIRE
changé de conseil. Ainsi se passa la journée en froides et simulées caresses, tant d'un costé que d'autre, jusques à tant que la nuict obscure avecques
Notons que le même auteur peut utiliser aussi bien le masculin que le féminin dans un même texte (par exemple Maurice Scève : Délie, object de plus haulte vertu, 1544).
Comme vous le faites remarquer, le latin silentium est neutre : il semble donc probable que le genre masculin / féminin de silence n’était pas encore tout à fait fixé avant le XVIIe siècle, même si l’emploi du masculin était déjà très majoritaire, et/ou que le pluriel latin neutre silentia ait pu susciter quelques confusions :
Le latin (comme beaucoup d’autres langues) possédait un troisième genre, le neutre. La plupart des noms neutres sont passés au masculin en latin vulgaire et, de là, en français. Quelques-uns sont devenus féminins ; c’est surtout le cas de pluriels neutres, dont la finale a été confondue avec la finale du féminin singulier. On a ainsi en français des doublets comme grain<granum, graine<grana (d’abord pluriel).
Source : Le bon usage : grammaire française, Maurice Grevisse, André Goosse
Bonne journée.
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