Question d'origine :
Bonjour
Je me demandais hier combien de personnes je connaissais par leur nom. La famille, les amis, les voisins, les connaissances anciennes, les célébrités, les personnages historiques... Est-ce que le nombre moyen de personnes connu par chacun a déjà fait l'objet d'études et est-il connu ? Merci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 29/12/2014 à 15h47
Bonjour,
Nous n’avons pas trouvé de statistiques ou de données précises indiquant le nombre de personnes que chaque individu connaît. Certains avancent le chiffre de 1000 personnes mais ne fournissent pas de sources, d’autres se basent sur leur nombre d’amis Facebook, mais là aussi rien de fiable puisque que l’on choisit ses amis et que toutes les personnes que l’on connaît ne sont pas inscrites sur Facebook. Et puis, sur quels critères se baser pour déclarer que l’on connaît quelqu’un ? Est-ce que l’on connaît son visage ? Son nom ? Est-ce que l’on a son numéro ? Est-ce que l’on est ami avec lui sur un réseau social ?
Un internaute s’est d’ailleurs posé la question des critères, sur son site Martouf le synthéticien :
« Combien je connais de personnes ?
Je me suis souvent demandé combien de personnes est ce que je connais ???
C'est très difficile à évaluer.
Il faut déjà définir ce que l'on appelle une connaissance. Il y a plein de catégories de gens.
-les gens que l'on connait de vue
-les gens que l'on connait de nom, mais que l'on a jamais vu
-les gens que l'on a perdu de vue
-les gens que l'on voit tout le temps
-les gens que l'on connait mais que l'on ne voit jamais
-les gens que l'on ne connait pas, mais que l'on croise tout le temps.
-les anciens camarade de classe.
-Il y a les amis
-Il y a les collègues
-Il y a les amis des amis
-Il y a les célébrités que l'on connait sans connaître !
etc... »
Des expériences ont été réalisées pour prouver que l’on connaissait tout le monde via un nombre d’intermédiaires plus ou moins important.
Le premier à avoir lancé cette idée est le psycho-sociologue Stanley Milgram en 1967. Il a, pour valider son hypothèse, réalisé une expérience dans un groupe de personnes aux Etats-Unis, il a prouvé que deux personnes prises au hasard dans la population étaient reliées par un maximum de 6 relations. Cette expérience a été nommée Etude du petit monde :
« Le protocole de sa première expérience de « petit monde », décrite dans un article non-daté et intitulé « Results of Communication Project », est le suivant : Milgram envoie 60 lettres à des recrues de la ville d'Omaha dans le Nebraska. Il leur demande de faire suivre cette lettre à un agent de change, vivant à une adresse fournie, dans la ville de Sharon dans le Massachusetts. Les participants pouvaient seulement passer les lettres, de main à main, à des connaissances personnelles qu'ils pensaient être capables d'atteindre l'objectif, directement ou via les amis des amis. Bien que cinquante personnes se soient prêtées à l'expérience, seulement trois lettres arrivèrent à destination.Le célèbre article de 1967 de Milgram décrit le fait qu'une lettre ne mit que quatre jours pour atteindre sa destination, mais négligea de mentionner que seulement 5 % des lettres réussirent à rejoindre leur cible.
Critiques
Une des difficultés dans la conduite de ces études tient à la supposition que les gens dans la chaîne sont compétents pour découvrir le lien entre les deux personnes servant de terminaux.
S'il y avait des doutes sur le fait que le monde entier soit un petit monde, il y a peu de doutes qu'il y ait beaucoup de petits mondes dans le monde global : depuis les chaînes dans l'université de l'État du Michigan jusqu'à celles du monde très uni de la communauté juive de Montréal.
Les recherches originales de Milgram ont été critiquées sur de nombreux points. Elles étaient conduites au travers de larges populations plutôt que sur des groupes restreints et habitués à collaborer tels que les mathématiciens ou les acteurs (cf. infra). Dans deux expériences ultérieures, le taux de succès (établissement de la chaîne) fut si faible que les résultats n'ont pas été publiés.
Observations
Des chercheurs ont montré que beaucoup de facteurs ténus peuvent modifier profondément les résultats d'une expérience de petit monde. Les études essayant de relier des gens de groupes ethniques ou de revenus différents montrent des asymétries significatives. Milgram lui-même a coécrit un article qui révèle un taux de réussite de 13 % lorsque la cible est de type africain et de 33 % pour le type caucasien et ce en dépit du fait que les participants ignorent l'ethnie du destinataire.
Malgré ces complications, une série de nouvelles découvertes émergèrent des recherches de Milgram. Après de nombreuses améliorations du protocole (la valeur perçue de la lettre est un facteur prépondérant dans la motivation des intervenants à la faire passer ou non), Milgram fut à même d'atteindre un taux de réussite de 35 %, et des chercheurs ultérieurs atteignirent 97%.
À partir des chaînes ayant atteint leur destinataire, on constata que le nombre de 6 intermédiaires se dégageait. De cette constatation naquit l'expression « six degrés de séparation ». En plus, Milgram identifia un effet d'« entonnoir » par lequel la plupart des propagations étaient le fait d'un petit nombre de personnes ou étoiles qui avaient une connectivité nettement supérieure à la moyenne. Même dans l'étude pilote, Milgram constata que deux des trois chaînes avaient utilisé les mêmes personnes. »
Ce principe fut repris par d’autres universitaires depuis le développement d’internet et les résultats ont bien évolué depuis ces premiers essais. Ainsi, une étude a été réalisée via Facebook, un journaliste de Rue89 présente les résultats :
« Connaissez-vous la théorie des six degrés de séparation, celle qui veut que, de connaissance commune en connaissance commune, il n’y ait que cinq personnes entre vous et, au hasard, Barack Obama ?
Cette théorie, d’abord évoquée dans un roman de l’écrivain hongrois Frigyes Karinthy, a été prouvée dans les années 60 par le psychologue Stanley Milgram.
Il a demandé à 296 personnes de faire parvenir un pli à destination d’un habitant de la banlieue de Boston, sans le lui envoyer directement mais en choisissant des destinataires susceptibles de connaître le destinataire final. Le nombre d’individus nécessaires pour faire parvenir le pli avait été de 5,2 personnes (six degrés de séparation).
Sur Facebook, 700 millions de cobayes
Armées d’un échantillon d’étude plus large – les 700 millions de membres de Facebook – les équipes du réseau social se sont attelées à une nouvelle vérification de cette théorie, aidées par des algorithmes développés par une université milanaise. Les résultats ont été publiés lundi.
Surprise : les chercheurs ont découvert qu’il y a seulement 4,74 degrés – soit moins de 4 personnes – entre deux individus pris au hasard sur le réseau social, d’« amis » communs en « amis » communs.
Ce nombre passe à 3 si l’analyse est circonscrite à un seul pays. Par ailleurs, avec l’accroissement du nombre de membres de Facebook, ce nombre a diminué : il était de 5,28 en 2008.
Le New York Times rappelle qu’une étude similaire avait été conduite par Microsoft sur 296 millions d’individus. Cette étude avait utilisé une définition plus restrictive de l’amitié : étaient considérés comme « liés » deux individus qui avaient échangé des messages de tchat. Les chercheurs avaient montré qu’en moyenne 6,6 degrés séparaient deux individus pris au hasard.
La force des « liens faibles » sur Internet
Un chercheur de l’université Cornell (Etats-Unis) avance, toujours dans le New-York Times, une explication à ce nombre beaucoup plus faible mis en évidence par les équipes de Facebook.
Selon lui, ce sont les « liens faibles “ – ces relations sociales plus lointaines particulièrement vivaces sur Internet – qui expliquent ce surprenant résultat :
‘Nous sommes proches, en un sens, des gens qui ne sont pas nécessairement comme nous [... ]. Ce sont les liens faibles’ qui rendent le monde petit.”
Matthew O. Jackson, chercheur à Stanford qui étudie les réseaux sociaux, s’est montré plus circonspect :
“C’est davantage une preuve qu’ils [Facebook, ndlr] ont extrêmement bien réussi à connecter un très grand nombre d’individus.” »
On pourrait connaître donc tous les individus sur terre par l’intermédiaire d’amis d’amis ! Il faut toutefois relativiser car, dans les études réalisées récemment, il s’agit de personnes connectées, qui sont inscrits sur des réseaux sociaux, il ne s’agit donc pas de la totalité de la population mondiale !
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport du Crédoc: Quelques aspects de la sociabilité des français.
Et vous combien vous faut-il de poignées de main pour arriver à Barack Obama ?
Bonne journée.
Nous n’avons pas trouvé de statistiques ou de données précises indiquant le nombre de personnes que chaque individu connaît. Certains avancent le chiffre de 1000 personnes mais ne fournissent pas de sources, d’autres se basent sur leur nombre d’amis Facebook, mais là aussi rien de fiable puisque que l’on choisit ses amis et que toutes les personnes que l’on connaît ne sont pas inscrites sur Facebook. Et puis, sur quels critères se baser pour déclarer que l’on connaît quelqu’un ? Est-ce que l’on connaît son visage ? Son nom ? Est-ce que l’on a son numéro ? Est-ce que l’on est ami avec lui sur un réseau social ?
Un internaute s’est d’ailleurs posé la question des critères, sur son site Martouf le synthéticien :
« Combien je connais de personnes ?
Je me suis souvent demandé combien de personnes est ce que je connais ???
C'est très difficile à évaluer.
Il faut déjà définir ce que l'on appelle une connaissance. Il y a plein de catégories de gens.
-les gens que l'on connait de vue
-les gens que l'on connait de nom, mais que l'on a jamais vu
-les gens que l'on a perdu de vue
-les gens que l'on voit tout le temps
-les gens que l'on connait mais que l'on ne voit jamais
-les gens que l'on ne connait pas, mais que l'on croise tout le temps.
-les anciens camarade de classe.
-Il y a les amis
-Il y a les collègues
-Il y a les amis des amis
-Il y a les célébrités que l'on connait sans connaître !
etc... »
Des expériences ont été réalisées pour prouver que l’on connaissait tout le monde via un nombre d’intermédiaires plus ou moins important.
Le premier à avoir lancé cette idée est le psycho-sociologue Stanley Milgram en 1967. Il a, pour valider son hypothèse, réalisé une expérience dans un groupe de personnes aux Etats-Unis, il a prouvé que deux personnes prises au hasard dans la population étaient reliées par un maximum de 6 relations. Cette expérience a été nommée Etude du petit monde :
« Le protocole de sa première expérience de « petit monde », décrite dans un article non-daté et intitulé « Results of Communication Project », est le suivant : Milgram envoie 60 lettres à des recrues de la ville d'Omaha dans le Nebraska. Il leur demande de faire suivre cette lettre à un agent de change, vivant à une adresse fournie, dans la ville de Sharon dans le Massachusetts. Les participants pouvaient seulement passer les lettres, de main à main, à des connaissances personnelles qu'ils pensaient être capables d'atteindre l'objectif, directement ou via les amis des amis. Bien que cinquante personnes se soient prêtées à l'expérience, seulement trois lettres arrivèrent à destination.
Critiques
Une des difficultés dans la conduite de ces études tient à la supposition que les gens dans la chaîne sont compétents pour découvrir le lien entre les deux personnes servant de terminaux.
S'il y avait des doutes sur le fait que le monde entier soit un petit monde, il y a peu de doutes qu'il y ait beaucoup de petits mondes dans le monde global : depuis les chaînes dans l'université de l'État du Michigan jusqu'à celles du monde très uni de la communauté juive de Montréal.
Les recherches originales de Milgram ont été critiquées sur de nombreux points. Elles étaient conduites au travers de larges populations plutôt que sur des groupes restreints et habitués à collaborer tels que les mathématiciens ou les acteurs (cf. infra). Dans deux expériences ultérieures, le taux de succès (établissement de la chaîne) fut si faible que les résultats n'ont pas été publiés.
Observations
Des chercheurs ont montré que beaucoup de facteurs ténus peuvent modifier profondément les résultats d'une expérience de petit monde. Les études essayant de relier des gens de groupes ethniques ou de revenus différents montrent des asymétries significatives. Milgram lui-même a coécrit un article qui révèle un taux de réussite de 13 % lorsque la cible est de type africain et de 33 % pour le type caucasien et ce en dépit du fait que les participants ignorent l'ethnie du destinataire.
Malgré ces complications, une série de nouvelles découvertes émergèrent des recherches de Milgram. Après de nombreuses améliorations du protocole (la valeur perçue de la lettre est un facteur prépondérant dans la motivation des intervenants à la faire passer ou non), Milgram fut à même d'atteindre un taux de réussite de 35 %, et des chercheurs ultérieurs atteignirent 97%.
À partir des chaînes ayant atteint leur destinataire, on constata que le nombre de 6 intermédiaires se dégageait. De cette constatation naquit l'expression « six degrés de séparation ». En plus, Milgram identifia un effet d'« entonnoir » par lequel la plupart des propagations étaient le fait d'un petit nombre de personnes ou étoiles qui avaient une connectivité nettement supérieure à la moyenne. Même dans l'étude pilote, Milgram constata que deux des trois chaînes avaient utilisé les mêmes personnes. »
Ce principe fut repris par d’autres universitaires depuis le développement d’internet et les résultats ont bien évolué depuis ces premiers essais. Ainsi, une étude a été réalisée via Facebook, un journaliste de Rue89 présente les résultats :
« Connaissez-vous la théorie des six degrés de séparation, celle qui veut que, de connaissance commune en connaissance commune, il n’y ait que cinq personnes entre vous et, au hasard, Barack Obama ?
Cette théorie, d’abord évoquée dans un roman de l’écrivain hongrois Frigyes Karinthy, a été prouvée dans les années 60 par le psychologue Stanley Milgram.
Il a demandé à 296 personnes de faire parvenir un pli à destination d’un habitant de la banlieue de Boston, sans le lui envoyer directement mais en choisissant des destinataires susceptibles de connaître le destinataire final. Le nombre d’individus nécessaires pour faire parvenir le pli avait été de 5,2 personnes (six degrés de séparation).
Sur Facebook, 700 millions de cobayes
Armées d’un échantillon d’étude plus large – les 700 millions de membres de Facebook – les équipes du réseau social se sont attelées à une nouvelle vérification de cette théorie, aidées par des algorithmes développés par une université milanaise. Les résultats ont été publiés lundi.
Ce nombre passe à 3 si l’analyse est circonscrite à un seul pays. Par ailleurs, avec l’accroissement du nombre de membres de Facebook, ce nombre a diminué : il était de 5,28 en 2008.
Le New York Times rappelle qu’une étude similaire avait été conduite par Microsoft sur 296 millions d’individus. Cette étude avait utilisé une définition plus restrictive de l’amitié : étaient considérés comme « liés » deux individus qui avaient échangé des messages de tchat. Les chercheurs avaient montré qu’en moyenne 6,6 degrés séparaient deux individus pris au hasard.
La force des « liens faibles » sur Internet
Un chercheur de l’université Cornell (Etats-Unis) avance, toujours dans le New-York Times, une explication à ce nombre beaucoup plus faible mis en évidence par les équipes de Facebook.
Selon lui, ce sont les « liens faibles “ – ces relations sociales plus lointaines particulièrement vivaces sur Internet – qui expliquent ce surprenant résultat :
‘Nous sommes proches, en un sens, des gens qui ne sont pas nécessairement comme nous [... ]. Ce sont les liens faibles’ qui rendent le monde petit.”
Matthew O. Jackson, chercheur à Stanford qui étudie les réseaux sociaux, s’est montré plus circonspect :
“C’est davantage une preuve qu’ils [Facebook, ndlr] ont extrêmement bien réussi à connecter un très grand nombre d’individus.” »
On pourrait connaître donc tous les individus sur terre par l’intermédiaire d’amis d’amis ! Il faut toutefois relativiser car, dans les études réalisées récemment, il s’agit de personnes connectées, qui sont inscrits sur des réseaux sociaux, il ne s’agit donc pas de la totalité de la population mondiale !
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le rapport du Crédoc: Quelques aspects de la sociabilité des français.
Et vous combien vous faut-il de poignées de main pour arriver à Barack Obama ?
Bonne journée.
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