Question d'origine :
Bonjour. Les textes de Louise Labé, écrits en moyen français, ne sont pas facilement accessibles. Svp, savez-vous s'il existe des transcriptions en français actuel, moderne ? Ont-ils été publiés sous cette forme ? Merci bien.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Contrairement aux romans de Rabelais, voire aux Sonnets de La Boétie, les poésies de Louise Labé n’ont pas fait l’objet d’adaptation moderne. Ils ont par contre dès le XIXe siècle connu une modernisation de leur graphie : Les Euvres de Louïze Labé lionnaize, rev. et corr. par ladite Dame. Suivi de Escriz de divers poëtes a la louenge de Louize Labé Lionnoize , sont devenues Les Œuvres de Louise Labé.
La graphie originale :

La graphie actuelle :
« Etant le temps venu, Mademoiselle, que les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et disciplines, il me semble que celles qui ont la commodité doivent employer cette honnête liberté, que notre sexe a autrefois tant désirée, à icelles apprendre, et montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisaient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pourrait venir […] »
Comme il s’agit de moyen français, le vocabulaire nous est assez familier, hormis « icelles » que nous n’employons plus. La difficulté réside dans le sens de certains termes : disciplines, commodité, mais au fond c’est surtout la syntaxe, l’organisation des mots dans la phrase qui nous rendent la lecture et la compréhension difficiles.
C’est pourquoi sans doute les poèmes ne sont pas adaptés (ni adaptables) en français moderne. Le texte suivant perdrait complètement sa structure (beaucoup d’inversions), son rythme (décamètre), ses rimes (distiques), ses figures de style. Il faut donc lire plusieurs fois (même à voix haute en respectant la métrique), pour s’habituer et reconstituer la grammaire de la phrase, notamment retrouver le sujet du verbe :
« Au temps qu'Amour, d'hommes et Dieux vainqueur,
Faisait brûler de sa flamme mon coeur,
En embrasant de sa cruelle rage
Mon sang, mes os, mon esprit et courage,
Encore lors je n'avais la puissance
De lamenter ma peine et ma souffrance ;
Encor Phébus, ami des lauriers verts,
N'avait permis que je fisse des vers.
Mais maintenant que sa fureur divine
Remplit d'ardeur ma hardie poitrine,
Chanter me fait, non les bruyants tonnerres
De Jupiter, ou les cruelles guerres
Dont trouble Mars, quand il veut, l'Univers ;
[…]»
(Elégies, I, Œuvres poétiques)
Amour (1er vers) chanter me fait (11e vers)… Puis retrouver la structure du poème (Au temps que, Encore, Encor, Mais maintenant) et enfin se souvenir ou étudier les thèmes et métaphores de la poésie amoureuse du XVIe siècle, les figures mythologiques et leurs significations.
La difficulté n’est pas tant dans la langue employée que dans l’analyse d’une poésie très codifiée.
Peut-être ces ouvrages pourront-ils vous aider :
Introduction à l’analyse du poème
Pour étudier un poème
Bonne journée.
Contrairement aux romans de Rabelais, voire aux Sonnets de La Boétie, les poésies de Louise Labé n’ont pas fait l’objet d’adaptation moderne. Ils ont par contre dès le XIXe siècle connu une modernisation de leur graphie : Les Euvres de Louïze Labé lionnaize, rev. et corr. par ladite Dame. Suivi de Escriz de divers poëtes a la louenge de Louize Labé Lionnoize , sont devenues Les Œuvres de Louise Labé.
La graphie originale :

La graphie actuelle :
« Etant le temps venu, Mademoiselle, que les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et disciplines, il me semble que celles qui ont la commodité doivent employer cette honnête liberté, que notre sexe a autrefois tant désirée, à icelles apprendre, et montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisaient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pourrait venir […] »
Comme il s’agit de moyen français, le vocabulaire nous est assez familier, hormis « icelles » que nous n’employons plus. La difficulté réside dans le sens de certains termes : disciplines, commodité, mais au fond c’est surtout la syntaxe, l’organisation des mots dans la phrase qui nous rendent la lecture et la compréhension difficiles.
C’est pourquoi sans doute les poèmes ne sont pas adaptés (ni adaptables) en français moderne. Le texte suivant perdrait complètement sa structure (beaucoup d’inversions), son rythme (décamètre), ses rimes (distiques), ses figures de style. Il faut donc lire plusieurs fois (même à voix haute en respectant la métrique), pour s’habituer et reconstituer la grammaire de la phrase, notamment retrouver le sujet du verbe :
« Au temps qu'Amour, d'hommes et Dieux vainqueur,
Faisait brûler de sa flamme mon coeur,
En embrasant de sa cruelle rage
Mon sang, mes os, mon esprit et courage,
Encore lors je n'avais la puissance
De lamenter ma peine et ma souffrance ;
Encor Phébus, ami des lauriers verts,
N'avait permis que je fisse des vers.
Mais maintenant que sa fureur divine
Remplit d'ardeur ma hardie poitrine,
Chanter me fait, non les bruyants tonnerres
De Jupiter, ou les cruelles guerres
Dont trouble Mars, quand il veut, l'Univers ;
[…]»
(Elégies, I, Œuvres poétiques)
Amour (1er vers) chanter me fait (11e vers)… Puis retrouver la structure du poème (Au temps que, Encore, Encor, Mais maintenant) et enfin se souvenir ou étudier les thèmes et métaphores de la poésie amoureuse du XVIe siècle, les figures mythologiques et leurs significations.
La difficulté n’est pas tant dans la langue employée que dans l’analyse d’une poésie très codifiée.
Peut-être ces ouvrages pourront-ils vous aider :
Introduction à l’analyse du poème
Pour étudier un poème
Bonne journée.
Pièces jointes

×
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Doit on faire une thérapie et quels en sont les bénéfices...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter