Question d'origine :
Bonjour à tous,
Je cherche l'origine et le symbolisme exact d'un tatouage ancien souvent présent sur les clichés de bagnards ou d'anciens soldats des bataillons disciplinaires, qui le portent souvent sur l'avant-bras.
Il s'agit d'une croix latine sur un piédestal, entourés de rayons de lumière. Je ne parviens pas trouver d'exemple visuel, mais il s'agit de quelque chose d'extrêmement stylisé : le piédestal est un simple rectangle privé de sa base, et les rayons de lumières ne sont que des traits.
Merci !
Réponse du Guichet
Le 24/06/2015 à 11h41
Bonjour,
Nous nous interrogeons sur votre affirmation : « un tatouage ancien souvent présent sur les clichés de bagnards ou d'anciens soldats des bataillons disciplinaires, qui le portent souvent sur l'avant-bras ». En effet, nous n'en avons pas trouvé d’exemple visuel… Pourtant, nous avons parcouru :
Les gars de la marine, Jérôme Pierrat, Eric Guillon et des mêmes auteurs :
Les vrais, les durs, les tatoués
Mauvais garçons : portraits de tatoués, dont on peut trouver des extraits en ligne sur :
Mauvais garçons tatoués, sur Mediapart
Les tatouages du milieu, Jacques Delarue, cité dans l’article ci-dessus et qui contient de nombreux dessins et analyses des tatouages les plus représentés.
Voir aussi en ligne :
« Fatalitas », « Biribi », papillons : décryptage des corps tatoués des mauvais garçons du siècle passé, sur les Inrocks
Fleurs de bagne, Etudes photographiques, n°11, mai 2002
Rien non plus dans :
Du tatouage chez les criminels, Charles Perrier
A fleur de peau, médecins, tatouages et tatoués
L’argot et le tatouage des criminels, Jean Graven
Corps rebelles : les tatouages des Bataillons d’Afrique dans la collection Lacassagne, Muriel Salle
De tous ces ouvrages il ressort également que les emblèmes religieux sont peu représentés dans les tatouages des « mauvais garçons » et quand sont citées des croix, ce sont plutôt des crucifix, parfois accompagnés de l’inscription : « comme lui j’ai souffert ». Si on cherche plutôt du côté des petits croquis symboliques, et pas forcément religieux, les étoiles et les points semblent les emblèmes les plus courants, pas les croix.
L’ouvrage Bas-fonds du crime et tatouages, William Caruchet cite des croix latines comme signe religieux chez les bosniques [sic] p. 42-43, les italiens, p.77, présents d’ailleurs dans les Bataillons d’Afrique (voir p. 177-178). On peut penser alors au symbole classique de la croix :
« La croix est certainement l’un des symboles religieux ou spirituels les plus facilement reconnaissables de l’histoire de l’humanité. En tant que talisman, signe de foi ou ancrage qui maintient au sein des éléments fondamentaux de l’univers, elle fait partie des tatouages les plus importants depuis des millénaires.
[…] La croix ne peut exister sans deux lignes distinctes qui se croisent, et c’est pour cela un symbole d’unité et d’harmonie entre des concepts différents, comme les quatre éléments (air, terre, eau et feu) ou les points cardinaux. Les lignes perpendiculaires peuvent également représenter la Terre et les cieux, le soleil et les étoiles, ou même l’immortalité. […]
C’est finalement le symbolisme chrétien dont les croix sont les plus connues, car elles parlent de la mort du Christ pour racheter les péchés de l’humanité et portent donc un message puissant de sacrifice, de rédemption et d’amour. La simple croix latine est un modèle extrêmement recherché comme tatouage, et elle peut se décliner en différents modèles, de la plus austère à la plus décorative […] »
Source : Tatouages spirituels, Russ Thorme, p. 29-30
Voir aussi l’article Croix sur Wikipedia
Mais la croix que vous décrivez ne paraît pas forcément religieuse et évoque peut-être plus la croix qui caractérise les voleurs, dite « croix des voleurs » des prisonniers russes qu’on trouve dans Russian criminal tattoo encyclopaedia. Voir aussi :
Le décryptage fascinant des tatouages des prisonniers du Goulag, sur les Inrocks et L’encyclopédie visuelle des tatouages des prisonniers russes, interview en ligne de l’éditeur ("Toutes les croix indiquent que le détenu appartient au milieu des voleurs.")
Autre croix qui pourrait ressembler à la vôtre, celle évoquée dans Arts et cultures des tatouages, Marie-Bernard Diligent, p. 202 ainsi commentée : «MEFIE-TOI DES COPAINS» ou croix des voyous. Mais nous n’avons pu trouver ses sources.
Ni l’une ni l’autre n’ont de piédestal …
Pour poursuivre les recherches si le cœur vous en dit, reportez vous aux importantes bibliographies des études ci-dessus ou consultez les ouvrages les plus cités:
Les palimpsestes des prisons, Cesare Lombroso
Les tatouages : études anthropologiques et médico-légale, A. Lacassagne.
Très bonnes lectures !
Nous nous interrogeons sur votre affirmation : « un tatouage ancien souvent présent sur les clichés de bagnards ou d'anciens soldats des bataillons disciplinaires, qui le portent souvent sur l'avant-bras ». En effet, nous n'en avons pas trouvé d’exemple visuel… Pourtant, nous avons parcouru :
Les gars de la marine, Jérôme Pierrat, Eric Guillon et des mêmes auteurs :
Les vrais, les durs, les tatoués
Mauvais garçons : portraits de tatoués, dont on peut trouver des extraits en ligne sur :
Mauvais garçons tatoués, sur Mediapart
Les tatouages du milieu, Jacques Delarue, cité dans l’article ci-dessus et qui contient de nombreux dessins et analyses des tatouages les plus représentés.
Voir aussi en ligne :
« Fatalitas », « Biribi », papillons : décryptage des corps tatoués des mauvais garçons du siècle passé, sur les Inrocks
Fleurs de bagne, Etudes photographiques, n°11, mai 2002
Rien non plus dans :
Du tatouage chez les criminels, Charles Perrier
A fleur de peau, médecins, tatouages et tatoués
L’argot et le tatouage des criminels, Jean Graven
Corps rebelles : les tatouages des Bataillons d’Afrique dans la collection Lacassagne, Muriel Salle
De tous ces ouvrages il ressort également que les emblèmes religieux sont peu représentés dans les tatouages des « mauvais garçons » et quand sont citées des croix, ce sont plutôt des crucifix, parfois accompagnés de l’inscription : « comme lui j’ai souffert ». Si on cherche plutôt du côté des petits croquis symboliques, et pas forcément religieux, les étoiles et les points semblent les emblèmes les plus courants, pas les croix.
L’ouvrage Bas-fonds du crime et tatouages, William Caruchet cite des croix latines comme signe religieux chez les bosniques [sic] p. 42-43, les italiens, p.77, présents d’ailleurs dans les Bataillons d’Afrique (voir p. 177-178). On peut penser alors au symbole classique de la croix :
« La croix est certainement l’un des symboles religieux ou spirituels les plus facilement reconnaissables de l’histoire de l’humanité. En tant que talisman, signe de foi ou ancrage qui maintient au sein des éléments fondamentaux de l’univers, elle fait partie des tatouages les plus importants depuis des millénaires.
[…] La croix ne peut exister sans deux lignes distinctes qui se croisent, et c’est pour cela un symbole d’unité et d’harmonie entre des concepts différents, comme les quatre éléments (air, terre, eau et feu) ou les points cardinaux. Les lignes perpendiculaires peuvent également représenter la Terre et les cieux, le soleil et les étoiles, ou même l’immortalité. […]
C’est finalement le symbolisme chrétien dont les croix sont les plus connues, car elles parlent de la mort du Christ pour racheter les péchés de l’humanité et portent donc un message puissant de sacrifice, de rédemption et d’amour. La simple croix latine est un modèle extrêmement recherché comme tatouage, et elle peut se décliner en différents modèles, de la plus austère à la plus décorative […] »
Source : Tatouages spirituels, Russ Thorme, p. 29-30
Voir aussi l’article Croix sur Wikipedia
Mais la croix que vous décrivez ne paraît pas forcément religieuse et évoque peut-être plus la croix qui caractérise les voleurs, dite « croix des voleurs » des prisonniers russes qu’on trouve dans Russian criminal tattoo encyclopaedia. Voir aussi :
Le décryptage fascinant des tatouages des prisonniers du Goulag, sur les Inrocks et L’encyclopédie visuelle des tatouages des prisonniers russes, interview en ligne de l’éditeur ("Toutes les croix indiquent que le détenu appartient au milieu des voleurs.")
Autre croix qui pourrait ressembler à la vôtre, celle évoquée dans Arts et cultures des tatouages, Marie-Bernard Diligent, p. 202 ainsi commentée : «MEFIE-TOI DES COPAINS» ou croix des voyous. Mais nous n’avons pu trouver ses sources.
Ni l’une ni l’autre n’ont de piédestal …
Pour poursuivre les recherches si le cœur vous en dit, reportez vous aux importantes bibliographies des études ci-dessus ou consultez les ouvrages les plus cités:
Les palimpsestes des prisons, Cesare Lombroso
Les tatouages : études anthropologiques et médico-légale, A. Lacassagne.
Très bonnes lectures !
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