Rue de la bretonnerie
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 12/10/2015 à 21h33
492 vues
Question d'origine :
Bonsoir,
D'où vient le nom de "bretonnerie" attribué à plusieurs rues en France ?
Je vous remercie.
Réponse du Guichet

Bonjour,
A quelques exceptions près, il semble que le nom Bretonnerie ait désigné tout simplement une rue ou un quartier habité par des Bretons.
C’est en tout cas ce que suggèrent ces extraits tirés de la revue Intermédiaire des chercheurs & curieux d’avril, août et octobre 1975 :
Dans les vieux quartiers de certaines villes, il y a une rue Bretonnerie… Signification ? Y a-t-il un rapport avec Brette = Bretonne, d’où vieille épée. Dérivé : bretteur. Dans le midi de la France, il ne peut être question de la rue des Bretons. Etait-ce la rue où l’on fabriquait des épées ?
Atacin.
[…]
*
Il existe à Orléans une rue de la Bretonnerie. D’après E. Lepage, Les Rues d’Orléans, Imprimerie orléanaise, 1901, et de ses compléments manuscrits déposés aux Archives départementales du Loiret, cette rue qui ne fut comprise dans l’enceinte orléanaise qu’en 1499, lors du tracé de la quatrième enceinte, traversait autrefois, comme simple chemin, un vaste clos de vigne appelé le clos des Bretoles, et s’appelait le chemin de la Bretolière dont on a fait par la suite chemin de la Bretonnière, et enfin de la Bretonnerie.
Le mot bretole, en vieux langage, signifiait danse, concert, assemblée de plaisir et était synonyme de carole, car dans le Roman de la Rose on lit :
« Dont l’un s’enfuit à la bretole
L’autre au moustier, l’ature à l’escole ».
tandis que dans d’autres manuscrits, bretole est remplacé par carole, venant de chorea (chœurs), d’où l’on pourrait penser que ce quartier était celui des réunions joyeuses.
André Boussin et P. Taffin
*
Donc aucune allusion à la présence de Bretons ou à l’existence d’une fabrication d’armes.
P. Taffin
*
Si, dans le midi aussi il s’agit d’un quartier de Bretons. Cela se rencontre même hors de France (en Europe). […]
Curieusement la densité des Bretonneries révèle un temps fort recoupant à peu près la Celtique d’Auguste : y aurait-il relation de cause à effet, à savoir qu’on créait des petites Armoriques dans la Celtique gallo-romaine autant ou dans une relation quelconque avec les Bretonneries médiévales ? […]
*
Les rues Bretonnière ou Bretonnerie étaient tout simplement des quartiers habités par des Bretons bretonnants.
Citons :
Au Mans, la rue Bretonnière « Burgus qui dicitur Britonaria » en 1180. (Vallée, dictionnaire topographique de la Sarthe). […]On répète que cette rue était l’ancienne route de Bretagne, ce n’est pas exact ; elle avait une direction nord-sud, alors que la Bretagne étant à l’ouest du Mans, on y allait par le chemin de Laval, devenu la rue des Cochereux ;
A Mamers, la rue Bretonnière « vicum unum qui vocatur Britonnaria » au XIIe s. (Fleury, Notes et documents pour l’histoire de Mamers, p.85, note 1). Tournant résolument le dos à la Bretagne, cette rue réunie actuellement à la rue du Fort, se dirigeait vers le Perche ;
A Nogent-le-Rotrou, la rue Bretonnerie toujours existante, elle doit son origine à une colonie de Bretons établie à cet endroit à l’époque où les ducs de Bretagne étaient seigneurs de la ville, soit entre 1270 et 1323 ;
A Vendôme, le lieu de Sainte-Croix de la Bretonnerie ou Sainte-Crois du Temple, était le siège d’un prieuré de Templiers, remplacé après 1312, par un prieuré de l’abbaye cistercienne de l’Epau, près du Mans. (Saint-Venant Dictionnaire du Vendômois v° Sainte Croix de la Bretonnerie) ;
A Orléans, la rue de la Bretonnerie, dont il serait intéressant de connaître si elle n’était pas l’habitat des étudiants bretons nombreux à Orléans au moyen-âge. Saint Yves Helory, fut du nombre.
En outre il existe de nombreux lieux dits Bretonnière, Bretonnerie dans nos campagnes, le seul département de la Sarthe en compte plus de cinquante. On en trouvera la liste dans le Dictionnaire de la Vallée.
Cornélius.
[…]
Il y avait à Paris une rue de la Bretonnerie qui débouchait rue Saint-Jacques à l’emplacement de l’actuelle rue Soufflot, comme on peut le voir sur le plan dit de Turgot récemment réédité. Elle desservait le couvent de Ste-Croix-de-la-Bretonnerie « aux chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin, établis en 1250 ».
J. Weber
Voici en outre les informations que nous trouvons pour la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie dans le Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris de J. de la Tynna (1812) :
En 1232 elle se nommait de Lagny, dite la grande Bretonnerie, parce qu’elle était située en partie sur le fief de Saint-Pierre de Lagny, et qu’elle avait été ouverte sur le territoire dit le champ aux Bretons, ou la Bretonnerie (nom qu’il tenait vraisemblablement de la famille Breton). Vers l’an 1300 on la désignait seulement par le nom de la Bretonnerie. Les chanoines de Sainte-Croix s’y étant établis en 1258, on lui donna quelque temps après les deux noms de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Au quatorzième siècle la partie du côté de la rue Sainte-Avoie portait le nom d’Agnès-la-Buschère.
Notons enfin que La Bretonnerie est aussi le nom d’un agronome français du XVIIIe. Toutefois nous ne trouvons aucune information suggérant qu’une rue de la Bretonnerie soit nommée après lui.
(source : La France littéraire ou dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que les littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrement: pendant les XVIIIè et XIXè siècles, Joseph-Marie Quérard)
Bonne journée.
A quelques exceptions près, il semble que le nom Bretonnerie ait désigné tout simplement une rue ou un quartier habité par des Bretons.
C’est en tout cas ce que suggèrent ces extraits tirés de la revue Intermédiaire des chercheurs & curieux d’avril, août et octobre 1975 :
Dans les vieux quartiers de certaines villes, il y a une rue Bretonnerie… Signification ? Y a-t-il un rapport avec Brette = Bretonne, d’où vieille épée. Dérivé : bretteur. Dans le midi de la France, il ne peut être question de la rue des Bretons. Etait-ce la rue où l’on fabriquait des épées ?
Atacin.
[…]
*
Il existe à Orléans une rue de la Bretonnerie. D’après E. Lepage, Les Rues d’Orléans, Imprimerie orléanaise, 1901, et de ses compléments manuscrits déposés aux Archives départementales du Loiret, cette rue qui ne fut comprise dans l’enceinte orléanaise qu’en 1499, lors du tracé de la quatrième enceinte, traversait autrefois, comme simple chemin, un vaste clos de vigne appelé le clos des Bretoles, et s’appelait le chemin de la Bretolière dont on a fait par la suite chemin de la Bretonnière, et enfin de la Bretonnerie.
Le mot bretole, en vieux langage, signifiait danse, concert, assemblée de plaisir et était synonyme de carole, car dans le Roman de la Rose on lit :
« Dont l’un s’enfuit à la bretole
L’autre au moustier, l’ature à l’escole ».
tandis que dans d’autres manuscrits, bretole est remplacé par carole, venant de chorea (chœurs), d’où l’on pourrait penser que ce quartier était celui des réunions joyeuses.
André Boussin et P. Taffin
*
Donc aucune allusion à la présence de Bretons ou à l’existence d’une fabrication d’armes.
P. Taffin
*
Si, dans le midi aussi il s’agit d’un quartier de Bretons. Cela se rencontre même hors de France (en Europe). […]
Curieusement la densité des Bretonneries révèle un temps fort recoupant à peu près la Celtique d’Auguste : y aurait-il relation de cause à effet, à savoir qu’on créait des petites Armoriques dans la Celtique gallo-romaine autant ou dans une relation quelconque avec les Bretonneries médiévales ? […]
*
Les rues Bretonnière ou Bretonnerie étaient tout simplement des quartiers habités par des Bretons bretonnants.
Citons :
Au Mans, la rue Bretonnière « Burgus qui dicitur Britonaria » en 1180. (Vallée, dictionnaire topographique de la Sarthe). […]On répète que cette rue était l’ancienne route de Bretagne, ce n’est pas exact ; elle avait une direction nord-sud, alors que la Bretagne étant à l’ouest du Mans, on y allait par le chemin de Laval, devenu la rue des Cochereux ;
A Mamers, la rue Bretonnière « vicum unum qui vocatur Britonnaria » au XIIe s. (Fleury, Notes et documents pour l’histoire de Mamers, p.85, note 1). Tournant résolument le dos à la Bretagne, cette rue réunie actuellement à la rue du Fort, se dirigeait vers le Perche ;
A Nogent-le-Rotrou, la rue Bretonnerie toujours existante, elle doit son origine à une colonie de Bretons établie à cet endroit à l’époque où les ducs de Bretagne étaient seigneurs de la ville, soit entre 1270 et 1323 ;
A Vendôme, le lieu de Sainte-Croix de la Bretonnerie ou Sainte-Crois du Temple, était le siège d’un prieuré de Templiers, remplacé après 1312, par un prieuré de l’abbaye cistercienne de l’Epau, près du Mans. (Saint-Venant Dictionnaire du Vendômois v° Sainte Croix de la Bretonnerie) ;
A Orléans, la rue de la Bretonnerie, dont il serait intéressant de connaître si elle n’était pas l’habitat des étudiants bretons nombreux à Orléans au moyen-âge. Saint Yves Helory, fut du nombre.
En outre il existe de nombreux lieux dits Bretonnière, Bretonnerie dans nos campagnes, le seul département de la Sarthe en compte plus de cinquante. On en trouvera la liste dans le Dictionnaire de la Vallée.
Cornélius.
[…]
Il y avait à Paris une rue de la Bretonnerie qui débouchait rue Saint-Jacques à l’emplacement de l’actuelle rue Soufflot, comme on peut le voir sur le plan dit de Turgot récemment réédité. Elle desservait le couvent de Ste-Croix-de-la-Bretonnerie « aux chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin, établis en 1250 ».
J. Weber
Voici en outre les informations que nous trouvons pour la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie dans le Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris de J. de la Tynna (1812) :
En 1232 elle se nommait de Lagny, dite la grande Bretonnerie, parce qu’elle était située en partie sur le fief de Saint-Pierre de Lagny, et qu’elle avait été ouverte sur le territoire dit le champ aux Bretons, ou la Bretonnerie (nom qu’il tenait vraisemblablement de la famille Breton). Vers l’an 1300 on la désignait seulement par le nom de la Bretonnerie. Les chanoines de Sainte-Croix s’y étant établis en 1258, on lui donna quelque temps après les deux noms de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Au quatorzième siècle la partie du côté de la rue Sainte-Avoie portait le nom d’Agnès-la-Buschère.
Notons enfin que La Bretonnerie est aussi le nom d’un agronome français du XVIIIe. Toutefois nous ne trouvons aucune information suggérant qu’une rue de la Bretonnerie soit nommée après lui.
(source : La France littéraire ou dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que les littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrement: pendant les XVIIIè et XIXè siècles, Joseph-Marie Quérard)
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter