Question d'origine :
Bonjour,
J'ai entendu parler de ce fameux "plan couleur" de Lyon qui a permis d'avoir des couleurs différentes sur les façades de nombreux immeubles lyonnais - de les harmoniser etc.
Quand est-ce que ça a été réalisé ? A l'occasion d'un renouvellement de toutes les façades de la ville ?
Pourquoi a-t-on décidé d'ajouter ces couleurs ?
Quelle était la couleur des façades du Vieux Lyon avant ? Tout était gris ou blanc ?
Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 27/10/2015 à 09h42
Bonjour
Cet article de Jacques BOUCAUD, paru le 18 mars 2004 en page 11 du Progrès, répondra à vos interrogations :
"Lyon s'est vu récemment décerner le titre de capitale de la couleur par l'Académie nationale des Arts de la rue. Un prix qui couronne l'action menée depuis quinze ans par la ville, à la fois sur les façades des immeubles publics et auprès des propriétaires privés. Les couleurs italiennes des quais de Saône sont en effet reconnues dans le monde entier. Mais les couleurs plus froides -le bleu par exemple- des immeubles du XIXe siècle au bord du Rhône ne sont pas posées là non plus par hasard. Elles correspondent au caractère glaciaire du fleuve. C'est ce qu'explique le plan couleur de la ville.
L'ocre des quais de Saône, le jaune du quartier Saint-Jean, les rose et vert de la Croix-Rousse, toutes ces couleurs qui contribuent à l'atmosphère de Lyon, florentine ou praguoise selon l'humeur du temps, sont vantées dans le monde entier.
Il n'en a pas toujours été ainsi. Il y a quinze ans seulement « la ville était plutôt grise le jour et noire la nuit», se souvient Gilles Buna, adjoint au maire délégué à l'urbanisme. Bon prince, l'élu se félicite de la volonté de Michel Noir à la fin des années 80 de transformer la ville dont il était le maire. Raymond Barre a fait sienne à son tour des couleurs italiennes de la ville. Gérard Collomb lui a emboîté le pas. Au point que Lyon s'est vu décerner le titre de capitale de la couleur. Un prix récemment remis par l'Académie nationale des Arts de la rue qui couronne l'action menée à la fois sur les façades des immeubles publics et auprès des propriétaires privés.
Si les politiques ont joué un rôle prépondérant, un coloriste joue depuis quinze ans le rôle de chef d'orchestre des couleurs de Lyon : Gérard Martelet, coloriste conseil de la ville et du Grand Lyon -un rôle qu'il tient aussi au Caire- est sans doute l'homme qui connaît le mieux les façades des immeubles de l'agglomération. C'est lui qui est saisi de toutes les injonctions de rénovation des façades privées : 1 300 en 2003, 800 en 2004.
Du bleu sur les rives du Rhône
Gérard Martelet intervient pour guider les propriétaires dans le choix des teintes. Même si l'originalité du plan couleur de Lyon réside dans l'absence d'une palette obligatoire. « On travaille plutôt sur l'ambiance des couleurs » résume le coloriste conseil qui veut à tout prix éviter le côté passionnel par rapport à la couleur : « La philosophie du plan est d'utiliser la couleur en fonction de l'architecture du bâtiment, pas uniquement de la sensibilité pure des gens par rapport à telle ou telle teinte ».
Pas question donc de faire n'importe quoi n'importe où : « Sur une avenue large, par exemple, nous travaillons la lumière claire. Lorsqu'elle est étroite, il faut en revanche beaucoup de couleurs » souligne Gérard Martelet. De la même façon « un immeuble des années 60 ne sera pas peint en ocre ». Le coloriste tient compte également du plan de la ville : « Sur les rives du Rhône, un fleuve glaciaire, les couleurs dominantes sur les immeubles qui datent du XIXe siècle doivent être des couleurs froides, le bleu par exemple ; tandis que sur les quais de Saône on utilisera des tons chauds ».
Piqûres de rappel
Il n'empêche, le plan couleur reste contraignant : Alain Farget, technicien ayant une formation en bâtiment, repère dans la ville les façades devant êtres soumises à injonction. C'est un arrêté municipal en date du 21 juin 2002 qui en fixe les modalités (lire ci-dessous).
Les propriétaires concernés reçoivent l'injonction par courrier avec un exemplaire du plan couleur établi par Gérard Martelet. « Dans ce premier courrier, nous nous plaçons dans une perspective pédagogique » explique Gilles Buna. Douze mois plus tard, si la façade n'a pas été traitée, une lettre de rappel signée du directeur du service qualité des espaces et cadre de vie est adressée au propriétaire (40 % des cas). Six mois plus tard, c'est un troisième courrier qui est expédié, plus comminatoire avant, si besoin est, l'intervention du procureur de la République.
Gilles Buna a prévenu : il est prêt à se transformer en Père Fouettard. Mais heureusement, les Lyonnais ont pris conscience des bienfaits de la couleur. « Le bonheur n'est pas que dans le pré. Il est aussi en ville», conclut l'adjoint au maire".
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