Cartes postales colorisées
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 12/01/2015 à 16h41
887 vues
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet, et très bonne année à toi ! Pleine de questions tordues ou impertinentes à résoudre...
Vers 1904, mon arrière grand père s'occupait (entre autres.. Il était tonnelier...) d'un petit débit de tabac au fin fond de l'Aveyron, dans le petit village de Najac. Il y vendait des cartes postales du village, dont certaines étaient colorisées et couvertes d'un beau verni doré ! Entre les cadrages "pittoresques" et "touristiques" avant l'heure, on retrouve des vues où toute la famille posait fièrement au milieu de la rue centrale...
J'en croise parfois sur les sites de ventes de cartes anciennes....
Ma question est double :
- Trouve-t-on un référencement des fabricants de cartes postales de cette époque ? Il s’appelait MARTY, et les cartes portaient la mention "Éditions Marty, Tabac à Najac"... Comment s'y prenaient-ils à l'époque pour s'inventer éditeurs de cartes postales ? Était-ce courant ? Même dans de petits villages ?
- Je n'ai que très rarement vu passer ce type de cartes postales colorisées, si anciennes... A part peut-être avec des vues de Paris, et encore... Était-elles fréquentes ? Qui les produisait ?
Merci d'avance pour vos lumières !
Bien cordialement,
O.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 14/01/2015 à 10h18
Bonjour,
On trouve une liste des éditeurs français de cartes postales sur Wikipedia, toutefois votre arrière-grand-père ne semble pas y figurer. Nous ne l’avons pas non plus retrouvé dans le Dictionnaire de la cartophilie francophone de Paul Noel Armand.
Les petits éditeurs locaux de cartes postales étaient en effet très nombreux à cette époque, et votre aïeul n’était pas le seul parmi eux à être buraliste de village :
Les éditeurs
Au début du XXème siècle, le succès de la carte postale est tel que c'est par dizaines de milliers que l'on peut dénombrer les éditeurs de cartes postales.
Certains grands éditeurs comme Bergeret (AB& C°) à Nancy, Lévy et fils (LL) à Paris, Neurdein (ND) à Paris, Royer à Nancy, Tesson à Limoges (MTIL), Collas à Cognac (CCCC), Le Deley (ELD) Paris, Artaud (Gaby) à Nantes sont d'envergure nationale ou internationale et produisent quotidiennement des dizaines, voire des centaines de milliers de cartes postales.
[…]
Les éditeurs locaux
A cette époque le moindre épicier, buraliste ou mercier de village édite également des cartes postales. Les gros imprimeurs les flattent en faisant figurer la mention " éditeur " sur les cartes qu'on leur demande d'imprimer.
Une rapide étude menée à partir des cartes postales représentant Baud entre 1900 et 1920 montre que l'on trouve des cartes provenant :
d'éditeurs nationaux: E.L.D, Neurdein...
d'éditeurs régionaux: Hamonic, Villard, Waron, Artaud, Artaud et Nozais, Laussedat, Laurent-Nel...
d'éditeurs départementaux : Laurent de Port-Louis, Le Merle de Vannes, Gueranne, Le Cunff et la Veuve Marchal de Pontivy...
d'éditeurs locaux : Le Gal, Michel Res. (tabac), Le Pesquer (bijoutier), Guillemette Prévoteau, Veuve Grojo, Pasquier... tous installés à Baud.
Ce sont donc ces petits éditeurs locaux qui réagissant vite lors d'un événement (fête, accident…) sortent rapidement une carte postale, dont le faible tirage et la rareté du sujet en feront, quelques années plus tard, une carte d'un grand intérêt et par conséquent de grande valeur marchande.
Une impressionnante liste de près de 1500 noms d'éditeurs figure dans le Dictionnaire de la Cartophilie Francophone. On y trouve : la raison sociale de l'éditeur, le sigle figurant sur les cartes postales, la qualité (éditeur, imprimeur, négociant, photographe…), l'adresse et la zone d'action, les thèmes traités et divers renseignements.
Source : cartolis.org
C’est grâce à la phototypie (ou collotypie) que l’édition de cartes postales illustrées a pu se développer. Alliée à d’autres techniques, la phototypie a permis de créer des images colorisées, mais ces procédés concernaient moins les cartes postales que les livres d'art :
• C’est à partir des années 1890 que des constructeurs comme Alauzet, Faber (qui deviendra Roland), Voirin, Marinoni, Albert, etc… commençent à produire ces machines. Des centaines de presses vont bientôt être en service. Le procédé s’avère rapide et économique. Il y a un engouement certain, les commandes affluent de toutes parts. C’est la seule façon d’imprimer la réalité. Les industriels, les petits fabricants sont friands de catalogues reproduisant fidèlement leurs produits. Il y a aussi les plaquettes d’expositions, les albums de portraits, les diplômes, la mode, le cinéma, mais c’est surtout avec l’avènement de la carte postale illustrée que la phototypie va connaître son àge d’or. On imprime même des cartes dites « d’actualité » un événement, un fait divers, le défilé du Mardi-Gras à Paris… et la carte est en vente le lendemain ! Nous sommes à l’époque où la carte postale remplace le téléphone encore balbutiant. Votre cousin d’Orléans vous écrit la veille pour vous annoncer « A demain soir, comme convenu ». Et ça fonctionne ! -avec cachets à l’appui confirmant l’heure de départ et l’heure d’arrivée du message.
• Parallèlement aux « cartepostaliers » d’autres ateliers se consacrent à des travaux plus artistiques. On ne saurait oublier tous ces livres dits de « demi-luxe », comportant des reproductions on couleurs de très bonne facture. Il s’agit de dessous tirés en phototypie, ensuite coloriés au pochoir, procédé qui se trouve être, lui, l’ancêtre de la sérigraphie moderne. A partir de l’original, on imprime une épreuve, le plus souvent en noir, qui sera la base, le dessous nuancé, conservant les accents, la structure, et on réservant les plages aux colorations les plus subtiles. Ensuite dans des fenêtres repérées et découpées dans une mince feuille métallique, la mise en couleur à l’aquarelle ou à la gouache (plus ou moins diluée) s’effectue manuellement. Des fac-similés célèbres ont été ainsi réalisés par cette bonne fusion des deux techniques.
• Dans le même esprit d’association de procédés, il faut citer aussi l’heureux mariage entre le dessous phototypie et sa mise on couleurs par la lithographie avec des encres translucides ou semi-translucides, laissant apparaître ou transparence les valeurs données par le premier passage. Cette méthode a surtout été utilisée pour des estampes, des affiches de musée, ainsi que pour certains livres d’art dans la première moitié du siècle.
• A noter que malgré les difficultés inhérentes au principe même de la phototypie, quelques inconditionnels ont osé s’attaquer à l’impression en trichromie et quadrichromie, et cela avec des résultats souvent à laisser pantois plus d’un connaisseur avisé.
Source : Il était une fois la phototypie, Roland Mottay.
Seraing - Rue Francisco Ferrer, 1909
Source : cartoliste.ficedl.info
Pour aller plus loin :
- La carte postale : son histoire, sa fonction sociale, Aline Ripert
- La carte postale illustrée : Son histoire, sa valeur documentaire, Georges Guyonnet
Bonne journée.
On trouve une liste des éditeurs français de cartes postales sur Wikipedia, toutefois votre arrière-grand-père ne semble pas y figurer. Nous ne l’avons pas non plus retrouvé dans le Dictionnaire de la cartophilie francophone de Paul Noel Armand.
Les petits éditeurs locaux de cartes postales étaient en effet très nombreux à cette époque, et votre aïeul n’était pas le seul parmi eux à être buraliste de village :
Au début du XXème siècle, le succès de la carte postale est tel que c'est par dizaines de milliers que l'on peut dénombrer les éditeurs de cartes postales.
Certains grands éditeurs comme Bergeret (AB& C°) à Nancy, Lévy et fils (LL) à Paris, Neurdein (ND) à Paris, Royer à Nancy, Tesson à Limoges (MTIL), Collas à Cognac (CCCC), Le Deley (ELD) Paris, Artaud (Gaby) à Nantes sont d'envergure nationale ou internationale et produisent quotidiennement des dizaines, voire des centaines de milliers de cartes postales.
[…]
A cette époque le moindre épicier, buraliste ou mercier de village édite également des cartes postales. Les gros imprimeurs les flattent en faisant figurer la mention " éditeur " sur les cartes qu'on leur demande d'imprimer.
Une rapide étude menée à partir des cartes postales représentant Baud entre 1900 et 1920 montre que l'on trouve des cartes provenant :
d'éditeurs nationaux: E.L.D, Neurdein...
d'éditeurs régionaux: Hamonic, Villard, Waron, Artaud, Artaud et Nozais, Laussedat, Laurent-Nel...
d'éditeurs départementaux : Laurent de Port-Louis, Le Merle de Vannes, Gueranne, Le Cunff et la Veuve Marchal de Pontivy...
d'éditeurs locaux : Le Gal, Michel Res. (tabac), Le Pesquer (bijoutier), Guillemette Prévoteau, Veuve Grojo, Pasquier... tous installés à Baud.
Ce sont donc ces petits éditeurs locaux qui réagissant vite lors d'un événement (fête, accident…) sortent rapidement une carte postale, dont le faible tirage et la rareté du sujet en feront, quelques années plus tard, une carte d'un grand intérêt et par conséquent de grande valeur marchande.
Une impressionnante liste de près de 1500 noms d'éditeurs figure dans le Dictionnaire de la Cartophilie Francophone. On y trouve : la raison sociale de l'éditeur, le sigle figurant sur les cartes postales, la qualité (éditeur, imprimeur, négociant, photographe…), l'adresse et la zone d'action, les thèmes traités et divers renseignements.
Source : cartolis.org
C’est grâce à la phototypie (ou collotypie) que l’édition de cartes postales illustrées a pu se développer. Alliée à d’autres techniques, la phototypie a permis de créer des images colorisées, mais ces procédés concernaient moins les cartes postales que les livres d'art :
• C’est à partir des années 1890 que des constructeurs comme Alauzet, Faber (qui deviendra Roland), Voirin, Marinoni, Albert, etc… commençent à produire ces machines. Des centaines de presses vont bientôt être en service. Le procédé s’avère rapide et économique. Il y a un engouement certain, les commandes affluent de toutes parts. C’est la seule façon d’imprimer la réalité. Les industriels, les petits fabricants sont friands de catalogues reproduisant fidèlement leurs produits. Il y a aussi les plaquettes d’expositions, les albums de portraits, les diplômes, la mode, le cinéma, mais c’est surtout avec l’avènement de la carte postale illustrée que la phototypie va connaître son àge d’or. On imprime même des cartes dites « d’actualité » un événement, un fait divers, le défilé du Mardi-Gras à Paris… et la carte est en vente le lendemain ! Nous sommes à l’époque où la carte postale remplace le téléphone encore balbutiant. Votre cousin d’Orléans vous écrit la veille pour vous annoncer « A demain soir, comme convenu ». Et ça fonctionne ! -avec cachets à l’appui confirmant l’heure de départ et l’heure d’arrivée du message.
• Parallèlement aux « cartepostaliers » d’autres ateliers se consacrent à des travaux plus artistiques. On ne saurait oublier tous ces livres dits de « demi-luxe », comportant des reproductions on couleurs de très bonne facture. Il s’agit de dessous tirés en phototypie, ensuite coloriés au pochoir, procédé qui se trouve être, lui, l’ancêtre de la sérigraphie moderne. A partir de l’original, on imprime une épreuve, le plus souvent en noir, qui sera la base, le dessous nuancé, conservant les accents, la structure, et on réservant les plages aux colorations les plus subtiles. Ensuite dans des fenêtres repérées et découpées dans une mince feuille métallique, la mise en couleur à l’aquarelle ou à la gouache (plus ou moins diluée) s’effectue manuellement. Des fac-similés célèbres ont été ainsi réalisés par cette bonne fusion des deux techniques.
• Dans le même esprit d’association de procédés, il faut citer aussi l’heureux mariage entre le dessous phototypie et sa mise on couleurs par la lithographie avec des encres translucides ou semi-translucides, laissant apparaître ou transparence les valeurs données par le premier passage. Cette méthode a surtout été utilisée pour des estampes, des affiches de musée, ainsi que pour certains livres d’art dans la première moitié du siècle.
• A noter que malgré les difficultés inhérentes au principe même de la phototypie, quelques inconditionnels ont osé s’attaquer à l’impression en trichromie et quadrichromie, et cela avec des résultats souvent à laisser pantois plus d’un connaisseur avisé.
Source : Il était une fois la phototypie, Roland Mottay.
Seraing - Rue Francisco Ferrer, 1909
Source : cartoliste.ficedl.info
- La carte postale : son histoire, sa fonction sociale, Aline Ripert
- La carte postale illustrée : Son histoire, sa valeur documentaire, Georges Guyonnet
Bonne journée.
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