Question d'origine :
Bonjour et merci pour la qualité stratosphérique de vos réponses!
Dans "L'Evangile selon St-Mathieu",de Pasolini le nom de Prokofiev figure au générique sans précision d'oeuvre particulière. Il m'a cependant semblé reconnaître "Alexandre Nevski". En outre,il m'a semblé reconnaître également une chanson révolutionnaire russe qui pourrait être le "Chant des partisans russes"(premières paroles en français:"Nous qui luttons pour tous ceux qui ont faim"). J'aimerais savoir ce qu'il en est de mes impressions et éventuellement la correspondance entre les épisodes du film de Pasolini et les mouvements précis de la cantate de Prokofiev et le chant des partisans russes.
Réponse du Guichet

C’est bien la cantate de
En ce qui concerne la chanson révolutionnaire russe que vous évoquez, elle n’est pas inscrite au générique du film et aucun article sur le film n’y fait allusion. Après vérification des paroles, il semble que cela ne corresponde pas aux « Chant des partisans russes » mais peut-être plutôt au « Chant des martyrs » datant de la révolution russe de 1905 et écrite en souvenir de ses morts.
En voici les paroles :
Vous êtes tombés pour tous ceux qui ont faim,
Tous ceux qu'on méprise et opprime,
De votre pitié pour vos frères humains,
Martyrs et victimes sublimes.
Mais l'heure a sonné et le peuple vainqueur
S'étire, respire, prospère.
Adieu, camarades, adieu, nobles cœurs,
Adieu, les plus nobles des frères.
Pour prix de vos peines, la peine de mort,
Ou bien la prison pour la vie,
Du bruit de vos chaînes sont pleines encore
Les plaines de Sibérie.
... alors que les paroles du "Chant des partisans rouges" sont :
Par le froid et la famine
Dans les villes et dans les champs
À l’appel du grand Lénine
Se levaient les partisans.(bis)
Pour reprendre le rivage
Le dernier rempart des blancs
Par les monts et par les plaines
S’avançaient les partisans. (bis)
Notre paix, c’est leur conquête
Car en mil neuf cent dix-sept
Sous les neiges et les tempêtes
Ils sauvèrent les Soviets. (bis)
Écrasant les armées blanches
Et chassant les Atamans
Ils finirent leur campagne
Sur les bords de l’Océan. (bis)
L’utilisation de musique et de chants liés à la révolution bolchévique ou au régime communiste pour un film sur le Christ peut sembler étonnante mais, selon Pasolini, Saint-Matthieu était le plus révolutionnaire des évangélistes, “parce qu’il est le plus “réaliste”, le plus proche de la réalité terrienne du monde où le Christ apparaît”.
Pasolini réunit dans ce film sa sainte Trinité, « Dieu, Marx et la Poésie », et la musique contribue à associer sacré et profane.
« Le marxisme et le mysticisme de Pasolini se rejoignent dans cette nostalgie du catholicisme comme croyance populaire, avec le souvenir d’enfance de la foi fervente de sa mère, d’origine paysanne, opposée à la religiosité hypocrite et bourgeoise de son père. Le cinéaste ira jusqu’à confier le rôle de la mère du Christ à sa propre mère. L’Evangile selon saint Matthieu occupe une place cruciale dans la vie et l’œuvre de Pasolini, parce que le film revêt une signification à la fois esthétique, politique et biographique. Pasolini y concilie le chaos et l’harmonie, la pureté et l’impureté, le sacré et le profane. Mais il parvient également à faire coïncider une vision universelle des Evangiles avec son identification intime au Christ ». Olivier Père (Les Inrocks)
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