Crue centennale
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 21/01/2016 à 09h37
367 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Nous avons des locaux de bureaux situés aux adresses suivantes :
- Avenue de l'Île Saint-Martin, 92000 Nanterre ;
- Rue des Hautes Pâtures, 92000 Nanterre ;
- Rue des Hautes Pâtures, 92000 Nanterre.
Nous souhaiterions savoir si :
- ces sites sont en zone inondable ;
- ils seraient atteint en cas de crue centennale (type 1910) ;
- Si oui, à combien de mètre l'eau arriverait.
En vous remerciant par avance de votre réponse.
Cordialement
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/01/2016 à 09h44
Bonjour,
Tout d’abord voici quelques précisions sur les zones du plan de prévention des risques d’inondation :
Les zones du PPRI
A Nanterre, le PPRI comporte deux zones :
1.Une zone rouge dite « zone A », zone à forts aléas et à préserver pour la capacité de stockage de la crue. Elle correspond aux berges du fleuve et aux derniers espaces non bâtis qui constituent autant de zones d’expansion de la crue, ainsi qu’aux secteurs déjà urbanisés et inondables sous plus de 2m d’eau par débordement direct du fleuve : les constructions nouvelles y sont très sont limitées.
2.Une zone orange dite « Zone C » Zone urbaine dense. Elle couvre les secteurs déjà urbanisés mais présentant une densité nettement plus faible que dans les centres urbains ; l’emprise au sol des constructions est limitée à 40% pour les constructions à usage principal d’habitation et de bureaux et 60% pour toutes autres constructions sur des terrains de plus de 2500 m².
Dans cette zone, y compris dans les îlots hors submersion, les constructions nouvelles doivent respecter des dispositions constructives.
Source : Plan de prévention des risques d’inondation, nanterre.fr
D’après la carte du PPRI, voici ce que nous trouvons pour les adresses de vos locaux :
avenue de l’Île Saint-Martin : situé en bordure de la zone C (zone urbaine dense)
Rue des Hautes Pâtures : hors de la zone inondable
Notons que même si elles semblent être hors de la zone inondable, toutes ces adressent en sont à proximité.
Il est difficile de répondre précisément à vos questions suivantes puisqu’une crue centennale est par nature exceptionnelle. Toutefois de nombreux aménagements ont été mis en place depuis la crue de 1910 pour atténuer les effets d’un tel phénomène :
Une crue centennale a une chance de se produire en gros une fois tous les cent ans. Cela ne veut pas dire qu'elle se produira mais on estime qu'une crue "centennale" a 63 % de chances de se produire au cours d'un siècle. Tout comme il est possible qu'une crue centennale se produise deux années consécutives (ceci est une grandeur statistique non déterministe).
La crue de 1910
Chronique d’une crue exceptionnelle
Le 27 janvier 1910, le marégraphe de l’île Lacroix indique 9,46 m alors que lors de la crue de référence de mars 1876, peinte par Sisley, le niveau de la Seine à Rouen était de 9,94 m. En 1850, il était de 9,90 m, en 1740 de 11,73 m, en 1658 de 11,90 m et en 1650 de 11,31 m. En cette année 1910, la crue, dans un premier temps ne semble pas plus forte que les précédentes.
Mais, à partir du 29 janvier, les ingénieurs reconnaissent que l’on se trouve dès lors confronté à une situation inédite. Le 30 janvier, la crue atteint 10,50 m.
La décrue est longue à se faire sentir en raison des événements météorologiques qui viennent la contrecarrer et des terrains riverains inondés qui, en se vidangeant dans le fleuve, tendent à en soutenir le débit élevé.
[...]
Aléa, risque, vulnérabilité
Il ne faut pas confondre aléa, risque et vulnérabilité. L’aléa est un phénomène naturel plus ou moins probable en un endroit donné. La vulnérabilité est la ou les conséquences potentielles d’un phénomène naturel sur l’homme et ses activités. Le risque est le résultat de la confrontation entre un aléa et un enjeu dans une zone donnée. On est en situation de risque si l’aléa est trop élevé par rapport à l’enjeu.
L’urbanisation et la création de zones d’activités dans des zones inondables sont des facteurs de vulnérabilité. L’aménagement du cours d’eau, quant à lui, déplace le phénomène de crue l’endiguement réduit l’effet d’écrêtement produit par certaines zones inondables.
Quels sont les aménagements de protection ?
Les grands aménagements ont conduit à déplacer le cours du fleuve. Entre 1882 et 1892, des barrages sont construits dans le secteur de Bardouville près de Duclair afin de forcer l’écoulement en un chenal unique (trois îles séparaient alors le chenal en trois bras peu profonds). A cette époque, Rouen était le premier port de France pour les importateurs de Paris. Les bateaux évoluent et dans un souci de sécurité les travaux sont décidés. A partir de 1918, des travaux d’amélioration des conditions de navigation entre le barrage de Martot et le port de Rouen sont entrepris. Ils consistent en d’importants travaux fluviaux de dragage et de comblement de bras séparant des îles. Le barrage de Martot sera définitivement supprimé en 1943, et il ne restera plus que le barrage de Poses.
Après les fortes inondations de 1955, il est décidé de construire le barrage-réservoir "Seine", encore nommé "Lac de la Forêt d’Orient" qui sera mis en service en 1966, et "Marne", où "Lac du Der – Chantecoq" en 1974, dans le but de réduire les risques. Le "réservoir" permet également de réalimenter les rivières lors des étiages et il offre des possibilités d’activités touristiques et de loisirs.
En 1961, disparaît le mascaret avec la construction des digues submersibles dans l’estuaire. De nos jours, la quasi-totalité de l’estuaire en aval de Rouen est endiguée.
Et demain ?
En délimitant, à l’occasion de la crue de 1910, le périmètre des zones atteintes, on permis de définir, depuis 1998, des PPRI (Périmètres de protection du risque d’inondation) en bordure de Seine. Beaucoup de maisons et d’industries, incluses dans ces zones doivent désormais suivre des recommandations particulières.
Les observations de 1910 concernant les transformations d’un paysage pouvant atténuer ce type de phénomène – l’importance des zones boisées et la conservation des champs d’expansion des crues – restent d’actualité.
Depuis 1910, il y a eu d’autres crues en vallée de Seine : 1919-1920, 1924, 1955, 1982, 1999-2000… Avec le réchauffement de la planète, les changements climatiques sur le nord-ouest de l’Europe et la montée du niveau des océans qu’il va impliquer, le retour d’un événement aux effets comparables à la crue de 1910 n’est pas improbable avant la fin du XXIe siècle.
Source : Les crues de la Seine, Arehn
Par ailleurs vous lirez certainement avec intérêt la thèse de Magali Reghezza : Réflexions autour de la vulnérabilité métropolitaine : la métropole parisienne face au risque de crue centennale, ou encore l’ouvrage de Pascal Popelin : Le jour où l'eau reviendra.
Pour plus d’informations sur les risques de crue auxquels sont exposés vos locaux, nous vous conseillons de prendre contact avec votre mairie.
Bonne journée.
Tout d’abord voici quelques précisions sur les zones du plan de prévention des risques d’inondation :
A Nanterre, le PPRI comporte deux zones :
1.
2.
Dans cette zone, y compris dans les îlots hors submersion, les constructions nouvelles doivent respecter des dispositions constructives.
Source : Plan de prévention des risques d’inondation, nanterre.fr
D’après la carte du PPRI, voici ce que nous trouvons pour les adresses de vos locaux :
avenue de l’Île Saint-Martin : situé en bordure de la zone C (zone urbaine dense)
Rue des Hautes Pâtures : hors de la zone inondable
Notons que même si elles semblent être hors de la zone inondable, toutes ces adressent en sont à proximité.
Il est difficile de répondre précisément à vos questions suivantes puisqu’une crue centennale est par nature exceptionnelle. Toutefois de nombreux aménagements ont été mis en place depuis la crue de 1910 pour atténuer les effets d’un tel phénomène :
Une crue centennale a une chance de se produire en gros une fois tous les cent ans. Cela ne veut pas dire qu'elle se produira mais on estime qu'une crue "centennale" a 63 % de chances de se produire au cours d'un siècle. Tout comme il est possible qu'une crue centennale se produise deux années consécutives (ceci est une grandeur statistique non déterministe).
Chronique d’une crue exceptionnelle
Le 27 janvier 1910, le marégraphe de l’île Lacroix indique 9,46 m alors que lors de la crue de référence de mars 1876, peinte par Sisley, le niveau de la Seine à Rouen était de 9,94 m. En 1850, il était de 9,90 m, en 1740 de 11,73 m, en 1658 de 11,90 m et en 1650 de 11,31 m. En cette année 1910, la crue, dans un premier temps ne semble pas plus forte que les précédentes.
Mais, à partir du 29 janvier, les ingénieurs reconnaissent que l’on se trouve dès lors confronté à une situation inédite. Le 30 janvier, la crue atteint 10,50 m.
La décrue est longue à se faire sentir en raison des événements météorologiques qui viennent la contrecarrer et des terrains riverains inondés qui, en se vidangeant dans le fleuve, tendent à en soutenir le débit élevé.
[...]
Il ne faut pas confondre aléa, risque et vulnérabilité. L’aléa est un phénomène naturel plus ou moins probable en un endroit donné. La vulnérabilité est la ou les conséquences potentielles d’un phénomène naturel sur l’homme et ses activités. Le risque est le résultat de la confrontation entre un aléa et un enjeu dans une zone donnée. On est en situation de risque si l’aléa est trop élevé par rapport à l’enjeu.
L’urbanisation et la création de zones d’activités dans des zones inondables sont des facteurs de vulnérabilité. L’aménagement du cours d’eau, quant à lui, déplace le phénomène de crue l’endiguement réduit l’effet d’écrêtement produit par certaines zones inondables.
Les grands aménagements ont conduit à déplacer le cours du fleuve. Entre 1882 et 1892, des barrages sont construits dans le secteur de Bardouville près de Duclair afin de forcer l’écoulement en un chenal unique (trois îles séparaient alors le chenal en trois bras peu profonds). A cette époque, Rouen était le premier port de France pour les importateurs de Paris. Les bateaux évoluent et dans un souci de sécurité les travaux sont décidés. A partir de 1918, des travaux d’amélioration des conditions de navigation entre le barrage de Martot et le port de Rouen sont entrepris. Ils consistent en d’importants travaux fluviaux de dragage et de comblement de bras séparant des îles. Le barrage de Martot sera définitivement supprimé en 1943, et il ne restera plus que le barrage de Poses.
Après les fortes inondations de 1955, il est décidé de construire le barrage-réservoir "Seine", encore nommé "Lac de la Forêt d’Orient" qui sera mis en service en 1966, et "Marne", où "Lac du Der – Chantecoq" en 1974, dans le but de réduire les risques. Le "réservoir" permet également de réalimenter les rivières lors des étiages et il offre des possibilités d’activités touristiques et de loisirs.
En 1961, disparaît le mascaret avec la construction des digues submersibles dans l’estuaire. De nos jours, la quasi-totalité de l’estuaire en aval de Rouen est endiguée.
En délimitant, à l’occasion de la crue de 1910, le périmètre des zones atteintes, on permis de définir, depuis 1998, des PPRI (Périmètres de protection du risque d’inondation) en bordure de Seine. Beaucoup de maisons et d’industries, incluses dans ces zones doivent désormais suivre des recommandations particulières.
Les observations de 1910 concernant les transformations d’un paysage pouvant atténuer ce type de phénomène – l’importance des zones boisées et la conservation des champs d’expansion des crues – restent d’actualité.
Depuis 1910, il y a eu d’autres crues en vallée de Seine : 1919-1920, 1924, 1955, 1982, 1999-2000… Avec le réchauffement de la planète, les changements climatiques sur le nord-ouest de l’Europe et la montée du niveau des océans qu’il va impliquer, le retour d’un événement aux effets comparables à la crue de 1910 n’est pas improbable avant la fin du XXIe siècle.
Source : Les crues de la Seine, Arehn
Par ailleurs vous lirez certainement avec intérêt la thèse de Magali Reghezza : Réflexions autour de la vulnérabilité métropolitaine : la métropole parisienne face au risque de crue centennale, ou encore l’ouvrage de Pascal Popelin : Le jour où l'eau reviendra.
Pour plus d’informations sur les risques de crue auxquels sont exposés vos locaux, nous vous conseillons de prendre contact avec votre mairie.
Bonne journée.
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