Salaires des wattmen lyonnais et ouvriers du textile
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 01/02/2016 à 13h22
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Question d'origine :
Bonjour,
Je recherche le salaire moyen des receveurs et conducteurs de tramways de l'OTL au début du XXe siècle et plus particulièrement durant la période de la Grande Guerre.
En 1926, le salaire moyen d'un traminot de l'OTL était de 39 francs par jour (source bulletin du Centre Pierre Léon d'histoire économique et sociale 1-2 1999) mais je n'ai rien trouvé pour les receveurs, ni sur la période 1910-1919.
Pourriez-vous également m'informer sur le salaire des ouvrières textile sur la même époque ?
Merci par avance pour vos réponses,
Bien cordialement
Réponse du Guichet

La question des salaires moyens pour certaines catégories socio-professionnelles au début du XXe siècle a déjà été abordée par une précédente question du guichet et pose la question des sources d’information. Comme l’écrit Thomas Piketty « Ce n’est que depuis 1947-1950 que l’exploitation par l’INSEE des déclarations de salaires des employeurs (DADS) fournissent des séries fiables sur les salaires moyens des différentes CSP, et en particulier des ouvriers. Avant la seconde guerre mondiale, les seules statistiques régulières sur les salaires concernent les salaires moyens de différentes professions ouvrières (charpentier, carrier, manœuvre, ajusteur, etc.), que les enquêtes de la SGF auprès des Conseils de Prud’Hommes permettent de mesurer dans la région parisienne, dans les chefs-lieux de département et dans les villes où siègent les Conseils de Prud’hommes. »
Pour ce qui est des contextes très précis qui vous intéressent, l’on peut bien sûr trouver des sources à l’échelon local, que ce soit émanant des syndicats professionnels (rapports ou presse syndicale), des archives d’entreprises ou plus rarement, par chance, d’études consacrées rétrospectivement ou non à ce sujet. Il faut parfois aller chercher ces documents dans les fonds d’archives (municipales, départementales ou entreprise si ce dernière existe toujours). Les Archives départementales du Rhône dressent une liste des syndicats du département et conserve des archives de certains syndicats ainsi qu’un fonds Transports en commun lyonnais contenant des archives de l’OTL. De leur côté, les Archives municipales conservent un fonds de la Chambre syndicale des tisseurs de Lyon.
En ce qui concerne le salaire moyen des receveurs et conducteurs de tramways de l’OTL au début du XXe siècle, nous sommes bien mal outillés pour vous répondre. Le moyen le plus fiable pour trouver cette information serait d’accéder aux archives de l’OTL. Cela dit, Florent Montagnon, l’auteur des Employés de la Compagnie des omnibus et tramways de Lyon, 1897-1936 (Bulletin du Centre Pierre Léon, 1-2-1999, p. 96-114) a poursuivi ses recherches et soutenu en 2009 une thèse de doctorat d’histoire sociale sur la Compagnie des Omnibus et Tramways de Lyon : Construire le stable et l’instable. La gestion du personnel d’exécution des transports publics urbains lyonnais, 1894-1948, Université Lumière Lyon 2, 2009, 2 vol., 859 p. Sa thèse est consultable auprès du SCD de l’Université Lyon 2. Une bibliographie de ses travaux est disponible sur le site du Centre d’histoire sociale du XXème siècle. Vous y trouverez également une adresse mail. L’auteur serait certainement en mesure de vous donner une idée des salaires en question ou du moins les sources documentaires les plus adaptées à votre recherche.
La littérature est plus abondante concernant l’ouvrier(e) en textile lyonnais, maillon particulièrement important dans l’économie lyonnaise jusqu’au début du 20e siècle. Cela dit les études privilégient plutôt les 18e et 19e siècle, comme L'ouvrier en soie : monographie du tisseur lyonnais, étude historique, économique et sociale de Justin Godart, ou Les tisseurs en soie de Lyon : 1769-1900 par Mathé aîné. Cependant, Le salaire minimum dans la soierie vous apportera des éléments de réponse. Il s’agit d’un domaine particulier de l’industrie textile, mais qui était particulièrement dominant à Lyon. L’auteur s’intéresse tout particulièrement à un « contrat collectif de salaire minimum dans les tissages mécaniques de la soie de la Région lyonnaise, conclu le 21 décembre 1917 ». Le contrat collectif de 1917 prévoit « un tarif minimum des prix à façons pour la fabrication de soieries. », c'est-à-dire qu’il rémunère la production effective au mètre et non pas les heures de travail. C’était le mode de rémunération habituel dans la soierie lyonnaise. « Il s’agit d’un tarif calculé en centimes et au mètre, en fonction de l’effort qu’aura demandé la réalisation de la pièce (largeur de la pièce, nombre de fils piqués au peigne, nombre des portées, numéro du peigne, réduction).» Pour exemple, « une tisseuse qui aura à surveiller une pièce de 80 centimètres de large ayant une réduction de 100 coups, un numéro de peigne de 25, et un nombre de fils passés dans chaque dent du peigne de 2 gagnera 0,08 centimes au mètre. ». D’autre part, « le tarif ci-dessus s’entend des prix de façon nets, non compris les primes à la production ou autres, ni les indemnités de vie chère. »
Une mesure de 1919 augmente les prix du contrat, avec l’adjonction « de l’indemnité de 75% de vie chère et d’une prime de 25% par compensation à la réduction de la durée de travail résultant de la loi du 23 avril 1919.
Pour en savoir plus, vous pouvez également lire Histoire économique de la soie par A. Beauquis, 1910, ou encore La transformation du tissage à Lyon : rapport de 1908 de la Société d'économie politique et d'économie sociale (Lyon).
Plus généralement, pour la période de la Première Guerre mondiale, vous pouvez consulter : Tarifs des salaires et conventions collectives pendant la guerre 1914-1918, Ministère du travail
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