Question d'origine :
Bonjour
Combien gagnait un ouvrier moyen en 1885 ou plus au moins a cette période?
Merci de votre reponse
Réponse du Guichet

Bonjour,
Dans une de nos réponses précédentes, portant sur le salaire d’un contremaître en 1909, nous citions l'ouvrage de Fabrice Laroulandie "Les ouvriers de Paris au XIXe siècle" indiquant qu’il faut s'empresser d'ajouter avec l'historien Jacques Rougerie, qu'une extrême diversité caractérise les salaires ouvriers qui varient en fonction de multiples paramètres .
Le degré de qualification est un premier critère discriminant : le salaire hebdomadaire des tailleurs s'échelonne de 45 à 140 F à la fin du siècle.
Le poids des mortes-saisons constitue un autre facteur de disparité. Un cordonnier peut gagner la moitié de son revenu annuel en quatre mois de surmenage avec des journées de 16 heures. En bonne saison, les semaines d'une chapelière vont, dans les années 1880, de 30 à 40 F, quelquefois 45 F, dit Jeanne Bouvier ; mais elles redescendent à 12 ou 15 F en saison creuse. Ce phénomène n'épargne pas les travailleurs très qualifiés, pourtant réputés privilégiés : les ébénistes, avec 8 F quotidiens et 2 400 F par an appartiennent à l'élite des salaires ouvriers en faisant de dures journées de 10 heures pendant six jours par semaine et 300 jours par an. Mais l'ébéniste de haut luxe décrit par Pierre Du Maroussem en 1891pour "Les Ouvriers des Deux Mondes" ne fait que 154 journées de travail d'art de 8 F et consacre 152 jours rétribués 6 F à fabriquer des meubles ordinaires, ce qui abaisse son revenu annuel à 2 144 F.
L'âge conditionne également le montant des salaires : si l'ébéniste touche 8 F entre 25 et 60 ans, l'apprenti ne peut guère espérer davantage que 5,60 F et l'ouvrier de plus de 60 ans 6,80 F, d'après un rapport de l'Office du travail sur l'apprentissage dans les industries de l'ameublement (1905).
Le clivage entre Paris et la banlieue est manifeste sur le plan des salaires bien qu'il tende à s'atténuer à la veille de la guerre : alors que la journée est plus longue en banlieue (moins du tiers des ouvriers parisiens travaillent plus de 10 heures à la fin du siècle contre plus de la moitié des ouvriers banlieusards), le salaire quotidien moyen d'un ouvrier est inférieur en banlieue de 10%, selon l'enquête de l'Office du travail sur les salaires et la durée du travail (1893-1897).
Le sexe , enfin, détermine les inégalités majeures : le salaire des ouvriers est deux fois supérieur à celui de leurs compagnes. Le salaire moyen des ouvriers à Paris tourne autour de 3,80 F en 1847, 4,51 F en 1860, 4,98 F en 1872 et 5,66 F en 1882 ; celui des femmes autour de 1,63 F en 1847, 2,14 F en 1860, 2,60 F en 1872 et 2,95 F en 1882. En proportion, l'écart s'est donc réduit : en 1847, le salaire féminin représente seulement 43 % de celui des hommes ; en 1882, il en représente 52 %. La grande dépression de la fin du siècle fige l'inégalité des salaires : l'Office du travail évalue en 1897 le salaire moyen des ouvrières à 3,15 F soit 51 du salaire des ouvriers établi à 6,20 F. Au total, le déséquilibre n'a pas diminué de façon significative, ni régulière ; plus les salaires sont bas ou se déprécient, plus le fossé se creuse au détriment des ouvrières.
Par ailleurs, dans notre réponse apportée sur salaire moyen en 1886 nous fournissions un tableau du salaire horaire moyen à Paris en 1880 et mentionnions que les renseignements sur les salaires nominaux deviennent plus précis avec la création de l’office du Travail en 1891. Le mineur qui gagnait en moyenne 840F par an en 1869, en touche 1330 en 1900 et 1562 en 1912. La moyenne des salaires était en 1872 de 4.5 F par jour à Paris, de 3F en province ; elle passe à 7 et 4,50 en 1901 à 8 et 5.25 en 1913. La femme, pour le même travail, gagne 25 à 50% de moins que l’homme, sauf dans certaines branches hautement qualifiées comme le travail des métaux précieux et des pierreries (9.25 à Paris). Les variations sont naturellement considérables : le gain annuel varie à Paris de 680F dans certaines entreprises de confection à 2560F dans les fabriques de porcelaine.
D'autres exemples de salaires - montrant de fortes variations entre secteurs d’activité, régions ...- peuvent encore être présentés. Patrick Fridenson dans Industrialisation et sociétés d'Europe occidentale, 1880-1970 note qu’en 1885, le salaire journalier masculin à Rosieres oscille entre, 2 F et 4 F pour 12 heures de travail. Il va de 2,75 F à 9,02 F pour 10 heures à la Fonderie de canons de Bourges, de 4 F à 8 F pour 10 heures dans les ateliers de construction mécanique de Vierzon.
L’Annale de l’école libre des Sciences politiques (année 1896, p. 8) présente les salaires des ouvriers des forges d'acier de Dieulouard.
Dans une de nos réponses précédentes, portant sur le salaire d’un contremaître en 1909, nous citions l'ouvrage de Fabrice Laroulandie "Les ouvriers de Paris au XIXe siècle" indiquant qu’il faut s'empresser d'ajouter avec l'historien Jacques Rougerie, qu'une
Par ailleurs, dans notre réponse apportée sur salaire moyen en 1886 nous fournissions un tableau du salaire horaire moyen à Paris en 1880 et mentionnions que les renseignements sur les salaires nominaux deviennent plus précis avec la création de l’office du Travail en 1891. Le mineur qui gagnait en moyenne 840F par an en 1869, en touche 1330 en 1900 et 1562 en 1912. La moyenne des salaires était en 1872 de 4.5 F par jour à Paris, de 3F en province ; elle passe à 7 et 4,50 en 1901 à 8 et 5.25 en 1913. La femme, pour le même travail, gagne 25 à 50% de moins que l’homme, sauf dans certaines branches hautement qualifiées comme le travail des métaux précieux et des pierreries (9.25 à Paris). Les variations sont naturellement considérables : le gain annuel varie à Paris de 680F dans certaines entreprises de confection à 2560F dans les fabriques de porcelaine.
D'autres exemples de salaires - montrant de fortes variations entre secteurs d’activité, régions ...- peuvent encore être présentés. Patrick Fridenson dans Industrialisation et sociétés d'Europe occidentale, 1880-1970 note qu’en 1885, le salaire journalier masculin à Rosieres oscille entre, 2 F et 4 F pour 12 heures de travail. Il va de 2,75 F à 9,02 F pour 10 heures à la Fonderie de canons de Bourges, de 4 F à 8 F pour 10 heures dans les ateliers de construction mécanique de Vierzon.
L’Annale de l’école libre des Sciences politiques (année 1896, p. 8) présente les salaires des ouvriers des forges d'acier de Dieulouard.
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