Question d'origine :
Le cardinal Joseph Fesch fut souvent accaparé par des missions diplomatiques. Eut-il cependant un rôle important dans son diocèse de Lyon ?
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 22/03/2016 à 14h43
Comme l’indique le Dictionnaire historique de Lyon, le cardinal Fesch « séjourne peu à Lyon, moins de trois ans en douze ans d’épiscopat, mais s’entoure d’excellents vicaires, Joseph Courbon, Renaud et Bochard (1759-1834) qui, tous ensemble, restructurent le diocèse dans la foulée du Concordat de 1801 et de la reconquête catholique après les tensions et ruptures de la Révolution ».
Voici quelques extraits du livre « Archevêques de Lyon» qui fournissent un aperçu des actions entreprises à Lyon par le cardinal Fesch :
« A son arrivée à Lyon, en décembre 1802, Fesch se trouve affronté aux mêmes difficultés que son prédécesseur. Il choisit habilement trois vicaires généraux : deux non-jureurs, son ami Jauffret et Jean-Baptiste Courbon, ancien grand vicaire de Mgr de Marbeuf, et un ancien constitutionnel, Renaud, Vicaire épiscopal des évêques Adrien Lamourette et Claude Primat. L’archevêque se montre ferme pour obtenir la soumission des constitutionnels mais suffisamment discret pour ne pas les humilier. Selon le principe « cherchons autant que possible à remettre les choses sur l’ancien pied », l’archevêque rétablit beaucoup d’anciennes pratiques. Il redonne au chapitre primatial une partie de ses prérogatives et permet au clergé de porter la soutane ; il obtient de l’administration le retour des processions ; il préside celle de la Fête Dieu en 1803 (…) Il rouvre l’école cléricale Leidrade et le séminaire, installe un corps professoral et près de quatre-vingt séminaristes , en juin 1803, il confirme plus de dix mille fidèles. Après cette première année riche en activités apostoliques et pastorales, Fescb est nommé ambassadeur à Rome en remplacement de Cacault. Le 15 juin il quitte Lyon tout en laissant des consignes très strictes. (…) De l’été 1803 à 1812, le cardinal séjourne peu dans sa ville épiscopale, il ne fait que passer en 1804, il demeure quelques semaines au printemps 1805 pour accueillir l’empereur en route vers l’Italie, puis le pape Pie VII. La visite du souverain pontife dans sa ville épiscopale, en avril 1805, lui permet d’établir de manière éclatante le retour du culte et d’asseoir son autorité pastorale. (…) En 1807, il restaure l’office choral du chapitre primatial et entreprend la visite canonique de son diocèse pendant quatre mois ; mais la plupart du temps, il est retenu à Paris par sa charge de Grand Aumônier.
Le diocèse de Lyon sous l’administration Fesch
Malgré les absences, le cardinal prend soin de son diocèse et reste en lien épistolaire étroit avec ses vicaires généraux. La Révolution a entraîné une baisse considérable du nombre de prêtres (…) A son arrivée à Lyon, il évalue à 240 le nombre de pasteurs qui lui manquent ! Aussi il rétablit très rapidement le grand séminaire de la place Croix-Paquet et le confie aux Sulpiciens. (…) Il fonde six petits séminaires (…) Il encourage les curés de paroisse à fonder des « pédagogies »(…) Il a aussi le projet d’une école supérieure de sciences religieuses et acquière, à cette fin, l’ancienne Chartreuse du Lus Saint-Esprit, sur la colline de la Croix-Rousse ; il ne pourra malheureusement pas mener à terme ce projet.
L’administration impériale est fortement opposée à la réinstallation d’ordres religieux jugés difficilement contrôlables (…) il partage la réserve impériale (…) Il encourage cependant la réinstallation d’anciennes moniales bénédictines de Saint-Pierre-les-Nonnains (…) Malgré ces réserves et pour favoriser l’enseignement, le cardinal encourage les congrégations lyonnaises vouées à l’éducation. Discrètement, il confie quelques écoles aux religieuses de saint-Charles et aux sœurs de Saint-Joseph (…). Il encourage une société de prêtres diocésains autour de Nicolas de la Croix d’Azolette et d’André Coindre, association qui connaîtra beaucoup d’ampleur après son départ : la société des Prêtres de Saint-Irénée.
( …)
De mars 1812 à la chute de l’Empire, Fesch se consacre à la pastorale et réside de nouveau à Lyon ; il parcourt le Beaujolais et le Roannais en visite canonique tandis que la politique religieuse se durcit. Les sulpiciens, jugés trop ultramondains sont supprimés et quittent le séminaire ; l’archevêque doit reconstituer un corps professoral. Puis l’enseignement est interdit dans les petits séminaires et les garçons doivent aller au lycée ; une nouvelle fois, Fesch trouve un subterfuge et répartit les enfants dans des familles de confiance.
Pendant la campagne de France, il se réfugie à Pradines auprès de moniales bénédictines. Il quitte le diocèse le 11 février 1814 à l’annonce de l’avancée des troupes autrichiennes et laisse des pouvoirs étendus à son vicaire général Courbon. Puis, en compagnie de sa sœur, il gagne Rome où il s’établit pour 25 ans, refusant jusqu’à sa mort de se démettre de son siège lyonnais. Il meurt le 13 mai 1839 (…)"
Pour connaître plus en détail l’implication du cardinal Joseph Fesch dans l'administration du diocèse de Lyon, vous pouvez lire cet ouvrage paru récemment : Le cardinal Joseph Fesch, archevêque de Lyon : nouvelles études, sous la direction de Paul Chopelin et Jean-Dominique Durand, Silvana Editoriale, 2015. Son introduction insiste sur l’implication du cardinal Fesch dans la vie de son diocèse :
« On aurait pu le penser en prélat mondain, mais il se révéla un archevêque soucieux de la gestion de son diocèse en dépit de ses nombreux déplacements, de ses missions romaines. Il le dirigea réellement contrairement à de nombreux évêques d’Ancien Régime qui consacraient plus de temps à la Cour qu’à l’administration de leur diocèse. (…) Le cardinal Fesch fut pleinement archevêque de Lyon, par son attachement mystique à ce territoire, très fort jusqu’à la fin de sa vie. »
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