Question d'origine :
Bonjour le guichet du savoir,
j'aurais voulu savoir d'où venait l'expression québecoise "c'est plate", qui signifie que quelque chose est ennuyeux, mais aussi la déception "j'ai raté l'émission hier, c'est plate!". Impossible de trouver un québecois qui ait la réponse, et rien sur le net!
Merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/03/2016 à 13h45
Bonjour,
L’article « C’est ennuyant si c’est plate » de Ludmila Bovet publié dans le Québec français en 2005 revient sur les sens donnés au mot « plate » dans le langage québécois :
« […] Aucun évènement, aucune péripétie, rien qui change le cours uniforme des semaines et des mois –aucun relief, aucune saillie : cet emploi figuré est tout à fait conforme,au sens propre de l’adjectif plat « qui présente une surface plane » et « dont la surface, horizontale, est dépourvue d’ondulations, de rides, d’accidents de relief » - terrains plat, plat pays (Grand Robert). […]
L’ennui naquit un jour de l’uniformité
Le glissement de sens qui s’est opéré pourfaire de plat un synonyme d’ennuyeux dans certains contextes est facile à comprendre. Cependant, cette nuance n’a pas été relevée ailleurs qu’au Québec. Il faut dire que ses équivalents de même niveau en français de France sont des mots comme assommant, barbant, rasant, mortel, chiant (très familier) qui ne sont pas d’usage courant au Québec ; c’est donc le mot plate qui remplit cette « niche ».
Outre les noms désignant des choses ou des personnes avec lesquels l’adjectif plat peut être associé, ici aussi bien qu’en français de France, il est très souvent utilisé au Québec avec le verbe être dans la séquence c’est plate et avec le verbe trouver dans trouver ça plate : « Aujourd’hui donc, en cette journée internationale des fleuristes […], je vais vous raconter, c’est plate, une histoire d’amour qui se termine bien ».[…]
On ne trouve pas, en français de référence, des exemples de c’est plat, mais bien des c’est assommant, c’est barbant, c’est mortel, etc.
Un deuxième sens
C’est plate et trouver quelque chose plate permettent de mettre en évidence l’autre sens de l’adjectif plat, celui de « qui cause du souci, du désagrément ».
« Quand il pleut, c’est plate ». « C’est pas mal plate d’avoir deux blessures d’affilée comme ça » […]
Dans ces contextes, c’est plate et trouver plate équivalent à c’est contrariant, c’est regrettable, c’est malheureux, c’est dommage – trouver regrettable, triste, déplorable, etc. Ce sont là des valeurs que l’adjectif plat n’a pas en français de France. Ainsi une séquence comme je trouve ces paroles plates peut avoir deux sens au Québec : « Je trouve ces paroles banales, sans originalité » et « je trouve ces paroles ». En France, il n’y a pas ambiguïté : seul le premier sens s’applique. […] »
Ces deux sens cohabitent donc dans le français québécois, ils peuvent même rendre le mot ambigu. La racine du mot est la même (sans relief, uniforme) qu’en français de France mais des sens lui ont été ajouté au Québec.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les sites et ouvrages suivants :
- La farce plate est tombée à plat sur le site Du français au français.
- La parlure québécoise sur Authentik Canada.
- Le parler québécois pour les nuls, Marie-Pierre Gazaille, Marie-Lou Guévin.
- Trésor des expressions populaires : petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature québécoise, Pierre DesRuisseaux.
- Le français québecois : usages, standard et aménagement, Pierre Martel; Hélène Cajolet-Laganière
Pour finir, un extrait d’un épisode des Simpsons dans lequel l’expression est utilisée :
Bonne journée.
L’article « C’est ennuyant si c’est plate » de Ludmila Bovet publié dans le Québec français en 2005 revient sur les sens donnés au mot « plate » dans le langage québécois :
« […] Aucun évènement, aucune péripétie, rien qui change le cours uniforme des semaines et des mois –aucun relief, aucune saillie : cet emploi figuré est tout à fait conforme,au sens propre de l’adjectif plat « qui présente une surface plane » et « dont la surface, horizontale, est dépourvue d’ondulations, de rides, d’accidents de relief » - terrains plat, plat pays (Grand Robert). […]
Le glissement de sens qui s’est opéré pour
Outre les noms désignant des choses ou des personnes avec lesquels l’adjectif plat peut être associé, ici aussi bien qu’en français de France, il est très souvent utilisé au Québec avec le verbe être dans la séquence c’est plate et avec le verbe trouver dans trouver ça plate : « Aujourd’hui donc, en cette journée internationale des fleuristes […], je vais vous raconter, c’est plate, une histoire d’amour qui se termine bien ».[…]
On ne trouve pas, en français de référence, des exemples de c’est plat, mais bien des c’est assommant, c’est barbant, c’est mortel, etc.
C’est plate et trouver quelque chose plate permettent de mettre en évidence l’autre sens de l’adjectif plat, celui de « qui cause du souci, du désagrément ».
« Quand il pleut, c’est plate ». « C’est pas mal plate d’avoir deux blessures d’affilée comme ça » […]
Dans ces contextes, c’est plate et trouver plate équivalent à c’est contrariant, c’est regrettable, c’est malheureux, c’est dommage – trouver regrettable, triste, déplorable, etc. Ce sont là des valeurs que l’adjectif plat n’a pas en français de France. Ainsi une séquence comme je trouve ces paroles plates peut avoir deux sens au Québec : « Je trouve ces paroles banales, sans originalité » et « je trouve ces paroles ». En France, il n’y a pas ambiguïté : seul le premier sens s’applique. […] »
Ces deux sens cohabitent donc dans le français québécois, ils peuvent même rendre le mot ambigu. La racine du mot est la même (sans relief, uniforme) qu’en français de France mais des sens lui ont été ajouté au Québec.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les sites et ouvrages suivants :
- La farce plate est tombée à plat sur le site Du français au français.
- La parlure québécoise sur Authentik Canada.
- Le parler québécois pour les nuls, Marie-Pierre Gazaille, Marie-Lou Guévin.
- Trésor des expressions populaires : petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature québécoise, Pierre DesRuisseaux.
- Le français québecois : usages, standard et aménagement, Pierre Martel; Hélène Cajolet-Laganière
Pour finir, un extrait d’un épisode des Simpsons dans lequel l’expression est utilisée :
Bonne journée.
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