Question d'origine :
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 28/04/2016 à 07h48
Bonjour,
Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au Ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
Comme Jean de la Fontaine, nous ne voyons du vent souvent que ses activités extrêmes et les résultats dévastateurs de son action quand il est la créature d’Aquilon.
Mais votre question tombe à point nommé pour tenter de voir tout ce que nous apporte le vent
Et une réponse complète nous obligerait à lister un nombre incalculable de conséquences de l’action du vent sur Terre et dans les activités humaines, et par opposition donc tout ce qui ne serait plus possible ou n’existerait pas sans vent à la surface du globe.
Nous vous invitons à lire l’ouvrage Les espaces du vent. L’auteur y expose le rôle du vent sur Terre (depuis le début du Quaternaire) et dans les activités humaines jusqu’à nos jours.
Nous pouvons vous donner un aperçu non exhaustif de ce qui pourrait nous manquer sans ce fameux vent :
- Les plantes ne pourraient plus compter sur un de leur allié essentiel dans la dissémination des graines « aux quatre vents », et se rabattraient sur les autres (les fleuves, les océans, les animaux). Vous ne pourriez plus souffler sur les pissenlits, la plante se serait développée autrement … et Larousse aurait dû trouver un autre symbole de dissémination de la culture ;
- De grandes plaines fertiles comme la plaine germano-polonaise n’existeraient pas sous cette forme, car elles sont constituées de lœss, dépôts limoneux et sableux fins amenés par le vent au cours des phases glaciaires du Quaternaire ;
- Nous ne trouverions pas toutes les formes du relief terrestre dues à l’action d’érosion du vent, notamment dans les déserts ;
- Sans voiliers, les pays d’Europe auraient mis un peu plus de temps à (re)découvrir l’Amérique et à poser le pied sur les terres du Sud Est asiatique et de l’Océanie, avec sans doute une histoire du monde modifiée ;
- Pas de moulins à vent pour moudre le grain ou pour commencer l’édification des Polder aux Pays-Bas au XVIIIe siècle ;
- Les montgolfières n’auraient pas été bien loin, et les planeurs auraient peu d’autonomie. Et le cerf-volant n’existerait pas.
- Certes les incendies de forêt ne seraient pas attisés par le vent. Mais il n’y aurait pas de forêt !
- Car au-delà de tout ceci, le vent a un rôle prépondérant dans la machinerie thermique de la Terre, puisqu’il est la traduction de ce que l’on appelle la circulation atmosphérique : sans circulation atmosphérique, les nuages se formeraient sur les océans et la pluie n’atteindrait pas la côte ! Les terres émergées seraient désertiques ;
- Et sans circulation atmosphérique, peu de transport de chaleur de l’équateur vers les hautes latitudes, comme l’explique bien (p. 60) l’ouvrage Climat : passé, présent, futur : Les circulations atmosphérique et océanique, combinées au cycle de l'eau, redistribuent ainsi une partie de la chaleur reçue du Soleil, la transportant des régions chaudes équatoriales vers les pôles (Fig. 5.13). Ce transport de chaleur est maximum vers les 35° de latitude. Excepté dans la région équatoriale, on observe que le transport par l'atmosphère est nettement supérieur à celui par l'océan (Fasulo & Trenberth 2008). Il résulte de ce transport de chaleur que le flux d'énergie rayonné vers l'espace, aux basses latitudes, est inférieur au flux d'énergie solaire absorbé par la Terre au sommet de l'atmosphère. Cette différence d'énergie est transférée aux moyennes et hautes latitudes, qui, elles, rayonnent plus d'énergie qu'elles n'en absorbent. Atmosphère, océan, et cycle de l'eau, se conjuguent pour transférer une partie de la chaleur des régions chaudes équatoriales aux régions froides des hautes latitudes, atténuant ainsi la différence de température équateur-pôles. A ce titre, ils jouent un rôle de modérateur climatique de première importance.
Par ailleurs votre principe de départ, une atmosphère sans vent est une vue de l’esprit irréalisable car justement, s’il y a atmosphère et s’il y a réchauffement inégal par le soleil selon la latitude, il y a apparition d’une circulation atmosphérique créée par les différences de pressions des masses d’air (la pression étant liée à la température).
Cordialement.
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