Question d'origine :
Bonjour,
Par testament de 1557, Claude (Claudine) CARCAN ,veuve des imprimeurs Claude NOURRY et Pierre de SAINCTE-LUCIE, a souhaité être inhumée en l'Eglise N.D. de Confort à Lyon ( BAUDRIER, Bibliographie Lyonnaise, volume 3, pages 75 à 86, Paris-Lyon 1897).
Or, durant les guerres de religion, avant 1563, hormis celle de Marie de Médicis, les sépultures furent détruites pour élargir un passage appelé plus tard rue St-Dominique. (Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, Belles-lettres et Arts de Lyon, vol.27, pages 270 et 271, Paris-Lyon 1890-1891).
Dès lors je me demande où sont passés les corps des défunts ?
Je vous remercie de m'éclairer sur cette question que je sais être difficile.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Il est en effet difficile, dans la limite de nos recherches, d’apporter une réponse définitive à cette question. Nous n’avons en effet pu trouver des éléments nous renseignant directement sur le devenir de ces corps.
L’inhumation à l’intérieure de l’église Notre-Dame de Confort, lieu de culte intégré au couvent des Jacobins de Lyon, c’est-à-dire des dominicains, bénéficiait depuis le Moyen Age d’une grande ferveur populaire. Le dominicain Marie-Philippe Fontalirant rappelle cette pratique dans sa monographie sur le couvent publiée en 1875 : « Quand l’espace que renfermait l’enceinte intérieure eut été entièrement occupé, on dut, pour satisfaire le vœu populaire, procéder à des concessions de terrains, aux endroits les plus rapprochés où on voulait reposer, autant que possible, à l’ombre du sanctuaire vénéré. Ce fut alors pour le couvent, le cimetière proprement dit, dont l’étendue peut nous être connue, puisqu’il a dû être transformé au XVIe siècle et devenir la place de Confort… » (p. 28-29).
En 1557, date du testament de Claudine Carcan, se terminait la transformation du cimetière des Jacobins en place publique, connue sous le nom de place Confort (actuelle place des Jacobins), après l’obtention de lettres patentes royales par la Ville de Lyon l’autorisant à prendre cette réserve foncière sur l’emprise du couvent.
Or, le testament de Claudine Carcan que vous citez, daté du 20 juillet 1557, mentionne une « sépulture en l’église de N. D. de Confort, au pied du grand benoistier… du cousté dextre… ». La présence d’une tombe à l’intérieur même de l’enceinte de l’église, alors que celle-ci était saturée depuis longtemps nous renseigne sur le statut social relativement important du personnage, appartenant à la corporation des imprimeurs, laquelle entretenait des liens privilégiés avec les dominicains. Comme nombre d’autres métiers, les imprimeurs entretenaient une chapelle au sein de Notre-Dame de Confort et se prêtaient assistance lors des funérailles.
Le pillage de Lyon par les protestants en 1562 eut des répercussions immédiates sur l’église. Jean-Donatien Levesque, auteur d’une monographie sur les Notre-Dame de Confort, nous renseigne sur cet événement : « Durant l’occupation de la ville par ses troupes, le baron des Adrets installa un parc d’artillerie sur le tènement de Bellecour. Pour le mettre en communication avec le couvent des Jacobins où se tenait son état-major, il ouvrit un chemin, que la ville fera élargir et aménager par la suite. C’est la rue Emile-Zola actuelle, autrefois rue Saint-Dominique ».
Le dominicain Charles Gaud, prieur du couvent des Jacobins de Lyon de 1676 à 1679 et cité par Levesque, évoque ce fait a posteriori : « Les huguenots pour faire ce passage qui est à présent la rue St Dominique percèrent notre jardin et couvent par le milieu, ruinèrent le grand portail de la maison, plusieurs chambres de notre première habitation et deux chapelles.»
Il n’est pas impossible que les corps inhumés dans ces chapelles aient été placés par les protestants dans des fosses communes. On sait par ailleurs que des restaurations de chapelle ont eu lieu après la reprise de la ville par les catholiques en 1563 (Dictionnaire historique de Lyon, p. 398-399). Peut-être les corps précédemment déplacés ont-ils regagnés à cette occasion leur lieu d’inhumation originel ?
Les archives du Consulat, à la tête de la gestion de la ville de Lyon et lui-même acteur dans l’aménagement urbanistique du quartier Confort à l’époque, pourraient peut-être porter un éclairage supplémentaires sur cette question. Elles sont consultables aux Archives municipales de Lyon.
Nous regrettons de n'avoir pu apporter de réponse plus précise à votre question.
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