Question d'origine :
Bonsoir,
En consultant un acte de baptême de février 1571 ( acte n° 1747 en page 246 de Lyon Sainte Croix ) j'ai constaté que la marraine, la fille du Gouverneur de Mandelot, était tout juste âgée d'un an ...
Ma question : à cette époque, l'Eglise pouvait- elle admettre une marraine aussi jeune fut-elle de la noblesse ?
Je vous remercie de vos précieux éclaircissements.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 18/07/2016 à 16h10
Bonjour,
Nous avons cherché en vain un texte autorisant le compérage dès l’âge de 1 an.
Les règles ont beaucoup évolué ; selon les lieux et les époques les statuts synodaux différaient, les interprétations également.
Le baptême et l’engagement des parrains et marraines avaient une portée sociale tout autant que religieuse. Il s’agissait souvent de nouer des alliances et de mettre l’enfant à l’abri du besoin en cas de mort des parents. L’enfant devant être baptisé le plus tôt possible après sa naissance et le rôle de parrain et marraine étant interdit aux parents eux-mêmes, ainsi qu’aux prêtres, à une certaine époque, il semble qu'il y ait eu parfois quelques arrangements, la présence d’un adulte validant l’acte en question.
L’ouvrage de référence deHistoire dogmatique, liturgique et archéologique du sacrement de baptême de Jules Corblet, accessible en ligne sur internet consacre, dans le livre XII dédié à la question des parrains et marraines, un chapitre entier aux conditions requises pour cette fonction. « Pour remplir les fonctions de parrain, il fallait, dans la primitive Eglise, être majeur, c’est-à-dire avoir l’âge que le droit romain exigeait pour les témoins. Par la suite des temps, on abaissa successivement la limite d’âge ; on en arriva même à confier cette tutelle à des enfants qui ne peuvent avoir conscience de leurs futures obligations et qui, plus tard, ne verront dans leurs filleuls que des camarades d’enfance. Les autorités ecclésiastiques ont dû réagir contre cette tendance.
Un certain nombre de Statuts synodaux et de Rituels, à l’exemple de la plupart des théologiens, se bornent à exiger l’âge de raison ; mais il en est d’autres qui, pour empêcher d’interpréter trop librement cette désignation un peu vague, ont voulu préciser un âge fixe. Les uns exigent quatorze ans ; les autres quatorze ans pour les garçons et douze ans pour les filles. Comme un parrain sans marraine suffit pour un garçon, et une marraine sans parrain pour une fille, on établit parfois des différences d’âge entre les deux : ainsi le Rituel de Paris de 1697 fixe le minimum de l’âge à sept ans pour un garçon, à douze ans pour une fille ; celui de Séez (1834) admet une marraine de sept ans avec un parrain de quatorze. Divers statuts exigent douze ou dix ans (…).
Le Catéchisme du Concile de Trente (1545-1563) s’ il vise à limiter le nombre des parrains marraines (leur nombre pouvait atteindre plusieurs dizaines dans certaines familles nobles à la fin du Moyen Age !) ne stipule aucune limite d’âge, mais rappelle les obligations d’accompagnement spirituel inhérent à la fonction : « D’après cela, il est facile de voir à quelles personnes on ne doit point confier la direction de cette sainte tutelle. Ce sont toutes celles qui ne veulent pas, ou qui ne peuvent pas s’en acquitter fidèlement et avec zèle. D’abord le père et la mère sont exclus. Il ne leur est pas permis d’être les Parrains de leurs enfants. L’Eglise veut nous faire comprendre par là combien l’éducation spirituelle diffère de l’éducation selon la chair. Ensuite, on ne doit jamais confier cette fonction aux hérétiques, aux Juifs, aux infidèles, puisqu’ils ne pensent et ne cherchent qu’à obscurcir la vérité de la Foi par leurs mensonges, et à détruire toute la piété chrétienne.
Le Concile de Trente défend également de faire tenir le même enfant sur les Fonts du Baptême par plusieurs Parrains ou Marraines. On doit se borner à un seul Parrain, ou à une seule Marraine, ou du moins prendre seulement l’un et l’autre. Et en voici la double raison: D’une part la multitude des maîtres pourrait introduire de la confusion dans la direction et l’instruction des enfants, de l’autre il était bon de restreindre les affinités provenant de ce chef, entre un trop grand nombre de personnes, pour ne point gêner le développement des alliances dans la société par légitime mariage. »
Cependant, certains accommodements avec le catéchisme du Concile de Trente sont attestés car, selon l’Histoire dogmatique… déjà citée « Les registres paroissiaux de Lyon prouvent que la coutume de donner aux garçons deux parrains et une marraine et aux filles deux marraines et un parrain, n’a cessé dans cette ville qu’au commencement du XVIIe siècle ».
Le Code du droit canon n’a été fixé qu’en 1917.
Nous avons posé votre question à l’Officialité interdiocésaine de Lyon . Sans réponse pour l’instant.
Sur cette question nous vous recommandons la lecture deParrains, marraines : la parenté spirituelle en Europe , d’Agnès Fine, ouvrage passionnant, mais où nous n’avons pas trouvé de cas semblable à celui que vous nous soumettez.
Bonnes recherches !
Nous avons cherché en vain un texte autorisant le compérage dès l’âge de 1 an.
Les règles ont beaucoup évolué ; selon les lieux et les époques les statuts synodaux différaient, les interprétations également.
Le baptême et l’engagement des parrains et marraines avaient une portée sociale tout autant que religieuse. Il s’agissait souvent de nouer des alliances et de mettre l’enfant à l’abri du besoin en cas de mort des parents. L’enfant devant être baptisé le plus tôt possible après sa naissance et le rôle de parrain et marraine étant interdit aux parents eux-mêmes, ainsi qu’aux prêtres, à une certaine époque, il semble qu'il y ait eu parfois quelques arrangements, la présence d’un adulte validant l’acte en question.
L’ouvrage de référence de
Un certain nombre de Statuts synodaux et de Rituels, à l’exemple de la plupart des théologiens, se bornent à exiger l’âge de raison ; mais il en est d’autres qui, pour empêcher d’interpréter trop librement cette désignation un peu vague, ont voulu préciser un âge fixe. Les uns exigent quatorze ans ; les autres quatorze ans pour les garçons et douze ans pour les filles. Comme un parrain sans marraine suffit pour un garçon, et une marraine sans parrain pour une fille, on établit parfois des différences d’âge entre les deux : ainsi le Rituel de Paris de 1697 fixe le minimum de l’âge à sept ans pour un garçon, à douze ans pour une fille ; celui de Séez (1834) admet une marraine de sept ans avec un parrain de quatorze. Divers statuts exigent douze ou dix ans (…).
Le Concile de Trente défend également de faire tenir le même enfant sur les Fonts du Baptême par plusieurs Parrains ou Marraines. On doit se borner à un seul Parrain, ou à une seule Marraine, ou du moins prendre seulement l’un et l’autre. Et en voici la double raison: D’une part la multitude des maîtres pourrait introduire de la confusion dans la direction et l’instruction des enfants, de l’autre il était bon de restreindre les affinités provenant de ce chef, entre un trop grand nombre de personnes, pour ne point gêner le développement des alliances dans la société par légitime mariage. »
Cependant, certains accommodements avec le catéchisme du Concile de Trente sont attestés car, selon l’Histoire dogmatique… déjà citée « Les registres paroissiaux de Lyon prouvent que la coutume de donner aux garçons deux parrains et une marraine et aux filles deux marraines et un parrain, n’a cessé dans cette ville qu’au commencement du XVIIe siècle ».
Le Code du droit canon n’a été fixé qu’en 1917.
Nous avons posé votre question à l’
Sur cette question nous vous recommandons la lecture de
Bonnes recherches !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Trouve-t-on la profession de foi islamique sur un vitrail...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter