L'amour
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 18/07/2016 à 18h12
664 vues
Question d'origine :
Bonjour,
A quoi sert l'amour? En effet, il n'est pas quantifiable, on ne peut ni l'acheter, ni le posséder, il ne sert pas à quelque chose de précis à proprement parlé... Pourriez-vous m'éclairer?
Merci beaucoup,
Bonne continuation aux GDS !
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/07/2016 à 15h26
Bonjour,
Fort heureusement, l’ « utilité » de quelque chose ne se mesure pas à sa valeur marchande ou à son caractère tangible ou quantifiable.
L’amour ne se vend pas, il se donne, et il n’a pas de prix. En fait, si nous pouvions acheter l’amour comme une simple marchandise, il perdrait par là même tout ce qui fait sa valeur…
Il n’est pas seulement utile, il répond à un besoin vital : sans amour, nous dépérissons, car il nous manque la nourriture affective, la satisfaction, l’espoir, le bonheur qu’il nous apporte.
Ne possédant pas l’éloquence d’Edith Piaf, contentons-nous, dans un premier temps, de citer un article de… Femme Actuelle :
Sans amour, la vie serait d’une infinie tristesse. Un enfant qui n’est pas aimé sombre dans la psychose. Ce qui se joue dès les premiers jours entre nos parents et nous donne la tonalité des sentiments que nous éprouverons par la suite. Car même si ça ne se commande pas plus que ça se gère, nos choix ne sont pas guidés par le hasard et nous servent peut-être, inconsciemment, à régler de vieux conflits ou à rejouer sans arrêt le même scénario pour tenter d’en sortir, d’en guérir, ou d’y retrouver le même plaisir.
Même s’il va et vient, se transforme avec le temps, disparaît parfois, l’amour-le-vrai nous donne avant tout le sentiment d’exister. « Etre amoureux, c’est triompher d’un sentiment d’invisibilité ordinaire » écrit la sociologue Eva Illouz. « L’amour romantique rehausse l’image de soi à travers le regard de l’autre ». Je suis aimée, donc j’existe. Et si quelqu’un a jeté son dévolu sur moi, c’est que je le vaux bien.
Un argument de poids, par les temps qui courent. Qu’importe l’absence de reconnaissance au boulot, par exemple, quand on sait qu’il y a quelque part quelqu’un qui ne peut pas vivre sans le miroir de notre regard ? Si ce n’est pas le bonheur, c’est une « validation de soi » dont on a du mal se passer à notre époque, souligne la philosophe Olivia Gazalé. « On a le sentiment d’être vraiment aimé pour ce que l’on est ». Hyperprécieux à une époque incertaine et narcissique comme la nôtre.
« Dans l’envie d’être aimé, il y a souvent quelque chose de névrotique. On attend que l’autre nous rende la confiance, nous valorise, nous complète », souligne la psychanalyste Sophie Cadalen. « C’est le grand quiproquo d’une grande majorité des couples », poursuit-elle.
La psychologue Michelle Larivey explique que l’amour est un mouvement affectif spontané vers un être qui nous procure une satisfaction. Cet attrait émotif peut s'appliquer à une personne, un objet ou même une idée. On peut aimer intensément son enfant, un endroit, ou les manifestations de courage, pourvu qu'on y trouve des satisfactions spéciales. On peut même éprouver de l'amour lorsqu'on n'a encore que l'espoir d'une satisfaction, un potentiel de bonheur.
L'amour n'est pas une émotion en soi; c'est une expérience émotive complexe qui comprend plusieurs émotions. C'est peut-être même la plus complexe de toutes les expériences émotives. On y retrouve souvent, par exemple, de la joie, de l'attrait ou du désir, de la tendresse, de l'estime, de l'attachement, etc. L'expérience de l'amour inclut aussi bien souvent de la colère ou du ressentiment ainsi qu'un sentiment de vulnérabilité.
Ce qui demeure constant toutefois, dans les différentes expériences d'amour, c'est le bien être ou le bonheur que nous procure l'être aimé. Plus précisément, nous considérons comme "bons pour nous" les êtres et les réalités qui suscitent notre amour. C'est parce que nous les percevons, plus ou moins explicitement, comme aptes à répondre nos besoins. Qu'ils y répondent déjà ou qu'ils soient porteurs d'une promesse de satisfaction, ils demeurent, subjectivement, une source de bonheur.
Les amours fortes et profondes sont, quant à elles, empreintes d'estime. Elles ont sur nous un effet d'élévation. Les personnes qui l'inspirent ont un effet stimulant; à leur contact, nous sommes portés à être de meilleures personnes, à exploiter davantage nos ressources, à nous dépasser.
L’amour romantique est une expérience à distinguer de l’amour réel :
Dans cette forme de relation, l'important est le plaisir d'être aimé et non l'amour de l'autre pour ce qu'il est. Je me délecte de son penchant pour moi et des les avantages qu'il me procure: marques d'attention, réactions fortes à ma présence, sentiment d'être désirée, etc... C'est l'effet de son regard sur moi qui me satisfait et non le contact réciproque. Que l'homme ou la femme en soit l'objet, c'est le regard admiratif de l'autre qui constitue l'essentiel de la relation.
Source : L’amour : une émotion mixte, Michelle Larivey
Si la philosophie, éternelle amoureuse de la raison, a longtemps relégué l’amour à un rang secondaire, elle s’intéresse davantage aujourd’hui à cette expérience essentielle dans la vie de chaque être humain :
Il y a, en philosophie, une ambiguïté qui entoure le concept d’amour. D’un côté, le terme même d’amour fait partie de la définition littérale de la philosophie comme « amour de la sagesse », et devrait de ce fait la concerner plus que tout autre chose. Mais si d’autre part on survole rapidement l’histoire de la philosophie, il semble que ce thème y est traité de façon tout à fait marginale et secondaire, notamment en regard de l’importance des grands problèmes de la théorie de la connaissance, de la morale ou de la politique. Pire encore : ce que les plus grands philosophes disent de l’amour, quand ils daignent en parler, peut nous paraître à des lieues de ce que tout un chacun expérimente sous ce nom. Ainsi a-t-on coutume de n’y voir qu’un dangereux dérèglement, une corruption pathologique de la saine raison quant à la capacité du sujet à tendre vers la sagesse ; ou bien, à l’instar de Kant ou de Hegel, ne l’aborde-t-on qu’à travers le prisme du droit, comme le problème juridique que pose l’institution du mariage – ce qui, convenons-en, est tout de même réducteur. Dans tous les cas, il semble bien que les multiples questions que soulève d’elle-même l’expérience de l’amour soient reléguées au second plan, subordonnées à d’autres problèmes supposés plus dignes d’un traitement direct. Cette mise à l’écart contraste d’autant plus avec les attentes que nous serions en droit de nourrir à l’égard de la philosophie, que celle-ci tire paradoxalement son nom de cette expérience de l’amour qu’elle semble ignorer, condamner ou tout simplement rater. D’où ce constat récurrent, dans les innombrables ouvrages qui fleurissent aujourd’hui sur le thème de l’amour, selon lequel les penseurs philosophiques se seraient constamment fourvoyés à son endroit et qu’il serait temps, enfin, de lui reconnaître la dignité qui lui revient et d’aborder de front certaines des questions qu’il suscite spontanément.
Source : Aimer se dit en plusieurs sens, Gabriel Mahéo
Nous vous proposons donc plusieurs documents qui vous permettront d’approfondir la question sous l’angle de la philosophie :
- L'amour, Catherine Merrien; préface d'André Comte-Sponville
- Les philosophes et l'amour, Pierre Sauvanet
- Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément... : petite conférence sur l'amour, Jean-Luc Nancy
- L'amour, échec de la philosophie ? Yvan Droumaguet
- Amour toujours ? sous la direction de Jean Birnbaum
- L'amour : une philosophie nouvelle pour le XXIe siècle, Sciences Humaines
- Qu'est-ce que l'amour ?, Sciences Humaines
Bonne journée.
Fort heureusement, l’ « utilité » de quelque chose ne se mesure pas à sa valeur marchande ou à son caractère tangible ou quantifiable.
L’amour ne se vend pas, il se donne, et il n’a pas de prix. En fait, si nous pouvions acheter l’amour comme une simple marchandise, il perdrait par là même tout ce qui fait sa valeur…
Il n’est pas seulement utile, il répond à un besoin vital : sans amour, nous dépérissons, car il nous manque la nourriture affective, la satisfaction, l’espoir, le bonheur qu’il nous apporte.
Ne possédant pas l’éloquence d’Edith Piaf, contentons-nous, dans un premier temps, de citer un article de… Femme Actuelle :
Sans amour, la vie serait d’une infinie tristesse. Un enfant qui n’est pas aimé sombre dans la psychose. Ce qui se joue dès les premiers jours entre nos parents et nous donne la tonalité des sentiments que nous éprouverons par la suite. Car même si ça ne se commande pas plus que ça se gère, nos choix ne sont pas guidés par le hasard et nous servent peut-être, inconsciemment, à régler de vieux conflits ou à rejouer sans arrêt le même scénario pour tenter d’en sortir, d’en guérir, ou d’y retrouver le même plaisir.
Même s’il va et vient, se transforme avec le temps, disparaît parfois, l’amour-le-vrai nous donne avant tout le sentiment d’exister. « Etre amoureux, c’est triompher d’un sentiment d’invisibilité ordinaire » écrit la sociologue Eva Illouz. « L’amour romantique rehausse l’image de soi à travers le regard de l’autre ». Je suis aimée, donc j’existe. Et si quelqu’un a jeté son dévolu sur moi, c’est que je le vaux bien.
Un argument de poids, par les temps qui courent. Qu’importe l’absence de reconnaissance au boulot, par exemple, quand on sait qu’il y a quelque part quelqu’un qui ne peut pas vivre sans le miroir de notre regard ? Si ce n’est pas le bonheur, c’est une « validation de soi » dont on a du mal se passer à notre époque, souligne la philosophe Olivia Gazalé. « On a le sentiment d’être vraiment aimé pour ce que l’on est ». Hyperprécieux à une époque incertaine et narcissique comme la nôtre.
« Dans l’envie d’être aimé, il y a souvent quelque chose de névrotique. On attend que l’autre nous rende la confiance, nous valorise, nous complète », souligne la psychanalyste Sophie Cadalen. « C’est le grand quiproquo d’une grande majorité des couples », poursuit-elle.
La psychologue Michelle Larivey explique que l’amour est un mouvement affectif spontané vers un être qui nous procure une satisfaction. Cet attrait émotif peut s'appliquer à une personne, un objet ou même une idée. On peut aimer intensément son enfant, un endroit, ou les manifestations de courage, pourvu qu'on y trouve des satisfactions spéciales. On peut même éprouver de l'amour lorsqu'on n'a encore que l'espoir d'une satisfaction, un potentiel de bonheur.
L'amour n'est pas une émotion en soi; c'est une expérience émotive complexe qui comprend plusieurs émotions. C'est peut-être même la plus complexe de toutes les expériences émotives. On y retrouve souvent, par exemple, de la joie, de l'attrait ou du désir, de la tendresse, de l'estime, de l'attachement, etc. L'expérience de l'amour inclut aussi bien souvent de la colère ou du ressentiment ainsi qu'un sentiment de vulnérabilité.
Ce qui demeure constant toutefois, dans les différentes expériences d'amour, c'est le bien être ou le bonheur que nous procure l'être aimé. Plus précisément, nous considérons comme "bons pour nous" les êtres et les réalités qui suscitent notre amour. C'est parce que nous les percevons, plus ou moins explicitement, comme aptes à répondre nos besoins. Qu'ils y répondent déjà ou qu'ils soient porteurs d'une promesse de satisfaction, ils demeurent, subjectivement, une source de bonheur.
Les amours fortes et profondes sont, quant à elles, empreintes d'estime. Elles ont sur nous un effet d'élévation. Les personnes qui l'inspirent ont un effet stimulant; à leur contact, nous sommes portés à être de meilleures personnes, à exploiter davantage nos ressources, à nous dépasser.
L’amour romantique est une expérience à distinguer de l’amour réel :
Dans cette forme de relation, l'important est le plaisir d'être aimé et non l'amour de l'autre pour ce qu'il est. Je me délecte de son penchant pour moi et des les avantages qu'il me procure: marques d'attention, réactions fortes à ma présence, sentiment d'être désirée, etc... C'est l'effet de son regard sur moi qui me satisfait et non le contact réciproque. Que l'homme ou la femme en soit l'objet, c'est le regard admiratif de l'autre qui constitue l'essentiel de la relation.
Source : L’amour : une émotion mixte, Michelle Larivey
Si la philosophie, éternelle amoureuse de la raison, a longtemps relégué l’amour à un rang secondaire, elle s’intéresse davantage aujourd’hui à cette expérience essentielle dans la vie de chaque être humain :
Il y a, en philosophie, une ambiguïté qui entoure le concept d’amour. D’un côté, le terme même d’amour fait partie de la définition littérale de la philosophie comme « amour de la sagesse », et devrait de ce fait la concerner plus que tout autre chose. Mais si d’autre part on survole rapidement l’histoire de la philosophie, il semble que ce thème y est traité de façon tout à fait marginale et secondaire, notamment en regard de l’importance des grands problèmes de la théorie de la connaissance, de la morale ou de la politique. Pire encore : ce que les plus grands philosophes disent de l’amour, quand ils daignent en parler, peut nous paraître à des lieues de ce que tout un chacun expérimente sous ce nom. Ainsi a-t-on coutume de n’y voir qu’un dangereux dérèglement, une corruption pathologique de la saine raison quant à la capacité du sujet à tendre vers la sagesse ; ou bien, à l’instar de Kant ou de Hegel, ne l’aborde-t-on qu’à travers le prisme du droit, comme le problème juridique que pose l’institution du mariage – ce qui, convenons-en, est tout de même réducteur. Dans tous les cas, il semble bien que les multiples questions que soulève d’elle-même l’expérience de l’amour soient reléguées au second plan, subordonnées à d’autres problèmes supposés plus dignes d’un traitement direct. Cette mise à l’écart contraste d’autant plus avec les attentes que nous serions en droit de nourrir à l’égard de la philosophie, que celle-ci tire paradoxalement son nom de cette expérience de l’amour qu’elle semble ignorer, condamner ou tout simplement rater. D’où ce constat récurrent, dans les innombrables ouvrages qui fleurissent aujourd’hui sur le thème de l’amour, selon lequel les penseurs philosophiques se seraient constamment fourvoyés à son endroit et qu’il serait temps, enfin, de lui reconnaître la dignité qui lui revient et d’aborder de front certaines des questions qu’il suscite spontanément.
Source : Aimer se dit en plusieurs sens, Gabriel Mahéo
Nous vous proposons donc plusieurs documents qui vous permettront d’approfondir la question sous l’angle de la philosophie :
- L'amour, Catherine Merrien; préface d'André Comte-Sponville
- Les philosophes et l'amour, Pierre Sauvanet
- Je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément... : petite conférence sur l'amour, Jean-Luc Nancy
- L'amour, échec de la philosophie ? Yvan Droumaguet
- Amour toujours ? sous la direction de Jean Birnbaum
- L'amour : une philosophie nouvelle pour le XXIe siècle, Sciences Humaines
- Qu'est-ce que l'amour ?, Sciences Humaines
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