Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche la composition précise du panier de consommation qui sert de référence pour le calcul de l'inflation en France : qu'est-ce qui s'y trouve exactement et suivant quelles pondérations ? comment ces données sont-elle collectées et vérifiées ?
Enfin, qui décide de ce qui est mis dans le panier et des pondérations ?
Y a-t-il eu des batailles de pouvoir dans le passé quant à la fixation de ces composantes du panier ?
Comment s'assurer de l'indépendance et de l'impartialité de ces choix ?
En vous remerciant pour votre éclairage précis sur cet indicateur à la fois repère et obscure dans notre vie économique.
Bonne journée !
Richard
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/07/2016 à 13h45
Bonjour
L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), qui gère l’Indice des prix à la consommation (ou IPC), vous propose une définition de ce concept :
L'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il permet d'estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages. C'est une mesure synthétique de l'évolution de prix des produits, à qualité constante.
Il est publié chaque mois au Journal Officiel.
L'indice des prix hors tabac sert à indexer de nombreux contrats privés, des pensions alimentaires, des rentes viagères et aussi à revaloriser le SMIC. L'indice retenu pour le SMIC est celui des " ménages du 1er quintile de la distribution des niveaux de vie - , hors tabac ".
Depuis la diffusion de l'IPC de janvier 2016, l'Insee publie un nouvel indice en base 2015 = 100 en lieu et place de l'indice base 1998 = 100. Cet indice rénové constitue la huitième génération de l'indice depuis 1914.
Prix à la consommation (Indide des) / IPC / INSEE
Vous trouverez également une explication sur la méthodologie utilisée pour calculer l’IPC :
Champ
Le champ géographique est le territoire national de la France y compris les départements d’outre-mer (hors Mayotte). Le champ de l’indice des prix à la consommation (IPC) est celui des biens et services marchands consommés sur l’ensemble du territoire, par les ménages résidents et non-résidents (comme les touristes). Une faible part des biens et services marchands ne sont pas observés par l’indice : il s’agit principalement des services hospitaliers privés et de l’assurance vie. L’IPC couvre 97% de son champ en 2016.
Présentation générale de l’IPC
Objectifs
L’IPC est l’instrument de mesure de l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation du niveau général des prix des biens et des services consommés par les ménages sur le territoire français. C’est une mesure synthétique des évolutions de prix à qualité constante. […]
Production et publication
La nomenclature utilisée est la nomenclature internationale COICOP [Classification of Individual Consumption by Purpose (classification des fonctions de consommation des ménages)] pour ses quatre premiers niveaux auxquels s’ajoute un cinquième niveau spécifique à l’IPC. […]
Depuis janvier 2016, l’INSEE publie un indice provisoire à la fin de chaque mois. […] L’IPC définitif est publié mensuellement autour du 13 du mois suivant sous forme d’une Informations Rapides conjoncturelle.
Par ailleurs, une centaine de prix moyens de produits et services sont également publiés mensuellement. […]
Méthodologie de collecte
Bref historique
La première génération d’indices date de 1914. Au cours du temps, la couverture de l’IPC s’est élargie tant au plan géographique qu’en termes de population représentée ou de consommation couverte.
L’IPC base 2015 constitue la 8e génération d’indice.
Unité statistique enquêtée
Les prix sont relevés auprès de deux sortes d’unités statistiques :
- Point de vente y compris internet, pour les biens et services relevant de la distribution traditionnelle ;
- Organisme producteur national ou régional pour les données tarifaires (électricité, télécommunications, transport ferroviaire ou aérien, etc.).
Périodicité et mode de collecte
La collecte est effectuée par enquêteur tout au long du mois et chaque mois.
Plan de sondage et nombre d’unités enquêtées
Le plan de sondage est stratifié selon trois critères :
- Critère géographique : les relevés sont effectués dans 99 agglomérations de plus de 2000 habitants en France métropolitaine et dans 4 départements d’outre-mer ;
- type de produit : un échantillon d’un peu plus de 1100 familles de produits et de services, appelées « variétés », est défini pour tenir compte de l’hétérogénéité des produits au sein des 303 groupes de produits. La variété est le niveau de base élémentaire pour le suivi des biens et des services et pour le calcul de l’indice. La liste de variétés reste confidentielle et seuls quelques prix moyens d’un échantillon de produits et de services sont publiés à ce niveau.
- type de point de vente : un échantillon d’environ 30 000 points de vente, stratifié par forme de vente, a été constitué pour représenter la diversité des biens et services par marque, enseigne et mode d’achat des consommateurs et pour prendre en compte des variations de prix différenciées selon les formes de vente (y compris internet).
Indice des prix à la consommation (base 100=2015) / INSEE
L’Insee a, de plus, édité un ouvrage intitulé Pour comprendre l’indice des prix : edition 1998, qui répondra à la plupart de vos questions :
1. Qui décide du contenu et des méthodes ?
En France, comme dans la quasi-totalité des pays européens, c’est l’Institut national de statistique qui élabore les indices de prix à la consommation. Les indices nationaux publiés par l’Insee dans son « Bulletin mensuel de statistique », à savoir les indices base 100 en 1990, Ensemble des ménages et Ensemble des ménages « urbains » dont le chef est ouvrier et employé, sont l’aboutissement d’une longue histoire commencée au début du XXe siècle. […]
Depuis la dernière guerre, c’est-à-dire depuis sa création, l’Insee a dû d’abord lutter pour préserver son indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics qui voulaient pratiquer une « politique de l’indice ». Jusqu’en 1970, le lancement d’un nouvel indice a été une opération très suivie par les partenaires sociaux et surtout par les pouvoirs publics. Les statisticiens de l’époque redoutaient d’être soumis à des pressions à la fois sur les dates de lancement d’un nouvel indice et sur les pondérations elles-mêmes. Aussi décidèrent-ils d’actualiser les pondérations chaque années, l’indice devenant un indice-chaîne à maillons laspeyriens. Puis l’Insee a dû affronter d’autres remises en cause suscitées par certaines organisations syndicales accusant l’indice d’être « truqué » : l’indice, selon cette critique, sous-estimait l’inflation parce qu’il ne prenait pas en compte les hausses « forcées » de qualité imposées par les producteurs, surtout dans le secteur des produits manufacturés. Convaincu de la solidité de ses travaux, l’Insee a su argumenter et justifier, aux yeux de tous, une large indépendance dans la conception de l’indice de prix selon des objectifs répondant aux besoins de l’analyse économique exprimés par le corps social. Ces besoins se sont exprimés, dans le passé, surtout par le canal du Conseil économique et social. Celui-ci a émis le 14 février 1973 un avis important sur l’indice des prix, recommandant notamment un élargissement du champ couvert (prise en compte des frais de garde des enfants ou des assurances par exemple). La demande s’exprime aujourd’hui en premier lieu dans le cadre du Conseil national de l’information statistique (CNIS) où les organisations professionnelles et syndicales ainsi que les autres représentants des forces vives de la nation font part de leurs desiderata en matière d’information statistique. On citera également le rôle des différentes commissions des comptes : commission des Comptes de la nation, commission des Comptes du commerce, commission des Comptes des services, où économistes et professionnels ne se privent pas de faire part de leurs interrogations ou critiques vis-à-vis des résultats obtenus ou de l’instrument de mesure lui-même.
C’est à l’Insee seul qu’échoit la responsabilité d’élaborer le meilleur indice possible compte tenu des inévitables contraintes qui pèsent sur lui. […]
Peut-on dire, pour autant, que le pouvoir politique ne joue plus aujourd’hui aucun rôle ? Si la politique de l’indice fait partie d’un passé révolu, le rôle des pouvoirs politiques s’est déplacé et se porte maintenant sur les utilisations de l’indice avec, parfois, la tentation d’en sortir. […]
Avant de clore ces considérations sur l’indépendance dévolue aux statisticiens responsables des prix en France, on peut s’interroger pour savoir si, sur le terrain, il en est bien ainsi. C’est là où la confidentialité joue un rôle essentiel. Que se passerait-il si les points de vente où les relevés de prix sont effectués étaient connus des services fiscaux ou de la répression des fraude voire même s’il en était ainsi des agglomérations échantillon ? La neutralité de la mesure pourrait s’en trouver compromise. Ce point sera abordé en fin de chapitre. […]
4.6 La confidentialité des données et l’indépendance de l’indice
[…] Les statisticiens se sont efforcés d’empêcher les interventions sur l’indice, à la fois en les rendant peu efficaces et en gardant secrets un certain nombre d’éléments qui seraient de nature à les faciliter. Dans l’indice actuel, le nombre de produits observés est considérablement plus élevé que dans l’indice des 213 articles. Une politique de prix qui voudrait s’adresser sélectivement aux produits de l’indice serait extrêmement coûteuse. A supposer qu’elle soit quand même menée, elle fausserait moins l’indice que précédemment puisque les produits qu’elle viserait dans un poste de dépenses représenteraient une part plus grande de la dépense totale de ce poste. A la limite, pour un poste qui serait couvert en totalité par les observations, une intervention ne pourrait plus rien fausser du tout puisqu’elle n’aurait d’effet sur l’indice que dans l’exacte mesure où elle bénéficierait au consommateur.
Enfin, la liste des variété qui figurent à l’intérieur des 265 postes de l’indice, la liste des agglomérations et celles des points de vente où sont relevés les prix sont secrètes et ne sont jamais communiquées à l’extérieur de l’Insee voire même au sein de l’Insee en dehors des unités chargées du calcul de l’indice des prix. Ce secret joue non seulement à l’encontre du public, des organisations patronales et syndicales, mais aussi du gouvernement et des services administratifs chargés d’appliquer la politique des prix. Il a été strictement respecté jusqu’ici. Dans le cas où il ne le serait pas, l’Insee serait amené à revoir ses échantillons. […]
3. Les moyens mis en œuvre
Schématiquement le travail est réparti de la façon suivante :
Une unité composée d’une trentaine de personnes et comportant un tiers de cadres A est située à la Direction générale de l’Insee : c’est la division des Prix à la Consommation, située dans la direction des Statistiques Démographiques et Sociales. Elle est chargée de concevoir l’indice, de l’améliorer en permanence, de le calculer mensuellement à partir des relevés de prix effectués en région ou de manière centralisée et de la diffuser. Elle anime le réseau régional (cf. ci-après) et s’assure de la qualité des données intervenant dans le processus de calcul de l’indice.
Dix huit bureaux régionaux de l’Insee chargés de la collecte des prix conformément aux instructions de la cellule centrale ; ces bureaux (100 à 150 personnes au total) encadrent les enquêteurs au nombre d’une centaine (en équivalent temps plein) ; ils contrôlent leur travail, saisissent et valident les relevés de prix et gèrent l’échantillon régional sur la base des spécifications fournies.
Ainsi, il vous sera impossible de connaitre précisément la composition intégrale du panier de consommation car l’Insee garde plusieurs de ces informations secrètes. Et l’Insee est le seul à décider de quels produits entrent en ligne de compte pour le calcul de l’Indice des prix à la consommation.
En toute indépendance professionnelle
La liste des produits et services suivis et celle des points de vente visités par les enquêteurs ne sont connues que des unités chargées du calcul de l’indice des prix à l’Insee, et ceci pour éviter toute manipulation de l’indice.
L’indice des prix est élaboré en toute indépendance professionnelle par les statisticiens de l’Insee. Les décisions concernant son calcul sont prises en conformité avec la réglementation européenne en vigueur, convenue entre instituts statistiques nationaux.
Pour comprendre … le pouvoir d’achat et l’indice des prix / INSEE
Le site d’information Rue 89 s’est également intéressé à la composition du panier de la ménagère par l’Insee :
Jean-Louis Lhéritier, chef du département des prix à la consommation des ressources et des conditions de vie des ménages de l’Insee, nous signale que l’Insee parle de panier de consommation des ménages français.
Qu’est-ce qu’il y dans ce panier ?
En fait de panier, il s’agit plutôt d’un énorme camion. Il y a dans ce camion, donc, qui permet de calculer l’indice des prix à la consommation (IPC) beaucoup de choses qui ne rentreraient pas dans un panier en osier standard : des biens alimentaires bien sûr, mais aussi des transports (y compris voiture et essence), des loyers pour un logement, des frais médicaux, des préservatifs... Jean-Louis Lhéritier :
« On suit un millier de produits élémentaires représentatifs de la consommation des ménages. Ça va de l’alimentaire aux médicaments, à la santé, en passant par l’heure d’UV, les communications… On couvre comme ça 95% de la consommation des ménages. »
Parmi les 5% restant, les jeux de hasard, l’achat d’un logement…
Comment le renouvelle t-on ?
« Pour tenir compte de l’apparition des nouveautés (lecteur MP3, eau aromatisée...) et de l’évolution ou de la disparition de certains types de produits (cassette vidéo, essence avec plomb...), il est actualisé tous les ans », indique [url=insee.fr/fr/themes/indicateur.asp?id=29&type=1]le site de l’Insee[/url].
Pourquoi la liste des produits suivis n’est-elle pas publique ?
Jean-Louis Lhéritier :
« Parmi ces 1000 produits, il y en a de l’ordre de 10% pour lesquels nous publions des prix moyens, principalement dans l’alimentaire. Par exemple la plaquette de 250 g de beurre extra fin, le litre de vin rouge de table à onze degrés, la bouteille de gaz butane de 13 kg, l’heure de main d’œuvre pour les travaux de plomberie… »
Les 90 % restant ? On ne les connaît pas. La liste des produits et services qui remplissent le panier n’est pas publique. Comme le souligne jean7, « si l’Insee rendait publique la composition de son panier, il serait assez facile à manipuler. Par exemple, le gouvernement pourrait faire pression pour diminuer les produits en question (…) ou bien les hypermarchés pourraient faire leur campagne de pub sur le thème “chez nous, le papier de l’Insee est moins cher”. »
C’est effectivement l’argument de Jean-Louis Lhéritier pour justifier que la liste reste publique :
« Pour éviter toute manipulation de la part des acteurs qui interviennent dans le circuit économique de commercialisation des produits de consommation, on comprend bien qu’il vaut mieux garder les produits secrets. »
A Andal, qui fait remarquer que l’Insee devrait au moins communiquer le poids des différents articles dans sa liste, Jean-Louis Lhéritier répond que l’Insee publie déjà le poids de chacune des séries de produit. Exemple : « Equipement photo cinéma, instrument optique », (-1,6% en février) a un poids de 68/10000.
Comment suit-on les prix ?
Jean-Louis Lhéritier :
« Nous collectons 180000 prix par mois dans 27000 points de vente. Les relevés de prix se font dans 96 agglomérations de plus de 2000 habitants réparties sur tout le territoire. »
Pendant un an, l’enquêteur de l’Insee doit aller au même endroit et suivre le même produit au même endroit. Par exemple le prix du café Jacques Vabre dans tel supermarché dans la même agglomération. « Ce que font les gens finalement. »
Vous trouverez sur le site de l’Insee l’indice des prix à la consommation de juin 2016 avec le détail des pondérations et des variations de l’indice au cours des mois. L’onglet « Pour en savoir plus » à droite de l’écran vous permet d’accéder aux indices détaillés pour cette période (dans un tableau Excel), avec plus de détails sur les familles de produits contenues dans le calcul de l’IPC.
Pour aller plus loin :
• Petit déjeuner méthodologique : 17 février 2004 : Indice des prix, pouvoir d’achat / INSEE
• L’IPC, miroir de l’évolution du coût de la vie en France ? Ce qu’apport l’analyse des courbes d’Engel / Marie-Emilie Clerc et Elise Coudin
• Manuel de l’indice des prix à la consommation : théorie et pratique / Bureau international du travail, Fonds monétaire international, Organisation de coopération et de développement économiques et al.
• Indice des prix et pouvoir d’achat : une relation tumultueuse / Institut pour le développement de l’information économique et sociale
Bonne lecture
L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), qui gère l’Indice des prix à la consommation (ou IPC), vous propose une définition de ce concept :
L'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il permet d'estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages. C'est une mesure synthétique de l'évolution de prix des produits, à qualité constante.
Il est publié chaque mois au Journal Officiel.
L'indice des prix hors tabac sert à indexer de nombreux contrats privés, des pensions alimentaires, des rentes viagères et aussi à revaloriser le SMIC. L'indice retenu pour le SMIC est celui des " ménages du 1er quintile de la distribution des niveaux de vie - , hors tabac ".
Depuis la diffusion de l'IPC de janvier 2016, l'Insee publie un nouvel indice en base 2015 = 100 en lieu et place de l'indice base 1998 = 100. Cet indice rénové constitue la huitième génération de l'indice depuis 1914.
Prix à la consommation (Indide des) / IPC / INSEE
Vous trouverez également une explication sur la méthodologie utilisée pour calculer l’IPC :
Le champ géographique est le territoire national de la France y compris les départements d’outre-mer (hors Mayotte). Le champ de l’indice des prix à la consommation (IPC) est celui des biens et services marchands consommés sur l’ensemble du territoire, par les ménages résidents et non-résidents (comme les touristes). Une faible part des biens et services marchands ne sont pas observés par l’indice : il s’agit principalement des services hospitaliers privés et de l’assurance vie. L’IPC couvre 97% de son champ en 2016.
Objectifs
L’IPC est l’instrument de mesure de l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation du niveau général des prix des biens et des services consommés par les ménages sur le territoire français. C’est une mesure synthétique des évolutions de prix à qualité constante. […]
Production et publication
La nomenclature utilisée est la nomenclature internationale COICOP [Classification of Individual Consumption by Purpose (classification des fonctions de consommation des ménages)] pour ses quatre premiers niveaux auxquels s’ajoute un cinquième niveau spécifique à l’IPC. […]
Depuis janvier 2016, l’INSEE publie un indice provisoire à la fin de chaque mois. […] L’IPC définitif est publié mensuellement autour du 13 du mois suivant sous forme d’une Informations Rapides conjoncturelle.
Par ailleurs, une centaine de prix moyens de produits et services sont également publiés mensuellement. […]
Bref historique
La première génération d’indices date de 1914. Au cours du temps, la couverture de l’IPC s’est élargie tant au plan géographique qu’en termes de population représentée ou de consommation couverte.
L’IPC base 2015 constitue la 8e génération d’indice.
Unité statistique enquêtée
Les prix sont relevés auprès de deux sortes d’unités statistiques :
- Point de vente y compris internet, pour les biens et services relevant de la distribution traditionnelle ;
- Organisme producteur national ou régional pour les données tarifaires (électricité, télécommunications, transport ferroviaire ou aérien, etc.).
Périodicité et mode de collecte
La collecte est effectuée par enquêteur tout au long du mois et chaque mois.
Plan de sondage et nombre d’unités enquêtées
Le plan de sondage est stratifié selon trois critères :
-
-
-
Indice des prix à la consommation (base 100=2015) / INSEE
L’Insee a, de plus, édité un ouvrage intitulé Pour comprendre l’indice des prix : edition 1998, qui répondra à la plupart de vos questions :
En France, comme dans la quasi-totalité des pays européens, c’est l’Institut national de statistique qui élabore les indices de prix à la consommation. Les indices nationaux publiés par l’Insee dans son « Bulletin mensuel de statistique », à savoir les indices base 100 en 1990, Ensemble des ménages et Ensemble des ménages « urbains » dont le chef est ouvrier et employé, sont l’aboutissement d’une longue histoire commencée au début du XXe siècle. […]
Depuis la dernière guerre, c’est-à-dire depuis sa création, l’Insee a dû d’abord lutter pour préserver son indépendance vis-à-vis des pouvoirs publics qui voulaient pratiquer une « politique de l’indice ». Jusqu’en 1970, le lancement d’un nouvel indice a été une opération très suivie par les partenaires sociaux et surtout par les pouvoirs publics. Les statisticiens de l’époque redoutaient d’être soumis à des pressions à la fois sur les dates de lancement d’un nouvel indice et sur les pondérations elles-mêmes. Aussi décidèrent-ils d’actualiser les pondérations chaque années, l’indice devenant un indice-chaîne à maillons laspeyriens. Puis l’Insee a dû affronter d’autres remises en cause suscitées par certaines organisations syndicales accusant l’indice d’être « truqué » : l’indice, selon cette critique, sous-estimait l’inflation parce qu’il ne prenait pas en compte les hausses « forcées » de qualité imposées par les producteurs, surtout dans le secteur des produits manufacturés. Convaincu de la solidité de ses travaux, l’Insee a su argumenter et justifier, aux yeux de tous, une large indépendance dans la conception de l’indice de prix selon des objectifs répondant aux besoins de l’analyse économique exprimés par le corps social. Ces besoins se sont exprimés, dans le passé, surtout par le canal du Conseil économique et social. Celui-ci a émis le 14 février 1973 un avis important sur l’indice des prix, recommandant notamment un élargissement du champ couvert (prise en compte des frais de garde des enfants ou des assurances par exemple). La demande s’exprime aujourd’hui en premier lieu dans le cadre du Conseil national de l’information statistique (CNIS) où les organisations professionnelles et syndicales ainsi que les autres représentants des forces vives de la nation font part de leurs desiderata en matière d’information statistique. On citera également le rôle des différentes commissions des comptes : commission des Comptes de la nation, commission des Comptes du commerce, commission des Comptes des services, où économistes et professionnels ne se privent pas de faire part de leurs interrogations ou critiques vis-à-vis des résultats obtenus ou de l’instrument de mesure lui-même.
C’est à l’Insee seul qu’échoit la responsabilité d’élaborer le meilleur indice possible compte tenu des inévitables contraintes qui pèsent sur lui. […]
Peut-on dire, pour autant, que le pouvoir politique ne joue plus aujourd’hui aucun rôle ? Si la politique de l’indice fait partie d’un passé révolu, le rôle des pouvoirs politiques s’est déplacé et se porte maintenant sur les utilisations de l’indice avec, parfois, la tentation d’en sortir. […]
Avant de clore ces considérations sur l’indépendance dévolue aux statisticiens responsables des prix en France, on peut s’interroger pour savoir si, sur le terrain, il en est bien ainsi. C’est là où la confidentialité joue un rôle essentiel. Que se passerait-il si les points de vente où les relevés de prix sont effectués étaient connus des services fiscaux ou de la répression des fraude voire même s’il en était ainsi des agglomérations échantillon ? La neutralité de la mesure pourrait s’en trouver compromise. Ce point sera abordé en fin de chapitre. […]
[…] Les statisticiens se sont efforcés d’empêcher les interventions sur l’indice, à la fois en les rendant peu efficaces et en gardant secrets un certain nombre d’éléments qui seraient de nature à les faciliter. Dans l’indice actuel, le nombre de produits observés est considérablement plus élevé que dans l’indice des 213 articles. Une politique de prix qui voudrait s’adresser sélectivement aux produits de l’indice serait extrêmement coûteuse. A supposer qu’elle soit quand même menée, elle fausserait moins l’indice que précédemment puisque les produits qu’elle viserait dans un poste de dépenses représenteraient une part plus grande de la dépense totale de ce poste. A la limite, pour un poste qui serait couvert en totalité par les observations, une intervention ne pourrait plus rien fausser du tout puisqu’elle n’aurait d’effet sur l’indice que dans l’exacte mesure où elle bénéficierait au consommateur.
Enfin, la liste des variété qui figurent à l’intérieur des 265 postes de l’indice, la liste des agglomérations et celles des points de vente où sont relevés les prix sont secrètes et ne sont jamais communiquées à l’extérieur de l’Insee voire même au sein de l’Insee en dehors des unités chargées du calcul de l’indice des prix. Ce secret joue non seulement à l’encontre du public, des organisations patronales et syndicales, mais aussi du gouvernement et des services administratifs chargés d’appliquer la politique des prix. Il a été strictement respecté jusqu’ici. Dans le cas où il ne le serait pas, l’Insee serait amené à revoir ses échantillons. […]
Schématiquement le travail est réparti de la façon suivante :
Une unité composée d’une trentaine de personnes et comportant un tiers de cadres A est située à la Direction générale de l’Insee : c’est la division des Prix à la Consommation, située dans la direction des Statistiques Démographiques et Sociales. Elle est chargée de concevoir l’indice, de l’améliorer en permanence, de le calculer mensuellement à partir des relevés de prix effectués en région ou de manière centralisée et de la diffuser. Elle anime le réseau régional (cf. ci-après) et s’assure de la qualité des données intervenant dans le processus de calcul de l’indice.
Dix huit bureaux régionaux de l’Insee chargés de la collecte des prix conformément aux instructions de la cellule centrale ; ces bureaux (100 à 150 personnes au total) encadrent les enquêteurs au nombre d’une centaine (en équivalent temps plein) ; ils contrôlent leur travail, saisissent et valident les relevés de prix et gèrent l’échantillon régional sur la base des spécifications fournies.
Ainsi, il vous sera impossible de connaitre précisément la composition intégrale du panier de consommation car l’Insee garde plusieurs de ces informations secrètes. Et l’Insee est le seul à décider de quels produits entrent en ligne de compte pour le calcul de l’Indice des prix à la consommation.
La liste des produits et services suivis et celle des points de vente visités par les enquêteurs ne sont connues que des unités chargées du calcul de l’indice des prix à l’Insee, et ceci pour éviter toute manipulation de l’indice.
L’indice des prix est élaboré en toute indépendance professionnelle par les statisticiens de l’Insee. Les décisions concernant son calcul sont prises en conformité avec la réglementation européenne en vigueur, convenue entre instituts statistiques nationaux.
Pour comprendre … le pouvoir d’achat et l’indice des prix / INSEE
Le site d’information Rue 89 s’est également intéressé à la composition du panier de la ménagère par l’Insee :
Jean-Louis Lhéritier, chef du département des prix à la consommation des ressources et des conditions de vie des ménages de l’Insee, nous signale que l’Insee parle de panier de consommation des ménages français.
Qu’est-ce qu’il y dans ce panier ?
En fait de panier, il s’agit plutôt d’un énorme camion. Il y a dans ce camion, donc, qui permet de calculer l’indice des prix à la consommation (IPC) beaucoup de choses qui ne rentreraient pas dans un panier en osier standard : des biens alimentaires bien sûr, mais aussi des transports (y compris voiture et essence), des loyers pour un logement, des frais médicaux, des préservatifs... Jean-Louis Lhéritier :
« On suit un millier de produits élémentaires représentatifs de la consommation des ménages. Ça va de l’alimentaire aux médicaments, à la santé, en passant par l’heure d’UV, les communications… On couvre comme ça 95% de la consommation des ménages. »
Parmi les 5% restant, les jeux de hasard, l’achat d’un logement…
Comment le renouvelle t-on ?
« Pour tenir compte de l’apparition des nouveautés (lecteur MP3, eau aromatisée...) et de l’évolution ou de la disparition de certains types de produits (cassette vidéo, essence avec plomb...), il est actualisé tous les ans », indique [url=insee.fr/fr/themes/indicateur.asp?id=29&type=1]le site de l’Insee[/url].
Pourquoi la liste des produits suivis n’est-elle pas publique ?
Jean-Louis Lhéritier :
« Parmi ces 1000 produits, il y en a de l’ordre de 10% pour lesquels nous publions des prix moyens, principalement dans l’alimentaire. Par exemple la plaquette de 250 g de beurre extra fin, le litre de vin rouge de table à onze degrés, la bouteille de gaz butane de 13 kg, l’heure de main d’œuvre pour les travaux de plomberie… »
Les 90 % restant ? On ne les connaît pas. La liste des produits et services qui remplissent le panier n’est pas publique. Comme le souligne jean7, « si l’Insee rendait publique la composition de son panier, il serait assez facile à manipuler. Par exemple, le gouvernement pourrait faire pression pour diminuer les produits en question (…) ou bien les hypermarchés pourraient faire leur campagne de pub sur le thème “chez nous, le papier de l’Insee est moins cher”. »
C’est effectivement l’argument de Jean-Louis Lhéritier pour justifier que la liste reste publique :
« Pour éviter toute manipulation de la part des acteurs qui interviennent dans le circuit économique de commercialisation des produits de consommation, on comprend bien qu’il vaut mieux garder les produits secrets. »
A Andal, qui fait remarquer que l’Insee devrait au moins communiquer le poids des différents articles dans sa liste, Jean-Louis Lhéritier répond que l’Insee publie déjà le poids de chacune des séries de produit. Exemple : « Equipement photo cinéma, instrument optique », (-1,6% en février) a un poids de 68/10000.
Comment suit-on les prix ?
Jean-Louis Lhéritier :
« Nous collectons 180000 prix par mois dans 27000 points de vente. Les relevés de prix se font dans 96 agglomérations de plus de 2000 habitants réparties sur tout le territoire. »
Pendant un an, l’enquêteur de l’Insee doit aller au même endroit et suivre le même produit au même endroit. Par exemple le prix du café Jacques Vabre dans tel supermarché dans la même agglomération. « Ce que font les gens finalement. »
Vous trouverez sur le site de l’Insee l’indice des prix à la consommation de juin 2016 avec le détail des pondérations et des variations de l’indice au cours des mois. L’onglet « Pour en savoir plus » à droite de l’écran vous permet d’accéder aux indices détaillés pour cette période (dans un tableau Excel), avec plus de détails sur les familles de produits contenues dans le calcul de l’IPC.
Pour aller plus loin :
• Petit déjeuner méthodologique : 17 février 2004 : Indice des prix, pouvoir d’achat / INSEE
• L’IPC, miroir de l’évolution du coût de la vie en France ? Ce qu’apport l’analyse des courbes d’Engel / Marie-Emilie Clerc et Elise Coudin
• Manuel de l’indice des prix à la consommation : théorie et pratique / Bureau international du travail, Fonds monétaire international, Organisation de coopération et de développement économiques et al.
• Indice des prix et pouvoir d’achat : une relation tumultueuse / Institut pour le développement de l’information économique et sociale
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