GUERRE DE YOUGOSLAVIE
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 10/07/2017 à 14h16
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Question d'origine :
Bonjour
quel pays soutenait la Serbie pendant la dernière guerre de yougoslave
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/07/2017 à 10h09
Bonjour,
Commençons par rappeler quels événements ont amené à l’éclatement de la Yougoslavie et la guerre du Kosovo :
« L’effondrement du bloc communiste provoque une explosion des nationalismes à l’Est, aux conséquences parfois dramatiques – comme c’est le cas dans les Balkans marqués par l’éclatement de la Yougoslavie.
La Yougoslavie est créée au lendemain de la Première Guerre mondiale, issue de la décomposition des empires ottomans et austro-hongrois. Entre les deux guerres mondiales, des tensions entre Serbes et Croates provoquent de nombreux conflits internes. La Yougoslavie est démantelée en 1941 par l’Allemagne nazie. Elle renaît en 1945, dirigée par le communiste Tito, sur la base de l’égalité entre les différentes nationalités. Après la mort de Tito en 1980, la Yougoslavie devient vite ingouvernable. Chacune des nations demande plus d’autonomie et, en 1990, la Serbie veut transformer la Yougoslavie en une confédération. En 1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance, inaugurant le processus d’éclatement. Ils sont bientôt suivis de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes de Croatie et de Bosnie, qui souhaitent constituer une grande Serbie, boycottent la consultation et font appel au Gouvernement de Belgrade. En avril 1992, la guerre commence entre les Croates et les Serbes. Elle est marquée par des massacres de masse de Croates et de Musulmans, perpétrés par les Serbes qui mènent une politique de « purification ethnique ».
La crise yougoslave met en difficulté les pays de l’Union européenne qui peinent à trouver une politique extérieure commune. L’Union européenne reconnaît néanmoins l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie en 1992. C’est l’OTAN qui intervient en Bosnie-Herzégovine. Cette intervention conduit en 1995 aux accords de Dayton (États-Unis) qui reconnaissent en Bosnie deux territoires à base ethnique : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie. La sécurité est assurée par une force militaire de l’Union européenne : l’EUROFOR. En 1998-1999, une crise touche la province serbe du Kosovo peuplée en majorité d’Albanais musulmans qui veulent leur indépendance. La province passe sous tutelle des Nations unies. L’indépendance y est proclamée en 2008. En juin 2006, la république du Monténégro est devenue elle aussi indépendante à l’issue d’un référendum. »
Source : Cndp
LaGrèce a aidé la Serbie et le régime du président Slobodan Milošević pendant le conflit :
« Pour les Grecs, l’humiliation subie à Chypre aux mains des Turcs a été vengée symboliquement en Bosnie par les braves Serbes. Les Grecs percevaient le conflit en Bosnie-Herzégovine comme une réplique de Chypre, et l’admiration qu’ils vouaient aux Serbes provenait du fait que ceux-ci montraient à tout le monde orthodoxe comment « s’occuper des Turcs ». Pour la majorité des Grecs, les « Turcs » (c’est-à-dire les Bosniaques) avaient provoqué les Serbes de Bosnie et les avaient forcés à intervenir, puisque ces « Musulmans » voulaient se tailler un Etat islamique qui allait de nouveau opprimer les frères orthodoxes, comme ce fut le cas durant les cinq siècles de la conquête ottomane.
En plus des appuis aux projets de Karadžić en Bosnie-Herzégovine,la Grèce a grandement aidé le régime de Milošević à se maintenir au pouvoir en lui permettant de contourner l’embargo international imposé contre la RFY. Des institutions bancaires en Grèce et à Chypre ont joué un rôle central dans les manœuvres visant à desserrer l’étau financier mis en place par l’ONU et les organisations internationales européennes pour affaiblir l’économie serbe qui alimentait les guerres dans la région. »
Source : La désintégration de la Yougoslavie et l'émergence de sept États successeurs : 1986-2013 Renéo Lukic
« […] au début de la décennie 1990, les préoccupations grecques l’emportent nettement sur les satisfactions.Depuis le milieu du xixe siècle, la Serbie-Yougoslavie avait été un allié de la Grèce , aussi bien pour expulser les Ottomans des Balkans que pour contenir les autres nationalismes – notamment bulgare et albanais – dans la région. Aussi, le partage de la Macédoine historique entre les deux pays, dès 1912, a-t-il été le fruit d’un consensus pratiquement jamais remis en cause, tandis que la question de l’Épire du Nord avec l’Albanie et celle de la Thrace occidentale avec la Bulgarie ont continué à marquer de façon aiguë ou latente les relations entre la Grèce et ces pays le long du xxe siècle. Le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes avait été conçu par les – grands et petits – vainqueurs de la Première Guerre mondiale comme un élément de stabilité dans la région et une garantie contre le révisionnisme des vaincus. Le neutralisme de Tito, après la Seconde Guerre mondiale, perpétuait tant bien que mal cette garantie. Depuis sa mort, les tendances centrifuges dans la République fédérale de Yougoslavie ont commencé à inquiéter la Grèce, la Macédoine étant au centre de ses préoccupations. En effet, la montée le long des années 1980 d’un discours irrédentiste à Skopje, servant essentiellement de substitut à la faiblesse de cette république dans l’ensemble yougoslave, pouvait être lourde de dangers, en étant susceptible de raviver la vieille question macédonienne et d’attiser les visées des pays voisins.
Le début des guerres yougoslaves en 1991 signifiait pour la Grèce la remise en cause du statu quo obtenu en 1913 et renouvelé en 1918. Le processus de construction nationale dans les Balkans, gelé à la fin de la Première Guerre mondiale au profit des vainqueurs, se remettait en marche et cela ne pourrait être qu’à leurs dépens.Freiner donc dans la mesure du possible ce processus, en aidant la Serbie à se maintenir et en essayant d’empêcher la constitution d’une Macédoine, a été le premier réflexe des dirigeants grecs de l’époque . »
Source : La Grèce et la Turquie dans les Balkans : la complémentarité introuvable, Stéphane Yérasimos, Cahiers balkaniques, 33 | 2004
Pour aller plus loin :
- La Grèce et les nouveaux Balkans, Michel Sivignon, Hérodote, vol. 128, no. 1, 2008, pp. 127-142. (consultable dans Cairn)
- La fin de la Yougoslavie et l’instabilité balkanique, Radovan Vukadinovic, Les Cahiers du CERI, n° 4 – 1992
- La Grèce et les Balkans : du Ve siècle à nos jours (tome 3), Olivier Delorme
Bonne journée.
Commençons par rappeler quels événements ont amené à l’éclatement de la Yougoslavie et la guerre du Kosovo :
« L’effondrement du bloc communiste provoque une explosion des nationalismes à l’Est, aux conséquences parfois dramatiques – comme c’est le cas dans les Balkans marqués par l’éclatement de la Yougoslavie.
La Yougoslavie est créée au lendemain de la Première Guerre mondiale, issue de la décomposition des empires ottomans et austro-hongrois. Entre les deux guerres mondiales, des tensions entre Serbes et Croates provoquent de nombreux conflits internes. La Yougoslavie est démantelée en 1941 par l’Allemagne nazie. Elle renaît en 1945, dirigée par le communiste Tito, sur la base de l’égalité entre les différentes nationalités. Après la mort de Tito en 1980, la Yougoslavie devient vite ingouvernable. Chacune des nations demande plus d’autonomie et, en 1990, la Serbie veut transformer la Yougoslavie en une confédération. En 1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance, inaugurant le processus d’éclatement. Ils sont bientôt suivis de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes de Croatie et de Bosnie, qui souhaitent constituer une grande Serbie, boycottent la consultation et font appel au Gouvernement de Belgrade. En avril 1992, la guerre commence entre les Croates et les Serbes. Elle est marquée par des massacres de masse de Croates et de Musulmans, perpétrés par les Serbes qui mènent une politique de « purification ethnique ».
La crise yougoslave met en difficulté les pays de l’Union européenne qui peinent à trouver une politique extérieure commune. L’Union européenne reconnaît néanmoins l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie en 1992. C’est l’OTAN qui intervient en Bosnie-Herzégovine. Cette intervention conduit en 1995 aux accords de Dayton (États-Unis) qui reconnaissent en Bosnie deux territoires à base ethnique : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie. La sécurité est assurée par une force militaire de l’Union européenne : l’EUROFOR. En 1998-1999, une crise touche la province serbe du Kosovo peuplée en majorité d’Albanais musulmans qui veulent leur indépendance. La province passe sous tutelle des Nations unies. L’indépendance y est proclamée en 2008. En juin 2006, la république du Monténégro est devenue elle aussi indépendante à l’issue d’un référendum. »
Source : Cndp
La
« Pour les Grecs, l’humiliation subie à Chypre aux mains des Turcs a été vengée symboliquement en Bosnie par les braves Serbes. Les Grecs percevaient le conflit en Bosnie-Herzégovine comme une réplique de Chypre, et l’admiration qu’ils vouaient aux Serbes provenait du fait que ceux-ci montraient à tout le monde orthodoxe comment « s’occuper des Turcs ». Pour la majorité des Grecs, les « Turcs » (c’est-à-dire les Bosniaques) avaient provoqué les Serbes de Bosnie et les avaient forcés à intervenir, puisque ces « Musulmans » voulaient se tailler un Etat islamique qui allait de nouveau opprimer les frères orthodoxes, comme ce fut le cas durant les cinq siècles de la conquête ottomane.
En plus des appuis aux projets de Karadžić en Bosnie-Herzégovine,
Source : La désintégration de la Yougoslavie et l'émergence de sept États successeurs : 1986-2013 Renéo Lukic
« […] au début de la décennie 1990, les préoccupations grecques l’emportent nettement sur les satisfactions.
Le début des guerres yougoslaves en 1991 signifiait pour la Grèce la remise en cause du statu quo obtenu en 1913 et renouvelé en 1918. Le processus de construction nationale dans les Balkans, gelé à la fin de la Première Guerre mondiale au profit des vainqueurs, se remettait en marche et cela ne pourrait être qu’à leurs dépens.
Source : La Grèce et la Turquie dans les Balkans : la complémentarité introuvable, Stéphane Yérasimos, Cahiers balkaniques, 33 | 2004
- La Grèce et les nouveaux Balkans, Michel Sivignon, Hérodote, vol. 128, no. 1, 2008, pp. 127-142. (consultable dans Cairn)
- La fin de la Yougoslavie et l’instabilité balkanique, Radovan Vukadinovic, Les Cahiers du CERI, n° 4 – 1992
- La Grèce et les Balkans : du Ve siècle à nos jours (tome 3), Olivier Delorme
Bonne journée.
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