Question d'origine :
un livre in quarto doit-il toujours posséder un nombre de pages
divisibles par 8 ; et un livre in octavo un nombre de pages divisibles
par 16 ? lLes exeptions sont elles rares ?
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 11/09/2017 à 12h27
Bonjour,
Les termes in-quarto (4° ou in-4) et in-octavo (8° ou in-8) désignent deux formats bibliographiques d’imprimerie artisanale, à l’époque où le livre était façonné sans recours à des procédés industriels, soit de la seconde moitié du XVe siècle jusqu’aux années 1830.
Ils font plus précisément référence aux nombres de feuillets composant les cahiers à partir desquels va être assemblé le livre.
Chaque cahier correspond lui-même à une feuille de papier sur laquelle a été composé par l’imprimeur un ensemble de pages, au sens textuel du terme, dont la disposition agencée sur la feuille (on parle d’imposition) permettra après pliage et découpage d’obtenir un cahier au texte ordonné page après page.
Dans le cas d’un in-quarto et d’un in-octavo, les cahiers se composent respectivement de 4 et de 8 feuillets, soit 8 et 16 pages si le texte a été paginé recto-verso.
Cela signifie que la feuille d’un cahier d’in-quarto a subi deux pliages, et celle d’un in-octavo, trois. Afin de mieux comprendre cette opération, il n’est pas inutile de se munir d’une feuille de format A4 et de procéder soi-même au pliage/découpage.
A ce cadre général s’ajoute des exceptions qui peuvent ne pas être rares, soit par encartage, soit par division de la feuille, comme nous le précise le Dictionnaire encyclopédique du livre, t. II, p. 544.
Dans le cadre de l’encartage, on constitue un cahier par emboîtage de plus d’une feuille. Dans le cas de l’in-quarto, dont l’occurrence n'est pas rare, deux feuilles sont emboîtées formant ainsi des cahiers de huit feuillets.
Dans le cas de la division de la feuille, celle-ci est coupée après impression mais avant pliage, donnant ainsi des cahiers (ou demi-cahiers) comportant un nombre de feuillets moins importants. Le cas est relativement fréquent pour les petits formats (à partir de l’in-douze). Il est plus rare pour l’in-octavo (composé alors de cahiers de quatre feuillets) ou l’in-quarto (cahiers de deux feuillets).
Pour répondre très précisément à votre question, un in-quarto ne possédera donc pas toujours un nombre de pages divisibles par huit, si tant est par ailleurs qu’il soit paginé et non pas folioté (numérotation du feuillet sur le seul recto).
Les pages liminaires, en début et en fin d’ouvrages, peuvent avoir été composées à partir de cahiers ne correspondant pas au nombre habituel de feuillets de ces formats, ce qui faussera le décompte, a fortiori si toutes les pages n’ont pas reçu une numérotation, ce qui est quasiment une généralité pour ces pages se trouvant de part et d’autres du corps de texte principal. D'autre part, il n'est pas rare que les derniers feuillets d'un ouvrage, blancs, aient été enlevés par le relieur, faussant ainsi toute tentative de détermination de format par analogie à des multiples de 8 ou 16...
La seule méthode permettant de déterminer un format bibliographique ancien consiste à prendre en considération l'ensemble des éléments suivants (et non un seul, lequel pris isolément, ne peut donner qu’un indice) : direction des pontuseaux (traces verticales ou horizontales des lignes de chaînes de la forme à papier visibles par transparence, à contre-jour), emplacement du filigrane, nombre de feuillets par cahier (en tenant compte des cahiers composant le corps du texte principal), mesure des dimensions de la page.
Vous trouverez des informations complémentaires relatives aux formats bibliographiques anciens dans cette précédente réponse du Guichet du Savoir.
Vous pouvez également consulter avec profit le site consacré à la bibliographie matérielle de Dominique Varry, professeur d’histoire du livre à l’ENSSIB.
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