Question d'origine :
Bonjour, avez-vous une documentation sur le transport du gros caillou lors du percement du tunnel de la Croix-Rousse pour la ficelle.?merci
Réponse attendue le 05/11/2017 - 15:45
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 02/11/2017 à 17h50
Nous n’avons pu, dans le temps qui nous est imparti, identifier de documents sur les méthodes d’extraction du « gros caillou » de la Croix-Rousse mais voici quelques pistes qui vous permettront de prolonger les recherches.
Première étape, lever l’ambiguïté sur la date de découverte du Gros caillou et son installation à l’extrémité du Boulevard de la Croix-Rousse. On trouve en effet, sur internet comme dans plusieurs ouvrages conservés à la bibliothèque, des informations contradictoires. A-t-il été découvert en 1861 lors du percement de la première ligne du funiculaire de la Croix-Rousse, comme l'indiquent plusieurs sites web et certains ouvrages comme le Dictionnaire historique de Lyon ? Ou entre 1889 et 1890 lors du percement de la seconde ligne de funiculaire desservant la Croix-Rousse, celle de Croix-Paquet, mise en service le 12 avril 1891 ?
Les Annales des sciences physiques et naturelles d’agriculture et d’industrie de la Société impériale d’agriculture de Lyon de l’année 1863 (tome VII) s’intéressent à un bloc erratique « mis à découvert dans le courant du mois de septembre 1861 dans le clos Chatoux, dans la tranchée ouverte pour l’établissement du chemin de fer de Lyon à la Croix-Rousse Le bloc de 35m2. Selon M. Jourdan la nature de ce bloc est calcaire, « il se rapproche beaucoup du choin de Fay ».
Le Bulletin de la Société géologique de France de 1869 nous indique que le « bloc de 35m cub. du chemin de fer de la Croix-Rousse sert de fondation à la culée d’un pont. ». Il ne peut donc s'agir de notre « Gros caillou ».
Un court article du 17 mars 1890 paru dans le Salut public sous le titre Bloc erratique à la Croix-Rousse nous apprend qu’ « on prépare en ce moment l’emplacement d'un énorme bloc erratique, trouvé dans les déblais du nouveau chemin funiculaire. Ce bloc présente un certain intérêt en raison de son volume, de sa nature et de son origine, et nous estimons que notre municipalité a eu une bonne idée en le conservant. ». L’article ne mentionne pas le moyen par lequel celui-ci a été déplacé. Pour l’anecdote, un autre article du 2 mai 1891 nous apprend que le gros cailloux a été peint en rouge vermillon par des plaisantins.
Lors de la séance de la Société d’anthropologie de Lyon du 18 avril 1890, F. Cuvier consacre une note à ce bloc erratique, pas encore nommé « Gros cailloux » :
« Dans la partie supérieure des déblais du nouveau chemin de fer funiculaire de la Croix-Rousse, on a mis à découvert, dernièrement, un amas de blocs erratiques parmi lesquels on a choisi le plus gros et le plus dur, pour l'édifier à l'extrémité est du boulevard de la Croix-Rousse. Dans cette position qui domine la plaine du Rhône, le bloc monté sur une rocaille artificielle ne manque pas d'un certain effet décoratif.». Là encore l’article s’intéresse plus à la nature du bloc qu’au contexte de sa mise en valeur. Il nous apprend néanmoins que « sur proposition de plusieurs savants, le Ministre de l’instruction publique a pris, en 1879, des mesures pour la conservation des blocs qui nous restent (…) Grâce à ces mesures, on peut espérer voir réduire de beaucoup la destruction de ces blocs (…) », souvent réutilisés comme matériaux de construction.
On peut donc en conclure que le Gros caillou a été posé sur son socle entre mars et avril 1890. Il sera mis à l’honneur lors de l’inauguration de la ligne Croix-Paquet-Croix-Rousse le 12 avril 1891. Cela ne nous dit pas par quels moyens matériels ce bloc erratique a été déplacé. Gérard Truchet, le président de la République des Canuts et de la Société des amis de Lyon et de Guignol, s’est déjà intéressé au sujet de près sans parvenir à éclaircir ce point, comme le souligne cet article du Progrès publié en février 2015.
« Pourquoi a-t-il été conservé ? Comment a-t-il été hissé sur le plateau et posé sur un socle ? Pas un article dans les journaux de l’époque n’en parle ! ». Vous pourriez commencer par le contacter par le biais d'une de ces associations pour connaître les pistes documentaires déjà explorées. Gageons que la numérisation de la presse et des ouvrages anciens permettront dans un futur plus ou moins proche de trouver des sources jusqu’alors négligées. On peut cela dit supposer qu’il existe au sein des archives municipales de Lyon des traces de l’aménagement et de l’installation du Gros caillou, installé sur l’espace public, mais un rapide feuilletage des tables duBulletin administratif de Lyon de 1899 et 1900 ne nous a pas renseigné sur ce sujet. Tout au plus avons-nous trouvé la mention d’un arrêté du 3 septembre 1889 autorisant l’extraction de rochers dans la tranchée du jardin du Séminaire à l’aide de poudre de mine, autorisation demandée par le concessionnaire du chemin de fer de la place Croix-Paquet à la Croix-Rousse. Nous vous laissons le soin d’explorer ces pistes plus en profondeur (Les archives municipales possèdent la collection entièrement numérisée de ces bulletins). Peut-être existe-t-il par ailleurs des compte-rendus de travaux de voierie ? N’hésitez pas à nous tenir informés du résultat de vos recherches !
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