Question d'origine :
Bonjour cher GDS,
je comprends bien la dédicace qui consiste à rédiger quelques lignes à l'attention d'un lecteur ou d'une personne lors d'une manifestation telle qu'un salon du livre ou à une occasion particulière… mais comment nomme-t-on une dédicace DÉJA IMPRIMÉE au début d'un ouvrage ?
merci pour votre éclairage
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 05/12/2017 à 11h00
Bonjour,
Le Trésor de la langue française informatisé rappelle ce qu’est une dédicace :
Fait de dédier une œuvre à une personne (généralement très connue) par un hommage imprimé en tête de l'ouvrage . Celui (...), [George Washington] que vous avez depuis long-temps honoré de votre estime et de votre bienveillance, (...), vous supplie d'agréer la dédicace de ce foible ouvrage, comme le seul témoignage public qu'il puisse vous offrir de sa vénération (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. XVII). Mon cher Arsène, Faites-moi le plaisir d'accepter la dédicace de ces petites pages. Quelques-unes ont à vous remercier de l'accueil que vous avez bien voulu leur faire quand vous dirigiez le recueil hospitalier de l'artiste (MURGER, Nuits hiver, 1861, p. 183). Hier après-midi, insupportable corvée de dédicaces pour le « service de presse » de Hamlet (GIDE Journal, 1946, p. 297).
(…)
a)Hommage manuscrit et non public d'un livre . De soixante exemplaires, il n'y en aura guère que vingt de distribués. (...). Une grande dame, (...), me fit dire, étant ici, qu'elle en accepterait la dédicace : je me suis excusé sur l'indécence du sujet (COURIER, Lettres Fr. et It., 1810, p. 814). Valéry me charge de vous dire que M. Degas a accepté la dédicace de la petite machine intitulée Soirée avec Monsieur Teste (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1896, p. 278).
b) Hommage manuscrit sur une photographie, un disque, etc. Vernouillet. (Il tire des portraits-cartes de sa poche... offrant sa photographie à M. Colombot). Voilà!... ou plutôt, non, pas encore... je veux y mettre une dédicace (...) de ma main (LABICHE, Célimare, 1863, II, 9, p. 75).
2. P. méton. Texte de la dédicace; son contenu. La signature est vraiment plus étonnante encore que le texte et la dédicace (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 66). Andrée, pour une pareille dédicace, fondrait de joie : « Il s'est déclaré! » (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1013).
L’étude Les hommages faits par Duras : les dédicaces confirme que l’on utilise également le terme de dédicace lorsque le texte est imprimé :
Leterme « dédicace » consiste, selon Genette, à faire l’hommage d’une œuvre à une personne, à un groupe réel ou idéal . Le dictionnaire Robert rajoute encore un élément : « L’hommage qu’un auteur fait de son œuvre à quelqu’un par une inscription imprimée en tête de l’œuvre ». Ceci peut concerner, comme le dit Genette, « la réalité matérielle d’un exemplaire singulier, dont elle consacre en principe le don ou la vente effective, l’autre concerne la réalité idéale de l’œuvre elle-même, dont la possession ne peut être que symbolique » 228 . Le verbe « dédier », apparu au début du XIIe siècle, et le nom « dédicace », au XIVe, viennent du latin ecclésiastique « dedicare ». 229 Etymologiquement donc, cela veut dire : consacrer au culte divin, mettre sous la protection, sous l’invocation d’un saint, d’un dieu.
Mais quel est le rapport entre les dédicaces et la réception d’un livre ? La dédicace parle-t-elle de son auteur ? Dans son livre sur les dédicaces, et l’un des rares livres écrits à ce sujet, Lysiane Bousquet-Verbeke, cite Marie Laffranque qui parle du rôle de la dédicace. En effet, elle dit que la dédicace « n’est pas faite pour être lue par le(s) seul(s) destinataire(s), mais par tous ceux qui, désormais, auront entre les mains l’œuvre dédiée » 230 , c’est-à-dire, le lecteur. Lysiane Bousquet-Verbeke voit dans la dédicace un symbole, qui, selon Barthes, « n’est pas l’image, c’est la pluralité même des sens. »
Le dédicataire peut être privé ou public . Le dédicataire privé est une personne, connue ou non du public, à qui une œuvre est dédiée au nom d’une relation personnelle : amicale, familiale ou autre. L’autre type de dédicataire, public, renvoie à une personne plus ou moins connue, mais avec qui l’auteur manifeste, par sa dédicace, une relation d’ordre public : intellectuel, artistique, politique etc. Dans cette perspective, la dédicace peut revêtir plusieurs formes : le geste de courtoisie, la simple réciprocité, le coup stratégique etc. 232 On peut dire que les dédicaces appartiennent à deux registres : celui de l’affect, du sentiment, et celui de l’intellect, de la théorisation, de la raison.
( …)
Marguerite Duras a cette habitude de faire des dédicaces, et pour ce type précis on peut citer le roman La Vie tranquille, qu’elle dédie à sa mère par la formule « à ma mère » ou bien Les Impudents, au début duquel on peut lire : « A mon frère, Jacques D. que je n’ai pas connu ». D’ailleurs, il faut dire que ce phénomène abonde chez Duras, les dédicataires étant plus ou moins connus de son lectorat. Tel est le cas de la dédicace qu’elle écrit sur la couverture de La Douleur, faite à Nicolas Régnier (petit-fils de Robert Antelme) et Frédéric Antelme (fils de Robert Antelme avec Monique, sa seconde épouse) : « pour Nicolas et Frédéric Antelme ».
Il y a ensuite la dédicace aux pairs, comme la nomme Lysiane Bousquet-Verbeke. La ressemblance, l’égalité de statut (social, intellectuel…) président à ce choix de l’auteur pour un dédicataire. C’est le cas des romans dédiés par Duras à ses égaux, camarades de parti ou autres... »
De même François Bessire dans L'écrivain éditeur indique : « Il n’est pas une œuvre de La Comédie humaine qui ne soit pourvue d’une dédicace imprimée adressée à un proche, à un pair, à un collègue, ou – destinataire par excellence – « Au lecteur ».
Elles disent toujours peu, ou prou, l’idéalité de l’œuvre autant qu’elles affichent publiquement un rapport privilégié, d’estime ou de connivence … »
Le Trésor de la langue française informatisé rappelle ce qu’est une dédicace :
(…)
a)
b) Hommage manuscrit sur une photographie, un disque, etc. Vernouillet. (Il tire des portraits-cartes de sa poche... offrant sa photographie à M. Colombot). Voilà!... ou plutôt, non, pas encore... je veux y mettre une dédicace (...) de ma main (LABICHE, Célimare, 1863, II, 9, p. 75).
2. P. méton. Texte de la dédicace; son contenu. La signature est vraiment plus étonnante encore que le texte et la dédicace (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 66). Andrée, pour une pareille dédicace, fondrait de joie : « Il s'est déclaré! » (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1013).
L’étude Les hommages faits par Duras : les dédicaces confirme que l’on utilise également le terme de dédicace lorsque le texte est imprimé :
Le
Mais quel est le rapport entre les dédicaces et la réception d’un livre ? La dédicace parle-t-elle de son auteur ? Dans son livre sur les dédicaces, et l’un des rares livres écrits à ce sujet, Lysiane Bousquet-Verbeke, cite Marie Laffranque qui parle du rôle de la dédicace. En effet, elle dit que la dédicace « n’est pas faite pour être lue par le(s) seul(s) destinataire(s), mais par tous ceux qui, désormais, auront entre les mains l’œuvre dédiée » 230 , c’est-à-dire, le lecteur. Lysiane Bousquet-Verbeke voit dans la dédicace un symbole, qui, selon Barthes, « n’est pas l’image, c’est la pluralité même des sens. »
( …)
Marguerite Duras a cette habitude de faire des dédicaces, et pour ce type précis on peut citer le roman La Vie tranquille, qu’elle dédie à sa mère par la formule « à ma mère » ou bien Les Impudents, au début duquel on peut lire : « A mon frère, Jacques D. que je n’ai pas connu ». D’ailleurs, il faut dire que ce phénomène abonde chez Duras, les dédicataires étant plus ou moins connus de son lectorat. Tel est le cas de la dédicace qu’elle écrit sur la couverture de La Douleur, faite à Nicolas Régnier (petit-fils de Robert Antelme) et Frédéric Antelme (fils de Robert Antelme avec Monique, sa seconde épouse) : « pour Nicolas et Frédéric Antelme ».
Il y a ensuite la dédicace aux pairs, comme la nomme Lysiane Bousquet-Verbeke. La ressemblance, l’égalité de statut (social, intellectuel…) président à ce choix de l’auteur pour un dédicataire. C’est le cas des romans dédiés par Duras à ses égaux, camarades de parti ou autres... »
De même François Bessire dans L'écrivain éditeur indique : « Il n’est pas une œuvre de La Comédie humaine qui ne soit pourvue d’
Elles disent toujours peu, ou prou, l’idéalité de l’œuvre autant qu’elles affichent publiquement un rapport privilégié, d’estime ou de connivence … »
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