Question d'origine :
Bonjour,
Lors de mes recherches sur l'histoire de l'île Barbe, j'ai lu que selon la légende, le fameux cor de Roland y aurait été conservé et exposé à plusieurs reprises, et qu'il "aurait été remis par Charlemagne aux habitants de St Cyr au mont d'or en souvenir de leur parenté" : de quelle parenté s'agit-il ?
Autres questions :
- il y avait un prévôt à l'abbaye, qui gérait les affaires de l'abbaye. Quelle était la différence de son rôle sur place avec l'abbé qui lui aussi avait la charge de l'abbaye ?
- La maison de l'abbé est-elle celle que l'on voit aujourd'hui, près de l'Auberge de l'île ?
- L'impasse Saint-Loup a-t-elle été créé après la Révolution ou bien Est-ce un vestige d'une ruelle qui existait dans l'abbaye ?
Un peu plus loin, nous voyons la porte romane, vestige du cloître : lorsqu'on voit ce vestige, est-on dans ce qui était le cloître ou bien à l'extérieur ?
Je vous remercie d'avance pour votre aide précieuse sur ces éléments.
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 25/02/2016 à 12h17
Conformément aux principes de fonctionnement du Guichet du savoir, nous ne répondrons qu'aux trois premières de vos questions. Vous devrez poser les suivantes la semaine prochaine si vous le souhaitez.
Voici les questions :
1/le fameux cor de Roland aurait été conservé [sur l'Ile Barbe] et "aurait été remis par Charlemagne aux habitants de St Cyr au Mont d'or en souvenir de leur parenté" : de quelle parenté s'agit-il ?
2/ Il y avait un prévôt à l'abbaye, qui gérait les affaires de l'Abbaye. Quelle était la différence de son rôle sur place avec l'Abbé qui lui aussi avait la charge de l'Abbaye ?
3/ La maison de l'Abbé est-elle celle que l'on voit aujourd'hui, près de l'Auberge de l'île ?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 25/02/2016 à 14h38
Pierre Picot, dans ses articles consacrés à la Seigneurie de l’Abbaye de l’Ile-Barbe donne les précisions suivantes : « Par la porte Notre-Dame, le voyageur franchissait l’enceinte qui faisait le tour du couvent. Le premier bâtiment rencontré était la dîmerie, entrepôt où les moines déposaient les redevances en nature que les prieurés leur livraient chaque année à la Saint-Martin. En passant sur la place de l’Ile sur laquelle était la dîmerie, il pouvait voir le puits. Avant d’entrer dans le monastère, il passait à côté de la maison de l’abbé de l’Ile, qui, au XIIIe siècle, ne devait jouer qu’un rôle d’apparat en cas de réception de haut personnage, tel le Pape Innocent IV avant le concile de Lyon. ».
Cette description correspond aux vestiges apparaissant sur le plan dressé par Amédée Cateland, qui date de 1936. Il est donc possible que la maison dont vous parlez soit celle de l’Abbé. Cependant, pour en être totalement certaine, nous vous conseillons de demander conseil au Service Archéologique de la Ville de Lyon.
Pièces jointes
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Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 26/02/2016 à 13h25
Bonjour,
Nous avons recherché dans des documents retraçant l’histoire de Saint Cyr au Mont d’Or s’il existait un lien entre Roland et cette commune.
Ainsi nous pouvons lire dans Saint-Cyr et les Monts d’Or ce passage : Après l’invasion burgonde, le roi Gondroé s’emparant des territoires gallo-romains les divisa en lots qu’il distribua à son armée victorieuse. Le Mont d’Or échut au Roi Boson que la charte du 4 juin 895 nous montre d’abord Roi de Bourgogne. Son fils Louis donna le Mont d’Or à son ancien précepteur, l’Archevêque de Lyon, Alwala. Cet Archevêque fut donc le chef du nom et des armes de la noble famille des Monts d’Or qui se glorifiait de descendre de l’illustre Roland, le neveu de Charlemagne, dont l’olifant si célèbre faisait partie du trésor de la Grande Abbaye de l’Ile-Barbe. Les moines le montraient dans les grandes cérémonies et grandes fêtes. Alwala mourut le 10 avril 904, léguant ses possessions aux Chanoines de Lyon et c’est ainsi que Saint-Cyr et Saint Didier devinrent la propriété du chapitre de Saint-Jean et des chanoines, comtes de Lyon, jusqu’à la Grande Révolution de 1789.
Léopold Niepce consacre dans son livre L’Ile-Barbe son ancienne abbaye et le bourg de Saint-Rambert un paragraphe à la Chapelle de Mont-d’Or et nous apprend ceci : « La messe matinière est dite peu de temps après les matines, en la chapelle édifiée par feu frère Jean de Mont-d’Or , cellérier, par le semainier et chantée par les chorials, les clercs et diacres assistants. Chaque jour y est dit, suivant l’intention de feue bonne mémoire messire Louis de Mont-d’Or, chamarier de notre église et fondateur d’icelle messe de l’office de Beata Maria. Toujours y est dite l’oraison, de l’intention dudit fondateur ». Ce fondateur était de l’illustre maison de Mont-d’Or qui portait « d’hermines à bande de gueule », laquelle avait donné à l’Ile-Barbe sa terre de Collonges, à une époque très reculée, à la condition d’avoir sa sépulture dans l’abbaye. Ce même religieux était de la branche des Mont-d’Or, seigneur de Chambost-en-Beaujolais et fils de Claude de Mont-d’Or et de Marguerite du Fraisne, vivant en 1421 ; de ce mariage issurent entre autres : Jean de Mont-d’Or sacritain, puis cellerier de l’Ile-Barbe, grand-vicaire de l’abbaye, charges vacantespar le décès de Antoine d’Albon, abbé de l’Ile. Et Louis de Mont-d’Or, chamarier de l’Ile-Barbe.
Pour connaitre les différents possesseurs du cornet d’ivoire de Roland, vous pouvez lire le chapitre s’intitulant le cor de Roland paru dans la Revue du Lyonnais en 1858, série 2, n°17 p. 156 et les suivantes.
Cette précédente réponse du Guichet du savoir fait mention de la découverte du cor de Roland à Bénonces dans l’Ain.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 26/02/2016 à 14h19
Du XIe au XIIIe siècle, l’abbaye connait son âge d’or. Sa richesse foncière, l’étendue de ses possessions la place à la tête d’une véritable seigneurie, de relative importance. L’abbé, élu par les moines, en est le principal administrateur : il a la charge des affaires temporelles du monastère, tâche dans laquelle il est assisté par des officiers, moines désignés pour une fonction, ou office, particulière. Le cellérier, par exemple, qui à l’île Barbe réside dans le fameux Chatelard, prend soin des dépenses de bouche, quand l’hôtelier accueille les pèlerins de passage à l’abbaye, etc.
L’abbé possède également la responsabilité des prieurés qui dépendent de l’abbaye. Un prieuré est un établissement religieux fondé par une abbaye sur un domaine foncier dont elle a la charge. Les moines qui sont affectés au prieuré en gèrent le temporel sur place et font parvenir les revenus perçus par le prieuré sur ses terres à leur abbaye.
Extrait de notre point d’actu intitulé : Grandeur et décadence du monastère de l’Ile Barbe : Et vint couper en cette île sa barbe…. Vous pourriez le consulter ; il contient aussi une bibliographie.
Dans l’ouvrage de Léopold Niepce : L’Ile-Barbe, son ancienne abbaye et le bourg de Saint-Rambert, édité en 1890, un chapitre, page 329 et suivantes est consacré à la prévoté. On peut lire :
Ce bâtiment subsiste encore dans son entier, et semble dater de la fin du XVIe siècle dont il porte tout le cachet. (…) A l’origine, ils ont pu avoir peut-être une décoration un peu luxueuse, puisqu’ils servaient de demeure au second grand dignitaire de l’abbaye, mais la mode souvent si fatale à l’ornementation des appartements privés, aura fait disparaître cette décoration quand, après la Révolution, la prévôté est devenue une propriété particulière. (…)
Aucun souvenir historique ne s’attache à ce bâtiment, nous savons seulement qu’il a constamment été occupé par le prévôt de l’abbaye. « D’après la règle de Saint-Benoît, dit Bézian-Arroy dans sa Briève histoire de l’abbaye de l’Isle (p. 137), le prévost n’estoit pas institué par l’Abbé, mais estoit élu par les mêmes formes que ce dernier (I). il arriva alors malheureusement, à certain es époques, que certains prévosts se croyant les égaux de l’Abbé se crurent indépendants et tombèrent dans le péché de vaine gloire, et de là dans le malheur de la désobéissance, et nous reconnoissons que des prévosts de l’Isle ont été, de temps en temps, chassez et bannis de la communauté. Du reste, saint Benoist avoit prévu, en écrivant sa règle, que l’orgueil pouvait être fatal aux prévosts et il voulut que s’ils tomboient dans le péché de superbe, ils fussent déposez. »
En note de bas de page : (I) Parmi les charges qui incombaient au prévôt, d’après les statuts révisés après la sécularisation de l’abbaye, se trouvait celle de « présenter au Chapitre et de nommer, s’il est suffisant de chanter et lire, un prestre, lequel il sera tenu de nourrir et entretenir pour le service divin, à chascune feste Saint-Martin, lequel fera le service. Item, lui appartient la correction des désobéissants et malversions en leur estat. »
(…) C’est à la prévôté qu’étaient gardées les clefs des archives dont le dépôt était dans le château fort et où personne ne pouvait pénétrer sans l’assentiment du Chapitre.
Du reste, le sort des prévôts de l’Ile ne fut pas toujours très heureux. Longtemps avant la sécularisation de l’abbaye la surveillance du prévôt gênait les moines souvent bien oublieux de la règle, et on ne lui faisait qu’une maigre part dans les revenus de la maison. Bezian-Arroy est obligé de l’avouer lui-même, quoi qu’il lui en coûtât : « Le prévost ou grand prieur, dit-il, qui estoit le premier entre ses semblables, estoit fort mal traité, car on n’en voyoit point souvent dans l’abbaye ; et quand il y en avoit, il estoit fort pauvre ; chacun des autres officiers possédoit quelque chose, mais avec grande différence de valeur. »
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