centre d'echanges de perrache

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Le Centre d'échanges de Lyon-Perrache :

Architecte : René Gagès
Ingénieur : Jean Prouvé

Projet : 1968
Construction : 1972-1976
Inauguration : Juin 1976

En 1963, on décide de percer un tunnel sous Fourvière pour faciliter le transit lyonnais entre l'ouest et le centre ; quelques années plus tard, l'Etat propose d'y faire passer provisoirenment l'autoroute pour diminuer les charges des collectivités locales.
L'implantation du Centre d'échanges est la conséquence de cette décision, considérée aujourd'hui par beaucoup comme une erreur fondamentale et qui entérine la coupure du quartier.

Revenons, avec Jean Louis Maubant et Régis Neyret, sur le contexte de cette réalisation, cette "machine à échanger", selon les termes d'un journaliste (paraphrasant Le Corbusier), ce "mur de la honte", ce "blockhaus"...né au milieu des plus vives controverses et qui fit couler tant d'encre...

Il faut sans doute, pour estimer sereinement le problème Perrache, revenir sur sa genèse : les traces visibles dans le paysage de la ville ne sont, en fait, que celles d'un certain "flottement décisionnel". Il fut un temps où l'on prévoyait grand et loin : ainsi le contournement autoroutier de Lyon devait-il se faire par l'ouest, le tunnel de Fourvière et ses différentes "bretelles" étant seulement destinés à faire patienter les voyageurs nord-sud. La solution finalement adoptée, dite de "transition", explique le tracé du tunnel et son débouché devant la gare de Perrache. Ajoutons que le refus du ministère de la Justice d'autoriser le déplacement des prisons a bloqué une solution qui aurait été plus raisonnable : un centre d'échanges derrière la gare rénovée. La SNCF, elle non plus, n'a pu aligner son calendrier de rénovation de la gare de Perrache sur celui de la Communauté Lyonnaise.

Voilà donc Perrache exemple "archétypique" d'un urbanisme contraint et non totalement volontaire, et le projet initial, déplacé, rogné, dénaturé, pour aboutir à un programme assez rare : un Centre d'échanges avec commerces, desservant une gare ferroviaire, apportant un terminal métro, une gare routière, un parking de trois cent places, et des espaces verts en terrasse, remplaçant un vaste cours planté d'arbres comme un mail provençal.

Il fallait un architecte téméraire pour accepter des données aussi dangereuses. Or l'opinion ne pouvait juger que du résultat "urbanistique" : une gare engoncée, la liaison de part et d'autre des voûtes non résolue, et la perspective verdoyante du cours de Verdun perdue. Il eut fallu que les élus et les médias séparent deux pans d'une même réalité : la responsabilité d'un projet parfaitement absurde - faire passer l'autoroute Paris-Marseille au coeur de la ville de Lyon - est à mettre au compte du maire de l'époque, Louis Pradel, initiateur des travaux, et des services du Ministère de l'équipement. Quant à la réalisation elle-même, René Gagès a eu le mérite de concevoir une architecture qui n'a pas la raideur de ses fonctions, et qui, pourtant, répond le mieux possible à ses missions. Le Centre d'échanges a la force des oeuvres sans compromis.

L'architecte Guy Vanderaa, la Société des Grands travaux de Marseille, et Jean Prouvé pour la charpente, ont assisté René Gagès. L'ensemble...est géré par la COURLY (Communauté urbaine de Lyon).

La gare routière régionale est informatisée ; faut-il dire encore que l'architecte a parfaitement réussi les liaisons routières, (mais en compliquant la vie des dizaines de miliers de piétons qui fréquentent le Centre), que la charpente précède celle de Beaubourg, que l'ensemble enfin, est construit selon les normes des ensembles-ponts : il bouge avec son sous-sol.

Indiscutablement, le Centre d'échanges a remodelé le quartier des Voûtes. En aval et en amont : réaménagement de la Place Carnot, jardins suspendus et aires de jeu (dessinés par Ariane et Bernard Vuernesson), garderies d'enfants, centre d'information, de tourisme etc. Plus encore, l'ensemble de Perrache a largement transformé Lyon ; création d'un lieu consacré à l'art contemporain (l'ELAC), et arrivée de la couleur sur les façades lyonnaises, puisque René Gagès n'a pas hésité à peindre le béton en vieux rose avant que les immeubles des rives de la Saône ne se couvrent d'ocre.

La rénovation de la gare, sa traversée par une passerelle en prolongement du Centre d'échanges, et la desserte directe à l'arrière des Voûtes, ont été réalisés en 1981 sous la direction d'Eugène Gachon.

Cette notice est tirée de l'ouvrage de Bernard Marrey.

On retrouve à peu près les mêmes éléments dans l'ouvrage : Cent ans d'urbanisme à Lyon / Charles Delfante, avec une photographie (noir et blanc) du quartier avant la construction du complexe.

L' Histoire de l'architecture et de l'urbanisme à Lyon au 20e siècle reprend de manière très détaillée, les péripéties politico-urbanistiques de cette opération, avec une photographie (noir et blanc) de la maquette du Centre,

et le récent Atlas historique du Grand Lyon.../ Jean Pelletier ; Charles Delfante récapitule les éléments du problème en offrant une belle photographie aérienne en couleurs du complexe gare - Centre d'échanges, dans son environnement.