Question d'origine :
Bonjour,
Un auteur,choisit-il ses personnages de roman ?
Merci
Réponse du Guichet

Bonjour,
Oui un auteur choisit effectivement ses personnages et comme le rappelle Le Monde dans un article consacré aux révisions du bas et aux personnages de roman, «Le romancier crée, dans son œuvre, un « être de papier » : cet être de fiction n'a, par définition, aucune existence réelle (ce qui l'oppose aux personnages de l'autobiographie).
Toutefois,afin que le lecteur puisse s'identifier au personnage, le romancier doit donner l'illusion du réel. Il utilise pour ce faire de nombreux « outils », grâce auxquels le personnage prend chair dans l'épaisseur du livre.
Caractérisation directe du personnage
• Le héros est d'abord caractérisé par sa désignation : un prénom et un nom, le plus souvent signifiants. Certains patronymes donnent ainsi un « indice » sur le caractère ou la condition sociale du personnage (par exemple Félix de Vandenesse, dans Le Lys dans la vallée, de Balzac).
• Son identité est complétée par un physique, des vêtements, l'appartenance à un certain milieu, l'environnement familial, etc. Zola ajoutera à ces éléments la notion d'hérédité.
• Une caractérisation psychologique est également présente. Chez Balzac, le physique et le caractère sont souvent liés : Madame d'Espard, femme du monde cruelle et intéressée, est ainsi dotée d'un « profil d'aigle ».
Caractérisation indirecte du personnage
Le héros peut également livrer sa personnalité à travers des éléments « indirects » : ses gestes, ses mimiques, ses actions, son comportement sont autant de pièces qui viennent compléter le puzzle. De plus, les dialogues insérés dans le récit sont également porteurs d'indications sur le personnage. En effet, les mots prononcés, mais aussi le ton (donné grâce aux incises) sont révélateurs de sa personnalité.
Enfin, un objet ou un vêtement peuvent être davantage que des « attributs » du personnage : ils sont parfois comme des symboles, ou des images, donnant un éclairage essentiel sur le héros. Flaubert par exemple, lorsqu'il fait le portrait de Charles Bovary, l'affuble d'une invraisemblable casquette – et la description détaillée du couvre-chef ridicule signe dès les premières pages de l'œuvre la condamnation de ce personnage… »
Pour découvrir toutes les facettes d’un personnage de roman, nous vous laissons poursuivre votre lecture et consulter sur le site annabac, deux corrigés portant l’un sur la tâche du romancier quand il crée des personnages ne consiste-telle qu’imiter le réel et l’autre sur faut-il qu’un personnage de roman soit admirable pour intéresser le lecteur ?
Ceci étant dit, revenons sur quelques auteurs qui expliquent comment ils conçoivent leur livre. Dans Le Magazine Littéraire du 1er mai 2012, Michael Connelly, créateur du personnage d’Harry Bosch et maître du roman noir américain explique ce qui l'a poussé a créer son personnage, Bosch, qui l’accompagne maintenant depuis près de vingt-ans dans les bas-fonds de Los-Angeles. Il relate notamment comment une scène de course poursuite entre un braqueur et des policier vécue à l’âge de 16 ans l’a poussé à ce documenter, à se passionner pour les affaires criminelles et comment par la suite il inventa son personnage :
« Au cours de mes études à l'université, un professeur nous a montré des oeuvres de Bosch. C'est la première fois que j'étais confronté à son monde étrange et étonnant. Quand, dix ans plus tard, j'écrivais ce qui allait devenir le premier Harry Bosch, j'avais conscience, à la suite de mes lectures - les écrivains apprennent beaucoup de leurs lectures -, de l'importance capitale des personnages pour intéresser le lecteur. Et un personnage c'est d'abord un nom. Autant qu'il ait un nom surprenant ou mystérieux. Je me suis alors souvenu de Hieronymus Bosch et de son univers. Mon idée était de commencer par une scène de crime, qui est une forme de chaos. Or le chaos, c'est ce que décrivait à sa manière Hieronymus Bosch dans ses tableaux. Ce nom convenait donc parfaitement : si les lecteurs connaissaient l'artiste, ils comprendraient le rapport, sinon - ce qui serait sûrement le cas pour la plupart, spécialement dans mon pays - ils seraient intrigués par ce prénom et nom étrange
(…)
Plusieurs personnes m'ont influencé. Des personnages de fiction, mais aussi quelques inspecteurs que j'ai rencontrés pendant ma carrière de reporter criminel. Dans les livres les plus récents, on retrouve chez Harry les traits de deux détectives dont je suis très ami et qui m'aident pour mes livres, mais je ne les connaissais pas il y a vingt ans. Et puis, lorsque j'ai été témoin dans cette affaire de meurtre, il y avait un inspecteur à l'air dur, taciturne, comme Bosch, qui m'avait impressionné. Des années plus tard je l'ai revu, et il m'a dit qu'il était toujours convaincu que son « client » était bien là, derrière la vitre, mais que j'avais eu peur de le reconnaître. Il y a beaucoup de lui dans les premiers romans avec Harry Bosch, ce côté têtu, entêté. Mais je pourrais citer d'autres policiers. Le supérieur de Munday, le sergent, était aussi un flic qui prenait à coeur les affaires qu'il avait à traiter. Il y a en réalité deux sortes d'inspecteurs : ceux qui peuvent tenir leurs sentiments en lisière, et puis les autres, ceux qui savent qu'ils ne doivent pas s'impliquer émotionnellement mais ne peuvent s'en empêcher, tout en respectant scrupuleusement la loi. Harry appartient incontestablement à cette deuxième catégorie.
».
Source : « Le romancier n'a aucun devoir » par Alexis Liebaert, Le Magazine Littéraire, no. 519, Grand entretien, mardi 1 mai 2012 - 2349 mots, p. 86
Sur un blog, Yasmina Khadra explique ainsi que son roman L’attentat est « une fiction. Je n'ai jamais été en Israël, l'histoire et les personnages sont inventés de toute pièce. J'ai écrit L'Attentat pour dénoncer l'absurdité de cette guerre ».
enviedecrire.com met en ligne une vidoé de Carole Martinez qui explique comment son personnage lui a échappé.
Pour finir, Télérama publie un article « Comment les écrivains choisissent-ils les noms de leurs personnages ? »
Oui un auteur choisit effectivement ses personnages et comme le rappelle Le Monde dans un article consacré aux révisions du bas et aux personnages de roman, «
Toutefois,
Caractérisation directe du personnage
• Le héros est d'abord caractérisé par sa désignation : un prénom et un nom, le plus souvent signifiants. Certains patronymes donnent ainsi un « indice » sur le caractère ou la condition sociale du personnage (par exemple Félix de Vandenesse, dans Le Lys dans la vallée, de Balzac).
• Son identité est complétée par un physique, des vêtements, l'appartenance à un certain milieu, l'environnement familial, etc. Zola ajoutera à ces éléments la notion d'hérédité.
• Une caractérisation psychologique est également présente. Chez Balzac, le physique et le caractère sont souvent liés : Madame d'Espard, femme du monde cruelle et intéressée, est ainsi dotée d'un « profil d'aigle ».
Caractérisation indirecte du personnage
Le héros peut également livrer sa personnalité à travers des éléments « indirects » : ses gestes, ses mimiques, ses actions, son comportement sont autant de pièces qui viennent compléter le puzzle. De plus, les dialogues insérés dans le récit sont également porteurs d'indications sur le personnage. En effet, les mots prononcés, mais aussi le ton (donné grâce aux incises) sont révélateurs de sa personnalité.
Enfin, un objet ou un vêtement peuvent être davantage que des « attributs » du personnage : ils sont parfois comme des symboles, ou des images, donnant un éclairage essentiel sur le héros. Flaubert par exemple, lorsqu'il fait le portrait de Charles Bovary, l'affuble d'une invraisemblable casquette – et la description détaillée du couvre-chef ridicule signe dès les premières pages de l'œuvre la condamnation de ce personnage… »
Pour découvrir toutes les facettes d’un personnage de roman, nous vous laissons poursuivre votre lecture et consulter sur le site annabac, deux corrigés portant l’un sur la tâche du romancier quand il crée des personnages ne consiste-telle qu’imiter le réel et l’autre sur faut-il qu’un personnage de roman soit admirable pour intéresser le lecteur ?
Ceci étant dit, revenons sur quelques auteurs qui expliquent comment ils conçoivent leur livre. Dans Le Magazine Littéraire du 1er mai 2012, Michael Connelly, créateur du personnage d’Harry Bosch et maître du roman noir américain explique ce qui l'a poussé a créer son personnage, Bosch, qui l’accompagne maintenant depuis près de vingt-ans dans les bas-fonds de Los-Angeles. Il relate notamment comment une scène de course poursuite entre un braqueur et des policier vécue à l’âge de 16 ans l’a poussé à ce documenter, à se passionner pour les affaires criminelles et comment par la suite il inventa son personnage :
« Au cours de mes études à l'université, un professeur nous a montré des oeuvres de Bosch. C'est la première fois que j'étais confronté à son monde étrange et étonnant. Quand, dix ans plus tard, j'écrivais ce qui allait devenir le premier Harry Bosch, j'avais conscience, à la suite de mes lectures - les écrivains apprennent beaucoup de leurs lectures -, de l'importance capitale des personnages pour intéresser le lecteur. Et un personnage c'est d'abord un nom. Autant qu'il ait un nom surprenant ou mystérieux. Je me suis alors souvenu de Hieronymus Bosch et de son univers. Mon idée était de commencer par une scène de crime, qui est une forme de chaos. Or le chaos, c'est ce que décrivait à sa manière Hieronymus Bosch dans ses tableaux. Ce nom convenait donc parfaitement : si les lecteurs connaissaient l'artiste, ils comprendraient le rapport, sinon - ce qui serait sûrement le cas pour la plupart, spécialement dans mon pays - ils seraient intrigués par ce prénom et nom étrange
(…)
Plusieurs personnes m'ont influencé. Des personnages de fiction, mais aussi quelques inspecteurs que j'ai rencontrés pendant ma carrière de reporter criminel. Dans les livres les plus récents, on retrouve chez Harry les traits de deux détectives dont je suis très ami et qui m'aident pour mes livres, mais je ne les connaissais pas il y a vingt ans. Et puis, lorsque j'ai été témoin dans cette affaire de meurtre, il y avait un inspecteur à l'air dur, taciturne, comme Bosch, qui m'avait impressionné. Des années plus tard je l'ai revu, et il m'a dit qu'il était toujours convaincu que son « client » était bien là, derrière la vitre, mais que j'avais eu peur de le reconnaître. Il y a beaucoup de lui dans les premiers romans avec Harry Bosch, ce côté têtu, entêté. Mais je pourrais citer d'autres policiers. Le supérieur de Munday, le sergent, était aussi un flic qui prenait à coeur les affaires qu'il avait à traiter. Il y a en réalité deux sortes d'inspecteurs : ceux qui peuvent tenir leurs sentiments en lisière, et puis les autres, ceux qui savent qu'ils ne doivent pas s'impliquer émotionnellement mais ne peuvent s'en empêcher, tout en respectant scrupuleusement la loi. Harry appartient incontestablement à cette deuxième catégorie.
».
Source : « Le romancier n'a aucun devoir » par Alexis Liebaert, Le Magazine Littéraire, no. 519, Grand entretien, mardi 1 mai 2012 - 2349 mots, p. 86
Sur un blog, Yasmina Khadra explique ainsi que son roman L’attentat est « une fiction. Je n'ai jamais été en Israël, l'histoire et les personnages sont inventés de toute pièce. J'ai écrit L'Attentat pour dénoncer l'absurdité de cette guerre ».
enviedecrire.com met en ligne une vidoé de Carole Martinez qui explique comment son personnage lui a échappé.
Pour finir, Télérama publie un article « Comment les écrivains choisissent-ils les noms de leurs personnages ? »
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