Question d'origine :
Bonjour chers érudits,
Juste un peu d’aide pour la recherche de textes concernant Jeanne d’Arc.
Je ne parviens pas à trouver des documents relatifs à deux situations précise dans la vie des Jeanne d’Arc.
1) Jeanne d’Arc possédait une épée récupérée dans l’église de Sainte Catherine de Fierbois. Cette épée, elle l'aurait cassée "en assénant un coup du plat de la lame dans le dos d'une prostituée. Je ne suis pas parvenu à retrouver de texte sur ce qu’est devenue cette femme. Est-elle morte, seulement blessée ? Sinon, quelles ont été la nature de ses blessures ? Je n’ai trouvé qu’un texte relatant le mécontentement de Charles VII sans plus de précision. Existe-t-il un document à ce sujet ?
2) La fausse Jeanne d’Arc, Jeanne des Armoises s’exprimait par paraboles. Je ne suis pas parvenu à trouver de textes à ce sujet. Je recherche les mots utilisés dans ces paraboles. J’ai vainement cherché du côté de Gilles de Rais, à qui cette dernière apporta de l’aide en Vendée. J’ai pensé notamment au manuscrit du “Mystère du siège d’Orléans” qu’il avait financé., mais rien de concret. Pouvez-vous m’aider ?
Bien cordialement.
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/07/2016 à 13h50
Bonjour
L’épée de Fierbois, possédée par Jeanne d’Arc, est au cœur de plusieurs mystères :
Jeanne posséda au moins trois épées : une qui lui fut remise par Robert de Baudricourt au moment de son départ, l’épée qu’elle avait fait chercher à Sainte-Catherine-de-Fierbois, une qu’elle prit à Lagny aux dépens d’un bourguignon. Celle qu’elle possédait lors de sa capture à Compiègne était peut-être celle de Lagny, ou une autre. La chronologie de la possession de ces épées est compliquée par le fait que Jeanne cassa l’épée « miraculeuse » sur le dos d’une prostituée et qu’elle tenta d’éluder la question au moment du procès de condamnation. La question n’est pas davantage éclairée par le procès en nullité, car les témoins varient beaucoup à ce propos, et mentionnent parfois l’épée de Fierbois de manière contradictoire.
Jeanne d’Arc : histoire et dictionnaire / Philippe Contamine, Olivier Bouzy et Xavier Hélary
Cet ouvrage comprend une importante bibliographie qui pourrait vous aider dans vos recherches.
L’épée de Fierbois
En même temps qu’il faisait faire un étendard à Jeanne d’Arc, Charles VII voulut lui faire une épée, mais elle refusa, préférant porter une épée qui était conservé dans l’église Sainte-Catherine-de-Fierbois. Il y a dans les sources beaucoup d’incohérences et d’obscurités concernant cette épée, mais on n’a pas de raison de douter de son existence, car Jeanne fut longuement interrogée à son propos à Rouen. Ces incertitudes ont débouché sur un certain nombre de fantasmes, au nombre desquels l’idée que l’épée de Fierbois aurait été celle de Charles Martel, théorie pour laquelle il n’existe que des hypothèses sans le moindre commencement de preuve. Trois chroniques, celle de Jean Chartier, le Journal du siège et la Chronique de la Pucelle, mentionnent l’épée et les circonstances de son acquisition par Jeanne d’Arc dans des termes fort semblables : le roi voulait lui donner une épée, elle demanda celle de Fierbois, « on lui demanda si elle l’avoit oncques veue, et elle dist que non ». […]
Jeanne brisa cette épée sur le dos d’une prostituée, à Saint-Denis selon le duc d’Alençon, vraisemblablement après la tentative manquée contre Paris. Il semble qu’elle ait pris l’habitude de frapper avec cette épée sur le dos des filles de joie qu’elle rencontrait, de tels accidents étant précédemment mentionnés à Auxerre par le chroniqueur Jean Chartier et par son page Louis de Coutes pour l’étape de Château-Thierry. Charles VII se montra très mécontent du bris de l’épée. Celle-ci avait en effet pris des allures d’arme magique parmi les compagnons de Jeanne, et sa destruction passa pour un mauvais présage. On n’a aucun indice de ce qu’en sont devenus les morceaux.
Jeanne d’Arc, mythes et réalités / Olivier Bouzy
Là encore, l’auteur vous propose une bibliographie conséquente, qui pourra peut-être vous permettre d’en savoir plus sur cette anecdote. Il semble toutefois assez peu probable d’en savoir plus sur cette personne.
De plus, dans la déposition de illustre et très puissant prince Jean, duc d’Alençon, à l’origine de l’histoire de l’épée brisée, il n’est pas dit que cette épée (qui n’est pas nommé) se soit cassée sur le dos d’une prostituée (elle se briserait plutôt pendant la poursuite de cette femme) :
Jeanne était chaste et elle haïssait fort cette espèce de femmes qui suivent les armées. Un jour, à Saint-Denys, au retour du sacre du roi, je la vis qui poursuivait une jeune prostituée l'épée à la main ; elle brisa même son épée dans cette poursuite
Les fausses Jeanne
[…] La plus connue des fausses Jeanne s’appelait Claude. Sa véritable identité est des plus hypothétiques : on a cependant avancé le nom de Claude d’Ornes, fille de Walter d’Ornes et d’Elisabeth de Pierrepont. On peut la repérer pour la première fois le 20 mai 1436 près de Metz. Elle est reconnue par un certain nombre de gens, dont Nicole Louve, citoyen de Metz qui avait été présent au sacre de Reims et les propres frères de Jeanne. Il n’est toutefois pas absolument certain que les « frères » si opportunément intervenus n’aient pas été en fait des complices. La question se pose notamment pour Pierre, capturé à Compiègne en même temps que sa sœur, libéré à une date indéterminée, mais dont on sait qu’il remboursait encore en 1439 des emprunts contractés pour payer sa rançon au Bâtard de Vergy. […]
Prise en charge par le comte Robert de Virnembourg, fidèle partisan du duc de Bourgogne et membre de la Toison d’or, on retrouve Claude en juillet à Arlon, à la cour de la duchesse Elisabeth de Luxembourg-Görlitz. En août, toujours dirigée par Virnembourg, elle vint à Cologne, où elle devait soutenir le candidat bourguignon au trône épiscopal de Trèves, Ulrich von Manderscheid. Malheureusement pour elle, c’est son adversaire, Raban von Helmstädt, qui finit par l’emporter. Obligée de fuir devant la menace d’un procès d’inquisition, elle retourna à Arlon, où elle épousa Robert des Armoises, seigneur de Tichémont, allié à Robert de Baudricourt. Elle alla ensuite vivre avec son mari à Metz. Elle n’y resta sans doute pas longtemps : une chronique espagnole tardive mentionne que cette même année, la Pucelle était à la Rochelle, sans que l’on sache s’il s’agit d’une confusion de dates, d’une pure invention romanesque, ou de la trace du passage de Claude des Armoises. Puis elle aurait été capitaine de gens de guerre pour le compte de Gilles de Rais, jusqu’en 1439. En juillet-août elle passa à Orléans, où elle fut accueillie en triomphe par les habitants. Mais elle quitta la ville avant la fin du banquet qui lui était offert. Il semble qu’elle fut menée en 1440 devant Charles VII, qui la démasqua en un tour de main et la fit conduire à Paris pour être jugée par le Parlement. Elle fut alors exposée au pilori par le tribunal de la Table de marbre du palais de la Cité. C’est là qu’elle fut remarquée par un chroniqueur, le Bourgeois de Paris, qui raconte dans son Journal qu’elle avait deux enfants, qu’elle avait fait la guerre pour le compte du pape Eugène IV, qu’elle tint encore garnison par la suite, puis qu’elle « s’en alla ». On ne sait pas ce qu’elle devint après cela.
Jeanne d’Arc, mythes et réalités / Olivier Bouzy
Nous n’avons pas trouvé, là encore, de documents donnant des exemples des paraboles de Jeanne des Armoises.
Pour en aller plus loin :
• Jeanne d’Arc / Marie-Véronique Clin
• Jeanne d’Arc : biographie historique / Olivier Hanne
• Jeanne d’Arc en son siècle / Olivier Bouzy
• Jeanne d’Arc, l’histoire à l’endroit / Olivier Bouzy
Bonne journée
L’épée de Fierbois, possédée par Jeanne d’Arc, est au cœur de plusieurs mystères :
Jeanne posséda au moins trois épées : une qui lui fut remise par Robert de Baudricourt au moment de son départ, l’épée qu’elle avait fait chercher à Sainte-Catherine-de-Fierbois, une qu’elle prit à Lagny aux dépens d’un bourguignon. Celle qu’elle possédait lors de sa capture à Compiègne était peut-être celle de Lagny, ou une autre. La chronologie de la possession de ces épées est compliquée par le fait que Jeanne cassa l’épée « miraculeuse » sur le dos d’une prostituée et qu’elle tenta d’éluder la question au moment du procès de condamnation. La question n’est pas davantage éclairée par le procès en nullité, car les témoins varient beaucoup à ce propos, et mentionnent parfois l’épée de Fierbois de manière contradictoire.
Jeanne d’Arc : histoire et dictionnaire / Philippe Contamine, Olivier Bouzy et Xavier Hélary
Cet ouvrage comprend une importante bibliographie qui pourrait vous aider dans vos recherches.
En même temps qu’il faisait faire un étendard à Jeanne d’Arc, Charles VII voulut lui faire une épée, mais elle refusa, préférant porter une épée qui était conservé dans l’église Sainte-Catherine-de-Fierbois. Il y a dans les sources beaucoup d’incohérences et d’obscurités concernant cette épée, mais on n’a pas de raison de douter de son existence, car Jeanne fut longuement interrogée à son propos à Rouen. Ces incertitudes ont débouché sur un certain nombre de fantasmes, au nombre desquels l’idée que l’épée de Fierbois aurait été celle de Charles Martel, théorie pour laquelle il n’existe que des hypothèses sans le moindre commencement de preuve. Trois chroniques, celle de Jean Chartier, le Journal du siège et la Chronique de la Pucelle, mentionnent l’épée et les circonstances de son acquisition par Jeanne d’Arc dans des termes fort semblables : le roi voulait lui donner une épée, elle demanda celle de Fierbois, « on lui demanda si elle l’avoit oncques veue, et elle dist que non ». […]
Jeanne brisa cette épée sur le dos d’une prostituée, à Saint-Denis selon le duc d’Alençon, vraisemblablement après la tentative manquée contre Paris. Il semble qu’elle ait pris l’habitude de frapper avec cette épée sur le dos des filles de joie qu’elle rencontrait, de tels accidents étant précédemment mentionnés à Auxerre par le chroniqueur Jean Chartier et par son page Louis de Coutes pour l’étape de Château-Thierry. Charles VII se montra très mécontent du bris de l’épée. Celle-ci avait en effet pris des allures d’arme magique parmi les compagnons de Jeanne, et sa destruction passa pour un mauvais présage. On n’a aucun indice de ce qu’en sont devenus les morceaux.
Jeanne d’Arc, mythes et réalités / Olivier Bouzy
Là encore, l’auteur vous propose une bibliographie conséquente, qui pourra peut-être vous permettre d’en savoir plus sur cette anecdote. Il semble toutefois assez peu probable d’en savoir plus sur cette personne.
De plus, dans la déposition de illustre et très puissant prince Jean, duc d’Alençon, à l’origine de l’histoire de l’épée brisée, il n’est pas dit que cette épée (qui n’est pas nommé) se soit cassée sur le dos d’une prostituée (elle se briserait plutôt pendant la poursuite de cette femme) :
Jeanne était chaste et elle haïssait fort cette espèce de femmes qui suivent les armées. Un jour, à Saint-Denys, au retour du sacre du roi, je la vis qui poursuivait une jeune prostituée l'épée à la main ; elle brisa même son épée dans cette poursuite
[…] La plus connue des fausses Jeanne s’appelait Claude. Sa véritable identité est des plus hypothétiques : on a cependant avancé le nom de Claude d’Ornes, fille de Walter d’Ornes et d’Elisabeth de Pierrepont. On peut la repérer pour la première fois le 20 mai 1436 près de Metz. Elle est reconnue par un certain nombre de gens, dont Nicole Louve, citoyen de Metz qui avait été présent au sacre de Reims et les propres frères de Jeanne. Il n’est toutefois pas absolument certain que les « frères » si opportunément intervenus n’aient pas été en fait des complices. La question se pose notamment pour Pierre, capturé à Compiègne en même temps que sa sœur, libéré à une date indéterminée, mais dont on sait qu’il remboursait encore en 1439 des emprunts contractés pour payer sa rançon au Bâtard de Vergy. […]
Prise en charge par le comte Robert de Virnembourg, fidèle partisan du duc de Bourgogne et membre de la Toison d’or, on retrouve Claude en juillet à Arlon, à la cour de la duchesse Elisabeth de Luxembourg-Görlitz. En août, toujours dirigée par Virnembourg, elle vint à Cologne, où elle devait soutenir le candidat bourguignon au trône épiscopal de Trèves, Ulrich von Manderscheid. Malheureusement pour elle, c’est son adversaire, Raban von Helmstädt, qui finit par l’emporter. Obligée de fuir devant la menace d’un procès d’inquisition, elle retourna à Arlon, où elle épousa Robert des Armoises, seigneur de Tichémont, allié à Robert de Baudricourt. Elle alla ensuite vivre avec son mari à Metz. Elle n’y resta sans doute pas longtemps : une chronique espagnole tardive mentionne que cette même année, la Pucelle était à la Rochelle, sans que l’on sache s’il s’agit d’une confusion de dates, d’une pure invention romanesque, ou de la trace du passage de Claude des Armoises. Puis elle aurait été capitaine de gens de guerre pour le compte de Gilles de Rais, jusqu’en 1439. En juillet-août elle passa à Orléans, où elle fut accueillie en triomphe par les habitants. Mais elle quitta la ville avant la fin du banquet qui lui était offert. Il semble qu’elle fut menée en 1440 devant Charles VII, qui la démasqua en un tour de main et la fit conduire à Paris pour être jugée par le Parlement. Elle fut alors exposée au pilori par le tribunal de la Table de marbre du palais de la Cité. C’est là qu’elle fut remarquée par un chroniqueur, le Bourgeois de Paris, qui raconte dans son Journal qu’elle avait deux enfants, qu’elle avait fait la guerre pour le compte du pape Eugène IV, qu’elle tint encore garnison par la suite, puis qu’elle « s’en alla ». On ne sait pas ce qu’elle devint après cela.
Jeanne d’Arc, mythes et réalités / Olivier Bouzy
Nous n’avons pas trouvé, là encore, de documents donnant des exemples des paraboles de Jeanne des Armoises.
Pour en aller plus loin :
• Jeanne d’Arc / Marie-Véronique Clin
• Jeanne d’Arc : biographie historique / Olivier Hanne
• Jeanne d’Arc en son siècle / Olivier Bouzy
• Jeanne d’Arc, l’histoire à l’endroit / Olivier Bouzy
Bonne journée
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