Question d'origine :
Bonjour, je cherche des exemples dans l'Histoire où la religion chrétienne à su rebondir après une découverte scientifique qui remettait en cause sa structure, son pouvoir ou ses écrits et avec lequel elle a su s'adapter et rebondir.
merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/03/2019 à 15h30
Bonjour,
Lors de grandes découvertes scientifiques remettant en cause les structures, pouvoir et textes religieux, le christianisme a réagi de différentes manières et sur des laps de temps plus ou moins long. A travers l’histoire du christianisme, la science a plus particulièrement remis en cause ce qu’on appelle « l'Inerrance biblique» définit ainsi par l’encyclopédie en ligne Wikipédia :
« En théologie chrétienne et juive, l’inerrance biblique (ou simplement inerrance) est une position doctrinale selon laquelle la Bible ne comporte aucune erreur dans sa forme originelle (manuscrits d'origine), tant en ce qui concerne la foi et la vie du croyant, qu'au sujet de l'authenticité du texte et des détails relatifs aux thèmes scientifiques, historiques et géographiques. Ceci implique que les auteurs bibliques auraient suivi la volonté de Dieu, et que celui-ci leur aurait évité toute erreur dans leurs affirmations factuelles. »
Nous pouvons donner trois exemples de moments-clés où la science a remis en cause les textes bibliques : larévolution copernicienne du XVIIe siècle, la théorie de l’évolution de Charles Darwin du XIXe siècle et les découvertes autour du Big Bang .
L’héliocentrisme soutenu par Galilée basé sur les observations de Copernic met en cause les connaissances scientifiques du XVIIe siècle, ainsi que la bible qui décrit elle aussi un modèle géocentrique. Galilée est condamné en 1633 par l’Église et le tribunal de l’Inquisition à une assignation à résidence, qui durera jusqu’à sa mort en 1642.
Selon l’article Relation entre science et religion de l’encyclopédie en ligne Wikipédia :
« En réalité, l'Église catholique romaine prend conscience de la science newtonienne et autorise la théorie de l'héliocentrisme dès le XVIIIe siècle, réhabilitant implicitement Galilée, ce qui passe relativement inaperçu au siècle des Lumières. Le pape Benoît XIV fait donner l'imprimatur aux œuvres de Galilée en 1741, et lève l'index sur la théorie héliocentrique en 1757. Ces mesures, ainsi que les hommages rendus à Galilée par les papes modernes, constituent implicitement une réhabilitation de Galilée par l'Eglise catholique. L'Église révisa le principe des études bibliques aux XIXe et XXe siècles »
L’Église catholique reconnaitra officiellement son erreur dans l’affaire environ 300 ans après la mort de Galilée, lors de l’élection du pape Jean-Paul II en 1979. Selon l’article Wikipédia sur la Révolution copernicienne :
« Jean-Paul II fit état du souhait d'étudier cette question dès le début de son pontificat en 1979. Il nomma une commission d'étude de la controverse ptoléméo-copernicienne en 1981, composée d'historiens, de savants et de théologiens. La commission remit ses conclusions lors d'une séance de l'Académie pontificale des sciences le 31 octobre 1992.
L'Église a reconnu pour la première fois des erreurs dans l'affaire. La réhabilitation de Galilée ne fut toutefois pas officiellement prononcée, le tribunal qui l'avait condamné (l'Inquisition), ayant disparu depuis.
Le cardinal Poupard, président de la commission d'étude, déclara en conclusion de son discours :
« Héritiers de la conception unitaire du monde, qui s'imposa universellement jusqu'à l'aube du XVIIe siècle, certains théologiens contemporains de Galilée n'ont pas su interpréter la signification profonde, non littérale, des Écritures, lorsqu'elles décrivent la structure physique de l'univers créé, ce qui les conduisit à transposer indûment une question d'observation factuelle dans le domaine de la foi. C'est dans cette conjoncture historico-culturelle, bien éloignée de notre temps, que les juges de Galilée, incapables de dissocier la foi d'une cosmologie millénaire, crurent, bien à tort, que l'adoption de la révolution copernicienne, par ailleurs non encore définitivement prouvée, était de nature à ébranler la tradition catholique, et qu'il était de leur devoir d'en prohiber l'enseignement. Cette erreur subjective de jugement, si claire pour nous aujourd'hui, les conduisit à une mesure disciplinaire dont Galilée « eut beaucoup à souffrir ». Il faut loyalement reconnaître ces torts, comme vous l'avez demandé, Très Saint-Père.» »
Le deuxième exemple important de remise en question du christianisme par la science est l’élaboration de lathéorie de l’évolution par Charles Darwin au milieu du XIXe siècle. En effet, la théorie de l’évolution remet en cause de nombreux aspects des textes bibliques :
La chronologie biblique, le rôle de dieu, la notion de hasard (met en cause la notion de providence), la genèse humaine (polygénisme contre monogénisme) et l’absence apparente de but dans le processus évolutif.
La réaction chrétienne a ici été influencée une fois de plus par la place donnée àl’inerrance biblique au sein des différents dogmes chrétiens. L’opposition la plus farouche se trouve chez les protestants évangéliques . En effet, la bible prend une position centrale dans le protestantisme. Des nuances entre une lecture métaphorique et une lecture littérale des textes bibliques fait la différence dans l’acceptation de découvertes telle que la théorie de l’évolution. La réaction des cercles les plus conservateurs protestants (dont les évangéliques) a été de condamner la théorie de l’évolution et de prôner le créationnisme .
Le point de vue de l’Église catholique diffère légèrement. La position du Vatican pendant le XIXe et le XXe siècle est décrite dans l’article sur l’inerrance biblique :
« L’Église n'entend pas se prononcer sur les domaines scientifiques. Elle rappelle seulement l'historicité des quatre évangiles canoniques en ce qu'ils nous transmettent fidèlement ce que Jésus a fait et enseigné. L'Église rejette la doctrine fondamentaliste de l'inerrance et considère que la Bible ne vise pas à renseigner le lecteur concernant les sciences naturelles, la cosmologie, l'histoire, la géographie, ou tout autre domaine de connaissance sans rapport avec le salut de l'être humain. »
L’Église catholique moderne prend donc du retrait par rapport aux sujets scientifiques. Malgré la mise en cause des textes bibliques, la position du Vatican reste ancrée dans la foi de l’existence de Dieu et de la création. Le discours est adapté en déclarant par exemple que Dieu accompagne l’évolution et est à l’origine du Big Bang.
Dans cet article du 30/10/2014 de la revue catholique La Vie, l’auteur décrit la position que prend le Vatican sur la science :
« En 1996, Jean-Paul II affirme que l'évolution est « plus qu'une hypothèse ». Il précise toutefois : « Les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme un simple épiphénomène de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne. »
En 2014, le pape François déclare ceci : « Le Big Bang, que nous pensons être à l’origine du monde, n’annule pas l’intervention d’un créateur divin. L’évolution dans la nature n’est pas contradictoire avec la notion de création car l’évolution nécessite la création d’êtres qui évoluent. »
Ces déclarations décrivent bien la position du Vatican sur les sujets scientifiques. Celui-ci accepte les grandes découvertes de la science, mais maintient sa position de référence sur les questions de foi.
Quelques ouvrages pour en savoir plus:
-Adam et l'évolution / sous la direction de Brigitte Maréchal et Felice Dassetto (Academia-Bruylant, 2009)
-Darwin et le christianisme / François Euvé (Buchet-Castel, 2008)
-Science et religion: les 10 questions essentielles / Keith Ward (Presses de la renaissance, 2011)
Bonne journée
Lors de grandes découvertes scientifiques remettant en cause les structures, pouvoir et textes religieux, le christianisme a réagi de différentes manières et sur des laps de temps plus ou moins long. A travers l’histoire du christianisme, la science a plus particulièrement remis en cause ce qu’on appelle « l'Inerrance biblique» définit ainsi par l’encyclopédie en ligne Wikipédia :
« En théologie chrétienne et juive, l’inerrance biblique (ou simplement inerrance) est une position doctrinale selon laquelle la Bible ne comporte aucune erreur dans sa forme originelle (manuscrits d'origine), tant en ce qui concerne la foi et la vie du croyant, qu'au sujet de l'authenticité du texte et des détails relatifs aux thèmes scientifiques, historiques et géographiques. Ceci implique que les auteurs bibliques auraient suivi la volonté de Dieu, et que celui-ci leur aurait évité toute erreur dans leurs affirmations factuelles. »
Nous pouvons donner trois exemples de moments-clés où la science a remis en cause les textes bibliques : la
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Selon l’article Relation entre science et religion de l’encyclopédie en ligne Wikipédia :
« En réalité, l'Église catholique romaine prend conscience de la science newtonienne et autorise la théorie de l'héliocentrisme dès le XVIIIe siècle, réhabilitant implicitement Galilée, ce qui passe relativement inaperçu au siècle des Lumières. Le pape Benoît XIV fait donner l'imprimatur aux œuvres de Galilée en 1741, et lève l'index sur la théorie héliocentrique en 1757. Ces mesures, ainsi que les hommages rendus à Galilée par les papes modernes, constituent implicitement une réhabilitation de Galilée par l'Eglise catholique. L'Église révisa le principe des études bibliques aux XIXe et XXe siècles »
L’Église catholique reconnaitra officiellement son erreur dans l’affaire environ 300 ans après la mort de Galilée, lors de l’élection du pape Jean-Paul II en 1979. Selon l’article Wikipédia sur la Révolution copernicienne :
« Jean-Paul II fit état du souhait d'étudier cette question dès le début de son pontificat en 1979. Il nomma une commission d'étude de la controverse ptoléméo-copernicienne en 1981, composée d'historiens, de savants et de théologiens. La commission remit ses conclusions lors d'une séance de l'Académie pontificale des sciences le 31 octobre 1992.
L'Église a reconnu pour la première fois des erreurs dans l'affaire. La réhabilitation de Galilée ne fut toutefois pas officiellement prononcée, le tribunal qui l'avait condamné (l'Inquisition), ayant disparu depuis.
Le cardinal Poupard, président de la commission d'étude, déclara en conclusion de son discours :
« Héritiers de la conception unitaire du monde, qui s'imposa universellement jusqu'à l'aube du XVIIe siècle, certains théologiens contemporains de Galilée n'ont pas su interpréter la signification profonde, non littérale, des Écritures, lorsqu'elles décrivent la structure physique de l'univers créé, ce qui les conduisit à transposer indûment une question d'observation factuelle dans le domaine de la foi. C'est dans cette conjoncture historico-culturelle, bien éloignée de notre temps, que les juges de Galilée, incapables de dissocier la foi d'une cosmologie millénaire, crurent, bien à tort, que l'adoption de la révolution copernicienne, par ailleurs non encore définitivement prouvée, était de nature à ébranler la tradition catholique, et qu'il était de leur devoir d'en prohiber l'enseignement. Cette erreur subjective de jugement, si claire pour nous aujourd'hui, les conduisit à une mesure disciplinaire dont Galilée « eut beaucoup à souffrir ». Il faut loyalement reconnaître ces torts, comme vous l'avez demandé, Très Saint-Père.» »
Le deuxième exemple important de remise en question du christianisme par la science est l’élaboration de la
La chronologie biblique, le rôle de dieu, la notion de hasard (met en cause la notion de providence), la genèse humaine (polygénisme contre monogénisme) et l’absence apparente de but dans le processus évolutif.
La réaction chrétienne a ici été influencée une fois de plus par la place donnée à
Le point de vue de l’Église catholique diffère légèrement. La position du Vatican pendant le XIXe et le XXe siècle est décrite dans l’article sur l’inerrance biblique :
« L’Église n'entend pas se prononcer sur les domaines scientifiques. Elle rappelle seulement l'historicité des quatre évangiles canoniques en ce qu'ils nous transmettent fidèlement ce que Jésus a fait et enseigné. L'Église rejette la doctrine fondamentaliste de l'inerrance et considère que la Bible ne vise pas à renseigner le lecteur concernant les sciences naturelles, la cosmologie, l'histoire, la géographie, ou tout autre domaine de connaissance sans rapport avec le salut de l'être humain. »
L’Église catholique moderne prend donc du retrait par rapport aux sujets scientifiques. Malgré la mise en cause des textes bibliques, la position du Vatican reste ancrée dans la foi de l’existence de Dieu et de la création. Le discours est adapté en déclarant par exemple que Dieu accompagne l’évolution et est à l’origine du Big Bang.
Dans cet article du 30/10/2014 de la revue catholique La Vie, l’auteur décrit la position que prend le Vatican sur la science :
« En 1996, Jean-Paul II affirme que l'évolution est « plus qu'une hypothèse ». Il précise toutefois : « Les théories de l’évolution qui, en fonction des philosophies qui les inspirent, considèrent l’esprit comme un simple épiphénomène de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme. Elles sont d’ailleurs incapables de fonder la dignité de la personne. »
En 2014, le pape François déclare ceci : « Le Big Bang, que nous pensons être à l’origine du monde, n’annule pas l’intervention d’un créateur divin. L’évolution dans la nature n’est pas contradictoire avec la notion de création car l’évolution nécessite la création d’êtres qui évoluent. »
Ces déclarations décrivent bien la position du Vatican sur les sujets scientifiques. Celui-ci accepte les grandes découvertes de la science, mais maintient sa position de référence sur les questions de foi.
Quelques ouvrages pour en savoir plus:
-Adam et l'évolution / sous la direction de Brigitte Maréchal et Felice Dassetto (Academia-Bruylant, 2009)
-Darwin et le christianisme / François Euvé (Buchet-Castel, 2008)
-Science et religion: les 10 questions essentielles / Keith Ward (Presses de la renaissance, 2011)
Bonne journée
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