Question d'origine :
Que y a-t-il après la mort ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 29/05/2019 à 08h37
Bonjour,
Nous ne sommes que bibliothécaires : aussi aurions-nous du mal à répondre à une question qui est, tout simplement, l’un des grands mystères de l’univers. Nous nous contenterons donc de vous donner un aperçu des théories développées à ce sujet au cours de l’histoire de l’humanité, à commencer par les théories religieuses.
La préoccupation du devenir des personnes décédées est presque aussi ancienne que l’espèce Homo sapiens. En effet, si nous ne savons pas grand-chose des religions de la préhistoire, on sait, en revanche, que « Les premières sépultures prouvées sont datées de 100 000 ans et se trouvent dans l'actuel Israël », selon hominides.com – rite qui s’est poursuivi et développé avec la transition vers l’antiquité :
« Aussi loin que l'on remonte dans le passé, les Égyptiens ont toujours cru à une survie après la mort. Dès le Néolithique, les cadavres sont enterrés près des demeures des vivants, ils sont orientés et pourvus de provisions et de mobilier funéraire, comme s'ils continuaient à faire partie de la communauté humaine, ou du moins comme s'ils avaient les mêmes besoins que les vivants. Ces pratiques se perpétuent lorsque les tombes sont retirées du village pour être groupées en cimetière dans son voisinage.
À l'époque historique, les textes font mention de la plus ancienne religion funéraire qui paraît avoir été à la fois chthonienne et stellaire. Le corps continuait à vivre dans le sol, d'où la nécessité de l'approvisionnement et du mobilier, et un principe spirituel (ou plusieurs) libéré par la mort poursuivait une vie éternelle dans les étoiles fixes où il faisait partie de la suite du roi mort qui, lui, s'était uni au soleil. »
(Source : universalis-edu.com)
Presque toutes les religions actuelles prévoient une forme de vie après la mort. Mais celle-ci est très différente selon qu’il s’agit d’un monothéisme type judaïsme/christianisme/islam, ou d’une religion orientale croyant à la réincarnation. Ces différences dessinent des conceptions cosmiques tout à fait opposées :
« Globalement, les religions ont sur la mort un discours commun qui affirme que la mort, si elle est bien le terme de la vie terrestre, n’est pas la fin ultime de la destinée de l’homme. La mort est transition, passage vers un autre état, vers un autre monde, vers un autre mode de vie. Jamais la mort n’est acceptée, elle est toujours scandale, aussi, précisément, le rôle des religions est de donner du sens à l’insensé par excellence. Le sens est donné dans le cadre d’une conception globale du monde et de la vie. Seul ce contexte général permet de l’appréhender. La mort est ainsi l’un des éléments de l’existence et non pas le terme final absurde. En parlant de mort, les religions parlent avant tout de la vie. La mort est appréhendée, non comme accident personnel mais comme un moment de l’existence.La mort est intégrée à la vie.
Par contre, le sens de cette vie et donc de la mort, n’est pas exactement le même selon les religions. De nos jours, deux systèmes majeurs d’explication nous intéressent : la réincarnation et la résurrection.
La première conception concerne les religions dites asiatiques comme l’hindouisme et le bouddhisme, la seconde est la spécificité des trois monothéismes, ou plutôt des trois formes du monothéisme que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Ces deux conceptions englobantes expriment des considérations très différentes non seulement sur la vie mais aussi sur l’univers, sur le temps. Finalement, les conceptions de la vie et de la mort dépendent très étroitement des perceptions de l’espace et du temps.
–Dans les religions orientales , le temps est cyclique avec création et destruction permanente, l’univers est sans fin, il n’y a pas de dieu créateur. L’homme vit, meurt et renaît sans cesse . Cette éternité des renaissances est le drame humain majeur dont la religion aide à sortir. La mort d’un individu n’est donc pas une fin totale, mais une simple étape dans ces cycles infernaux de renaissance. Dans ces conceptions, l’au-delà ne peut être qu’un lieu transitoire où l’ « âme » attend pour se réincarner. La sortie du cycle infernal est l’extinction des réincarnations où l’ « âme » vient se résorber dans l’énergie primordiale. C’est l’état de moksha (libération) pour l’hindouisme ou de nirvana (extinction) pour le bouddhisme.
–Pour les trois monothéismes qui croient en la résurrection , certes avec des variantes, la perception de l’univers où vit l’homme est fort différente. Le dieu unique créateur de l’univers et des hommes mettra fin à sa création. La conception du temps est donc linéaire, avec un commencement et une fin – la fin du monde-. Le temps et l’homme ne reviennent jamais en arrière, la mort est bien la fin d’une vie terrestre, il n’y a pas de réincarnation. Par contre, le dieu créateur est le dieu de la vie. Après sa mort terrestre, l’homme peut espérer accéder à un stade supérieur de vie, avec dieu pour l’éternité, c’est la résurrection : un réveil pour une véritable vie. L’envers de ce paradis serait l’enfer, c’est-à-dire, la séparation d’avec dieu, à savoir, la véritable mort. Ainsi donc, si dans les deux cas, la mort est bien passage, celui-ci ouvre sur des perspectives différentes :
– pour l’hindouisme et le bouddhisme, il faut sortir du cycle éternel des renaissances, et donc des morts, pour se fondre dans l’Absolu afin de trouver la paix. Lors de la mort, l’espoir consiste à renaître mieux afin de se rapprocher de ce but ultime.
– pour les monothéismes, il ne s’agit pas de nier la mort physique avec tout ce que cela entraîne comme douleur, mais d’affirmer l’espérance en une autre vie, de forme différente, de qualité supérieure avec Dieu. C’est la croyance que la mort n’aura pas le dernier mot. »
(Source : Christian Bernard, Article issu du colloque Mourir aujourd’hui, Espace Ethique CHU Poitiers, oct. 2013, repris sur institut-jacquescartier.fr)
Du fait de notre devoir de réservé, nous vous laissons le choix de la conception qui vous paraît la plus pertinente. Toujours est-il que si l’existence de l’enfer, du paradis ou la métempsychose relèveront sans doute toujours de la croyance, des études récentes sur lesexpériences de mort imminentes tendent à prouver que la vie après la mort clinique est un fait. Du moins dans les secondes ou minutes qui suivent :
« En 2008 fut lancée l'étude Aware (AWAreness during REsuscitation), portant sur 2.060 cas d'arrêts cardiaques dans 15 hôpitaux des États-Unis, du Royaume-Uni et d'Autriche. L'objectif était d'étudier les expériences de personnes ayant approché la mort. Les résultats de ces quatre années d'étude ont été publiés en 2014 dans la revue Resuscitation.
Sur les 2.060 patients, 330 ont survécu et 140 étaient dans la capacité de répondre à des questions. Parmi eux, 55 (39 %) ont déclaré qu'ils étaient en partie conscients au moment de leur résurrection. Certains ont décrit une lumière brillante ou des flashs comme on peut le voir dans certains films. Mais les thématiques rencontrées lors de ces expériences extrêmes étaient bien plus vastes : ils avaient aussi des souvenirs liés à la peur, aux animaux et aux plantes, à la violence ou la persécution, au sentiment de déjà-vu, à la famille.
[…]
Les scientifiques considéraient jusqu'à présent que le cerveau pouvait continuer à fonctionner 20 à 30 secondes après l'arrêt du cœur, mais dans ce cas particulier l'état de conscience aurait duré plus longtemps.
Voici comment Sam Parnia, principal auteur de ces travaux, décrit l'expérience de cet homme, un travailleur social de 57 ans, à Southampton : « Dans ce cas, l'état de conscience semble avoir continué jusqu'à 3 minutes. L'homme a décrit tout ce qui s'est passé dans la pièce, mais, de manière importante, il a entendu deux bips provenant d'une machine qui fait un bruit à des intervalles de 3 min. Ainsi nous pouvions mesurer la durée de l'expérience ». Le patient a décrit de manière très crédible ce qui se passait dans la pièce lorsque les médecins et les infirmières essayaient de le ramener à la vie. Il a dit qu'il se sentait observateur de sa résurrection d'un coin de la pièce. »
(Source : futura-sciences.com)
Pour aller plus loin :
- La mort, l'au-delà et les autres mondes [Livre] / Claude Lecouteux
- Le test [Livre] : une expérience inouïe, la preuve de l'après-vie ? / Stéphane Allix
- Article « eschatologie » sur universalis-edu.com (consultable via le site de la BmL avec vos codes d’abonné)
- Article « MORT – Les interrogations philosophiques », également sur universalis-edu.com
Bonnes lectures.
Nous ne sommes que bibliothécaires : aussi aurions-nous du mal à répondre à une question qui est, tout simplement, l’un des grands mystères de l’univers. Nous nous contenterons donc de vous donner
La préoccupation du devenir des personnes décédées est presque aussi ancienne que l’espèce Homo sapiens. En effet, si nous ne savons pas grand-chose des religions de la préhistoire, on sait, en revanche, que « Les premières sépultures prouvées sont datées de 100 000 ans et se trouvent dans l'actuel Israël », selon hominides.com – rite qui s’est poursuivi et développé avec la transition vers l’antiquité :
« Aussi loin que l'on remonte dans le passé, les Égyptiens ont toujours cru à une survie après la mort. Dès le Néolithique, les cadavres sont enterrés près des demeures des vivants, ils sont orientés et pourvus de provisions et de mobilier funéraire, comme s'ils continuaient à faire partie de la communauté humaine, ou du moins comme s'ils avaient les mêmes besoins que les vivants. Ces pratiques se perpétuent lorsque les tombes sont retirées du village pour être groupées en cimetière dans son voisinage.
À l'époque historique, les textes font mention de la plus ancienne religion funéraire qui paraît avoir été à la fois chthonienne et stellaire. Le corps continuait à vivre dans le sol, d'où la nécessité de l'approvisionnement et du mobilier, et un principe spirituel (ou plusieurs) libéré par la mort poursuivait une vie éternelle dans les étoiles fixes où il faisait partie de la suite du roi mort qui, lui, s'était uni au soleil. »
(Source : universalis-edu.com)
Presque toutes les religions actuelles prévoient une forme de vie après la mort. Mais celle-ci est très différente selon qu’il s’agit d’un monothéisme type judaïsme/christianisme/islam, ou d’une religion orientale croyant à la réincarnation. Ces différences dessinent des conceptions cosmiques tout à fait opposées :
« Globalement, les religions ont sur la mort un discours commun qui affirme que la mort, si elle est bien le terme de la vie terrestre, n’est pas la fin ultime de la destinée de l’homme. La mort est transition, passage vers un autre état, vers un autre monde, vers un autre mode de vie. Jamais la mort n’est acceptée, elle est toujours scandale, aussi, précisément, le rôle des religions est de donner du sens à l’insensé par excellence. Le sens est donné dans le cadre d’une conception globale du monde et de la vie. Seul ce contexte général permet de l’appréhender. La mort est ainsi l’un des éléments de l’existence et non pas le terme final absurde. En parlant de mort, les religions parlent avant tout de la vie. La mort est appréhendée, non comme accident personnel mais comme un moment de l’existence.
Par contre, le sens de cette vie et donc de la mort, n’est pas exactement le même selon les religions. De nos jours, deux systèmes majeurs d’explication nous intéressent : la réincarnation et la résurrection.
La première conception concerne les religions dites asiatiques comme l’hindouisme et le bouddhisme, la seconde est la spécificité des trois monothéismes, ou plutôt des trois formes du monothéisme que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Ces deux conceptions englobantes expriment des considérations très différentes non seulement sur la vie mais aussi sur l’univers, sur le temps. Finalement, les conceptions de la vie et de la mort dépendent très étroitement des perceptions de l’espace et du temps.
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– pour l’hindouisme et le bouddhisme, il faut sortir du cycle éternel des renaissances, et donc des morts, pour se fondre dans l’Absolu afin de trouver la paix. Lors de la mort, l’espoir consiste à renaître mieux afin de se rapprocher de ce but ultime.
– pour les monothéismes, il ne s’agit pas de nier la mort physique avec tout ce que cela entraîne comme douleur, mais d’affirmer l’espérance en une autre vie, de forme différente, de qualité supérieure avec Dieu. C’est la croyance que la mort n’aura pas le dernier mot. »
(Source : Christian Bernard, Article issu du colloque Mourir aujourd’hui, Espace Ethique CHU Poitiers, oct. 2013, repris sur institut-jacquescartier.fr)
Du fait de notre devoir de réservé, nous vous laissons le choix de la conception qui vous paraît la plus pertinente. Toujours est-il que si l’existence de l’enfer, du paradis ou la métempsychose relèveront sans doute toujours de la croyance, des études récentes sur les
« En 2008 fut lancée l'étude Aware (AWAreness during REsuscitation), portant sur 2.060 cas d'arrêts cardiaques dans 15 hôpitaux des États-Unis, du Royaume-Uni et d'Autriche. L'objectif était d'étudier les expériences de personnes ayant approché la mort. Les résultats de ces quatre années d'étude ont été publiés en 2014 dans la revue Resuscitation.
Sur les 2.060 patients, 330 ont survécu et 140 étaient dans la capacité de répondre à des questions. Parmi eux, 55 (39 %) ont déclaré qu'ils étaient en partie conscients au moment de leur résurrection. Certains ont décrit une lumière brillante ou des flashs comme on peut le voir dans certains films. Mais les thématiques rencontrées lors de ces expériences extrêmes étaient bien plus vastes : ils avaient aussi des souvenirs liés à la peur, aux animaux et aux plantes, à la violence ou la persécution, au sentiment de déjà-vu, à la famille.
[…]
Les scientifiques considéraient jusqu'à présent que le cerveau pouvait continuer à fonctionner 20 à 30 secondes après l'arrêt du cœur, mais dans ce cas particulier l'état de conscience aurait duré plus longtemps.
Voici comment Sam Parnia, principal auteur de ces travaux, décrit l'expérience de cet homme, un travailleur social de 57 ans, à Southampton : « Dans ce cas, l'état de conscience semble avoir continué jusqu'à 3 minutes. L'homme a décrit tout ce qui s'est passé dans la pièce, mais, de manière importante, il a entendu deux bips provenant d'une machine qui fait un bruit à des intervalles de 3 min. Ainsi nous pouvions mesurer la durée de l'expérience ». Le patient a décrit de manière très crédible ce qui se passait dans la pièce lorsque les médecins et les infirmières essayaient de le ramener à la vie. Il a dit qu'il se sentait observateur de sa résurrection d'un coin de la pièce. »
(Source : futura-sciences.com)
- La mort, l'au-delà et les autres mondes [Livre] / Claude Lecouteux
- Le test [Livre] : une expérience inouïe, la preuve de l'après-vie ? / Stéphane Allix
- Article « eschatologie » sur universalis-edu.com (consultable via le site de la BmL avec vos codes d’abonné)
- Article « MORT – Les interrogations philosophiques », également sur universalis-edu.com
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