Question d'origine :
Bonjour,
Nous menons des recherches sur un tableau présent dans l'ancienne sacristie de l'hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon.
Il représente Saint Jean de Dieu enlevé par les anges au-dessus du château de Champagneux.
Or, j'apprends que le peintre lyonnais Jean-Baptiste Frénet aurait réalisé une œuvre représentant Saint Jean de Dieu et mentionné dans le catalogue du Salon de peinture de Lyon en 1837 : "Saint Jean de Dieu, fondateur de l’hospice de l’Antiquaille".
J'ai donc plusieurs questions :
- savez-vous ce qu'est devenu ce tableau ?
- que sont devenus les objets qui étaient dans l'hôpital de l'Antiquaille ?
- l’Antiquaille accueillait des aliénés à cette époque. Jusqu'à quelle époque ? Car l'hôpital Saint Jean de Dieu a été créé en 1824 et je souhaiterais savoir ce qui faisait le choix entre l'Antiquaille et Saint Jean de Dieu.
Merci beaucoup pour votre aide !
Réponse du Guichet
Le 14/10/2016 à 14h17
- Le Tableau de Jean-Baptiste Freney représentant Saint-Jean-de-Dieu ne figure pas dans la base Joconde. Il est en revanche mentionné dans plusieurs ouvrages. Dans Lyon ancien et moderne (1838-1843), Léon Boitel signale en ces termes la présence de ce tableau dans l’église de l’hôpital de l’Antiquaille :
« Cette chapelle a été construite par les religieuses de la Visitation pour leur couvent (…). Les murs sont ornés de plusieurs tableaux peu remarquables de l’école italienne, ou dus aux pinceaux d’artistes lyonnais qui ont représenté des sujets analogues à la fondation de l’hospice des aliénés ;
Le tableau y était toujours situé au début du XXe siècle puisque Jean-Baptiste Martin le mentionne dans Histoire des églises et chapelles de Lyon publié en 1908-1909 (tome 1, p. 229).
Nous ne savons pas ce qu’est devenu ce tableau par la suite. L’ouvrage consacré à Jean-Baptiste Frénet par Michel Régnier en 2002 indique à propos de ce tableau « localisation actuelle inconnue ».
Dans un document consacré à cet artiste, les Amis d’Ainay reproduisent une gravure reprenant la composition de ce tableau. Voici ce qu’on peut en lire :
« Frénet expose à la Société des Amis des Arts de 1837 deux œuvres réalisées à Rome : Saint-Jean de Dieu et Enoch.
1. Saint Jean de Dieu.
Il ne subsiste aujourd’hui de ce tableau que l’image gravée reproduite ci-contre. Cependant nous savons l’appréciation d’Ingres sur le tableau : « (Frénet à Rome) y couronna de sérieuses études par l’exécution d’un tableau commandé par un hospice de Lyon et qui représente Saint-Jean de Dieu emportant chez lui sur ses épaules un malade pour le soigner. Ce tableau que je me rappelle toujours avec le plus grand plaisir est un des meilleurs que j’ai vu faire alors par mes élèves, et renferme toutes les qualités qui constituent un artiste distingué.» (J.D. Ingres, 1850) »
- Lors de la fermeture de l’hôpital de l’Antiquaille, un certain nombre d’objets ont pu rejoindre les collections du musée des Hospices civils de Lyon, L'Antiquaille ayant intégré les HCL en 1845. Le musée des Hospices civils de Lyon a hélas fermé en 2010 dans la perspective de la reconversion des bâtiments l’Hôtel-Dieu et «ses collections ont été transférées dans des dépôts » selon un article du Progrès du 27-02-2016 : Le musée des hospices civils de Lyon toujours dans le coma.
Les collections du musée continuent cependant d’être valorisées, notamment par le biais du web. Vous trouverez sur cette page de présentation du musée des coordonnées qui vous permettront de prendre contact avec une personne susceptible de vous renseigner sur les objets en provenance de l’Antiquaille qui peuvent être conservés au sein des collections du musée.
D’autre part, les archives des hospices civils de Lyon et de ses différents hôpitaux sont consultables aux Archives municipales de Lyon.
- L’église qui hébergeait autrefois ce tableau fait aujourd'hui partie d'un espace muséal : L’espace culturel du christianisme à Lyon. Vous pouvez contacter l’ECCLY qui a peut-être conservé certains objets présents dans l’ancienne église.
- L’ouvrage L’Antiquaille de Lyon : histoire d’un hôpital vous renseignera sur les fonctions de cet hôpital et leur évolution. On y apprend que l’hospice de la Quarantaine loue le domaine de l’Antiquaille en 1803. « L’Antiquaille se spécialise peu à peu dans l’accueil des vénériens et autres malades atteints d’affections cutanées et dans une moindre mesure, des aliénés. (…) L’Antiquaille veille à éviter le spectre du dépôt de mendicité et réduit progressivement l’accueil des vieillards et l’importance des prostituées régresse. Il reçoit des aliénés en nombre croissant car les administrateurs sont sensibles au fait que les aliénés et vénériens constituent au début du XIXe siècle des dangers pour l’équilibre social de mieux en mieux perçus par les autorités. Mais, pour autant, l’identification d’un asile spécialisé n’est pas souhaitée. (…) L’Antiquaille devient peu à peu une institution polyvalente qui renonce à l’expression pauvre malade et définit les maladies par une série de diagnostics médicaux. Il est au service des villes et des communes du département du Rhône. C’est au point de vue administratif et financier une institution complexe. (…) L’ordonnance royale du 30 juin 1845 prononce la fusion des Hospices civils et de l’Antiquaille et met un terme à quarante années de vie indépendante qui auront été quelque peu chaotiques mais très riches. (…) Après 1845, l’Antiquaille continue sur sa lancée et l’activité hospitalière se déploie dans des directions diverses. Dans une première période, à partir des deux pathologies présentes au départ (dermato-vénérologie et psychiatrie) se créent des activités nouvelles qui s’enchaînèrent naturellement (…). Dans une deuxième période, les médecins choisissent de développer des spécialités émergentes (…) ».
Le départ des aliénés pour le nouvel asile de Bron a lieu en 1876.
A lire en ligne :
- L’Antiquaille, une reconversion en voie d’achèvement, un article de la Bibliothèque municipale de Lyon publié en 2010
- Les dossiers de l’inventaire du patrimoine qui consacrent un dossier en ligne à l’Antiquaille
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