Question d'origine :
Bonsoir,
le théâtre romain de Lyon a été découvert en 1933, sur la propriété d'un certain Mr Lafon, propriété qui appartenait auparavant a une congrégation religieuse, les dames de la compassion. j'ai lu (mais je ne sais plus ou) que c'était une sœur de cette congrégation qui revenant là ou elle avait passée plusieurs années aurait découvert des pierres romains et en aurait informé le maire Edouard Herriot.
avez vous des informations a ce sujet.
merci pour vos réponses toujours très précises.
Jean Paul Bas
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 23/08/2019 à 12h31
Bonjour,
La redécouverte du site du théâtre antique de Lugdunum s’est faite à partir de 1887 par A. Lafon :
« A. Lafon, professeur de mathématiques à la Faculté des sciences, ayant acquis en 1886 une partie des terrains propriétés des Minimes avec la Révolution, y recherche des murs romains. L’aspect du terrain lui suggère la présence d’un édifice de spectacles. Il met au jour trois murs concentriques (longueurs : 42, 34 et 15 m), distants de 7.50 à 10 m et reliés par des murs rayonnants soutenant des voûtes. » Atlas topographique de Lugdunum. 1 [Livre] : Lyon-Fourvière p353
Il croit y voir à l’époque les traces de vestiges de l’amphithéâtre des martyrs de Lyon. Le couvent de la Compassion a cependant eu un rôle à jouer dans l'histoire de cette découverte. Dans un ouvrage consacré à Lugdunum, Amable Audin, qui succéda en 1952 à Pierre Wuilleumier à la direction des fouilles archéologiques romaines de Fourvière, revient sur l’histoire du site archéologique et nous éclaire sur les premiers temps des fouilles :
« L’existence d’un chantier qui rassemble tant de souvenirs tangibles du passé romain est fondée sur une équivoque : l’erreur commise par le Professeur Lafon, propriétaire de la partie nord du clos, qui, en 1887, observant la concavité régulière de son domaine et la présence de chicots antiques affleurant entre les pommiers, entreprit des sondages qui révélèrent un système de murs rayonnant sur un point central. Commit-il une erreur dans ses relevés, ou plutôt eut-il la malchance de tomber sur des murs mal alignés ? Toujours est-il qu’il conclut à un plan elliptique. Or, qui dit plan ellipse dit amphithéâtre, et Lafon proclama la découverte de l’amphithéâtre des martyrs.[…] le sous-sol du clos Lafon ne contenait que la moitié nord de l’édifice. Le reste était dans le clos mitoyen du couvent de la Compassion. A la pensée que l’arène abreuvée par le sang des martyrs s’étendait chez elle, la Mère Elisabeth Rivet, Supérieure de ce couvent, femme au grand cœur dont la mort devait être exemplaire, s’enflamma. Aidée par ses sœurs et quelques ouvriers, elle entreprit, vers 1930, des recherches souterraines qui, effectivement rencontrèrent des murs antiques, puissants et nombreux, lesquels, d’ailleurs, intéressaient surtout l’odéon. Bien que clandestins, ces sondages attirèrent l’attention des autorités, et le Président Herriot, bientôt animé d’un pareil espoir, décida le dégagement exhaustif de l’édifice des clos Lafon et de la Compassion. Ainsi fut ouvert, le mardi de pâques, 25 avril 1933, un chantier archéologique auquel vint s’adjoindre bientôt le clos Magneval qui, transformé en jardin public, lui constitue un charmant vestibule de roseraies, de pelouses et de futaies. » Retrouver Lugdunum / [Livre] / Amable Audin p30-31
Vous retrouverez également des informations similaires dans la carte archéologique de la Gaule consacrée à Lyon :
« Les recherches archéologiques à Lyon prennent un nouveau tournant à partir de l’ouverture du chantier du théâtre antique sur la colline de Fourvière en 1933, sous le mandat d’Edouart Herriot. Elle s’accompagnent en effet de la création d’un premier service archéologique, qui prend le nom d’« atelier municipal des fouilles ».[…] Les fouilles sur la colline de Fourvière, sur un terrain des religieuses de Notre-Dame de la Compassion, déjà partiellement exploré par ces occupantes, sont suscitées par des querelles qui ont trait à l’identification de l’amphithéâtre des Trois Gaules où certains martyrs chrétiens auraient été torturés. En effet, plusieurs archéologues avaient voulu voir dans les maçonneries qui affleurent sur le flanc de la colline les restes de ce fameux amphithéâtre. Le clos qui abrite le théâtre, racheté par M. Lafon en 1886, avait déjà fait l’objet de premières explorations dès la fin du XIXe siècle. Trois murs concentriques et plusieurs murs rayonnants avaient été dégagés. Cependant, d’autres archéologues voient dans ces murs, depuis le début de la polémique, les vestiges d’un théâtre. Leur hypothèse est corroborée en 1914 par de nouvelles explorations montrant que les murs ne sont pas elliptiques, qu’enfin l’emplacement à flanc de colline semble peu approprié pour implanter un monument en ellipse. Les travaux de dégagement du théâtre commencés en 1933 sont exécutés par une dizaine d’ouvriers dirigés par l’ingénieur de la voirie Lapeyre et l’archéologue P. Wuilleumier jusqu’en 1952, pour passer ensuite sous la responsabilité d’ A . Audin. » Lyon [Livre] / Anne-Catherine Le Mer et Claire Chomer p120
Bonne journée.
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