exécutions sommaires pendant la guerre civile espagnole
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 18/09/2019 à 15h45
767 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Sait-on quel camp est responsable du plus d'exécutions sommaires pendant la guerre civile espagnole ?
Merci !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 21/09/2019 à 09h07
Bonjour,
La Seconde République espagnole, tout juste proclamée dès le 14 avril 1931, au lendemain même de la destitution du roi Alphonse XIII, est dès le début confrontée aux tensions qui divisent la société espagnole. Grèves, soulèvements populaires, insurrections se succèdent jusqu’au succès du Front populaire aux élections de février 1936 devant le Front national. Dès lors les militaires préparent un complot pour renverser le gouvernement. Le soulèvement débute le 17 juillet au Maroc espagnol où le général Franco prend le commandement des troupes. Le 18, c’est l’Espagne toute entière qui s’embrase. La guerre d’Espagne a commencé.
Sur la question des exécutions sommaires commises pendant cette guerre civile espagnole vous ne pourrez pas faire l’économie de la lecture de la très récente somme de Paul Preston,Une guerre d'extermination : Espagne, 1936-1945 . 890 pages tout de même ! Le prologue vous alertera déjà sur les difficultés qu’ont eues et ont encore les historiens pour établir avec précision le nombre de victimes de part et d’autres : de nombreuses archives ont été détruites sous le franquisme, des personnes comptées deux fois, d’autres non répertoriées, des charniers encore récemment découverts…
Voici le début de cet ouvrage :
« Pendant la guerre civile espagnole, près de 200 000 hommes et femmes périrent derrière les lignes de combat, victimes d’exécutions sommaires ou après un semblant de procès. Ils furent tués à la suite du coup d’état militaire des 17 et 18 juillet 1936 contre la Seconde République. De plus, près de 200 000 hommes périrent sur les différents fronts. Un nombre inconnu d’hommes, de femmes et d’enfants furent tués dans des bombardements et dans l’exode qui suivit l’occupation par les forces militaires de Franco. Après la victoire des rebelles, fin mars 1939, environ 20 000 républicains furent exécutés dans toute l’Espagne. Bien d’autres moururent de maladie et de malnutrition dans des prisons surpeuplées et des camps de concentration aux conditions d’hygiène déplorables. Certains succombèrent au travail forcé dans des bataillons de travail. Plus d’un demi-million de réfugiés furent contraints à l’exil et nombre d’entre eux moururent dans les camps français. Dans le maelström du passage de la frontière puis de l’internement improvisé en France, pas moins de 14 000 civils et militaires espagnols périrent des suites de blessures de guerre mais aussi de malnutrition et de maladie, pour l’essentiel dans les premières semaines de la Retirada. Plusieurs miliers furent tués au travail dans les camps nazis. Le but de ce livre est de montrer, dans la mesure du possible, ce qui est arrivé aux civils et pourquoi. »
Vous trouverez en fin du livre de Preston une carte générale des victimes faites par les deux camps dans les différentes régions espagnoles que nous joignons à notre réponse. D'autres cartes plus détaillées comptabilisent les victimes à l’intérieur de chaque région.
Carte des victimes de la guerre civile espagnole tirée du livre de Paul Preston Une guerre d’extermination Espagne 1936-1945
En outre, « ces assassinats nombreux posent un problème pour l’étude des violences de guerre : le conflit se termine officiellement le 1er avril 1939, mais dès le lendemain, l’appel à éliminer l’ennemi intérieur est réitéré et les violences se prolongent longtemps après, pendant une décennie, en particulier dans la répression des guérillas. » inLes violences de la guerre d’Espagne de François Godicheau, Revue d’Histoire de la Shoah 2008/2 (N° 189), pages 413 à 430, consultable sur le site Cairn dans les locaux de la bibliothèque de Lyon.
De cet auteur voir aussi la contribution au numéro de la revueL’Histoire consacré à la guerre d’Espagne, et ses ouvrages dans notre catalogue .
Voir d’autres estimations dans cet article de Jean-François Berdah,Épuration et répression politique en Espagne pendant la guerre d’Espagne et la post-guerre (1936-1945) , un autre chercheur du labo FRAMESPA de l’université de Toulouse.
Bonnes lectures !
La Seconde République espagnole, tout juste proclamée dès le 14 avril 1931, au lendemain même de la destitution du roi Alphonse XIII, est dès le début confrontée aux tensions qui divisent la société espagnole. Grèves, soulèvements populaires, insurrections se succèdent jusqu’au succès du Front populaire aux élections de février 1936 devant le Front national. Dès lors les militaires préparent un complot pour renverser le gouvernement. Le soulèvement débute le 17 juillet au Maroc espagnol où le général Franco prend le commandement des troupes. Le 18, c’est l’Espagne toute entière qui s’embrase. La guerre d’Espagne a commencé.
Sur la question des exécutions sommaires commises pendant cette guerre civile espagnole vous ne pourrez pas faire l’économie de la lecture de la très récente somme de Paul Preston,
Voici le début de cet ouvrage :
« Pendant la guerre civile espagnole, près de 200 000 hommes et femmes périrent derrière les lignes de combat, victimes d’exécutions sommaires ou après un semblant de procès. Ils furent tués à la suite du coup d’état militaire des 17 et 18 juillet 1936 contre la Seconde République. De plus, près de 200 000 hommes périrent sur les différents fronts. Un nombre inconnu d’hommes, de femmes et d’enfants furent tués dans des bombardements et dans l’exode qui suivit l’occupation par les forces militaires de Franco. Après la victoire des rebelles, fin mars 1939, environ 20 000 républicains furent exécutés dans toute l’Espagne. Bien d’autres moururent de maladie et de malnutrition dans des prisons surpeuplées et des camps de concentration aux conditions d’hygiène déplorables. Certains succombèrent au travail forcé dans des bataillons de travail. Plus d’un demi-million de réfugiés furent contraints à l’exil et nombre d’entre eux moururent dans les camps français. Dans le maelström du passage de la frontière puis de l’internement improvisé en France, pas moins de 14 000 civils et militaires espagnols périrent des suites de blessures de guerre mais aussi de malnutrition et de maladie, pour l’essentiel dans les premières semaines de la Retirada. Plusieurs miliers furent tués au travail dans les camps nazis. Le but de ce livre est de montrer, dans la mesure du possible, ce qui est arrivé aux civils et pourquoi. »
Vous trouverez en fin du livre de Preston une carte générale des victimes faites par les deux camps dans les différentes régions espagnoles que nous joignons à notre réponse. D'autres cartes plus détaillées comptabilisent les victimes à l’intérieur de chaque région.
Carte des victimes de la guerre civile espagnole tirée du livre de Paul Preston Une guerre d’extermination Espagne 1936-1945
En outre, « ces assassinats nombreux posent un problème pour l’étude des violences de guerre : le conflit se termine officiellement le 1er avril 1939, mais dès le lendemain, l’appel à éliminer l’ennemi intérieur est réitéré et les violences se prolongent longtemps après, pendant une décennie, en particulier dans la répression des guérillas. » in
De cet auteur voir aussi la contribution au numéro de la revue
Voir d’autres estimations dans cet article de Jean-François Berdah,
Bonnes lectures !
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