Bataille d'Hernani; V. Hugo en déaccord avec Verdi d' Ernani
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Le 08/11/2019 à 07h02
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Question d'origine :
Bonjour, D'après le cartel de sa représentation cette semaine à l'Auditorium de Lyon, Victor Hugo a expressément refusé à Verdi qu'il représente en opéra italien le drame qu'Hugo avait créé en 1830 en pièce de théâtre, qu'il le joue à Paris 15 ans après la "bataille d'Hernani" ce conflit de spectateurs de théâtre. Pourquoi Hugo a-t-il refusé? Merci cher Guichetière, cher Guichetier.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Le moins que l’on puisse dire c’est que Victor Hugo entretenait un rapport contrarié avec la musique. S’il appréciait certains compositeurs, la musique n’en restait pas moins un art mineur pour lui comme en attestent les nombreuses citations qui émaillent son œuvre dont nous vous reproduisons un échantillon ci-dessous :
Mais, en dépit de ses réticences, Hugo autorisera tout de même de nombreux compositeurs à mettre ses textes en musique. Deux opéras avaient ainsi déjà été composés depuis la création d’Hernani en 1830, tout d’abord par Vincenzo Gabussi, en 1834, puis par Alberto Mazzucato, en 1843.
Alors, pourquoi cette défiance particulière à l’encontre de l’adaptation de Verdi, qui le conduira à exiger le changement du titre (sous le nom Il Proscritto), de l’identité des personnages ainsi que du lieu de l’action lors de la représentation française au Théâtre italien, en 1846 ?
Nous n’avons pas de certitudes à ce sujet. Toutefois, nous pouvons faire état des nombreuses modifications apportées au texte d’origine qui seraient susceptibles d’avoir déplu à Victor Hugo. Outre la libre appropriation de Verdi, nous notons que le pouvoir autrichien des Habsbourg, qui dominait alors l’Italie, a exercé une censure importante sur l’adaptation de la pièce.
Tous ces obstacles n'empêchèrent pas Verdi d’adapter de nouveau une œuvre de Victor Hugo : le Roi s’amuse (1832) sous le titre Rigoletto (1851). Et là, étonnamment Hugo rendit hommage au talent et à l’art de Verdi.
Nous avons également sollicité l’aide du Musée Victor Hugo pour éclairer davantage les motivations du refus de l’écrivain. Nous ne manquerons pas de vous communiquer leur réponse si elle s'avère satisfaisante.
Bien cordialement,
Réponse du Guichet

Bonjour,
Nous vous apportons des précisions suite aux réponses concordantes de la Maison de Victor Hugo et de Jean-Marc Hovasse, chercheur au CNRS et spécialiste de Victor Hugo.
Voici la réponse que Jean-Marc Hovasse nous a formulé par mail :
« Victor Hugo n'était pas du tout hostile à la musique, ni à Verdi, et ne lui a rien refusé a priori. Le problème, ultérieur et assez complexe, était essentiellement une question de droits d'auteur, qu'il ne réussissait pas à faire respecter. Comme il avait pendant l'exil tous les tribunaux contre lui, c'est devenu à cette période-là encore plus difficile. Mais on sait que Verdi lui-même a soutenu son combat... »
Nous reproduisons ci-dessous un extrait des correspondances de Victor Hugo qui témoigne de son combat pour la reconnaissance de ses droits d’auteur déniés durant son exil et tout particulièrement par M. Calzado, le directeur du Théâtre-Italien.
« Le Théâtre italien me vole depuis deux ans à la faveur d’un arrêt qui n’est autre chose qu’un coup de haine contre un proscrit. Je suis décidé, quant à moi, à toute revendication ultérieure, à moins que le Théâtre italien, mieux inspiré et mieux conseillé, ne reconnaisse son exaction et mon droit … M. Calzado comprendra, et en me restituant mon droit sur Lucrèce et Hernani, méritera que je lui concède Rigoletto, ce que je ferai dans ce cas-là de grand cœur."
Victor Hugo à Paul Meurice
Hauteville-house, 4 janvier 1857
Hugo à l’Opéra / sous la direction d’Arnaud Laster
Il semblerait donc qu'il y ait une confusion dans les nombreuses sources qui font état d'un différend avec la création de Verdi. Le problème se situerait davantage sur le plan commercial et à postériori.
Il est d'ailleurs intéressant de relever que Verdi rencontrait les mêmes problèmes de son côté pour faire respecter ses intérêts dans un contexte de législation sur la propriété littéraire encore flottant.
"Je ne puis empêcher qu'Ernani soit représenté. Si je le pouvais, je vous le dis franchement, je l'empêcherais. Ceux qui vous disent que l'exécution sera bonne et complète, vous trompent, se trompent eux-mêmes : ou ne s'y connaissent pas en musique."
Giuseppe Verdi à Calzado
Paris, 12 décembre 1855
Hugo à l’Opéra / sous la direction d’Arnaud Laster
Bien cordialement,
Nous vous apportons des précisions suite aux réponses concordantes de la Maison de Victor Hugo et de Jean-Marc Hovasse, chercheur au CNRS et spécialiste de Victor Hugo.
Voici la réponse que Jean-Marc Hovasse nous a formulé par mail :
Nous reproduisons ci-dessous un extrait des correspondances de Victor Hugo qui témoigne de son combat pour la reconnaissance de ses droits d’auteur déniés durant son exil et tout particulièrement par M. Calzado, le directeur du Théâtre-Italien.
Victor Hugo à Paul Meurice
Hauteville-house, 4 janvier 1857
Hugo à l’Opéra / sous la direction d’Arnaud Laster
Il semblerait donc qu'il y ait une confusion dans les nombreuses sources qui font état d'un différend avec la création de Verdi. Le problème se situerait davantage sur le plan commercial et à postériori.
Il est d'ailleurs intéressant de relever que Verdi rencontrait les mêmes problèmes de son côté pour faire respecter ses intérêts dans un contexte de législation sur la propriété littéraire encore flottant.
Giuseppe Verdi à Calzado
Paris, 12 décembre 1855
Hugo à l’Opéra / sous la direction d’Arnaud Laster
Bien cordialement,
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