Question d'origine :
Bonsoir, Je suis à la recherche d'informations au sujet des Français et leurs croyances aux para-sciences (astrologie, parapsychologie, cartomancie, OVNI, extra-terrestres, etc.). La période qui m'intéresse est la seconde moitié des années 1970 et de la première moitié des années 1980. Est-ce qu'il y aurait des sondages qui seraient parus dans la presse généraliste (magazines, quotidiens, hebdomadaires) ou spécialisée (revues de sciences sociales) concernant ce domaine ? Est-ce que vous pourriez me transmettre SVP des références bibliographiques ou/et des liens vers ces sondages. En vous remerciant.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Pour trouver des références dans la presse généraliste, nous avons effectué une recherche dans Europresse, ressource à laquelle est abonnée la bibliothèque municipale de Lyon.
Voici les résultats que nous pouvons vous proposer :
« Selon un sondage réalisé par l'IRES-Marketing en 1968, 60 % de la population (hommes : 30 %, femmes : 70 %) se tiennent au courant de leur horoscope. 71 % des dix-huit - vingt-cinq ans en prenaient connaissance. À la même date, huit millions de personnes avaient déjà consulté au moins une fois. Ces tendances, d'après certains professionnels, sont à peu près identiques aujourd'hui. Ce sont les employés, cadres, techniciens et commerçants, en majorité des femmes, qui forment le gros des troupes intéressées par la parapsychologie. Certes, il existe aussi des " polytechniciens saisis par l'étrange ", comme le constate le mensuel Sciences et Vie, analysant la revue de la célèbre école. »
Source :Les commerçants de la bonne aventure , Danielle Rouard, Le Monde, lundi 24 novembre 1980
« Astrologie et voyance
Le docteur Towler a présenté une thèse en trois points afin de démontrer que la sécularisation de l'Église elle-même - qui se vide de sa substance - va de pair avec l'apparition, en dehors de l'Église, d'une " religion diffuse ". D'abord, selon lui, l'Église a perdu le contrôle de certains actes religieux, comme les mariages ou même les enterrements qui sont accomplis sans son concours. Ensuite les grandes questions considérées naguère comme religieuses (la souffrance, le sens de la vie ou la mort) sont traitées aujourd'hui par les médias et notamment la télévision. À ce propos, le docteur Towler fait remarquer que même l'Église catholique a découvert l'importance de la télévision pour " vendre " son image à travers la personnalité charismatique et télévisuelle de Jean-Paul II.
Enfin la religion subsiste de manière diffuse en dehors des Églises. Selon une enquête qu'il a menée à Leeds, le docteur Towler a découvert que, si la croyance en l'orthodoxie chrétienne (la divinité du Christ, la vie éternelle, la prière) avoisine les 40 % des personnes interrogées, la croyance en la parapsychologie atteint 75 %, dans l'astrologie 60 %, dans la voyance 45 % et dans les fantômes et autres superstitions 40 %. D'autre part, la religion " sauvage " - et notamment les nouvelles sectes - exercent un puissant attrait sur les jeunes.
Plusieurs participants à la conférence, en particulier des sociologues français comme MM. Jean Séguy du C.N.R.S. ou Jean-Paul Willaime, sociologue du protestantisme à Strasbourg, ont demandé que cette notion de " religion diffuse " soit mieux définie. Devait-elle remplacer celle de sécularisation ? Le pasteur Jean Bauberot s'est demandé si cette " religion diffuse " signifiait " les bribes de religion qui subsistent après le processus de sécularisation ou bien un retour à une forme plus visible de la religion ". De son côté, M. Jacques Maitre, directeur du Groupe de sociologie des religions du C.N.R.S., voulait savoir si cette " religion diffuse " correspondait à ce qu'il appelait une " nébuleuse d'hétérodoxie ", forme de protestation contre la régulation idéologique tentée par le pouvoir politique ou religieux, qui en France, se traduit par un intérêt pour la parapsychologie ou l'astrologie. »
Source :Des évêques aux commandes d'un véhicule vide , Alain Woodrow, Le Monde, lundi 26 septembre 1983
« UN sondage du Bureau national de l'information scientifique et technique indiquait, il y a deux ans, que les Français distinguent mal les notions d'astrologie et d'astronomie - à moins qu'ils ne confondent simplement les deux mots. »
Source :Kepler et les " calculs de Dieu " , Maurice Arvonny, Le Monde, vendredi 23 mars 1979
« Le Soleil tourne autour de la Terre : c'est la conviction de 38 % des Français; 35 % croient aux soucoupes volantes et aux OVNI, et 31 % qu'il y a de la vie sur Mars. Plus de quatre siècles après Copernic, dans une époque marquée par l'explosion de la recherche scientifique, la prédominance de la pensée rationaliste et la généralisation de l'éducation, ces constatations ont de quoi faire sursauter. Elles montrent pourtant à quel point la conception que se font de la science et de l'univers une bonne partie de nos contemporains est éloignée de ce que nous en disent les savants. A quel point aussi les mythes qui depuis la naissance des civilisations travaillent l'homme demeurent vivaces. Telles sont les conclusions auxquelles aboutissent deux chercheurs spécialisés dans les problèmes de l'information scientifique, Bernard Dubois et Jean-Noël Kapferer, au terme d'une enquête menée à l'aide d'interviews et d'un sondage IFOP, avec le concours du Centre national d'études spatiales (1). […]
(1) Échec à la science. La survivance des mythes chez les Français. Nouvelles Éditions rationalistes. 293 pages. 48 F.
Un sondage de la Sofres publié par Bonne Soirée (29 octobre 1981) donne des résultats analogues : 31 % des Français croient aux OVNI. »
Source :Les rêves de l'espace , Frédéric Gaussen, lundi 14 décembre 1981
« Soumis à un questionnaire destiné à tester leur crédulité, des étudiants de troisième année de psychologie répondent, à 77 %, que "certains témoignages sur les OVNI sont dignes de confiance" , tandis que 53 % admettent que "certaines personnes sont capables de tordre des objets à distance" ( 4 ).[…]
Plus encore que la parapsychologie, l'astrologie a la faveur du public. D'après un sondage de l'IRES Marketing (1968) - que citent, dans un dossier très richement documenté, Jean-Pierre Desmond et Pierre Goulène ( 9 ) -, 60 % des Français (femmes: 70 %; hommes: 50 %) connaissent leur signe astral; 71 % des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans en tiennent compte dans la conduite de leur vie; huit millions de personnes (soit 15 % de la population) consultent au moins une fois l'an un astrologue (prix d'une séance: 200 F.). […]
( 4 ) D'après une enquête de Mme F. Askevis-Leherpeux. Du même auteur: "les Corrélats de la superstition", Archives de sciences sociales des religions, n° 45/I, Paris, 1978. […]
( 9 ) J.-P. Desmond, P. Goulène, Enquête chez les voyants, Alain Moreau, Paris, 1978, 211 pages. »
Source :Le crépuscule de la raison , Maurice T. Maschino, Le Monde diplomatique, dimanche 1 juin 1980
« Astrologie, parapsychologie, télékinésie, radiesthésie..., le terme " parasciences " permet de regrouper ces doctrines, pratiques et croyances que rejette le rationalisme scientifique, même si les frontières de cet ensemble flou sont naturellement l'enjeu de luttes. Plusieurs articles du dernier numéro de la Revue française de sociologie sont consacrés à ce fait social dont l'importance est perceptible tous les jours.
Daniel Boy et Guy Michelat ont exploité certains aspects d'une enquête sur les attitudes du public à l'égard de la science où plusieurs questions permettaient de saisir l'opinion et les comportements des personnes interrogées face à de nombreux phénomènes tels que les envoûtements, les passages d'OVNI, les horoscopes, la télépathie, la radiesthésie...
Outre qu'elle confirme la présence massive de ces croyances et pratiques, l'analyse des réponses montre qu'elles forment un ensemble au sein duquel se distinguent deux dimensions homogènes, l'une regroupant ce qui touche à l'astrologie, l'autre les croyances relatives aux fantômes, aux tables tournantes, à la sorcellerie et à la télépathie (échelle dite de " paranormal ").
Sur quel terreau pousse le mieux cette pensée sauvage ? Est-ce dans les campagnes reculées, parmi les personnes âgées et les moins instruites ? C'est tout le contraire. Elle s'étiole à mesure que l'âge avance et se fortifie quand le niveau d'études s'élève.
Les croyances au paranormal sont bien plus répandues dans les couches moyennes et supérieures à dominante intellectuelle (étudiants et instituteurs en tête) que chez les ouvriers et, surtout les agriculteurs. L'astrologie a une clientèle plus diffuse avec une dominante féminine. Le défaut d'insertion sociale, dans le monde du travail ou dans la société familiale, paraît bien favoriser ces croyances, comme on témoigne leur fréquence très élevée chez les chômeurs et les divorcés.
Rien d'étonnant alors que les étudiants, cumulant toutes les caractéristiques propices (jeunesse, niveau d'études, isolement, incertitude sociale), soient particulièrement enclins à croire aux phénomènes paranormaux.
L'adhésion aux parasciences n'a pas de relation définie avec la valorisation du progrès scientifique et s'articule de manière complexe à la religion. Elle est rare chez les athées cohérents (sans religion déclarée et ne croyant ni en Dieu ni en un au-delà), mais aussi parmi les catholiques pratiquants réguliers. Elle se développe de manière privilégiée dans les situations intermédiaires et dissonantes, culminant chez les sans-religions acceptant l'idée d'un au-delà.
Les étudiants sont particulièrement enclins à croire aux phénomènes paranormaux
La dissonance idéologique fournit, à côté de l'incertitude sociale, un aliment à cette religiosité qui mêle croyances métaphysiques déconfessionnalisées à la conception d'une science qui serait dépourvue de contraintes et de limites.
On peut lire dans le même numéro et sur le même sujet deux autres articles forts intéressants. L'un de Gérard Chevalier décrit les procédés par lesquels les praticiens des parasciences recherchent la reconnaissance scientifique, en accumulant notamment des signes de légitimité universitaire qui se révèlent, après enquête, souvent fictifs. L'autre, dû à Jean-Bruno Renard, aborde la question de la croyance aux extraterrestres par une étude de l'évolution sémantique du mot extraterrestre depuis le XIXe siècle. »
Source :Fantômes et horoscopes , Philippe Besnard, directeur de recherche au CNRS., Le Monde, jeudi 19 juin 1986
« […]il me paraît utile, en tant qu'universitaire et chercheur, de faire connaître le résultat d'une enquête effectuée, l'an dernier, dans l'université d'Aix-Marseille.
Un formulaire avait été adressé aux mille quatorze enseignants-chercheurs de tous grades de l'université, qui permettait de répondre en quelques minutes aux quatre questions suivantes :
1) Vous intéressez-vous : pas du tout, un peu ou beaucoup à la parapsychologie ?
2) Croyez-vous que les phénomènes paranormaux soient des faits établis, probables, possibles, improbables ou impossibles ?
3) Croyez-vous qu'il faille ou non entreprendre dans l'Université des études sur la parapsychologie ?
4) Voulez-vous décliner votre identité ? Si oui, précisez : nom, âge, sexe, grade et discipline.
Trois cent quatre-vingt douze personnes ont répondu (soit 38,65 %) dont 351 précisaient leur identité, témoignant ainsi de leur sincérité.
À la première question, 196 répondent ne pas s'intéresser du tout à la parapsychologie (50 %), 150 disent s'y intéresser " un peu " (38,25 %) et 46 " beaucoup " (11,75 %).
À la seconde question, 25 répondent que les phénomènes psi sont des " faits établis (6,38%) et 44 qu'ils sont des " faits impossibles " (11,25%); 101 considèrent qu'il s'agit de faite " possibles " (25,75 %), 89 de faits " probables " (22,70 %) et 126 de faits " improbables " (32,15 %); 7 seulement sont sans avis.
À la troisième question, 230 répondent que la parapsychologie peut ou doit être étudiée dans l'Université (58,67 %), 96 qu'elle ne le doit pas (24,50 %), tandis que 66 n'ont pas d'opinion sur la question (16,83 %).
Une étude détaillée des résultats fait apparaître une forte cohérence entre les réponses aux trois questions et, plus important encore, un manque total de relations significatives entre la nature de ces réponses et le sexe, l'âge, le grade ou la discipline des sujets interrogés.
Si l'on accepte le principe que les résultats de cette enquête locale sont applicables au reste de la France, compte tenu de l'importance de l'échantillon, il m'apparaît qu'ils devraient apaiser l'inquiétude exprimée par la Fédération française de parapsychologie dans son manifeste. Ces résultats démontrent, en effet, que près de 90 % des chercheurs français, quel que soit leur " profil ", sont disposés à admettre l'existence des phénomènes paranormaux lorsqu'ils la jugeront démontrée et que moins d'un quart d'entre eux sont hostiles à des études parapsychologiques dans le sein de l'Université..., ce qui était prévisible dans le pays de René Descartes et de Claude Bernard. Il n'y a donc aucune raison de redouter que les chercheurs français, même pas les plus vieux et les plus titrés, n'exercent envers parapsychologie un ostracisme qui serait basé sur " la défense des vieilles théories matérialistes qui avaient cours à l'époque des luttes clérico-religieuses. "
Il n'y a pas de raison non plus pour que les savants parapsychologues français cachent leurs recherches et, comble de l'aberration, pour qu'ils signent leurs publications sous des noms d'emprunt " afin d'échapper au discrédit ", que personne ne songe à leur infliger. En procédant de la sorte, ils aboutiraient seulement à accroître l'attitude de doute scientifique de la majorité des chercheurs français (82,37 % de ceux que j'ai interrogés), pour qui les phénomènes psi ne sont encore ni " établis " ni " impossibles ". »
Source :Parapsychologie : science ou voyance ? professeur Henri Gastaut, Le Monde, mercredi 7 avril 1976
Pour trouver d’autres références dans la presse spécialisée, nous vous encourageons à effectuer une recherche dans Persée avec différents termes de recherche. Par exemple, nous y trouvons 31 résultats pour une période allant de 1974 à 1986, avec les termes « sondage » et « parapsychologie ».
Bonne journée.
Pour trouver des références dans la presse généraliste, nous avons effectué une recherche dans Europresse, ressource à laquelle est abonnée la bibliothèque municipale de Lyon.
Voici les résultats que nous pouvons vous proposer :
« Selon un sondage réalisé par l'IRES-Marketing en 1968, 60 % de la population (hommes : 30 %, femmes : 70 %) se tiennent au courant de leur horoscope. 71 % des dix-huit - vingt-cinq ans en prenaient connaissance. À la même date, huit millions de personnes avaient déjà consulté au moins une fois. Ces tendances, d'après certains professionnels, sont à peu près identiques aujourd'hui. Ce sont les employés, cadres, techniciens et commerçants, en majorité des femmes, qui forment le gros des troupes intéressées par la parapsychologie. Certes, il existe aussi des " polytechniciens saisis par l'étrange ", comme le constate le mensuel Sciences et Vie, analysant la revue de la célèbre école. »
Source :
« Astrologie et voyance
Le docteur Towler a présenté une thèse en trois points afin de démontrer que la sécularisation de l'Église elle-même - qui se vide de sa substance - va de pair avec l'apparition, en dehors de l'Église, d'une " religion diffuse ". D'abord, selon lui, l'Église a perdu le contrôle de certains actes religieux, comme les mariages ou même les enterrements qui sont accomplis sans son concours. Ensuite les grandes questions considérées naguère comme religieuses (la souffrance, le sens de la vie ou la mort) sont traitées aujourd'hui par les médias et notamment la télévision. À ce propos, le docteur Towler fait remarquer que même l'Église catholique a découvert l'importance de la télévision pour " vendre " son image à travers la personnalité charismatique et télévisuelle de Jean-Paul II.
Enfin la religion subsiste de manière diffuse en dehors des Églises. Selon une enquête qu'il a menée à Leeds, le docteur Towler a découvert que, si la croyance en l'orthodoxie chrétienne (la divinité du Christ, la vie éternelle, la prière) avoisine les 40 % des personnes interrogées, la croyance en la parapsychologie atteint 75 %, dans l'astrologie 60 %, dans la voyance 45 % et dans les fantômes et autres superstitions 40 %. D'autre part, la religion " sauvage " - et notamment les nouvelles sectes - exercent un puissant attrait sur les jeunes.
Plusieurs participants à la conférence, en particulier des sociologues français comme MM. Jean Séguy du C.N.R.S. ou Jean-Paul Willaime, sociologue du protestantisme à Strasbourg, ont demandé que cette notion de " religion diffuse " soit mieux définie. Devait-elle remplacer celle de sécularisation ? Le pasteur Jean Bauberot s'est demandé si cette " religion diffuse " signifiait " les bribes de religion qui subsistent après le processus de sécularisation ou bien un retour à une forme plus visible de la religion ". De son côté, M. Jacques Maitre, directeur du Groupe de sociologie des religions du C.N.R.S., voulait savoir si cette " religion diffuse " correspondait à ce qu'il appelait une " nébuleuse d'hétérodoxie ", forme de protestation contre la régulation idéologique tentée par le pouvoir politique ou religieux, qui en France, se traduit par un intérêt pour la parapsychologie ou l'astrologie. »
Source :
« UN sondage du Bureau national de l'information scientifique et technique indiquait, il y a deux ans, que les Français distinguent mal les notions d'astrologie et d'astronomie - à moins qu'ils ne confondent simplement les deux mots. »
Source :
« Le Soleil tourne autour de la Terre : c'est la conviction de 38 % des Français; 35 % croient aux soucoupes volantes et aux OVNI, et 31 % qu'il y a de la vie sur Mars. Plus de quatre siècles après Copernic, dans une époque marquée par l'explosion de la recherche scientifique, la prédominance de la pensée rationaliste et la généralisation de l'éducation, ces constatations ont de quoi faire sursauter. Elles montrent pourtant à quel point la conception que se font de la science et de l'univers une bonne partie de nos contemporains est éloignée de ce que nous en disent les savants. A quel point aussi les mythes qui depuis la naissance des civilisations travaillent l'homme demeurent vivaces. Telles sont les conclusions auxquelles aboutissent deux chercheurs spécialisés dans les problèmes de l'information scientifique, Bernard Dubois et Jean-Noël Kapferer, au terme d'une enquête menée à l'aide d'interviews et d'un sondage IFOP, avec le concours du Centre national d'études spatiales (1). […]
(1) Échec à la science. La survivance des mythes chez les Français. Nouvelles Éditions rationalistes. 293 pages. 48 F.
Un sondage de la Sofres publié par Bonne Soirée (29 octobre 1981) donne des résultats analogues : 31 % des Français croient aux OVNI. »
Source :
« Soumis à un questionnaire destiné à tester leur crédulité, des étudiants de troisième année de psychologie répondent, à 77 %, que "certains témoignages sur les OVNI sont dignes de confiance" , tandis que 53 % admettent que "certaines personnes sont capables de tordre des objets à distance" ( 4 ).[…]
Plus encore que la parapsychologie, l'astrologie a la faveur du public. D'après un sondage de l'IRES Marketing (1968) - que citent, dans un dossier très richement documenté, Jean-Pierre Desmond et Pierre Goulène ( 9 ) -, 60 % des Français (femmes: 70 %; hommes: 50 %) connaissent leur signe astral; 71 % des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans en tiennent compte dans la conduite de leur vie; huit millions de personnes (soit 15 % de la population) consultent au moins une fois l'an un astrologue (prix d'une séance: 200 F.). […]
( 4 ) D'après une enquête de Mme F. Askevis-Leherpeux. Du même auteur: "les Corrélats de la superstition", Archives de sciences sociales des religions, n° 45/I, Paris, 1978. […]
( 9 ) J.-P. Desmond, P. Goulène, Enquête chez les voyants, Alain Moreau, Paris, 1978, 211 pages. »
Source :
« Astrologie, parapsychologie, télékinésie, radiesthésie..., le terme " parasciences " permet de regrouper ces doctrines, pratiques et croyances que rejette le rationalisme scientifique, même si les frontières de cet ensemble flou sont naturellement l'enjeu de luttes. Plusieurs articles du dernier numéro de la Revue française de sociologie sont consacrés à ce fait social dont l'importance est perceptible tous les jours.
Daniel Boy et Guy Michelat ont exploité certains aspects d'une enquête sur les attitudes du public à l'égard de la science où plusieurs questions permettaient de saisir l'opinion et les comportements des personnes interrogées face à de nombreux phénomènes tels que les envoûtements, les passages d'OVNI, les horoscopes, la télépathie, la radiesthésie...
Outre qu'elle confirme la présence massive de ces croyances et pratiques, l'analyse des réponses montre qu'elles forment un ensemble au sein duquel se distinguent deux dimensions homogènes, l'une regroupant ce qui touche à l'astrologie, l'autre les croyances relatives aux fantômes, aux tables tournantes, à la sorcellerie et à la télépathie (échelle dite de " paranormal ").
Sur quel terreau pousse le mieux cette pensée sauvage ? Est-ce dans les campagnes reculées, parmi les personnes âgées et les moins instruites ? C'est tout le contraire. Elle s'étiole à mesure que l'âge avance et se fortifie quand le niveau d'études s'élève.
Les croyances au paranormal sont bien plus répandues dans les couches moyennes et supérieures à dominante intellectuelle (étudiants et instituteurs en tête) que chez les ouvriers et, surtout les agriculteurs. L'astrologie a une clientèle plus diffuse avec une dominante féminine. Le défaut d'insertion sociale, dans le monde du travail ou dans la société familiale, paraît bien favoriser ces croyances, comme on témoigne leur fréquence très élevée chez les chômeurs et les divorcés.
Rien d'étonnant alors que les étudiants, cumulant toutes les caractéristiques propices (jeunesse, niveau d'études, isolement, incertitude sociale), soient particulièrement enclins à croire aux phénomènes paranormaux.
L'adhésion aux parasciences n'a pas de relation définie avec la valorisation du progrès scientifique et s'articule de manière complexe à la religion. Elle est rare chez les athées cohérents (sans religion déclarée et ne croyant ni en Dieu ni en un au-delà), mais aussi parmi les catholiques pratiquants réguliers. Elle se développe de manière privilégiée dans les situations intermédiaires et dissonantes, culminant chez les sans-religions acceptant l'idée d'un au-delà.
Les étudiants sont particulièrement enclins à croire aux phénomènes paranormaux
La dissonance idéologique fournit, à côté de l'incertitude sociale, un aliment à cette religiosité qui mêle croyances métaphysiques déconfessionnalisées à la conception d'une science qui serait dépourvue de contraintes et de limites.
On peut lire dans le même numéro et sur le même sujet deux autres articles forts intéressants. L'un de Gérard Chevalier décrit les procédés par lesquels les praticiens des parasciences recherchent la reconnaissance scientifique, en accumulant notamment des signes de légitimité universitaire qui se révèlent, après enquête, souvent fictifs. L'autre, dû à Jean-Bruno Renard, aborde la question de la croyance aux extraterrestres par une étude de l'évolution sémantique du mot extraterrestre depuis le XIXe siècle. »
Source :
« […]il me paraît utile, en tant qu'universitaire et chercheur, de faire connaître le résultat d'une enquête effectuée, l'an dernier, dans l'université d'Aix-Marseille.
Un formulaire avait été adressé aux mille quatorze enseignants-chercheurs de tous grades de l'université, qui permettait de répondre en quelques minutes aux quatre questions suivantes :
1) Vous intéressez-vous : pas du tout, un peu ou beaucoup à la parapsychologie ?
2) Croyez-vous que les phénomènes paranormaux soient des faits établis, probables, possibles, improbables ou impossibles ?
3) Croyez-vous qu'il faille ou non entreprendre dans l'Université des études sur la parapsychologie ?
4) Voulez-vous décliner votre identité ? Si oui, précisez : nom, âge, sexe, grade et discipline.
Trois cent quatre-vingt douze personnes ont répondu (soit 38,65 %) dont 351 précisaient leur identité, témoignant ainsi de leur sincérité.
À la première question, 196 répondent ne pas s'intéresser du tout à la parapsychologie (50 %), 150 disent s'y intéresser " un peu " (38,25 %) et 46 " beaucoup " (11,75 %).
À la seconde question, 25 répondent que les phénomènes psi sont des " faits établis (6,38%) et 44 qu'ils sont des " faits impossibles " (11,25%); 101 considèrent qu'il s'agit de faite " possibles " (25,75 %), 89 de faits " probables " (22,70 %) et 126 de faits " improbables " (32,15 %); 7 seulement sont sans avis.
À la troisième question, 230 répondent que la parapsychologie peut ou doit être étudiée dans l'Université (58,67 %), 96 qu'elle ne le doit pas (24,50 %), tandis que 66 n'ont pas d'opinion sur la question (16,83 %).
Une étude détaillée des résultats fait apparaître une forte cohérence entre les réponses aux trois questions et, plus important encore, un manque total de relations significatives entre la nature de ces réponses et le sexe, l'âge, le grade ou la discipline des sujets interrogés.
Si l'on accepte le principe que les résultats de cette enquête locale sont applicables au reste de la France, compte tenu de l'importance de l'échantillon, il m'apparaît qu'ils devraient apaiser l'inquiétude exprimée par la Fédération française de parapsychologie dans son manifeste. Ces résultats démontrent, en effet, que près de 90 % des chercheurs français, quel que soit leur " profil ", sont disposés à admettre l'existence des phénomènes paranormaux lorsqu'ils la jugeront démontrée et que moins d'un quart d'entre eux sont hostiles à des études parapsychologiques dans le sein de l'Université..., ce qui était prévisible dans le pays de René Descartes et de Claude Bernard. Il n'y a donc aucune raison de redouter que les chercheurs français, même pas les plus vieux et les plus titrés, n'exercent envers parapsychologie un ostracisme qui serait basé sur " la défense des vieilles théories matérialistes qui avaient cours à l'époque des luttes clérico-religieuses. "
Il n'y a pas de raison non plus pour que les savants parapsychologues français cachent leurs recherches et, comble de l'aberration, pour qu'ils signent leurs publications sous des noms d'emprunt " afin d'échapper au discrédit ", que personne ne songe à leur infliger. En procédant de la sorte, ils aboutiraient seulement à accroître l'attitude de doute scientifique de la majorité des chercheurs français (82,37 % de ceux que j'ai interrogés), pour qui les phénomènes psi ne sont encore ni " établis " ni " impossibles ". »
Source :
Pour trouver d’autres références dans la presse spécialisée, nous vous encourageons à effectuer une recherche dans Persée avec différents termes de recherche. Par exemple, nous y trouvons 31 résultats pour une période allant de 1974 à 1986, avec les termes « sondage » et « parapsychologie ».
Bonne journée.
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