Question d'origine :
Bonjour, j'ai souvent entendu mon grand-père parler du pichetogom (ou pichetogomme, ou encore pichtogome, je n'ai aucune idée de l'orthographe précise) pour évoquer le vin, ou la bouteille de vin. Quelle est l'origine de ce mot ? D'où vient-il ? Je ne trouve qu'une seule réponse sur le web, ça me semble bien peu :-)
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/11/2020 à 10h24
Bonjour,
Comme souvent lorsqu'il s'agit d'argot, l'origine de ce mot semble assez mystérieuse.
La première mention que nous en trouvons est extraite d'un feuilleton humoristique intitulé "Les Feuillets kakis", traitant semble-t-il du quotidien des soldats français durant la "drôle de guerre", paru dans le numéro du 6 mars 1940 de l'Ouest-Eclair, lisible sur Gallica. L'occurrence se trouve dans la tirade d'un personnage ayant un nom évoquant l'ivrognerie, Picolo, qui singe un animateur de radio et harangue ainsi les auditeurs :
Messieurs Dames ! Merci d'avoir été chic pour nous ! Vous savez, les rations de pinard, s'est [sic] comme ce qu'on dit des culottes : Plus qu'elles sont larges, et plus que le bonhomme est fort. En douce que ça doit être vrai, puisqu'on vient de nous filer des knickers.
C'est "Picolo" qui vous le dit, et il s'y connait : Le picrate chaud sera le bienvenu de tous ; forcément ! C'est pas en suçant de la glace ni en buvant de la flotte qu'on chasse le bourdon et qu'on se réchauffe ; et pour ce qui est du lait, qu'il soit de vache, de bique ou d'ânesse, le troufion n'en tâtera guère avant ce voir ces bêtes claper du raisin.
Vous n'avez pas hésité, Messieurs Dames, à y aller de dix ou vingt ronds pour qu'on puisse nous faire chauffer dupichtogom ! Mais ne craignez pas maintenant, que les saute-au-rab se tapent tout le même jour !...
Gallica indique aussi que le terme est défini dans le dictionnaire d'argot Langue verte et noirs desseins, d'Auguste Le Breton, que nous n'avons pas pu consulter. Il y est orthographie pichtogorne.
C'est que la langue verte est souple et malléable, et de nombreuses variantes de mots d'argot peuvent exister. Le site languefrancaise.net donne ainsi des graphies aussi variées que pichtogorne ; pichetegorme ; pichtegorne ; pitchtogorne ; pichetegorne ; pichtgorge ; pichtegomme ; pichtegome ; pichtagore ; pichenagorge ; pichegorge ; pichenogorge ; pichtegom ; pichtogom ; pichtegonne ; pichtogorme ; pichtogorn ; pichegorge ; pichtogame.
Selon le Dictionnaire historique de la langue française [Livre] / sous la direction de Alain Rey, "pichet, serait dérivé pichenet (Denis Poulot, Le sublime..., 1870 ) puis pichtegom avec un suffixe argotique -gom."
Enfin, voici la définition du mot dans le CNRTL :
"PICHTOGORNE , , subst. masc.,
* Dans l'article "PICHENET ,, subst. masc."
Arg. et pop., vieilli. Vin médiocre ou vin quelconque. Maintenant on a quitté le pichenet pour le gloria et le bock, les boules pour le billard; le café a remplacé le marchand de vins (Poulot, Sublime, 1870, p.107). Ce sacré soiffard se portait comme un charme. Le pichenet et le vitriol l'engraissaient, positivement. Il mangeait beaucoup, se fichait de cet efflanqué de Lorilleux qui accusait la boisson de tuer les gens (Zola, Assommoir, 1877, p.646).
REM.
Pichtegorn(e),(Pichtegorn, Pichtegorne) pichtogorne , subst. masc.,var., arg. et pop. Judex (...) remplissait les bidons, dispensateurs du «pichtegorn» (Vialar, Risques et périls, 1948, p.57). Les variantes qui sont préférées des écrivains depuis une vingtaine d'années sont pichtogorne et pichtegorne (Esnault, Notes compl. Poilu[1919], 1957, p.411).
Prononc.: [piʃnε]. Étymol. et Hist. 1870 (Poulot, loc. cit.). Terme dial. relevé dans le Morvan au sens de «pot à boire», FEW t.1, p.362 a; peut-être issu de pichet* par élargissement."
Bonne journée.
Comme souvent lorsqu'il s'agit d'argot, l'origine de ce mot semble assez mystérieuse.
La première mention que nous en trouvons est extraite d'un feuilleton humoristique intitulé "Les Feuillets kakis", traitant semble-t-il du quotidien des soldats français durant la "drôle de guerre", paru dans le numéro du 6 mars 1940 de l'Ouest-Eclair, lisible sur Gallica. L'occurrence se trouve dans la tirade d'un personnage ayant un nom évoquant l'ivrognerie, Picolo, qui singe un animateur de radio et harangue ainsi les auditeurs :
Messieurs Dames ! Merci d'avoir été chic pour nous ! Vous savez, les rations de pinard, s'est [sic] comme ce qu'on dit des culottes : Plus qu'elles sont larges, et plus que le bonhomme est fort. En douce que ça doit être vrai, puisqu'on vient de nous filer des knickers.
C'est "Picolo" qui vous le dit, et il s'y connait : Le picrate chaud sera le bienvenu de tous ; forcément ! C'est pas en suçant de la glace ni en buvant de la flotte qu'on chasse le bourdon et qu'on se réchauffe ; et pour ce qui est du lait, qu'il soit de vache, de bique ou d'ânesse, le troufion n'en tâtera guère avant ce voir ces bêtes claper du raisin.
Vous n'avez pas hésité, Messieurs Dames, à y aller de dix ou vingt ronds pour qu'on puisse nous faire chauffer du
Gallica indique aussi que le terme est défini dans le dictionnaire d'argot Langue verte et noirs desseins, d'Auguste Le Breton, que nous n'avons pas pu consulter. Il y est orthographie pichtogorne.
C'est que la langue verte est souple et malléable, et de nombreuses variantes de mots d'argot peuvent exister. Le site languefrancaise.net donne ainsi des graphies aussi variées que pichtogorne ; pichetegorme ; pichtegorne ; pitchtogorne ; pichetegorne ; pichtgorge ; pichtegomme ; pichtegome ; pichtagore ; pichenagorge ; pichegorge ; pichenogorge ; pichtegom ; pichtogom ; pichtegonne ; pichtogorme ; pichtogorn ; pichegorge ; pichtogame.
Selon le Dictionnaire historique de la langue française [Livre] / sous la direction de Alain Rey, "pichet, serait dérivé pichenet (Denis Poulot, Le sublime..., 1870 ) puis pichtegom avec un suffixe argotique -gom."
Enfin, voici la définition du mot dans le CNRTL :
"
* Dans l'article "
Arg. et pop., vieilli. Vin médiocre ou vin quelconque. Maintenant on a quitté le pichenet pour le gloria et le bock, les boules pour le billard; le café a remplacé le marchand de vins (Poulot, Sublime, 1870, p.107). Ce sacré soiffard se portait comme un charme. Le pichenet et le vitriol l'engraissaient, positivement. Il mangeait beaucoup, se fichait de cet efflanqué de Lorilleux qui accusait la boisson de tuer les gens (Zola, Assommoir, 1877, p.646).
Prononc.: [piʃnε]. Étymol. et Hist. 1870 (Poulot, loc. cit.). Terme dial. relevé dans le Morvan au sens de «pot à boire», FEW t.1, p.362 a; peut-être issu de pichet* par élargissement."
Bonne journée.
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