Question d'origine :
Ce calendrier de l'église catholique romaine mettant à l'honneur un saint par jour, pourquoi est-il différent de contenu en France de l'Italie?(Ex: saint Daniel: 11/12 en France et 10/10 en Italie?) Qui change les dates sur le calendrier français? (ex: saint Henri était fêté le 15 juillet avant 1952 et ensuite le 13 juillet?) Avec mes remerciements.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Dans le calendrier liturgique romain général (c'est-à-dire, le calendrier contenant les célébrations destinées à être observées dans le rite romain dans tous les pays), la date du 11 décembre est consacrée à Saint Damase (mémoire facultative).
Les dates que vous mentionnez correspondent à des fêtes locales honorant deux saints distincts :
- Saint Daniel le Stylite, fêté le 11 décembre aussi bien en France qu’en Italie
- Saint Daniel Comboni, fêté le 10 octobre
De manière générale, c’est le 11 décembre qu’on souhaite leur fête aux Daniel et à tous les porteurs de prénoms dérivés : Dan, Dany, Danièle, Danielle, Daniella, Daniela, Danitza, Niels, Nilson, Nilsen, Nielson, Nielsen, Nelson…
Il n’y a donc pas de réelle différence concernant la fête de Saint Daniel entre le calendrier français et italien ; mais Saint Daniel Comboni étant de nationalité italienne, sa fête y prend peut-être plus d’importance qu’en France.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucune différence entre les calendriers liturgiques des différents pays : vous trouverez sur cette page Calendrier romain général (liturgie) le calendrier général ainsi que des saints célébrés à niveau continental, national ou local. On voit que la France a plusieurs fêtes qui lui sont propres :
• 3 janvier : Saint Nom de Jésus ou Sainte Geneviève, vierge - Mémoire facultative
• 15 janvier : Saint Remi, évêque - Mémoire facultative
• 14 février : Saints Cyrille, moine, et Méthode, évêque - Fête
• 18 février : Sainte Bernadette Soubirous - Mémoire facultative
• 29 avril : Sainte Catherine de Sienne, vierge et docteur de l'Église - Fête
• 19 mai : Saint Yves - Mémoire facultative
• 30 mai : Sainte Jeanne d'Arc, vierge - Mémoire obligatoire
• 2 juin : Saint Pothin, évêque, Sainte Blandine, vierge, et leurs compagnons, martyrs - Mémoire facultative
• 5 juin : Sainte Clotilde - Mémoire facultative
• 11 juillet : Saint Benoît, abbé - Fête
• 23 juillet : sainte Brigitte de Suède, religieuse - Fête
• 9 août : Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein), vierge et martyre - Fête
• 26 août : saint Césaire d'Arles, évêque - Mémoire facultative
• 19 septembre : Notre-Dame de La Salette - Mémoire facultative
D’où viennent ces spécificités locales ? Les explications que nous trouvons sur le site de l’Institut de recherche et d’histoire des textes nous aident à comprendre comment s’est formé le calendrier des saints depuis les premiers chrétiens jusqu’à la fin du Moyen Âge :
«Le calendrier ecclésiastique
Dans toutes les sociétés, le calendrier qui rythme les activités humaines est essentiellement de nature religieuse. Les obligations qu'il comporte sont tantôt d'ordre négatif et consistent dans la prohibition de certaines activités – voire de toute activité – à de certaines dates ; tantôt d'ordre positif, et imposent la commémoration de certains évènements (historiques ou non) par des cérémonies appropriées.
Les calendriers des Eglises chrétiennes (occidentales ou orientales), en usage dans les sociétés médiévales, répondent quasi exclusivement à la seconde définition. Ils atteignent une complexité redoutable en raison de la superposition de plusieurs cycles de fêtes ; de l'adoption de principes variés pour la détermination de leur date (fêtes fixes, fêtes mobiles); des particularismes locaux du culte des saints.
Temporal et sanctoral
Une distinction fondamentale s'établit d'emblée entre les deux strates principales : le temporal et le sanctoral.
La fonction du temporal est moins commémorative que didactique. Elle consiste à répartir sur le cours d'une année la lecture fragmentée de deux longs textes essentiels : les Evangiles (à la messe) et le Psautier (à l'office). Cette répartition s'organise autour de deux pôles commémorant les moments-clés de la vie du Christ : d'une part, sa naissance (Noël) ; de l'autre, sa Passion et sa Résurrection (Pâques) – chacun de ces deux événements engendrant un cycle plus ou moins indépendant.
Le sanctoral n'est pas un ensemble aussi fortement structuré. Il résulte simplement de la célébration de la mémoire des saints à des dates anniversaires. Les lectures auxquelles ces fêtes donnent lieu sont indépendantes, tant entre elles que par rapport au temporal.
• La distinction entre temporal et sanctoral n'est pas seulement intellectuelle ; elle est aussi matérielle. L'augmentation du nombre des fêtes de saints et la difficulté de les mentionner à leur place chronologique au milieu des fêtes mobiles a conduit, à partir du XIe siècle environ, à diviser les livres liturgiques en deux parties.
• A ces ensembles vient encore se superposer le cycle des Quatre Temps, que l'on peut considérer comme un vestige des usages paléo-chrétiens. Ils consistent en quatre semaine de jeûne réparties à intervalles réguliers au cours de l'année, à l'issue de chaque saison (plus exactement: comme prélude à la suivante, qui leur donne son nom). Les célébrations correspondantes ont lieu le mercredi, le vendredi et le samedi de chacune. Bien que remis à l'honneur et définitivement fixés dans le calendrier par Grégoire VII (1073-1085), ces jours n'ont jamais joué qu'un rôle mineur dans le déroulement de l'année liturgique.
La maîtrise des usages fixant le temporal est nécessaire à la datation des documents qui s'y réfèrent. La connaissance des particularités locales du sanctoral permet souvent de situer l'origine géographique de ceux-ci.
[…]
Le sanctoral
Le culte des saints, et plus spécialement des martyrs, remonte aux temps les plus anciens de l'histoire de l'Eglise.
Le contenu des sanctoraux est d'une infinie variété, correspondant à une multiplicité d'usages locaux qu'aucune réforme n'a jamais vraiment tenté de normaliser. Son développement et sa diversification sont des phénomènes graduels et constants.
Le commun dénominateur est constitué par l'ancien usage romain, diffusé dans toute l'Europe à l'époque carolingienne sur la base de sacramentaires attribués aux papes Gélase I (492-496) et Grégoire le Grand (590-604). Celui-ci a immédiatement été enrichi des particularités issues d'usages locaux antérieurs (certaines églises y ont intégré la liste quasi complète des évêques dont elles avaient conservé la mémoire). De nouvelles fêtes particulières à un diocèse ou à un ordre religieux n'ont cessé de s'y introduire au fil des siècles.
Alors que le sanctoral gélasien-grégorien compte moins d'une centaine de célébrations, ce nombre s'élève graduellement au cours des siècles pour atteinte communément plus de 300 à la fin du Moyen Age. L'inflation n'est pas uniquement due à l'effet « mécanique » de l'accumulation des personnages sanctifiés au fil des siècles. Elle est aussi la conséquence du développement du culte des reliques, qui multiplie les fêtes commémorant les « inventions » (découverte de reliques), les « translations » (transfert des reliques d'un lieu à un autre), les « élévations » (réinstallation solennelle du corps dans l'église). Y prend également une large part la diffusion de certains cultes au-delà de leur « périmètre d'origine », par suite notamment de l'extension territoriale de certains ordres religieux. Des fêtes initialement à un ordre particulier sont devenues usuelles dans les régions soumises à leur influence prépondérante. Celle des franciscains, particulièrement forte à Rome au XIIIe siècle, a conduit la papauté à imposer plusieurs fêtes à l'ensemble de la chrétienté.
Dès la fin du Moyen Age, la prolifération des fêtes commença à être ressentie comme abusive. Jean Gerson la dénonça au Concile de Constance (1414-1418) ; mais aucune décision formelle ne fut prise pour y mettre un terme avant la bulle « Universa per orbem » d'Urbain VIII (1645).
• La canonisation des saints est une procédure qui n'a été introduite qu'à la fin du Xe siècle (la première est celle de s. Ulrich d'Augsbourg [† 973], par Jean XV, en 993). Néanmoins, une fois que la sainteté du personnage a été reconnue, il n'existe aucune disposition générale pour contrôler les manifestations du culte qui lui est rendu, et chaque église peut multiplier à loisir les fêtes qui sont célébrées sous son nom.
• Les calendriers pléniers (comportant un nom de saint pour chaque jour) que l'on voit se développer au bas Moyen Age – principalement dans les livres d'heures et les almanachs – sont des créations artificielles, qui sont supposées en préserver la validité quel que soit le lieu d'attache du destinataire, et à permettre ainsi la production en série des livres où ils apparaissent. Ils sont dépourvus de valeur liturgique et, de ce fait, particulièrement difficiles à interpréter en termes d'origine géographique. Les saints majeurs de la région de production tendent néanmoins à s'y laisser reconnaître au milieu d'une masse anarchique, et parfois même fantaisiste. Par ailleurs, ces calendriers ne sont pas établis au coup par coup, mais se reproduisent d'un manuscrit ou d'une édition à l'autre : ils sont donc susceptibles d'une critique génétique. Cette approche a connu d'importants développements au cours de ces dernières décennies.
[…]
Conflits de dates
L'articulation des fêtes du sanctoral avec celles du temporal entraîne fréquemment des conflits que les « ordinaires liturgiques » (ensemble des règles fixant la célébration des offices d'une église) s'efforcent de prévoir et de régler au moyen de dispositions complexes. Les fêtes de moindre importance sont généralement réduites à une simple commémoraison ; celles dont la célébration ne saurait être éclipsée (en particulier celle du saint patron local) sont déplacées d'un jour ou d'une semaine, avant ou après leur date normale. Les mêmes dispositions peuvent être prises pour les octaves des plus importantes.
Ainsi, la fête de saint Benoît (21 mars), qui est naturellement l'une des principales dans l'ordre bénédictin, tombe régulièrement pendant le carême. Assez fréquemment même, elle coïncide avec l'un des jours majeurs de la Semaine sainte (jeudi, vendredi, samedi saints), ce qui en empêche totalement la célébration dans une forme normale. Cette situation s'est produite en 604 (s), 631 (j), 642 (j), 699 (v), 726 (j), 737 (j), 783 (v), 794 (v), 821 (j), 832 (j), 851 (s), 878 (v), 889 (v), 916 (j), 946 (s), 973 (v), 984 (v), 1041 (s), 1068 (v), 1079 (j), 1136 (s), 1163 (j), 1174 (j), 1231 (v), 1258 (j), 1269 (j), 1315 (v), 1326 (v), 1353 (j), 1364 (j), 1383 (s), 1410 (v), 1421 (v), 1448 (j), 1478 (s), 1505 (v), 1516 (v), 1573 (s).
Ces anticipations ou procratisnations restent cependant sans incidence lorsqu'il sagit d'exprimer une date. Quel que soit le jour où elle est effectivement célébrée, la Saint-Benoît correspond toujours au 21 mars.
D'autres changements de date ne sont pas conjoncturels, mais structurels : pour permettre l'introduction d'une nouvelle fête plus importante, celle qui se célébrait à cette date peut être déplacée à une autre. La modification a cette fois un retentissement durable sur le calendrier. »
Le calendrier des saints n’a cessé d’évoluer tout au long de l’histoire du christianisme et du catholicisme.
Au XVIe siècle, le pape Pie V établit le calendrier romain tridentin appliquant le décret du Concile de Trente.
En 1960, le pape Jean XXIII établit le calendrier romain général en conformité avec son Code des Rubriques (Codex rubricarum) promulgué par le motu proprio Rubricarum instructum du 25 juillet 1960.
En 1969, le pape Paul VI publie le motu proprio Mysterii paschalis qui donne au calendrier romain général sa forme actuelle.
Concernant Saint Henri, il semble que le changement de date soit une conséquence de Vatican II. Du 15 juillet, sa fête a été déplacée au 13 juillet, anniversaire de sa mort.
Bonne journée.
Dans le calendrier liturgique romain général (c'est-à-dire, le calendrier contenant les célébrations destinées à être observées dans le rite romain dans tous les pays), la date du 11 décembre est consacrée à Saint Damase (mémoire facultative).
Les dates que vous mentionnez correspondent à des fêtes locales honorant deux saints distincts :
- Saint Daniel le Stylite, fêté le 11 décembre aussi bien en France qu’en Italie
- Saint Daniel Comboni, fêté le 10 octobre
De manière générale, c’est le 11 décembre qu’on souhaite leur fête aux Daniel et à tous les porteurs de prénoms dérivés : Dan, Dany, Danièle, Danielle, Daniella, Daniela, Danitza, Niels, Nilson, Nilsen, Nielson, Nielsen, Nelson…
Il n’y a donc pas de réelle différence concernant la fête de Saint Daniel entre le calendrier français et italien ; mais Saint Daniel Comboni étant de nationalité italienne, sa fête y prend peut-être plus d’importance qu’en France.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucune différence entre les calendriers liturgiques des différents pays : vous trouverez sur cette page Calendrier romain général (liturgie) le calendrier général ainsi que des saints célébrés à niveau continental, national ou local. On voit que la France a plusieurs fêtes qui lui sont propres :
• 3 janvier : Saint Nom de Jésus ou Sainte Geneviève, vierge - Mémoire facultative
• 15 janvier : Saint Remi, évêque - Mémoire facultative
• 14 février : Saints Cyrille, moine, et Méthode, évêque - Fête
• 18 février : Sainte Bernadette Soubirous - Mémoire facultative
• 29 avril : Sainte Catherine de Sienne, vierge et docteur de l'Église - Fête
• 19 mai : Saint Yves - Mémoire facultative
• 30 mai : Sainte Jeanne d'Arc, vierge - Mémoire obligatoire
• 2 juin : Saint Pothin, évêque, Sainte Blandine, vierge, et leurs compagnons, martyrs - Mémoire facultative
• 5 juin : Sainte Clotilde - Mémoire facultative
• 11 juillet : Saint Benoît, abbé - Fête
• 23 juillet : sainte Brigitte de Suède, religieuse - Fête
• 9 août : Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein), vierge et martyre - Fête
• 26 août : saint Césaire d'Arles, évêque - Mémoire facultative
• 19 septembre : Notre-Dame de La Salette - Mémoire facultative
D’où viennent ces spécificités locales ? Les explications que nous trouvons sur le site de l’Institut de recherche et d’histoire des textes nous aident à comprendre comment s’est formé le calendrier des saints depuis les premiers chrétiens jusqu’à la fin du Moyen Âge :
«
Dans toutes les sociétés, le calendrier qui rythme les activités humaines est essentiellement de nature religieuse. Les obligations qu'il comporte sont tantôt d'ordre négatif et consistent dans la prohibition de certaines activités – voire de toute activité – à de certaines dates ; tantôt d'ordre positif, et imposent la commémoration de certains évènements (historiques ou non) par des cérémonies appropriées.
Les calendriers des Eglises chrétiennes (occidentales ou orientales), en usage dans les sociétés médiévales, répondent quasi exclusivement à la seconde définition. Ils atteignent une complexité redoutable en raison de la superposition de plusieurs cycles de fêtes ; de l'adoption de principes variés pour la détermination de leur date (fêtes fixes, fêtes mobiles); des particularismes locaux du culte des saints.
Une distinction fondamentale s'établit d'emblée entre les deux strates principales : le temporal et le sanctoral.
La fonction du temporal est moins commémorative que didactique. Elle consiste à répartir sur le cours d'une année la lecture fragmentée de deux longs textes essentiels : les Evangiles (à la messe) et le Psautier (à l'office). Cette répartition s'organise autour de deux pôles commémorant les moments-clés de la vie du Christ : d'une part, sa naissance (Noël) ; de l'autre, sa Passion et sa Résurrection (Pâques) – chacun de ces deux événements engendrant un cycle plus ou moins indépendant.
Le sanctoral n'est pas un ensemble aussi fortement structuré. Il résulte simplement de la célébration de la mémoire des saints à des dates anniversaires. Les lectures auxquelles ces fêtes donnent lieu sont indépendantes, tant entre elles que par rapport au temporal.
• La distinction entre temporal et sanctoral n'est pas seulement intellectuelle ; elle est aussi matérielle. L'augmentation du nombre des fêtes de saints et la difficulté de les mentionner à leur place chronologique au milieu des fêtes mobiles a conduit, à partir du XIe siècle environ, à diviser les livres liturgiques en deux parties.
• A ces ensembles vient encore se superposer le cycle des Quatre Temps, que l'on peut considérer comme un vestige des usages paléo-chrétiens. Ils consistent en quatre semaine de jeûne réparties à intervalles réguliers au cours de l'année, à l'issue de chaque saison (plus exactement: comme prélude à la suivante, qui leur donne son nom). Les célébrations correspondantes ont lieu le mercredi, le vendredi et le samedi de chacune. Bien que remis à l'honneur et définitivement fixés dans le calendrier par Grégoire VII (1073-1085), ces jours n'ont jamais joué qu'un rôle mineur dans le déroulement de l'année liturgique.
La maîtrise des usages fixant le temporal est nécessaire à la datation des documents qui s'y réfèrent. La connaissance des particularités locales du sanctoral permet souvent de situer l'origine géographique de ceux-ci.
[…]
Le culte des saints, et plus spécialement des martyrs, remonte aux temps les plus anciens de l'histoire de l'Eglise.
Le contenu des sanctoraux est d'une infinie variété, correspondant à une multiplicité d'usages locaux qu'aucune réforme n'a jamais vraiment tenté de normaliser. Son développement et sa diversification sont des phénomènes graduels et constants.
Le commun dénominateur est constitué par l'ancien usage romain, diffusé dans toute l'Europe à l'époque carolingienne sur la base de sacramentaires attribués aux papes Gélase I (492-496) et Grégoire le Grand (590-604). Celui-ci a immédiatement été enrichi des particularités issues d'usages locaux antérieurs (certaines églises y ont intégré la liste quasi complète des évêques dont elles avaient conservé la mémoire). De nouvelles fêtes particulières à un diocèse ou à un ordre religieux n'ont cessé de s'y introduire au fil des siècles.
Alors que le sanctoral gélasien-grégorien compte moins d'une centaine de célébrations, ce nombre s'élève graduellement au cours des siècles pour atteinte communément plus de 300 à la fin du Moyen Age. L'inflation n'est pas uniquement due à l'effet « mécanique » de l'accumulation des personnages sanctifiés au fil des siècles. Elle est aussi la conséquence du développement du culte des reliques, qui multiplie les fêtes commémorant les « inventions » (découverte de reliques), les « translations » (transfert des reliques d'un lieu à un autre), les « élévations » (réinstallation solennelle du corps dans l'église). Y prend également une large part la diffusion de certains cultes au-delà de leur « périmètre d'origine », par suite notamment de l'extension territoriale de certains ordres religieux. Des fêtes initialement à un ordre particulier sont devenues usuelles dans les régions soumises à leur influence prépondérante. Celle des franciscains, particulièrement forte à Rome au XIIIe siècle, a conduit la papauté à imposer plusieurs fêtes à l'ensemble de la chrétienté.
Dès la fin du Moyen Age, la prolifération des fêtes commença à être ressentie comme abusive. Jean Gerson la dénonça au Concile de Constance (1414-1418) ; mais aucune décision formelle ne fut prise pour y mettre un terme avant la bulle « Universa per orbem » d'Urbain VIII (1645).
• La canonisation des saints est une procédure qui n'a été introduite qu'à la fin du Xe siècle (la première est celle de s. Ulrich d'Augsbourg [† 973], par Jean XV, en 993). Néanmoins, une fois que la sainteté du personnage a été reconnue, il n'existe aucune disposition générale pour contrôler les manifestations du culte qui lui est rendu, et chaque église peut multiplier à loisir les fêtes qui sont célébrées sous son nom.
• Les calendriers pléniers (comportant un nom de saint pour chaque jour) que l'on voit se développer au bas Moyen Age – principalement dans les livres d'heures et les almanachs – sont des créations artificielles, qui sont supposées en préserver la validité quel que soit le lieu d'attache du destinataire, et à permettre ainsi la production en série des livres où ils apparaissent. Ils sont dépourvus de valeur liturgique et, de ce fait, particulièrement difficiles à interpréter en termes d'origine géographique. Les saints majeurs de la région de production tendent néanmoins à s'y laisser reconnaître au milieu d'une masse anarchique, et parfois même fantaisiste. Par ailleurs, ces calendriers ne sont pas établis au coup par coup, mais se reproduisent d'un manuscrit ou d'une édition à l'autre : ils sont donc susceptibles d'une critique génétique. Cette approche a connu d'importants développements au cours de ces dernières décennies.
[…]
L'articulation des fêtes du sanctoral avec celles du temporal entraîne fréquemment des conflits que les « ordinaires liturgiques » (ensemble des règles fixant la célébration des offices d'une église) s'efforcent de prévoir et de régler au moyen de dispositions complexes. Les fêtes de moindre importance sont généralement réduites à une simple commémoraison ; celles dont la célébration ne saurait être éclipsée (en particulier celle du saint patron local) sont déplacées d'un jour ou d'une semaine, avant ou après leur date normale. Les mêmes dispositions peuvent être prises pour les octaves des plus importantes.
Ainsi, la fête de saint Benoît (21 mars), qui est naturellement l'une des principales dans l'ordre bénédictin, tombe régulièrement pendant le carême. Assez fréquemment même, elle coïncide avec l'un des jours majeurs de la Semaine sainte (jeudi, vendredi, samedi saints), ce qui en empêche totalement la célébration dans une forme normale. Cette situation s'est produite en 604 (s), 631 (j), 642 (j), 699 (v), 726 (j), 737 (j), 783 (v), 794 (v), 821 (j), 832 (j), 851 (s), 878 (v), 889 (v), 916 (j), 946 (s), 973 (v), 984 (v), 1041 (s), 1068 (v), 1079 (j), 1136 (s), 1163 (j), 1174 (j), 1231 (v), 1258 (j), 1269 (j), 1315 (v), 1326 (v), 1353 (j), 1364 (j), 1383 (s), 1410 (v), 1421 (v), 1448 (j), 1478 (s), 1505 (v), 1516 (v), 1573 (s).
Ces anticipations ou procratisnations restent cependant sans incidence lorsqu'il sagit d'exprimer une date. Quel que soit le jour où elle est effectivement célébrée, la Saint-Benoît correspond toujours au 21 mars.
D'autres changements de date ne sont pas conjoncturels, mais structurels : pour permettre l'introduction d'une nouvelle fête plus importante, celle qui se célébrait à cette date peut être déplacée à une autre. La modification a cette fois un retentissement durable sur le calendrier. »
Le calendrier des saints n’a cessé d’évoluer tout au long de l’histoire du christianisme et du catholicisme.
Au XVIe siècle, le pape Pie V établit le calendrier romain tridentin appliquant le décret du Concile de Trente.
En 1960, le pape Jean XXIII établit le calendrier romain général en conformité avec son Code des Rubriques (Codex rubricarum) promulgué par le motu proprio Rubricarum instructum du 25 juillet 1960.
En 1969, le pape Paul VI publie le motu proprio Mysterii paschalis qui donne au calendrier romain général sa forme actuelle.
Concernant Saint Henri, il semble que le changement de date soit une conséquence de Vatican II. Du 15 juillet, sa fête a été déplacée au 13 juillet, anniversaire de sa mort.
Bonne journée.
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