Question d'origine :
Que sait-on des flappers aux USA à la sortie de la guerre de 14/18 dans les usines, mécaniciennes ou ouvrières, exite-t-il de la documentation sur ces flappars qui travaillaient dans le secteur automobiles par exemple ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/12/2020 à 05h26
Réponse du Département Civilisation :
Bonjour,
L’article Wikipédia nous donne une première définition, assez courante, de ce qu’étaient ces «flappers ». Il est ici question de « jeunes femmes garçonnes du début des années 1920, portant jupe ou robe courte laissant apparaître le genou, aux cheveux courts ou coupés au carré. S'appliquant à briser tous les canons de beauté et codes sociaux américains, la jeune femme est avant tout rebelle et avant-gardiste ».
D’autres articles de presse en ligne s’attardent sur la tenue vestimentaire et les habitudes des « flappers » devenues dans les années 20 aux Etats-Unis, l’incarnation plutôt glamour d’une soi-disant émancipation féminine après guerre. Ainsi on retrouve la « flapper » dans les nouvelles deFrancis Scott Fitzgerald ou au cinéma avec Louise Brooks .
L'article anglais de wikipédia sur les flappers revient sur ce symbole des fameuses années rugissantes aux Etats-Unis , équivalent de nos années folles :
“ Flappers are icons of the Roaring Twenties, the social, political turbulence and increased transatlantic cultural exchange that followed the end of World War I, as well as the export of American jazz culture to Europe “
Si ces femmes aux mœurs libérées (tout comme l’arrivée du jazz en Europe) sont des effets collatéraux de la première Guerre Mondiale, elles sont avant tout ces femmes qui pendant le conflit ont occupé de nombreux métiers laissés vacants par des hommes partis au combat.
Nous n'avons trouvé, hélas que peu de documentation en français mais nous vous conseillons la lecture des articles suivants, assez éclairants sur le sujet.
Ainsi l’article "Women Mobilization for War in USA" sur le site1914-1918 online revient sur l’apport des femmes à l’effort de guerre et sur les différents métiers qu’elles ont occupées alors :
"The United States participation in the World War brought some 1 million women into the wartime workforce. This represented a growth in the number of women working for wages and also an expansion of the kinds of jobs available, particularly in manufacturing. Women working in railroad jobs, for example, expanded from 31,400 in 1917 to 101,785 the month before the Armistice, working in the roundhouse as sweepers and cleaners, worked the docks, and as machinists and helpers in the machine shop. In addition, women joined labor unions in large numbers with almost 400,000 women organized by 1920”
Il est également question à la fin de l’article, du dix-neuvième amendement de la Constitution des Etats-Unis qui délivre, le 18 aout 1920, le droit de vote des femmes. Ce droit ayant été en partie obtenue par le NWP (National Woman’s Party) représenté par Alice Paul (1885-1977) et Lucy Burns (1879-1966).
Nous vous invitons à consulter la très conséquente bibliographie à la fin de cet article qui pourrait vous fournir des éléments d’informations complémentaires.
Un autre article sur le même site s’intéresse aux femmes britanniques et revient donc dans une première partie sur les différents mouvements émancipateurs féministes d’avant-guerre (comme celui des suffragettes se battant pour le droit de vote) mais il est également question de la situation des femmes pendant et après le conflit et de ces fameuses « flappers », terme encore une fois employé pour exprimer la libération des mœurs des femmes au début des années 20 :
"the social historian Arthur Marwick, have pointed to changes such as the (limited) enfranchisement of British women in 1918, the movement of women into new areas of work and the emergence of the sexually liberated "flapper" in the 1920s as evidence of war’s ability to greatly accelerate existing social trends."
Nous avons pu trouver sur le site de l' Université de Washington, un article issu d’un projet autour de des droits civils et de l’histoire du travail à Seattle.
Certes comme le rappelle l’auteur de l’article de nombreuses femmes devaient assurer des missions humanitaires, sociales ou paramédicales pour la Croix-Rouge ou la ligue patriotique mais d’autres ont eu des emplois non traditionnels :
"Women were replacing men’s job such as railroad workers, auto drivers, and other machine operators. One newspaper noted that 4,000 women were working for the Pennsylvania Railroad. In five months, the number increased from 1,494 to 3,700…"
La suite de l’article revient également sur les conditions de travail de ces femmes payées moitié moins que les hommes et sur leur présence nouvelle dans certains corps de métiers après 1918.
Enfin vous pouvez consulter sur le réseau canopé un dossier pédagogique fort intéressant intitulé “L'émancipation des femmes après la première guerre : mythe ou réalité".
Le dossier fait en effet le point sur l’historiographie de cette émancipation des femmes après-guerre :
"Ainsi, les premiers travaux entrepris à partir de la fin des années 1960 portent surtout sur l’Angleterre et montrent des femmes exerçant des professions à responsabilités ; ces travaux mettent aussi en exergue les mutations qu’a amorcées la situation de guerre au Royaume-Uni. L’Imperial War Museum est au centre de ce courant, fortement axé sur l’histoire des femmes anglaises, à travers l’étude de grandes figures, sources de fierté. Au cours des années 1980, un deuxième courant insiste davantage sur le caractère conservateur de la guerre en matière de rapports entre les sexes et développe ainsi surtout la thèse de la non-émancipation ; ou bien, si émancipation il y a, elle est de nature soit provisoire, soit superficielle. "
L’étude revient également sur les conditions de travail des femmes dans les usines Renault de Billancourt en 1918 grâce à la voix Marcelle Capy, féministe et libertaire qui publia un témoignage sur ce sujet dans "La Voix des femmes" entre novembre 1917 et janvier 1918.
Plus éclairant encore ce paragraphe sur la situation des femmes après guerre :
"Toutefois, dès la guerre finie, la grande majorité des femmes retournent à leurs activités précédentes et les sociétés, d’une manière générale, semblent souhaiter revenir à la situation antérieure dans tous les domaines, non seulement à propos de la situation des femmes mais pour l’ensemble de la population
Le féminisme est un combat déplacé puisque l’inquiétude majeure, après quatre années d’une effroyable guerre, est la dépopulation et la mise en place de mesures afin d’y remédier. En janvier 1919, la démobilisation des femmes est rendue officielle par les autorités et la difficulté réside dans l’aide à apporter aux quatre millions de veuves que fait la guerre dans le monde, dont presque 700 000 pour la France seule. À ce moment-là, les velléités d’émancipation ne concernent alors plus qu’un cercle étroit d’intellectuelles de la bourgeoisie éclairée. Pour la majorité des femmes, l’après-Grande Guerre se traduit par un retour à la « normale » et aux valeurs traditionnelles."
Pour aller plus loin :
Un autre article universitaire qui fait le point sur les effets de la première guerre mondiale sur la conception de l' idéal féminin.
“Women first world war : a taste of freedom” un article du journal The guardian.
Bonnes lectures !
Bonjour,
L’article Wikipédia nous donne une première définition, assez courante, de ce qu’étaient ces «flappers ». Il est ici question de « jeunes femmes garçonnes du début des années 1920, portant jupe ou robe courte laissant apparaître le genou, aux cheveux courts ou coupés au carré. S'appliquant à briser tous les canons de beauté et codes sociaux américains, la jeune femme est avant tout rebelle et avant-gardiste ».
D’autres articles de presse en ligne s’attardent sur la tenue vestimentaire et les habitudes des « flappers » devenues dans les années 20 aux Etats-Unis, l’incarnation plutôt glamour d’une soi-disant émancipation féminine après guerre. Ainsi on retrouve la « flapper » dans les nouvelles de
L'article anglais de wikipédia sur les flappers revient sur ce symbole des fameuses années rugissantes aux Etats-Unis , équivalent de nos années folles :
“ Flappers are icons of the Roaring Twenties, the social, political turbulence and increased transatlantic cultural exchange that followed the end of World War I, as well as the export of American jazz culture to Europe “
Si ces femmes aux mœurs libérées (tout comme l’arrivée du jazz en Europe) sont des effets collatéraux de la première Guerre Mondiale, elles sont avant tout ces femmes qui pendant le conflit ont occupé de nombreux métiers laissés vacants par des hommes partis au combat.
Nous n'avons trouvé, hélas que peu de documentation en français mais nous vous conseillons la lecture des articles suivants, assez éclairants sur le sujet.
Ainsi l’article "Women Mobilization for War in USA" sur le site
"The United States participation in the World War brought some 1 million women into the wartime workforce. This represented a growth in the number of women working for wages and also an expansion of the kinds of jobs available, particularly in manufacturing. Women working in railroad jobs, for example, expanded from 31,400 in 1917 to 101,785 the month before the Armistice, working in the roundhouse as sweepers and cleaners, worked the docks, and as machinists and helpers in the machine shop. In addition, women joined labor unions in large numbers with almost 400,000 women organized by 1920”
Il est également question à la fin de l’article, du dix-neuvième amendement de la Constitution des Etats-Unis qui délivre, le 18 aout 1920, le droit de vote des femmes. Ce droit ayant été en partie obtenue par le NWP (National Woman’s Party) représenté par Alice Paul (1885-1977) et Lucy Burns (1879-1966).
Nous vous invitons à consulter la très conséquente bibliographie à la fin de cet article qui pourrait vous fournir des éléments d’informations complémentaires.
Un autre article sur le même site s’intéresse aux femmes britanniques et revient donc dans une première partie sur les différents mouvements émancipateurs féministes d’avant-guerre (comme celui des suffragettes se battant pour le droit de vote) mais il est également question de la situation des femmes pendant et après le conflit et de ces fameuses « flappers », terme encore une fois employé pour exprimer la libération des mœurs des femmes au début des années 20 :
"the social historian Arthur Marwick, have pointed to changes such as the (limited) enfranchisement of British women in 1918, the movement of women into new areas of work and the emergence of the sexually liberated "flapper" in the 1920s as evidence of war’s ability to greatly accelerate existing social trends."
Nous avons pu trouver sur le site de l' Université de Washington, un article issu d’un projet autour de des droits civils et de l’histoire du travail à Seattle.
Certes comme le rappelle l’auteur de l’article de nombreuses femmes devaient assurer des missions humanitaires, sociales ou paramédicales pour la Croix-Rouge ou la ligue patriotique mais d’autres ont eu des emplois non traditionnels :
"Women were replacing men’s job such as railroad workers, auto drivers, and other machine operators. One newspaper noted that 4,000 women were working for the Pennsylvania Railroad. In five months, the number increased from 1,494 to 3,700…"
La suite de l’article revient également sur les conditions de travail de ces femmes payées moitié moins que les hommes et sur leur présence nouvelle dans certains corps de métiers après 1918.
Enfin vous pouvez consulter sur le réseau canopé un dossier pédagogique fort intéressant intitulé “L'émancipation des femmes après la première guerre : mythe ou réalité".
Le dossier fait en effet le point sur l’historiographie de cette émancipation des femmes après-guerre :
"Ainsi, les premiers travaux entrepris à partir de la fin des années 1960 portent surtout sur l’Angleterre et montrent des femmes exerçant des professions à responsabilités ; ces travaux mettent aussi en exergue les mutations qu’a amorcées la situation de guerre au Royaume-Uni. L’Imperial War Museum est au centre de ce courant, fortement axé sur l’histoire des femmes anglaises, à travers l’étude de grandes figures, sources de fierté. Au cours des années 1980, un deuxième courant insiste davantage sur le caractère conservateur de la guerre en matière de rapports entre les sexes et développe ainsi surtout la thèse de la non-émancipation ; ou bien, si émancipation il y a, elle est de nature soit provisoire, soit superficielle. "
L’étude revient également sur les conditions de travail des femmes dans les usines Renault de Billancourt en 1918 grâce à la voix Marcelle Capy, féministe et libertaire qui publia un témoignage sur ce sujet dans "La Voix des femmes" entre novembre 1917 et janvier 1918.
Plus éclairant encore ce paragraphe sur la situation des femmes après guerre :
"Toutefois, dès la guerre finie, la grande majorité des femmes retournent à leurs activités précédentes et les sociétés, d’une manière générale, semblent souhaiter revenir à la situation antérieure dans tous les domaines, non seulement à propos de la situation des femmes mais pour l’ensemble de la population
Le féminisme est un combat déplacé puisque l’inquiétude majeure, après quatre années d’une effroyable guerre, est la dépopulation et la mise en place de mesures afin d’y remédier. En janvier 1919, la démobilisation des femmes est rendue officielle par les autorités et la difficulté réside dans l’aide à apporter aux quatre millions de veuves que fait la guerre dans le monde, dont presque 700 000 pour la France seule. À ce moment-là, les velléités d’émancipation ne concernent alors plus qu’un cercle étroit d’intellectuelles de la bourgeoisie éclairée. Pour la majorité des femmes, l’après-Grande Guerre se traduit par un retour à la « normale » et aux valeurs traditionnelles."
Pour aller plus loin :
Un autre article universitaire qui fait le point sur les effets de la première guerre mondiale sur la conception de l' idéal féminin.
“Women first world war : a taste of freedom” un article du journal The guardian.
Bonnes lectures !
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