Des images du bombardement de Nagasaki ont-elles été censurées ?
Question d'origine :
Bonjour, Je voulais savoir si le lieutenant Charles Levy a pris plusieurs photos de l'explosion de la bombe atomique sur Nagasaki en 1945 ? Et si oui est ce qu'elles ont été censurées ? Merci.
Réponse du Guichet
Les photos de Charles Levy n'ont pas été censurées. Contrairement à des clichés pris au sol et montrant les conséquences des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki sur la population civile.
Bonjour,
Voici la photographie le plus connue du Lieutenant Charles Levy : on voit un énorme champignon atomique qui se forme. La photo est prise de l’air, elle est la seul représentation qui permet nous permet vraiment d'apprécier la taille de l’explosion. On peut voir plusieurs caches de nuages, ce qui nous montre l'énormité de la bombe. L’explosion, qui a tué plus de 80 000 personnes, est presque symétrique et a une beauté étrange.
Levy a photographié plusieurs images de l’explosion à différents stades, mais l’image la plus puissante capture le spectacle terrifiant alors que le champignon grimpait dans la stratosphère, son sommet blanc ondulant mis en évidence sur le fond sombre. C’était l’image de la bombe que l’Amérique présentait au monde, alors que les photographies de la ville dévastée et de ses dizaines de milliers de civils morts étaient rarement vues.
Aujourd’hui le nom de Charles Levy est principalement retenu par les historiens photographiques et militaires grâce à sa photographie emblématique, qui demeure un symbole effrayant de la puissance destructrice des armes nucléaires.
Sur le site d’Euronews nous avons trouvé une série de photographies de la ville d’Hiroshima, mais aussi celle de Nagasaki après le lancement de la bombe
Une recherche Google nous a permis également de trouver une série de photographies du Lieutenant Charles Levy.
Si toutes les photographies du lieutenant Charles Levy sur « l’après Nagasaki » n’ont pas connu le même succès que sa photo emblématique, elles n’ont pas été pour autant censurées.
En fait, les photographies les plus terribles sur les conséquences de la guerre atomique sont celles d’Hiroshima : on y voit des corps enchevêtrés qui évoquent le camp de la mort, elles sont terriblement insoutenables. Pour ces photographies d’une horreur insoutenable, la censure américaine a été forte et a caché les images de victimes.
Ce sont les photographies les plus terribles sur les conséquences de la guerre atomique, (celle de Nagasaki, comme celle d’Hiroshima) : on y voit des corps enchevêtrés qui évoquent le camp de la mort. Pour ces photographies d’une horreur insoutenable, la censure américaine a été extrêmement forte.
Ainsi, pendant des années, les publics américains et japonais ne verront que des bâtiments réduits en miettes, mais aucune victime humaine.
- A Hiroshima, le jour du bombardement, une seule personne a pu prendre des images : le Japonais Yoshito Matsushige,employé d'un quotidien local. On lui connaît cinq photos : aucun cadavre mais des blessés qui apaisent leurs brûlures avec de l'huile.
- A Nagasaki, le lendemain du bombardement, un photographe militaire japonais, Yosuke Yamahata , a pris une centaine de photos de victimes : le cadavre d'un enfant carbonisé, une femme allaitant son bébé blessé, des réfugiés hagards... .Ces images seront vite publiées dans la presse japonaise, mais pas en Occident : dès leur arrivée au Japon, les Américains confisquent les tirages. Yosuke Yamahata mourra d'un cancer à 48 ans.
- Avant la signature du traité de San Francisco, en 1951, qui rend au pays sa souveraineté, la presse japonaise ne pourra jamais évoquer, en images ou en textes, les conséquences des bombardements sur la population.
- Aux Etats-Unis, les premières images de victimes sont publiées par le magazine Life, le 29 septembre 1952, signées Michiko Matsumoto et Yoshito Matsuhige.
- Gabriel Bauret, spécialiste de la photographie au Japon, estime qu'il reste encore des images non dévoilées.
Le photographe Guillaume Herbautauteur d'un travail sur les irradiés, les hibakusha, a pu consulter certaines de ces images "interdites" au mémorial de Nagasaki.
Bien cordialement,
Le Guichet.