Question d'origine :
Bonjour j'aimerais bien savoir si les Égyptiens antiques fêtaient leur anniversaire? Et si oui, quelle est la référence qui en parle! Merci beaucoup d'avance !
Réponse du Guichet

Bonjour,
Avant de vous répondre précisément, faisons un bref rappel historique de l'histoire de l'anniversaire.
Dans son ouvrage L'invention de l’anniversaire Jean-Claude Schmitt rappelle que la tradition de fêter l’anniversaire de sa naissance est relativement récente en Europe:
« La manière quasi spontanée dont nous pensons à célébrer notre anniversaire et celui de nos proches nous fait oublier la complexité des conditions intellectuelles requises par une telle opération. Il faut pour commencer, avoir les moyens de connaître le jour exact de sa naissance, avoir la possibilité de l’enregistrer d’une manière ou d’une autre, si possible par un écrit et mieux encore officiel, comme c’est le cas en France depuis la Révolution, grâce à l’état civil. La connaissance de sa date de naissance à la fin du Moyen Age s’explique par la place croissante prise par l’astrologie.
Le mot lui-même avait, il y a quelques siècles, une tout autre signification. Ainsi le Moyen Âge, qui était traditionnellement peu soucieux du jour de la naissance et de l’âge exact des individus, mais se préoccupait au contraire du jour de leur mort, a effectué progressivement un retournement lourd de conséquences de la mort vers la vie, de l’anniversarium funéraire vers ce que les textes de l’époque nomment la natalité.»
L'anniversaire était une fête religieuse dans l’antiquité gréco-latine, ainsi que dans l’Egypte antique, du moins chez les grands personnages. Mais sous l’influence de pères de l’Eglise tels qu’Origène, Philon, Augustin ou Jérôme, le christianisme se mit à condamner cette pratique en tant que rite païen.
Dans La vie quotidienne en Egypte au temps des Ramsès, Pierre Montet précise quant aux mois de naissance des enfants:
« Hérodote raconte « entre autres inventions, les Egyptiens ont trouvé à quelle divinité appartiennent chaque mois et chaque jour de la naissance ce que le sort lui réserve, comment elle mourra et ce qu’elle doit être. » En effet, d’après le calendrier des jours fastes et néfastes, quiconque naît le 4 de premier mois de « pert » mourra le plus vieux des siens et arrivera à un âge plus avancé que son père. C’était un bon jour. Il était également très avantageux de naître le 9 du second mois « d’akhit », car on mourrait de vieillesse et plus encore le 29, car on mourrait respecté. Par contre, le 4, 5, et 6 de ce mois ne présagent rien de bon. Ceux qui naissent ces jours mourront par la fièvre ou par l’amour ou par l’ivresse. »
En outre, la vie des égyptiens est rythmée par de nombreuses fêtes en lien avec les saisons, le travail, leurs pharaons, et bien sûr leurs dieux.
Le calendrier égyptien était basé sur une année de 365 jours constitué de douze mois et de trois saisons. Chaque mois comportait trois semaines de dix jours, soit 30 jours en tout. Les cinq derniers jours de l'année correspondaient aux anniversaires de naissance de cinq dieux : Osiris, Isis, Horus, Seth et Nephthys. On peut en déduire que la notion d’anniversaire était bien présente à l’époque, du moins pour les divinités antiques.
Terminons par dire qu'il y a peu de références qui traitent spécifiquement de la façon dont les égyptiens fêtaient les anniversaires. L’ouvrage le plus notable est Hommes et femmes d’Egypte (Ive siècle avant notre ère – Ive siècle après notre ère) de Bernard Legras, où l’on trouve un petit chapitre consacré aux enfants égyptiens et à leurs anniversaires.
On y apprend que des traces archéologiques attestent de festivités entourant les anniversaires des enfants, à l’image de papyrus retrouvés faisant office de carton d’invitation. Le père envoie donc une lettre à un ami à propos de la fête de la naissance de son fils, et lui demande de faire don de vin, d’un porcelet et de blé. Ces demandes étaient fréquentes et servaient à renforcer les liens de solidarité.
Plus loin, l’auteur précise :
« Le premier anniversaire de l’enfant était l’occasion de cadeaux. Cette fête doit être rapprochée du fort taux de mortalité infantile dans les sociétés d’ancien régime démographique. Atteindre les un an signifiait pour les enfants des deux sexes, gagner au moins dix ans d’espérance de vie.
L’autre grand moment de fête dédiée à un enfant était celle du quarantième jour. Ce moment constituait également un seuil critique, dont le passage explique la célébration. » Là encore, des traces en sont trouvées dans certaines correspondances de l’époque.
Les notions de fêtes et de rites de passage célébrés dans la vie enfantine semblaient donc bien présents. Nous n'avons néanmoins pas trouvé d'informations concernant l'âge adulte. Cette pratique se poursuit-elle ou est-elle abandonnée avec l'âge? Nous ne pourrions le dire.
Pour aller plus loin :
Etre un enfant en Egypte ancienne / Amandine Marshall
Hommes et femmes d’Egypte (Ive siècle avant notre ère – Ive siècle après notre ère) / Bernard Legras
Maternité et petite enfance en Égypte ancienne / Amandine Marshall
Avant de vous répondre précisément, faisons un bref rappel historique de l'histoire de l'anniversaire.
Dans son ouvrage L'invention de l’anniversaire Jean-Claude Schmitt rappelle que la tradition de fêter l’anniversaire de sa naissance est relativement récente en Europe:
« La manière quasi spontanée dont nous pensons à célébrer notre anniversaire et celui de nos proches nous fait oublier la complexité des conditions intellectuelles requises par une telle opération. Il faut pour commencer, avoir les moyens de connaître le jour exact de sa naissance, avoir la possibilité de l’enregistrer d’une manière ou d’une autre, si possible par un écrit et mieux encore officiel, comme c’est le cas en France depuis la Révolution, grâce à l’état civil. La connaissance de sa date de naissance à la fin du Moyen Age s’explique par la place croissante prise par l’astrologie.
Le mot lui-même avait, il y a quelques siècles, une tout autre signification. Ainsi le Moyen Âge, qui était traditionnellement peu soucieux du jour de la naissance et de l’âge exact des individus, mais se préoccupait au contraire du jour de leur mort, a effectué progressivement un retournement lourd de conséquences de la mort vers la vie, de l’anniversarium funéraire vers ce que les textes de l’époque nomment la natalité.»
L'anniversaire était une fête religieuse dans l’antiquité gréco-latine, ainsi que dans l’Egypte antique, du moins chez les grands personnages. Mais sous l’influence de pères de l’Eglise tels qu’Origène, Philon, Augustin ou Jérôme, le christianisme se mit à condamner cette pratique en tant que rite païen.
Dans La vie quotidienne en Egypte au temps des Ramsès, Pierre Montet précise quant aux mois de naissance des enfants:
« Hérodote raconte « entre autres inventions, les Egyptiens ont trouvé à quelle divinité appartiennent chaque mois et chaque jour de la naissance ce que le sort lui réserve, comment elle mourra et ce qu’elle doit être. » En effet, d’après le calendrier des jours fastes et néfastes, quiconque naît le 4 de premier mois de « pert » mourra le plus vieux des siens et arrivera à un âge plus avancé que son père. C’était un bon jour. Il était également très avantageux de naître le 9 du second mois « d’akhit », car on mourrait de vieillesse et plus encore le 29, car on mourrait respecté. Par contre, le 4, 5, et 6 de ce mois ne présagent rien de bon. Ceux qui naissent ces jours mourront par la fièvre ou par l’amour ou par l’ivresse. »
En outre, la vie des égyptiens est rythmée par de nombreuses fêtes en lien avec les saisons, le travail, leurs pharaons, et bien sûr leurs dieux.
Le calendrier égyptien était basé sur une année de 365 jours constitué de douze mois et de trois saisons. Chaque mois comportait trois semaines de dix jours, soit 30 jours en tout. Les cinq derniers jours de l'année correspondaient aux anniversaires de naissance de cinq dieux : Osiris, Isis, Horus, Seth et Nephthys. On peut en déduire que la notion d’anniversaire était bien présente à l’époque, du moins pour les divinités antiques.
Terminons par dire qu'il y a peu de références qui traitent spécifiquement de la façon dont les égyptiens fêtaient les anniversaires. L’ouvrage le plus notable est Hommes et femmes d’Egypte (Ive siècle avant notre ère – Ive siècle après notre ère) de Bernard Legras, où l’on trouve un petit chapitre consacré aux enfants égyptiens et à leurs anniversaires.
On y apprend que des traces archéologiques attestent de festivités entourant les anniversaires des enfants, à l’image de papyrus retrouvés faisant office de carton d’invitation. Le père envoie donc une lettre à un ami à propos de la fête de la naissance de son fils, et lui demande de faire don de vin, d’un porcelet et de blé. Ces demandes étaient fréquentes et servaient à renforcer les liens de solidarité.
Plus loin, l’auteur précise :
« Le premier anniversaire de l’enfant était l’occasion de cadeaux. Cette fête doit être rapprochée du fort taux de mortalité infantile dans les sociétés d’ancien régime démographique. Atteindre les un an signifiait pour les enfants des deux sexes, gagner au moins dix ans d’espérance de vie.
L’autre grand moment de fête dédiée à un enfant était celle du quarantième jour. Ce moment constituait également un seuil critique, dont le passage explique la célébration. » Là encore, des traces en sont trouvées dans certaines correspondances de l’époque.
Les notions de fêtes et de rites de passage célébrés dans la vie enfantine semblaient donc bien présents. Nous n'avons néanmoins pas trouvé d'informations concernant l'âge adulte. Cette pratique se poursuit-elle ou est-elle abandonnée avec l'âge? Nous ne pourrions le dire.
Pour aller plus loin :
Etre un enfant en Egypte ancienne / Amandine Marshall
Hommes et femmes d’Egypte (Ive siècle avant notre ère – Ive siècle après notre ère) / Bernard Legras
Maternité et petite enfance en Égypte ancienne / Amandine Marshall
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