Question d'origine :
Peut-on considérer ces deux femmes comme philosophes : Christiane Menasseyre et Nelly Viallaneix ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/04/2021 à 14h14
Bonjour,
Si nous nous fions à la notice qui lui est dédiée dans le VIAF (Fichier d'autorité international virtuel), Christiane Menasseyre était une philosophe. Data BnF se contente de la désigner comme professeur de philosophie, puis inspectrice générale, groupe philosophie.
Vous trouverez des éléments biographiques dans cette note disponible dans Persée ainsi que dans l’article que lui consacre Libération : Mort de Christiane Menasseyre, belle âme philosophique.
Quant à Nelly Viallaneix, Data BnF la désigne comme philosophe et théologienne. C’est également en ces termes que Jacques Colette la décrit dans l’hommage publié sur le site de la Société S. Kierkegaard :
« C’est avec tristesse que nous avons appris la disparition, le 6 août 2005, deNelly Viallaneix, philosophe et théologienne , personnalité très attachante, écrivain à la plume alerte, d’une grande indépendance d’esprit, d’une foi protestante toujours en éveil, d’une érudition kierkegaardienne à toute épreuve, fidèle en amitié. Après L’Attente de la foi(Genève, 1967), elle m’adressa « Kierkegaard ou l’anti-théologie » (Foi et Vie, mars-avril 1970), qui fut suivi d’échanges incessants durant plus de trente ans. Ils commencèrent par une légère dissension, en écho à mon édition, en 1962, des Discours édifiants ; voir son édition bilingue de quatre discours : Kierkegaard. Hâte-toi d’écouter, Aubier, 1970, p. 43. Sa conviction inébranlable était que l’identité de Kierkegaard, auteur religieux, devait être cherchée dans les Papiers et dans les Discours. Cette interprétation, qui fut sévèrement critiquée, notamment par H.-B. Vergote, ne l’empêcha pas de consacrer des études très documentées au rapport de Kierkegaard avec Leibniz et Schopenhauer, par exemple, mais aussi avec Hamann (longue recension critique de Hegel, Les Ecrits de Hamann, dans Romantisme n° 36, 1982). Elle publia de nombreux articles dans cette revue de la Société des études romantiques, dans les Etudes théologiques et religieuses (Montpellier) et dans la Revue d’histoire et de philosophie religieuses (Strasbourg). Je me souviens de la soutenance en Sorbonne, le 13 novembre 1976, de sa Thèse de Doctorat dirigée par V. Jankélévitch, de la vigueur avec laquelle elle tint tête au jury (J. Brun, P. Burgelin, L. Jerphagnon, M. Serres). Intitulée Kierkegaard et la parole de Dieu, elle a été publiée avec une préface de Jacques Ellul. Les lecteurs de Kierkegaard connaissent ces deux volumes (700 pages) : Ecoute Kierkegaard. Essai sur la communication de la Parole, éditions du Cerf, 1979. Kierkegaard : l’unique devant Dieu était paru chez le même éditeur en 1974. Grande admiratrice de la théologie de Karl Barth, elle voyait en Kierkegaard un habile dialecticien que l’on aurait tort d’inscrire, fût-ce comme résistant, dans « la cohorte post-hégélienne ». Kierkegaard était avant tout à ses yeux le croyant qui, face au monde moderne « malade à la mort » et à la chrétienté assoupie, se voulut témoin de la Révélation, qui n’est ni religion, ni doctrine philosophique. C’est sans doute par son édition, introduction et traduction de La Reprise, GF - Flammarion, 1990, que le grand public connaît Nelly Viallaneix. Comme dans sa Thèse, qui citait abondamment le physicien danois Hans Christian Œrsted admiré par le jeune Kierkegaard (la fameuse Klangfigur), elle tenait à mettre en relief la dimension musicale de l’œuvre de Kierkegaard, citant souvent la note du 11 septembre 1836 : « Tout aboutit à l’oreille — l’autre vie se représente donc aussi comme pure et simple musique, comme une vaste harmonie — ; puisse bientôt la dissonance de ma vie y être résolue » »
Votre interrogation pose une question plus profonde : qu’est-ce qu’un philosophe ? Sur quoi peut-on se baser pour dire qu’une personne est philosophe ? Son parcours académique, ses écrits, sa pensée (publiée ou non) ? Faut-il qu’elle ait établi un système philosophique original pour se voir accorder ce titre ? Malheureusement nous n’avons pas pu parcourir le chapitre rédigé par Oreste Saint-Drôme, Avec le renfort de Frédéric Pagès dans l’ouvrage Comment choisir son philosophe ? intitulé C’est quoi un philosophe ? qui nous aurait sans doute fourni des pistes de réflexion intéressantes. Toutefois la notice de l’ouvrage dans le Sudoc vous permettra de le localiser dans plusieurs bibliothèques.
En attendant, on peut aussi consulter les éléments de définitions fournis par le site philo5.com, issus de différentes sources de référence. Le Dictionnaire de la philosophie de Didier Julia indique par exemple que le philosophe, « individu dont la vie est consacrée à la recherche de la vérité », n'est pas nécessairement celui qui écrit une œuvre, crée un système :
« Un philosophe n'est pas nécessairement celui qui écrit une œuvre, crée un système. Socrate est, selon Hegel, un « vrai philosophe », précisément parce qu'il a vécu sa doctrine au lieu de l'écrire. « Être philosophe, disait Socrate, ne consiste pas à savoir beaucoup de choses, mais à être tempérant. » C'est seulement par déviation, et depuis que la philosophie est devenue un métier, une forme d' « enseignement rétribué », que la notion de « philosophe » a perdu sa signification originaire de type exemplaire, de chercheur désintéressé, soutenu par sa seule vocation ; depuis lors, il n'y a plus eu de philosophes, remarque Hegel, mais des philosophies, des systèmes de pensée. »
D’après Paul Foulquier, est philosophe « celui qui s'adonne à la philosophie (philosophie spéculative, sens A, B, C), ou celui qui la pratique (philosophie pratique). »
En l’occurrence, les deux femmes sur lesquelles vous nous interrogez ont consacré leur vie à la philosophie. On peut donc considérer qu’elles étaient des philosophes.
Bonne journée.
Si nous nous fions à la notice qui lui est dédiée dans le VIAF (Fichier d'autorité international virtuel), Christiane Menasseyre était une philosophe. Data BnF se contente de la désigner comme professeur de philosophie, puis inspectrice générale, groupe philosophie.
Vous trouverez des éléments biographiques dans cette note disponible dans Persée ainsi que dans l’article que lui consacre Libération : Mort de Christiane Menasseyre, belle âme philosophique.
Quant à Nelly Viallaneix, Data BnF la désigne comme philosophe et théologienne. C’est également en ces termes que Jacques Colette la décrit dans l’hommage publié sur le site de la Société S. Kierkegaard :
« C’est avec tristesse que nous avons appris la disparition, le 6 août 2005, de
Votre interrogation pose une question plus profonde : qu’est-ce qu’un philosophe ? Sur quoi peut-on se baser pour dire qu’une personne est philosophe ? Son parcours académique, ses écrits, sa pensée (publiée ou non) ? Faut-il qu’elle ait établi un système philosophique original pour se voir accorder ce titre ? Malheureusement nous n’avons pas pu parcourir le chapitre rédigé par Oreste Saint-Drôme, Avec le renfort de Frédéric Pagès dans l’ouvrage Comment choisir son philosophe ? intitulé C’est quoi un philosophe ? qui nous aurait sans doute fourni des pistes de réflexion intéressantes. Toutefois la notice de l’ouvrage dans le Sudoc vous permettra de le localiser dans plusieurs bibliothèques.
En attendant, on peut aussi consulter les éléments de définitions fournis par le site philo5.com, issus de différentes sources de référence. Le Dictionnaire de la philosophie de Didier Julia indique par exemple que le philosophe, « individu dont la vie est consacrée à la recherche de la vérité », n'est pas nécessairement celui qui écrit une œuvre, crée un système :
« Un philosophe n'est pas nécessairement celui qui écrit une œuvre, crée un système. Socrate est, selon Hegel, un « vrai philosophe », précisément parce qu'il a vécu sa doctrine au lieu de l'écrire. « Être philosophe, disait Socrate, ne consiste pas à savoir beaucoup de choses, mais à être tempérant. » C'est seulement par déviation, et depuis que la philosophie est devenue un métier, une forme d' « enseignement rétribué », que la notion de « philosophe » a perdu sa signification originaire de type exemplaire, de chercheur désintéressé, soutenu par sa seule vocation ; depuis lors, il n'y a plus eu de philosophes, remarque Hegel, mais des philosophies, des systèmes de pensée. »
D’après Paul Foulquier, est philosophe « celui qui s'adonne à la philosophie (philosophie spéculative, sens A, B, C), ou celui qui la pratique (philosophie pratique). »
En l’occurrence, les deux femmes sur lesquelles vous nous interrogez ont consacré leur vie à la philosophie. On peut donc considérer qu’elles étaient des philosophes.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter