Question d'origine :
Bonjour Quel(le) ancêtre de MacGyver a eu l'idée de tortiller savamment du fil avec deux bâtonnets pour obtenir un tricot ? Plus prosaïquement : quand apparaît le tricot ? Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 25/05/2021 à 10h10
Bonjour,
L’origine du tricot est incertaine. Dans une ancienne réponse du Guichet du Savoir, nous citions deux ouvrages abordant le sujet :
« Les origines du tricot demeurent relativement obscures parce que seul un petit nombre d’exemplaires a survécu. Il est possible que cette technique ait été introduite en Europe, à partir de l’Asie, par les routes commerciales ou qu’elle l’ait été avec l’invasion de l’Espagne par les Maures (711-712 après J.-C.). Certains exemples les plus anciens de véritables tricots sont des chaussettes de l’Egypte de la période islamique (vers 1200-1500) et de coussins de la fin du XIIIe siècle provenant des tombes royales de la chapelle de l’abbaye de Las Huelgas en Espagne septentrionale. Les gants liturgiques tricotés semblent avoir été relativement communs en Europe après 1500. Le tricot à la main fut très à la mode aux XVIIe et XVIIIe siècles lorsqu’il devint le passe-temps convenable des femmes de la noblesse.
En 1589, le Révérend William Lee inventa un cadre à tricoter employé pour la fabrication des chaussettes. Mais il fallut attendre encore un siècle avant que l’on puisse réaliser un tricot à motifs et une très grande variété de formes avec ce cadre. Il se peut que l’on se soit servi du cadre pour la fabrication d’une série de vestes tricotées en soie brochée de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècles que l’on retrouve dans les collections d’un certain nombre de musées européens et américains. »
Cette rapide histoire du tricot est tirée d’un livre 5000 ans de textiles
Une autre source tirée du livre Textiles : le tour du monde illustré des techniques traditionnelles dit ceci, mais sans précision de date : « On crédite les coptes chrétiens de l’Egypte de l’invention du procédé. A mesure que se diffusait le christianisme, le tricot fit de même, voyageant jusqu’au Pérou avec les Conquistadors du XVIe siècle »
La page Wikipedia consacrée à l’histoire du tricot apporte plus de précisions (et cite de multiples références) :
«Ancêtres du tricot : Naalbinding et Sprang
Les historiens textiles estiment que deux techniques sont probablement l'ancêtre du tricot : le naalbinding et le sprang.
Naalbinding
Contrairement au tricot, le naalbinding nécessite le passage de la totalité de la longueur de fil dans les boucles travaillées. Il faut donc utiliser des petites longueurs de fil, raccordées les unes aux autres au fur et à mesure pour créer le tissu. Le travail est réalisé avec une seule aiguille, percée par un chas. De nombreux artefacts en naalbinding ont été retrouvés de par le monde, à la fois pour créer des vêtements, mais également des nasses, des paniers, etc. Il s'agit d'une technique extrêmement ancienne, qui a été inventée indépendamment à plusieurs endroits du globe.
Sprang
Le sprang est également une technique très ancienne, inventée indépendamment à plusieurs endroits du globe. Le sprang se travaille soit à l'aide d'un cadre, soit entre une paire de poutres parallèles. Le fil est préparé en l'enroulant en boucles de part et d'autres du cadre et en les croisant au milieu du cadre. Le sprang est réalisé en tordant ensemble des fils de manière à faire passer la partie avant des boucles sur l'arrière et inversement. Ces torsions créent une sorte de rang, identique aux deux extrémités du cadre (une seule série de torsions crée donc simultanément deux rangs, l'un en haut et l'autre en bas du cadre). Il est nécessaire de maintenir ces rangs - qui sinon se défont instantanément - par l'insertion d'une tige, d'un bâton, etc.
Contrairement à la plupart des techniques de production textile qui ajoutent de nouvelles rangées à la fin des rangées terminées, la technique du sprang requiert un travail au centre d'un groupe de fibres et le matériau se développe vers l'intérieur des deux extrémités avec des moitiés supérieure et inférieure symétriques. Contrairement au tricot, au crochet ou au naalbinding, le seul moyen d'agrandir une étoffe réalisée en sprang est de coudre entre elles plusieurs pièces.
Tricot : des origines incertaines
Les textiles se conservent mal à travers le temps, particulièrement les tissus tricotés plutôt que tissés. L'histoire de la création de la technique du tricot ainsi que de sa diffusion reste encore largement à écrire. Il n'existe pas encore de terminologie précise et agréée par tous les historiens textiles pour décrire précisément les objets tricotés et les techniques employées ; le savoir disponible sur l'histoire du tricot est bien moindre que celui disponible sur l'histoire du tissu, bien davantage étudiée.
Si les historiens de l'histoire textile considèrent que seuls des objets réalisés au moyen de deux aiguilles et où le fil utilisé est potentiellement infini (contrairement à la technique du Nalbinding) peut être qualifié de tricot, le peu d'artefacts anciens et leur fragilité rend souvent difficile à déterminer si un artefact a été tricoté ou cousu selon la technique de Naalbinding. Le point dit copte en naalbinding et le tricot en jersey produisent en effet un tissu très semblable. Lorsque le tissu est neuf, il est aisé de déterminer quelle technique a été employée en l'étirant horizontalement. Lorsqu'il s'agit d'un fragment fragile, travaillé sur une (des ?) aiguille très fine, abîmé par l'usure et les insectes, la tâche s'avère très complexe, même au microscope.
L'historiographie contemporaine s'accorde pour dire que les plus anciens objets tricotés découverts sont des chaussettes en coton, tricotées en rond, datées entre le XIe et le XIIIe siècle et découvertes en Égypte. Certains artefacts - notamment un textile ayant été découvert à Dura Europos en Syrie et daté de l'an 200-256 - ont été classifiés d'abord comme étant du tricot, puis ré-étudiés et classifiés comme ayant été réalisés avec la technique du Naalbinding. La finesse de la réalisation de ces chaussettes requiert un haut niveau de technicité en tricot, raison pour laquelle les historiens textiles excluent totalement que ces chaussettes aient pu être le fruit des premiers balbutiements de la technique. Ils notent par ailleurs que les différents artefacts de l'Antiquité grecque et latines contiennent de nombreuses illustrations de personnes occupées à tisser, mais aucune de personnes tricotant.
L'hypothèse est faite que la technique du tricot a probablement été inventée au Moyen-Orient, pour se diffuser ensuite en Europe, d'abord en Europe du Sud et centrale, puis en Europe du Nord. Les premiers tricots sont en soie, l'utilisation de la laine étant plus tardive. Si l'on a une connaissance assez précise des routes commerciales qu'ont pu emprunter des objets tricotés, on ne sait rien sur comment le savoir concernant cette technique s'est transmis. »
Les pages dédiées au Nalebinding et au Sprang vous permettront d’en savoir plus sur ces deux techniques ancêtres du tricot.
Etant actuellement en télétravail, nous n’avons pas pu consulter l’article de M. Gagneux-Granade, « Du nouveau dans l’histoire du tricot. Un aperçu de la vie quotidienne », publié dans la revue Archéologia, 531 (avril 2015) : 52-57.
Il semble que d’après cet article, la présence du tricot n’est pas attestée en Europe avant le XIIe s.
Bonne journée.
L’origine du tricot est incertaine. Dans une ancienne réponse du Guichet du Savoir, nous citions deux ouvrages abordant le sujet :
« Les origines du tricot demeurent relativement obscures parce que seul un petit nombre d’exemplaires a survécu. Il est possible que cette technique ait été introduite en Europe, à partir de l’Asie, par les routes commerciales ou qu’elle l’ait été avec l’invasion de l’Espagne par les Maures (711-712 après J.-C.). Certains exemples les plus anciens de véritables tricots sont des chaussettes de l’Egypte de la période islamique (vers 1200-1500) et de coussins de la fin du XIIIe siècle provenant des tombes royales de la chapelle de l’abbaye de Las Huelgas en Espagne septentrionale. Les gants liturgiques tricotés semblent avoir été relativement communs en Europe après 1500. Le tricot à la main fut très à la mode aux XVIIe et XVIIIe siècles lorsqu’il devint le passe-temps convenable des femmes de la noblesse.
En 1589, le Révérend William Lee inventa un cadre à tricoter employé pour la fabrication des chaussettes. Mais il fallut attendre encore un siècle avant que l’on puisse réaliser un tricot à motifs et une très grande variété de formes avec ce cadre. Il se peut que l’on se soit servi du cadre pour la fabrication d’une série de vestes tricotées en soie brochée de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècles que l’on retrouve dans les collections d’un certain nombre de musées européens et américains. »
Cette rapide histoire du tricot est tirée d’un livre 5000 ans de textiles
Une autre source tirée du livre Textiles : le tour du monde illustré des techniques traditionnelles dit ceci, mais sans précision de date : « On crédite les coptes chrétiens de l’Egypte de l’invention du procédé. A mesure que se diffusait le christianisme, le tricot fit de même, voyageant jusqu’au Pérou avec les Conquistadors du XVIe siècle »
La page Wikipedia consacrée à l’histoire du tricot apporte plus de précisions (et cite de multiples références) :
«
Les historiens textiles estiment que deux techniques sont probablement l'ancêtre du tricot : le naalbinding et le sprang.
Contrairement au tricot, le naalbinding nécessite le passage de la totalité de la longueur de fil dans les boucles travaillées. Il faut donc utiliser des petites longueurs de fil, raccordées les unes aux autres au fur et à mesure pour créer le tissu. Le travail est réalisé avec une seule aiguille, percée par un chas. De nombreux artefacts en naalbinding ont été retrouvés de par le monde, à la fois pour créer des vêtements, mais également des nasses, des paniers, etc. Il s'agit d'une technique extrêmement ancienne, qui a été inventée indépendamment à plusieurs endroits du globe.
Le sprang est également une technique très ancienne, inventée indépendamment à plusieurs endroits du globe. Le sprang se travaille soit à l'aide d'un cadre, soit entre une paire de poutres parallèles. Le fil est préparé en l'enroulant en boucles de part et d'autres du cadre et en les croisant au milieu du cadre. Le sprang est réalisé en tordant ensemble des fils de manière à faire passer la partie avant des boucles sur l'arrière et inversement. Ces torsions créent une sorte de rang, identique aux deux extrémités du cadre (une seule série de torsions crée donc simultanément deux rangs, l'un en haut et l'autre en bas du cadre). Il est nécessaire de maintenir ces rangs - qui sinon se défont instantanément - par l'insertion d'une tige, d'un bâton, etc.
Contrairement à la plupart des techniques de production textile qui ajoutent de nouvelles rangées à la fin des rangées terminées, la technique du sprang requiert un travail au centre d'un groupe de fibres et le matériau se développe vers l'intérieur des deux extrémités avec des moitiés supérieure et inférieure symétriques. Contrairement au tricot, au crochet ou au naalbinding, le seul moyen d'agrandir une étoffe réalisée en sprang est de coudre entre elles plusieurs pièces.
Les textiles se conservent mal à travers le temps, particulièrement les tissus tricotés plutôt que tissés. L'histoire de la création de la technique du tricot ainsi que de sa diffusion reste encore largement à écrire. Il n'existe pas encore de terminologie précise et agréée par tous les historiens textiles pour décrire précisément les objets tricotés et les techniques employées ; le savoir disponible sur l'histoire du tricot est bien moindre que celui disponible sur l'histoire du tissu, bien davantage étudiée.
Si les historiens de l'histoire textile considèrent que seuls des objets réalisés au moyen de deux aiguilles et où le fil utilisé est potentiellement infini (contrairement à la technique du Nalbinding) peut être qualifié de tricot, le peu d'artefacts anciens et leur fragilité rend souvent difficile à déterminer si un artefact a été tricoté ou cousu selon la technique de Naalbinding. Le point dit copte en naalbinding et le tricot en jersey produisent en effet un tissu très semblable. Lorsque le tissu est neuf, il est aisé de déterminer quelle technique a été employée en l'étirant horizontalement. Lorsqu'il s'agit d'un fragment fragile, travaillé sur une (des ?) aiguille très fine, abîmé par l'usure et les insectes, la tâche s'avère très complexe, même au microscope.
L'historiographie contemporaine s'accorde pour dire que les plus anciens objets tricotés découverts sont des chaussettes en coton, tricotées en rond, datées entre le XIe et le XIIIe siècle et découvertes en Égypte. Certains artefacts - notamment un textile ayant été découvert à Dura Europos en Syrie et daté de l'an 200-256 - ont été classifiés d'abord comme étant du tricot, puis ré-étudiés et classifiés comme ayant été réalisés avec la technique du Naalbinding. La finesse de la réalisation de ces chaussettes requiert un haut niveau de technicité en tricot, raison pour laquelle les historiens textiles excluent totalement que ces chaussettes aient pu être le fruit des premiers balbutiements de la technique. Ils notent par ailleurs que les différents artefacts de l'Antiquité grecque et latines contiennent de nombreuses illustrations de personnes occupées à tisser, mais aucune de personnes tricotant.
L'hypothèse est faite que la technique du tricot a probablement été inventée au Moyen-Orient, pour se diffuser ensuite en Europe, d'abord en Europe du Sud et centrale, puis en Europe du Nord. Les premiers tricots sont en soie, l'utilisation de la laine étant plus tardive. Si l'on a une connaissance assez précise des routes commerciales qu'ont pu emprunter des objets tricotés, on ne sait rien sur comment le savoir concernant cette technique s'est transmis. »
Les pages dédiées au Nalebinding et au Sprang vous permettront d’en savoir plus sur ces deux techniques ancêtres du tricot.
Etant actuellement en télétravail, nous n’avons pas pu consulter l’article de M. Gagneux-Granade, « Du nouveau dans l’histoire du tricot. Un aperçu de la vie quotidienne », publié dans la revue Archéologia, 531 (avril 2015) : 52-57.
Il semble que d’après cet article, la présence du tricot n’est pas attestée en Europe avant le XIIe s.
Bonne journée.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/06/2021 à 13h22
Bonjour,
De retour momentanément à la bibliothèque, nous avons pu consulter l'article de Marguerite Gagneux-Granade, « Du nouveau dans l’histoire du tricot. Un aperçu de la vie quotidienne », publié dans la revue Archéologia, 531 (avril 2015) : 52-57. Les premières lignes décrivent les plus anciens restes de tricots retrouvés dans le monde et en Europe :
« Contrairement à ce qui a parfois été écrit, aucun reste de tricot antérieur au XIIe siècle n'a jamais été trouvé dans le monde. Les plus anciennes pièces tricotées connues proviennent d'Egypte. A la fin du XIXe siècle, des antiquaires occidentaux rapportent de ce pays des fragments multicolores et une quinzaine de chaussettes courtes ou longues en jersey de coton blanc et bleu. Dénichées dans les dépotoirs de Fustat, capitale arabe d'Egypte de 640 à 1200, elles sont ornées de bandes horizontales et de motifs géométriques, parfois inspirés de l'écriture coufique. Une étonnante socquette est décorée de deux cervidés devant un arbre de vie. Ces ouvrages ont peut-être été fabriqués dans des ateliers d'Etat pour servir de cadeaux de prestige. Trois d'entre elles sont datées, au carbone 14, entre 1170 et 1250.
Gants d'Espagne
En Europe, les quatre plus anciens objets tricotés gisaient dans les tombes de dignitaires ensevelis dans des couvents du nord de l'Espagne. Il s'agit d'une part d'une paire de gants tricotés en rond pour l'archevêque de Tolède, Jiménez de Rada, mort en 1247 et inhumé à Santa Maria de Huerta, près de Salamanque, et d'autre part de coussins qui soutenaient la tête de deux membres de la famille royale de Castille, morts en 1204 et 1275, et enterrés à las Huelgas près de Burgos. Ces pièces sont en jersey jacquard de soie multicolore. Si les coussins sont uniques au monde, en revanche, plus de 80 gants liturgiques tricotés en soie sont recensés dans des trésors d'églises et dans des musées. Ils étaient portés par les prêtres célébrant les messes pontificales, c'est-à-dire par le pape ou par ses représentants. Une interprétation hâtive pourrait conclure que le tricot fut d'abord une technique de luxe réservé à une élite. Il n'en est rien.
Chapeaux britanniques
En effet, au XXe siècle, lorsque se développe en Europe du Nord l'archéologie en milieu humide, les chercheurs repèrent les corps de leurs ancêtres marins et artisans; ils s'intéressent alors de près aux vêtements. Beaucoup sont en tissus, certains en tricot. « Les bonnets (caps) semblent avoir été les premiers objets tricotés en Angleterre », écrit ainsi Richard Rutt en 1987 ! Datable entre le XIVe et le XVIIe siècle, une trentaine de couvre-chefs en tricot est conservée dans des musées des îles britanniques. »
Toujours d'après l'article de Marguerite Gagneux-Granade, en France, l'archéologie actuelle (qui se base sur un très petit nombre d'échantillons retrouvés) montre que le tricot a été porté dans la vie quotidienne en France depuis le XVIe siècle. Le matériau utilisé était la laine.
Bonne journée.
De retour momentanément à la bibliothèque, nous avons pu consulter l'article de Marguerite Gagneux-Granade, « Du nouveau dans l’histoire du tricot. Un aperçu de la vie quotidienne », publié dans la revue Archéologia, 531 (avril 2015) : 52-57. Les premières lignes décrivent les plus anciens restes de tricots retrouvés dans le monde et en Europe :
« Contrairement à ce qui a parfois été écrit, aucun reste de tricot antérieur au XIIe siècle n'a jamais été trouvé dans le monde. Les plus anciennes pièces tricotées connues proviennent d'Egypte. A la fin du XIXe siècle, des antiquaires occidentaux rapportent de ce pays des fragments multicolores et une quinzaine de chaussettes courtes ou longues en jersey de coton blanc et bleu. Dénichées dans les dépotoirs de Fustat, capitale arabe d'Egypte de 640 à 1200, elles sont ornées de bandes horizontales et de motifs géométriques, parfois inspirés de l'écriture coufique. Une étonnante socquette est décorée de deux cervidés devant un arbre de vie. Ces ouvrages ont peut-être été fabriqués dans des ateliers d'Etat pour servir de cadeaux de prestige. Trois d'entre elles sont datées, au carbone 14, entre 1170 et 1250.
Gants d'Espagne
En Europe, les quatre plus anciens objets tricotés gisaient dans les tombes de dignitaires ensevelis dans des couvents du nord de l'Espagne. Il s'agit d'une part d'une paire de gants tricotés en rond pour l'archevêque de Tolède, Jiménez de Rada, mort en 1247 et inhumé à Santa Maria de Huerta, près de Salamanque, et d'autre part de coussins qui soutenaient la tête de deux membres de la famille royale de Castille, morts en 1204 et 1275, et enterrés à las Huelgas près de Burgos. Ces pièces sont en jersey jacquard de soie multicolore. Si les coussins sont uniques au monde, en revanche, plus de 80 gants liturgiques tricotés en soie sont recensés dans des trésors d'églises et dans des musées. Ils étaient portés par les prêtres célébrant les messes pontificales, c'est-à-dire par le pape ou par ses représentants. Une interprétation hâtive pourrait conclure que le tricot fut d'abord une technique de luxe réservé à une élite. Il n'en est rien.
Chapeaux britanniques
En effet, au XXe siècle, lorsque se développe en Europe du Nord l'archéologie en milieu humide, les chercheurs repèrent les corps de leurs ancêtres marins et artisans; ils s'intéressent alors de près aux vêtements. Beaucoup sont en tissus, certains en tricot. « Les bonnets (caps) semblent avoir été les premiers objets tricotés en Angleterre », écrit ainsi Richard Rutt en 1987 ! Datable entre le XIVe et le XVIIe siècle, une trentaine de couvre-chefs en tricot est conservée dans des musées des îles britanniques. »
Toujours d'après l'article de Marguerite Gagneux-Granade, en France, l'archéologie actuelle (qui se base sur un très petit nombre d'échantillons retrouvés) montre que le tricot a été porté dans la vie quotidienne en France depuis le XVIe siècle. Le matériau utilisé était la laine.
Bonne journée.
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