Question d'origine :
Pourquoi les espagnols ont ils des horaires de repas si décalés par rapport aux autres européens,et depuis quand? Même question pour les argentins. Merci pour votre réponse
Réponse du Guichet

Bonjour,
Les horaires des repas en Espagne constituent en effet une spécificité en Europe, et font partie intégrante de ce qui est perçu comme un « art de vivre » espagnol.
Un article paru en 2013 dans l’obs et repris depuis par un grand nombre de médias attribue ce décalage àla décision de Franco, en 1942, d’avancer le référentiel temporel d’une heure, afin de s’aligner sur le fuseau horaire de l’Allemagne. En Espagne, pays très largement rural à l’époque, les gens avaient l’habitude de prendre leur repas en fonction de l’heure solaire. Ils n’auraient pas modifié leurs habitudes alimentaires, mais le décalage horaire aurait « retardé » leur prise de repas et le rythme global de leur journée. Il n’a depuis jamais été remis en cause, malgré les travaux menés par la Commission nationale pour la rationalisation des horaires, qui prône un retour au fuseau horaire de Greenwich.
La longue pause méridienne, permettant de rentrer prendre le déjeuner à la maison (et pas de faire la sieste, activité qui ne serait pratiquée quotidiennement que par 16 % des Espagnols), joue également certainement un rôle dans la prise tardive du dîner, puisqu’elle entraîne une fermeture plus tardive des lieux de travail.
Un article paru sur le site internet lepetitjournal.com, qui dispense des informations à destination des expatriés, fait le point sur les habitudes alimentaires des Espagnols. Il reprend une étude (disponible en ligne en espagnol) réalisée en 2013 par Cecilia Diaz Mendez, directrice du groupe de recherche en sociologie de l’alimentation de l’université d’Oviedo.
On apprend ainsi qu’en Espagne, « aux côtés des trois repas principaux (petit-déjeuner, déjeuner et dîner), se trouvent également deux repas dits "secondaires": l'en-cas, prévu en milieu de matinée, et le goûter ».
Ainsi, le petit déjeuner est pris entre 7 et 9h, l’en-cas entre 10h et midi, le déjeuner entre 14 et 15h. Un goûter est consommé par une large part de la population entre 17 et 20h afin de tenir jusqu’au dîner, qui commence entre 21h et 22h30, voire plus tard.
Ces multiples prises alimentaires sont-elles la cause ou la conséquence des repas tardifs ?
Nous n’avons malheureusement pas trouvé d’informations permettant de répondre à cette question.
Il convient toutefois de noter que le nombre et la répartition des repas quotidiens est très variable dans le temps et l’espace. L’Atlas mondial des cuisines et gastronomies, nous apprend ainsi, p.75, que si les trois repas quotidiens sont la norme en Europe et en Amérique du nord, d’autres régions ne prennent qu’un ou deux repas par jour.
Dans la première partie de l’ouvrage Tables d’hier, tables d’ailleurs, Dirigé par Jean-Louis Flandrin et Jane Cobbi, Jeanne Allard consacre un chapitre aux repas et manières de tables à la cours d’Espagne au Siècle d’Or, et Jean-Louis Flandrin aux repas en France et dans les autres pays d’Europe du XVIe au XIXe siècle. Ces deux chapitres pourront vous donner un aperçu de la grande variation du nombre de repas pris dans la journée en Europe, ainsi que de l’heure à laquelle on les a consommés. La deuxième partie, quant à elle, est consacrée aux coutumes alimentaires ayant cours en dehors de l’espace culturel occidental.
Il ressort de cet ouvrage d’une part la diversité des coutumes alimentaires en vigueur à travers le temps, l’espace et les milieux sociaux, et d’autre part l’écart pouvant exister entre les prescriptions et les pratiques effectives. Ainsi Jean-Louis Flandrin écrit-il dans la conclusion du livre, à propos du nombre et des heures de repas :
« Il est beaucoup plus difficile de tirer des conclusions claires sur le nombre et les heures des repas. En Inde, comme dans l’Europe médiévale et « moderne », nous avons rencontré un système binaire, caractérisé par un repas du matin et un repas du soir. Dans beaucoup d’autres sociétés, en revanche, on a décrit un système ternaire : repas du matin, repas du milieu de journée et repas du soir. C’est le cas au Mexique, au Maghreb, en Chine, chez les Yao, au Viêt-Nam, au Japon… Dans certaines, enfin, il n’y avait qu’un vrai repas : le deipnon des Grecs de l’Antiquité, la cena des Romains, et, au Japon, le repas unique des moines bouddhistes.
Mais la distinction entre ces systèmes est brouillée par les collations qui s’ajoutent aux repas principaux – thé matinal de beaucoup d’Indiens ; déjeuner et goûter des Français et d’autres Européens de l’époque moderne ou même du Moyen Âge […] Les collations matinales des Indiens, par exemple, sont-elles systématiquement moins copieuses que le premier repas des citadins chinois ou autres peuples qui sont censés en faire trois ? »
Concernant le rythme des Argentins, de nombreux guides touristiques ou sites d’informations pour voyageurs (par exemple le guide du routard, ou le site pvtistes.com) précisent en effet que ceux-ci vivent à un rythme proche de celui des Espagnols. Malheureusement, il nous a été impossible de trouver la moindre information expliquant les origines de ce rythme de vie.
Vous souhaitant bonnes lectures
Le département civilisation
Les horaires des repas en Espagne constituent en effet une spécificité en Europe, et font partie intégrante de ce qui est perçu comme un « art de vivre » espagnol.
Un article paru en 2013 dans l’obs et repris depuis par un grand nombre de médias attribue ce décalage à
La longue pause méridienne, permettant de rentrer prendre le déjeuner à la maison (et pas de faire la sieste, activité qui ne serait pratiquée quotidiennement que par 16 % des Espagnols), joue également certainement un rôle dans la prise tardive du dîner, puisqu’elle entraîne une fermeture plus tardive des lieux de travail.
Un article paru sur le site internet lepetitjournal.com, qui dispense des informations à destination des expatriés, fait le point sur les habitudes alimentaires des Espagnols. Il reprend une étude (disponible en ligne en espagnol) réalisée en 2013 par Cecilia Diaz Mendez, directrice du groupe de recherche en sociologie de l’alimentation de l’université d’Oviedo.
On apprend ainsi qu’en Espagne, « aux côtés des trois repas principaux (petit-déjeuner, déjeuner et dîner), se trouvent également deux repas dits "secondaires": l'en-cas, prévu en milieu de matinée, et le goûter ».
Ainsi, le petit déjeuner est pris entre 7 et 9h, l’en-cas entre 10h et midi, le déjeuner entre 14 et 15h. Un goûter est consommé par une large part de la population entre 17 et 20h afin de tenir jusqu’au dîner, qui commence entre 21h et 22h30, voire plus tard.
Ces multiples prises alimentaires sont-elles la cause ou la conséquence des repas tardifs ?
Nous n’avons malheureusement pas trouvé d’informations permettant de répondre à cette question.
Il convient toutefois de noter que le nombre et la répartition des repas quotidiens est très variable dans le temps et l’espace. L’Atlas mondial des cuisines et gastronomies, nous apprend ainsi, p.75, que si les trois repas quotidiens sont la norme en Europe et en Amérique du nord, d’autres régions ne prennent qu’un ou deux repas par jour.
Dans la première partie de l’ouvrage Tables d’hier, tables d’ailleurs, Dirigé par Jean-Louis Flandrin et Jane Cobbi, Jeanne Allard consacre un chapitre aux repas et manières de tables à la cours d’Espagne au Siècle d’Or, et Jean-Louis Flandrin aux repas en France et dans les autres pays d’Europe du XVIe au XIXe siècle. Ces deux chapitres pourront vous donner un aperçu de la grande variation du nombre de repas pris dans la journée en Europe, ainsi que de l’heure à laquelle on les a consommés. La deuxième partie, quant à elle, est consacrée aux coutumes alimentaires ayant cours en dehors de l’espace culturel occidental.
Il ressort de cet ouvrage d’une part la diversité des coutumes alimentaires en vigueur à travers le temps, l’espace et les milieux sociaux, et d’autre part l’écart pouvant exister entre les prescriptions et les pratiques effectives. Ainsi Jean-Louis Flandrin écrit-il dans la conclusion du livre, à propos du nombre et des heures de repas :
« Il est beaucoup plus difficile de tirer des conclusions claires sur le nombre et les heures des repas. En Inde, comme dans l’Europe médiévale et « moderne », nous avons rencontré un système binaire, caractérisé par un repas du matin et un repas du soir. Dans beaucoup d’autres sociétés, en revanche, on a décrit un système ternaire : repas du matin, repas du milieu de journée et repas du soir. C’est le cas au Mexique, au Maghreb, en Chine, chez les Yao, au Viêt-Nam, au Japon… Dans certaines, enfin, il n’y avait qu’un vrai repas : le deipnon des Grecs de l’Antiquité, la cena des Romains, et, au Japon, le repas unique des moines bouddhistes.
Mais la distinction entre ces systèmes est brouillée par les collations qui s’ajoutent aux repas principaux – thé matinal de beaucoup d’Indiens ; déjeuner et goûter des Français et d’autres Européens de l’époque moderne ou même du Moyen Âge […] Les collations matinales des Indiens, par exemple, sont-elles systématiquement moins copieuses que le premier repas des citadins chinois ou autres peuples qui sont censés en faire trois ? »
Concernant le rythme des Argentins, de nombreux guides touristiques ou sites d’informations pour voyageurs (par exemple le guide du routard, ou le site pvtistes.com) précisent en effet que ceux-ci vivent à un rythme proche de celui des Espagnols. Malheureusement, il nous a été impossible de trouver la moindre information expliquant les origines de ce rythme de vie.
Vous souhaitant bonnes lectures
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