Question d'origine :
À quelles traditions le symbole du phénix peut-il être rattaché ? L'auteur hongrois Bela Hamvas aurait écrit dessus, peut-on lire qq part en français ses écrits ? D'autres philosophes antiques ou modernes ont-ils écrit sur le Phénix ?
Réponse du Guichet

Bonjour,
Le classique Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant expose très clairement les origines duphénix et les traditions qui le mentionnent.
Extrait : « Le phénix, suivant ce qu’en ont rapporté Hérodote ou Plutarque, est un oiseau mythique d’origine éthiopienne, d’une splendeur sans égale, doué d’une extraordinaire longévité, et qui a le pouvoir, après s’être consumé sur un bûcher, de renaître de ses cendres ».
En Egypte ancienne, il est le symbole des révolutions solaires. « D’où son rapport avec la régénération et la vie ». Plus loin en Asie, les taoïstes « désignent le phénix sous le nom d’oiseau de cinabre (tanniao), le cinabre étant le sulfure rouge de mercure ».
« Chez les Chrétiens, il sera, à partir d’Origène, considéré comme un oiseau sacré et le symbole d’une irréfragable volonté de survie, ainsi que la résurrection, triomphe de la vie sur la mort ».
L’Encyclopédie des symboles, éditée au Livre de poche, ajoute que dans le folklore juif, le phénix se nomme « Milcham », « et l’explication de son immortalité vient de ce que la Mère originelle, Eve, après s’être rendue coupable d’avoir goûté au fruit de l’arbre interdit, fut prise de jalousie devant l’innocence qu’avaient conservée les autres créatures ; elle réussit alors à tenter les animaux et à leur faire goûter du fruit défendu. L’oiseau Milcham fut le seul à ne pas l’écouter, et l’ange de la mort reçut l’ordre de Dieu […] de ne jamais lui faire subir l’expérience de la mort ».
De même, on l’a vu, plusieurs auteurs antiques y font référence. JC Belfiore dans son Dictionnaire des croyances et des symboles de l’Antiquité évoque ainsi Ovide, pour qui le phénix est « un oiseau unique qui s’engendre et se renouvelle lui-même ». Pline rappelle, via le témoignage selon lui digne de foi du sénateur Manilius (Ier s. av. JC), que « personne ne l’a vu mangeant » ou encore qu’il « fut apporté à Rome pendant la censure de l’empereur Claude en 47 après JC, et on l’exposa dans les comices ; personnes ne douta que ce fût un faux phénix ».
L’historien et homme politique Tacite en parle également dans ses Annales, chapitre VI-28.
Claude Elien, historien et zoologiste du IIe-IIIe siècle de notre ère le convoque dans La personnalité des animaux (VI, 58).
Or, « On sait que l’Antiquité tardive a joué un rôle majeur dans l’émergence du mythe occidental. C’est dans les premiers siècles de notre ère, et tout particulièrement à l’époque chrétienne, que les représentations du phénix se multiplient à Rome dans les arts plastiques et la littérature : peintures, mosaïques et médaillons poétiques en prose ou en vers. C’est à ce moment que l’oiseau merveilleux, sujet éminemment décoratif, se fixe dans l’imaginaire comme emblème politique, impérial et christique ».
Cet extrait est issu de l’introduction du livre dirigé par Laurence Gosserez, Le phénix et son autre, Poétique d'un mythe. Des origines au XVIe siècle dont nous n'avons pu consulter que l'introduction, mais dont nous vous recommandons vivement la lecture si vous souhaitez approfondir le mythe, ses déclinaisons et variations.
Voilà quelques exemples qui illustrent la diffusion massive de ce symbole dans de multiples cultures. Pour ce qui est de la philosophie moderne, la moisson est bien plus maigre. On en trouve une vague référence dans le conte philosophique de Voltaire, La princesse de Babylone… Et c’est à peu près tout.
Enfin, concernant l’auteur hongroisBéla Hamvas , ses œuvres n’ont été que très peu traduites en français. A notre connaissance, on peut lire dans la langue de Molière son roman Carnaval et Un livre de prière pour les athées : philosophie du vin, traduit depuis l’anglais.
Pour le reste, notre connaissance du hongrois étant nulle, il ne nous est pas possible de retrouver le texte dans lequel l’auteur évoquerait le phénix. On pourrait toutefois faire l’hypothèse que la mention du fabuleux volatile se trouve dans ses Hiperionski eseji: mitologija, estetika, metafizika (traduction automatique : Essais hyperioniques : mythologie, esthétique, métaphysique).
Vous pourriez consulter le site consacré à l’auteur hamvasbela.org qui propose notamment quelques extraits de son œuvre en anglais.
Pour finir, toujours sur le phénix :
- Un article bien fait du Monde du 21 août 2020 qui résume à sa manière les usages de ce mythe. Il y est fait notamment référence à l’incontournable Bestiaire du Moyen Age de Michel Pastoureau dont la lecture est très profitable !
- Un ouvrage de 1939, mais encore cité aujourd’hui, de Jean Hubaux et Maxime Leroy, Le mythe du Phénix dans les littératures grecque et latine. Vous en trouvez une recension sur le site de Persée.
Bonnes lectures.
Le classique Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant expose très clairement les origines du
Extrait : « Le phénix, suivant ce qu’en ont rapporté Hérodote ou Plutarque, est un oiseau mythique d’origine éthiopienne, d’une splendeur sans égale, doué d’une extraordinaire longévité, et qui a le pouvoir, après s’être consumé sur un bûcher, de renaître de ses cendres ».
En Egypte ancienne, il est le symbole des révolutions solaires. « D’où son rapport avec la régénération et la vie ». Plus loin en Asie, les taoïstes « désignent le phénix sous le nom d’oiseau de cinabre (tanniao), le cinabre étant le sulfure rouge de mercure ».
« Chez les Chrétiens, il sera, à partir d’Origène, considéré comme un oiseau sacré et le symbole d’une irréfragable volonté de survie, ainsi que la résurrection, triomphe de la vie sur la mort ».
L’Encyclopédie des symboles, éditée au Livre de poche, ajoute que dans le folklore juif, le phénix se nomme « Milcham », « et l’explication de son immortalité vient de ce que la Mère originelle, Eve, après s’être rendue coupable d’avoir goûté au fruit de l’arbre interdit, fut prise de jalousie devant l’innocence qu’avaient conservée les autres créatures ; elle réussit alors à tenter les animaux et à leur faire goûter du fruit défendu. L’oiseau Milcham fut le seul à ne pas l’écouter, et l’ange de la mort reçut l’ordre de Dieu […] de ne jamais lui faire subir l’expérience de la mort ».
De même, on l’a vu, plusieurs auteurs antiques y font référence. JC Belfiore dans son Dictionnaire des croyances et des symboles de l’Antiquité évoque ainsi Ovide, pour qui le phénix est « un oiseau unique qui s’engendre et se renouvelle lui-même ». Pline rappelle, via le témoignage selon lui digne de foi du sénateur Manilius (Ier s. av. JC), que « personne ne l’a vu mangeant » ou encore qu’il « fut apporté à Rome pendant la censure de l’empereur Claude en 47 après JC, et on l’exposa dans les comices ; personnes ne douta que ce fût un faux phénix ».
L’historien et homme politique Tacite en parle également dans ses Annales, chapitre VI-28.
Claude Elien, historien et zoologiste du IIe-IIIe siècle de notre ère le convoque dans La personnalité des animaux (VI, 58).
Or, « On sait que l’Antiquité tardive a joué un rôle majeur dans l’émergence du mythe occidental. C’est dans les premiers siècles de notre ère, et tout particulièrement à l’époque chrétienne, que les représentations du phénix se multiplient à Rome dans les arts plastiques et la littérature : peintures, mosaïques et médaillons poétiques en prose ou en vers. C’est à ce moment que l’oiseau merveilleux, sujet éminemment décoratif, se fixe dans l’imaginaire comme emblème politique, impérial et christique ».
Cet extrait est issu de l’introduction du livre dirigé par Laurence Gosserez, Le phénix et son autre, Poétique d'un mythe. Des origines au XVIe siècle dont nous n'avons pu consulter que l'introduction, mais dont nous vous recommandons vivement la lecture si vous souhaitez approfondir le mythe, ses déclinaisons et variations.
Voilà quelques exemples qui illustrent la diffusion massive de ce symbole dans de multiples cultures. Pour ce qui est de la philosophie moderne, la moisson est bien plus maigre. On en trouve une vague référence dans le conte philosophique de Voltaire, La princesse de Babylone… Et c’est à peu près tout.
Enfin, concernant l’auteur hongrois
Pour le reste, notre connaissance du hongrois étant nulle, il ne nous est pas possible de retrouver le texte dans lequel l’auteur évoquerait le phénix. On pourrait toutefois faire l’hypothèse que la mention du fabuleux volatile se trouve dans ses Hiperionski eseji: mitologija, estetika, metafizika (traduction automatique : Essais hyperioniques : mythologie, esthétique, métaphysique).
Vous pourriez consulter le site consacré à l’auteur hamvasbela.org qui propose notamment quelques extraits de son œuvre en anglais.
Pour finir, toujours sur le phénix :
- Un article bien fait du Monde du 21 août 2020 qui résume à sa manière les usages de ce mythe. Il y est fait notamment référence à l’incontournable Bestiaire du Moyen Age de Michel Pastoureau dont la lecture est très profitable !
- Un ouvrage de 1939, mais encore cité aujourd’hui, de Jean Hubaux et Maxime Leroy, Le mythe du Phénix dans les littératures grecque et latine. Vous en trouvez une recension sur le site de Persée.
Bonnes lectures.
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