Question d'origine :
La rose est-elle un symbole universelle ? Que représente-t-il ? Fait-elle l'objet d'un écrit philosophique ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 21/08/2021 à 09h27
Bonjour,
Comme vous l’anticipez dans l’intitulé de votre question, la rose n’est pas que la fleur du rosier, la plus admirée pour ses couleurs, ses pétales et son parfum, elle est aussi un symbole riche de sens.
On peut lui trouver de nombreuses interprétations à travers les époques et les civilisations.
Comment et à partir de quand et de combien commence l’universel ?
En ce qui concerne la rose comme symbole, les quelques exemples qui suivent sont parmi les plus utilisés et les plus partagés. Même si leurs sens divergent parfois, tous semblent attribuer à cette fleur singulière les caractéristiques d’un symbole universel.
La perfection, l’accomplissement, le plaisir, l'amour, ainsi que bon nombre de caractères liés à la vie et l'âme se retrouvent largement dans la plupart des ouvrages ayant trait à la symbolique.
Amours passées, présentes et futures, célestes ou terrestres, la rose en est l’emblème depuis des millénaires. Aujourd’hui encore elle célèbre, honore, magnifie. Elle est aussi présente dans les iconographies sacrées et les vitraux ecclésiaux que dans la peinture classique.
Dans l’iconographie chrétienne, son rouge devient le sang et le cœur du Christ. A la fois symbole de la souffrance christique et Graal, comme l'évoque fortement sa forme de coupe.
Du sang encore, celui de l’amant d’Aphrodite, déesse de l’amour dans l’antiquité grecque – la rose nait de la blessure mortelle d’Adonis. La rose comme symbole d’un amour divin et qui éternellement survit à la mort.
On la trouve encore présentée comme un symbole de régénération, lorsqu’elle est de couleur rose.
L’expression latine sub rosa, littéralement "sous la rose", indique la nature silencieuse à laquelle invite symboliquement la rose. La mythologie et la culture de Rome sont reprises ensuite par l’alchimie notamment. La rose est alors synonyme de secret et d'hermétisme.
Dans un tout autre registre, la rose des vents indique les directions, symbolise l’espace, la proximité et l’immensité de l’univers.
C’est aussi en 1971, il y a tout juste cinquante ans que la rose est devenu l’emblème du Parti Socialiste.
La rose n’est pas seulement la fleur composée de son bourgeon ou de ses pétales, elle se caractérise aussi par une tige épaisse et dardée d’épines. La symbolique est bien présente là encore. La rose se protège d’une prédation brutale, elle est sur la défensive. Si l’épine blesse, la rose évoque alors le danger, le risque, physique et psychique. Et donc peut-être un éveil ou la mélancolie.
« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. ». Dans Le Petit Prince la rose semble représenter ce qui est unique ; et donc universel ?!
Heidegger commente les vers de Johannes Scheffler au sujet de la rose :
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit, elle n'a souci d'elle-même, ne demande pas si on la voit. »
Le philosophe écrit :
« L’homme diffère de la rose en ce que souvent, du coin de l’œil, il suit avidement les résultats de son action dans son monde, observe ce que celui-ci pense de lui et attend de lui. [...] De cette attention, la rose n’a pas besoin. Disons, pour parler comme Leibniz : La rose pour fleurir n’a pas besoin qu’on lui fournisse les raisons de sa floraison. La rose est une rose sans qu’un reddere rationem, un apport de la raison, soit nécessaire à son être de rose. »
Et il ajoute :
« La rose est sans pourquoi, mais elle n'est pas sans raison. “Sans pourquoi” et “sans raison” ne disent pas la même chose. [...] La rose, pour autant qu'elle est quelque chose, ne sort pas du domaine où le très puissant principe (de raison) exerce sa puissance. Et pourtant la façon dont elle appartient à ce domaine est particulière, différente par conséquent de la manière dont nous autres hommes y séjournons. [...] l'homme n'est véritablement que s'il est à sa manière comme la rose − sans pourquoi.»
A travers ces quelques pistes, toutes assez riches de sens et d’interprétations, le doute semble levé, la rose est un symbole universel, cultivé, partagé et transmis. Un proverbe kurde nous le confirme joliment : "Le monde est une rose, respire-la et passe-la à ton ami."
Pour en savoir plus :
-Le livre des symboles - réflexions sur des images archétypales
-Encyclopédie des symboles
-Dictionnaire des symboles - mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres
-Petit Larousse des symboles
Comme vous l’anticipez dans l’intitulé de votre question, la rose n’est pas que la fleur du rosier, la plus admirée pour ses couleurs, ses pétales et son parfum, elle est aussi un symbole riche de sens.
On peut lui trouver de nombreuses interprétations à travers les époques et les civilisations.
Comment et à partir de quand et de combien commence l’universel ?
En ce qui concerne la rose comme symbole, les quelques exemples qui suivent sont parmi les plus utilisés et les plus partagés. Même si leurs sens divergent parfois, tous semblent attribuer à cette fleur singulière les caractéristiques d’un symbole universel.
La perfection, l’accomplissement, le plaisir, l'amour, ainsi que bon nombre de caractères liés à la vie et l'âme se retrouvent largement dans la plupart des ouvrages ayant trait à la symbolique.
Amours passées, présentes et futures, célestes ou terrestres, la rose en est l’emblème depuis des millénaires. Aujourd’hui encore elle célèbre, honore, magnifie. Elle est aussi présente dans les iconographies sacrées et les vitraux ecclésiaux que dans la peinture classique.
Dans l’iconographie chrétienne, son rouge devient le sang et le cœur du Christ. A la fois symbole de la souffrance christique et Graal, comme l'évoque fortement sa forme de coupe.
Du sang encore, celui de l’amant d’Aphrodite, déesse de l’amour dans l’antiquité grecque – la rose nait de la blessure mortelle d’Adonis. La rose comme symbole d’un amour divin et qui éternellement survit à la mort.
On la trouve encore présentée comme un symbole de régénération, lorsqu’elle est de couleur rose.
L’expression latine sub rosa, littéralement "sous la rose", indique la nature silencieuse à laquelle invite symboliquement la rose. La mythologie et la culture de Rome sont reprises ensuite par l’alchimie notamment. La rose est alors synonyme de secret et d'hermétisme.
Dans un tout autre registre, la rose des vents indique les directions, symbolise l’espace, la proximité et l’immensité de l’univers.
C’est aussi en 1971, il y a tout juste cinquante ans que la rose est devenu l’emblème du Parti Socialiste.
La rose n’est pas seulement la fleur composée de son bourgeon ou de ses pétales, elle se caractérise aussi par une tige épaisse et dardée d’épines. La symbolique est bien présente là encore. La rose se protège d’une prédation brutale, elle est sur la défensive. Si l’épine blesse, la rose évoque alors le danger, le risque, physique et psychique. Et donc peut-être un éveil ou la mélancolie.
« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. ». Dans Le Petit Prince la rose semble représenter ce qui est unique ; et donc universel ?!
Heidegger commente les vers de Johannes Scheffler au sujet de la rose :
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit, elle n'a souci d'elle-même, ne demande pas si on la voit. »
Le philosophe écrit :
« L’homme diffère de la rose en ce que souvent, du coin de l’œil, il suit avidement les résultats de son action dans son monde, observe ce que celui-ci pense de lui et attend de lui. [...] De cette attention, la rose n’a pas besoin. Disons, pour parler comme Leibniz : La rose pour fleurir n’a pas besoin qu’on lui fournisse les raisons de sa floraison. La rose est une rose sans qu’un reddere rationem, un apport de la raison, soit nécessaire à son être de rose. »
Et il ajoute :
« La rose est sans pourquoi, mais elle n'est pas sans raison. “Sans pourquoi” et “sans raison” ne disent pas la même chose. [...] La rose, pour autant qu'elle est quelque chose, ne sort pas du domaine où le très puissant principe (de raison) exerce sa puissance. Et pourtant la façon dont elle appartient à ce domaine est particulière, différente par conséquent de la manière dont nous autres hommes y séjournons. [...] l'homme n'est véritablement que s'il est à sa manière comme la rose − sans pourquoi.»
A travers ces quelques pistes, toutes assez riches de sens et d’interprétations, le doute semble levé, la rose est un symbole universel, cultivé, partagé et transmis. Un proverbe kurde nous le confirme joliment : "Le monde est une rose, respire-la et passe-la à ton ami."
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